le blog de corinne morel darleux - Dystopies, coups de gueule et vagabondagesécosocialisme intégral (graines, fleurs et épines)2019-04-02T13:11:21+01:00corinne morel darleuxurn:md5:467a5556a65b8cfe131b566bf9774e18DotclearNouvelles du Diois et du Rojavaurn:md5:39dd1eb51c6c6ea80081940a2804cd202018-12-31T09:23:00+01:002018-12-31T09:23:15+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesDioisMilitantisme désobéissance et résistancesRojavaVagabondages <div class="_5pbx userContent _3576" data-ad-preview="message" data-ft="{"tn":"K"}" id="js_c" style="font-size: 14px; line-height: 1.38; margin-top: 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41);">
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: inherit;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diedec2018.jpg"><img alt="Diedec2018.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diedec2018_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diedec2018.jpg, déc. 2018" /></a>Entre balades en montagne sur des herbes gelées qui crissent sous les pieds, à humer les derniers brins vaillants de thym sur les versants de crête ensoleillés, et lectures stimulantes, du recueil <a href="https://lavolte.net/livres/aucun-souvenir-assez-solide/">"Aucun souvenir assez solide" d'Alain Damasio des Éditions La Volte</a> à la traduction en français de l'opus <a href="https://deepgreenresistance.fr/">Deep Green Resistance</a>, cette fin d'année prend pour moi la forme d'une mini cure de déconnexion des écrans et de réinspiration après une <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/12/22/Montez-le-son-%3A-compte-rendu-de-mandat-radiophonique-sur-RDWA">session désespérante à la Région</a> et ces dernières semaines chargées en déplacements, émotions et <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/11/15/Th%C3%A9orie-de-l%E2%80%99effondrement-%3A-%C2%AB-Le-syst%C3%A8me-actuel-de-repr%C3%A9sentation-d%C3%A9mocratique-op%C3%A8re-un-r%C3%A9tr%C3%A9cissement-de-la-pens%C3%A9e-%C2%BB">pas-de-côté</a>.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Après avoir effectué un grand tri vertical de dix années d'archives accumulées, je puise mon bonheur dans ce luxe inouï de calme et de sérénité que l'on trouve à cuisiner une simple poêlée de carottes avant d'aller se lover au coin du feu. Du coin de l’œil je surveille tout de même un peu les réseaux entre deux clopes roulées, furète sur le forum de <a href="https://extinctionrebellion.fr/">Extinction Rebellion France</a>, réponds aux mails les plus urgents, et l'année 2019 se remplit de jolis engagements peu à peu. Des débats à Lyon sur l'état de la planète, le dévissage de la société et la meilleure manière de s'organiser, avec Vincent Liegey le 8 janvier puis Vincent Mignerot le 8 février, le lancement du nouveau numéro de la revue Ballast, toujours à Lyon, le 19 janvier. Des rencontres Dioises autour de la permaculture, de <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/03/Dignit%C3%A9-du-pr%C3%A9sent-%3A-des-Racines-du-Ciel-au-Titanic">mes chères Racines du Ciel</a>, de la protection sociale ou encore d'un projet de festival pour l'été. Un dialogue sur l'effondrement avec Pablo Servigne aux rencontres de l'écologie à Die le 2 février, un projet de livre au cœur dont je n'ose encore souffler mot, et des fils de stratégie et d'action politique qui, d'échanges numériques en rencontres physiques, commencent à se tisser plus densément.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Enfin dès ce 9 janvier, aura lieu une <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/12/22/Nous-n-avons-pas-le-droit-de-d%C3%A9tourner-les-yeux-de-ce-qui-se-passe-en-Syrie%2C-de-ce-qui-se-construit-au-Rojava">soirée spéciale urgence Rojava</a> à Montpellier. C'est en réalité ce qui a motivé ce billet, et réussi à me recoller devant mon écran en ce dernier jour de l'année pour partager ici les mots reçus du village de Jinwar, en Syrie du Nord, à quelques kilomètres de la frontière avec la Turquie. Un village créé par et pour les femmes victimes de violences de guerres, de Daech ou simplement du système patriarcal. J'y étais au printemps dernier, mon dernier déplacement aéroporté (<a href="https://www.revue-ballast.fr/carnet-du-rojava-2-3/">récit sur Ballast</a>). Depuis, la documentariste Mylène Sauloy leur a porté de ma part des graines de Drôme qui ont été plantées dans le potager, un petit bout de Vercors semé au Rojava. Et surtout, depuis, le village s'est peuplé, l'école et le four à pain fonctionnent, Jinwar vit. Et malgré la menace permanente que tout ces efforts soient réduits à néant, la dignité et le courage sont plus que jamais là. Je vous offre ces mots venus du Rojava comme un présent de fin d'année, qui réchauffe et ravive la flamme d'une culture de résistance, faite de courage, de cœur et de loyauté. D'amour et de rage.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">A l'année prochaine.</p>
<blockquote>
<p style="margin: 6px 0px 0px; display: inline; font-family: inherit;">Chère Corinne! <br />
Merci pour ton message de soutien, il sera partagé avec toutes les femmes du village. Ici, tout le monde est en colère contre les menaces de la Turquie, car il y a tant à perdre. Nous attendons les prochaines négociations et l'évolution de la situation, tout en continuant de vivre et de travailler à Jinwar. Jusqu'à présent, dix maisons sont habitées par des femmes et des enfants. Après l'ouverture du 25 novembre, de nombreux travaux communaux ont avancé et le village est devenu beaucoup plus beau. La boulangerie est ouverte maintenant, trois femmes font cuire du pain frais tous les jours, les enfants vont à l'école, le magasin du village est également ouvert, les femmes qui ne savent pas écrire et lire assistent à un enseignement des langues l'après-midi, des assemblées sont organisées régulièrement et le conseil du village a été formé. Ce n'est pas facile de poursuivre tous ces travaux en sachant que la guerre peut très bientôt arriver, mais il est encore plus important en ces temps de tenir et rester fidèles à ce qui nous relie, le lieu commun, les valeurs communes, la perspective commune de la vie.<br />
Nous t'envoyons nos salutations, prends soin de toi et tout le meilleur !<br />
Les femmes de Jinwar</p>
</blockquote>
</div>Nous n'avons pas le droit de détourner les yeux de ce qui se passe en Syrie, de ce qui se construit au Rojavaurn:md5:bac944ec04d7aa4fb3b19ff12a941b262018-12-22T10:45:00+01:002018-12-22T10:51:11+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesInternationalRojava <p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/Sara_et_sa_fille.JPG"><img alt="Sara_et_sa_fille.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.Sara_et_sa_fille_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sara_et_sa_fille.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/vie_reprend_cornet_de_glace.JPG"><img alt="vie_reprend_cornet_de_glace.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.vie_reprend_cornet_de_glace_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="vie_reprend_cornet_de_glace.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil.JPG"><img alt="vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="vie_reprend_quatre_femmes_au_soleil.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/famille_Siham.JPG"><img alt="famille_Siham.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.famille_Siham_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="famille_Siham.JPG, mai 2018" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/hopital_blesses.JPG"><img alt="hopital_blesses.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rojava/.hopital_blesses_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="hopital_blesses.JPG, mai 2018" /></a></p>
<p>Voici les visages de femmes et d'hommes qui vivent en Syrie du Nord, au Rojava. Je les ai rencontrés à Kobane, Qamishle, Jinwar, au Printemps dernier. Trois millions de personnes aujourd'hui menacées par l'armée turque. </p>
<p>La situation au Moyen Orient vient de s’aggraver considérablement, avec l'annonce par Donald Trump du retrait des forces armées Etats-Uniennes de Syrie, contre l’avis de sa propre administration et de son équipe de sécurité nationale, suscitant même la démission du chef du Pentagone, Jim Mattis. Cette décision laisse la voie libre à une nouvelle attaque de la Turquie contres les kurdes et les Forces démocratiques syriennes, qui livrent toujours bataille dans le sud-est syrien où 2.000 djihadistes sont encore retranchés selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.</p>
<p>Le 12 décembre, le président turc Erdogan a annoncé sa volonté de frapper « l’est de l’Euphrate » : le Rojava, où s'inventent une vie ensemble des chrétiens, musulmans, yézidis, arabes et kurdes. Où des femmes, victimes de viols de guerre, retrouvent paix et dignité, comme au village de Jinwar. En janvier déjà, la Turquie avec l'aide d'anciens djihadistes avait envahi Afrin, jetant des milliers de réfugiés sur les routes. Afrin est aujourd'hui toujours occupée par la Turquie. De nombreux cas de persécutions, de violences sexuelles et de disparitions sont recensés. Le 13 décembre, l’armée turque a bombardé le camp de réfugiés de Makhmour et Sinjar au Kurdistan Irakien. En ce moment même, des militaires turcs, rejoints par des milliers d’anciens officiers de l'armée syrienne et de factions djihadistes, se massent à la frontière syrienne. En cas d'attaque sur le Rojava, les Kurdes seront obligées de quitter les lignes du front contre Daech pour se défendre contre l'armée turque. Des centaines de milliers de civils qui se sont réfugiés au Rojava sont menacées. Le projet unique qui s'y construit serait anéanti.</p>
<p>Nous n'avons pas le droit de détourner les yeux de ce qui se passe en Syrie, de ce qui se construit au Rojava. Il en va de notre dignité. Relayez, diffusez, témoignez de notre solidarité. #DoNotAbandonRojava #StopTurkeyDefendRojava</p>
<ul>
<li><em><a href="https://t.co/WpxQkAN08v">"Pour une déclaration exceptionnelle d'urgence sur la situation en Syrie"</a> : vidéo de mon intervention au conseil régional Auvergne Rhône Alpes pour le groupe RCES, et la réponse scandaleusement expéditive de Monsieur Meunier pour l'exécutif, en l'absence de Laurent Wauquiez </em></li>
</ul>
<ul>
<li><em>Toutes ces photos ont été prises au Printemps 2018 à Kobane, Jinwar, Qamishle. Le long de la frontière avec la Turquie. Toutes ces villes sont aujourd'hui dans le viseur de l'armée turque. </em><em>Pour en savoir plus sur ce séjour au Rojava, récit et témoignages : <a href="https://t.co/aCSH6pJ8Uh">"Carnets du Rojava" sur Ballast</a></em></li>
</ul>
<p> </p>Brésil : l'alerteurn:md5:12bbc2a7d637f530b08333cfabb1118f2018-10-24T11:55:00+02:002018-10-24T11:55:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesForêtsInternationalLibertésMilitantisme désobéissance et résistances <p><em><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/bolsonaro.jpg"><img alt="bolsonaro.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.bolsonaro_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="bolsonaro.jpg, oct. 2018" /></a>Au Brésil, Lula n'ayant pas pu se présenter à la présidentielle malgré l'avis du comité des droits de l’homme de l’ONU, victime de ce qu'on appelle désormais le "lawfare" - soit la justice employée à des fins d'empêchement politique, c'est Fernando Haddad qui s'est présenté pour le Parti des Travailleurs. Il est arrivé derrière le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro qui a fait plus de 46% au premier tour. Le second tour a lieu ce dimanche.</strong></em></p>
<p><a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/04/05/T%C3%A9moignage-de-retour-du-Br%C3%A9sil">On alerte sur ce risque majeur depuis des mois</a> : Jair Bolsonaro revendique les années de la dictature militaire au Brésil, fait l'apologie des armes à feu et tient un discours de haine qui semble libérer les pires travers de la société, en grande partie composée au Brésil d'anciens esclaves rappelons-le. Depuis l’assassinat de la militante et élue de gauche, noire, féministe et lesbienne Marielle Franco en plein Forum social Mondial, <a href="https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2Fjournal%2Finternational%2F181018%2Fau-bresil-les-agressions-politiques-se-multiplient-avant-le-second-tour%3Ffbclid%3DIwAR2-gca5gCa-xX8MMPSeq6c2orhqfancc8JThqMtEWd5phHniHqWPmi1f2U&h=AT2omHsEitwPpuMDostI7gUfSxcZoodHh6c4-Q3jIZeRl5lNfxjKiZc-_Z4SVoXdHVC0nULY7uwvFVywezBLECcrG4xqh8A_VBWRYdPBtFKZ6XwU_dYhEjYx9pD06omwXmEwrbbWAmrSgJTA6FFw1ywZj7ByKhQI3vzrCTODVsI1RlEfiXWyouAv6jKvOlIs7XyLrolmqPqPpv017KDv21aWsdY2oJc-OBQMKbE7LxN1JGIh9i_iL63zeZbm1UGf85sTNQJhHk">de plus en plus d'agressions politiques, sexistes, homophobes et racistes ont lieu</a>. L'arrivée de Bolsonaro en tête du premier tour semble avoir libéré des flots de haine qu'on espérait ne jamais revoir, une ouverture de vannes d'une violence inouïe, largement encouragée par Bolsonaro lui-même. Son geste préféré, pendant les meetings : mimer le maniement d’une arme. <a href="https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fla-bas.org%2Fla-bas-magazine%2Freportages%2Fbresil-la-dictature-neoliberale-est-possible-1-2%3Ffbclid%3DIwAR3YHnea_1oYaQ7cbsIP9D1mzftbpgh2IMAPjSU1g3I0TU2UTlHk0naJCtY&h=AT0P3B0J5ZUUGSMpNk7U42UU6UiYttTbUKO_BnWMm1QQyVPpNynQtC9yBmstuLQxKjXMbL3A5578Bir3MmDNsZ8MshLt2lKrve7HZxSQ0HghPDoZBW8vPsJpklhAe5Y0Mi07jx4uAbj9f0YuKleq6quL1uZBFdysgErxD_0IukSrzd92Z0oHkqr-HaosBiTDUIPpy-IesZPPA0RSOcqQQurAR5Qp8U-qCwEDriqvvRJLatgqYBtNVjqFP9MMg-nqMUi7nAUIxQpgx_kbrmIsJ_GVxbgMVklwztlv4-NNEsA">Bolsonaro a ainsi explicitement appelé à « mitrailler les militants du PT »</a> en saisissant un pied de caméra en guise de mitrailleuse. Il a aussi déclaré qu’il mettrait fin « à toute forme d’activisme » et que les membres du MST, le mouvement des sans-terre, devaient « être reçus à coups de fusil ». A São Paulo, un travesti a été tué par un groupe hurlant « sous Bolsonaro, la chasse aux pédés sera libérée ! ». Bolsonaro, c'est le type capable de dire à une députée de gauche, en novembre 2003, qu'elle était « trop moche » pour qu'il la viole. Voilà l'aperçu glaçant de ce qui attend le Brésil si Bolsonaro devient président.</p>
<p>Mais certains intérêts économiques ont eux beaucoup à y gagner. La « bancada ruralista », le lobby de l’agronégoce proche de Bolsonaro et qui bénéficie d'un appui parlementaire très puissant, compte ainsi sur la victoire de ce dernier pour accélérer la déforestation au profit du soja et de l'élevage. Et ça nous concerne tous : le Brésil est un véritable poumon de la planète avec la Forêt Amazonienne et la Mata Atlantica. Las, non content de remettre en cause l'accord de Paris, dans la foulée de Donald Trump aux Etats-Unis, Jair Bolsonaro s'est aussi engagé à en finir avec les droits des populations autochtones. Enfin, pour ne citer qu'un dernier exemple, <a href="https://t.co/lWExMntBQg">le « pacote do veneno », déjà dans les tuyaux, bénéficierait aussi de sa victoire</a> pour accélérer la mise sur le marché de pesticides et de désherbants : 2. 500 produits attendent d’être homologués par l’Agence brésilienne de réglementation de la santé. Bref il y a en jeu un paquet de profits à se faire sur le dos des forêts et des minorités.</p>
<p>Du coup, pour remporter le morceau, c'est à une véritable guerre de "fake news" particulièrement immondes, via la messagerie WhatsApp très utilisée au Brésil comme j'ai pu le constater quand j'y étais, que se livrent Bolsonaro et ses alliés. Plusieurs ramifications semblent d'ailleurs remonter jusqu'aux Etats-Unis, via Steve Bannon et Cambridge Analytics, qui aurait créé près de 400.000 faux profils au Brésil. "Le Brésil est pris en otage: si Bolsonaro ne gagne pas, les messages répandus donnent l’ordre de créer une réaction à main armée, de “prendre les rues” pour empêcher “la fraude” et la victoire du “communisme”. Soit Bolsonaro gagne, soit il gagne, donc. Il n’y a pas d’autre issue possible, selon ces gens. <a href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fcidadesparaquem.org%2Fblog%2F2018%2F10%2F19%2Fcivilisation-ou-barbarie%3Ffbclid%3DIwAR3v3fiSSZGtm9SrasrWApLv-POrJOhccLI71wTcK761xctucJMgBX5Rxuw&h=AT38ehxvOWYwq4SyURcGSvJ7WjFUGhOjFcVfnKE2nPd576yrvnIpRkManBB8VqKyAStb9IGHe2Zqe2TovRNQ1OJ6K_qaLf3TrQAQJpWVqY5GI3B_VD3RWp_zJfZIiqXQEFMGWnd4d1EbLrPr8_E_Ke_QJzBnCt4lhrQhxtYFAZCXbw5A7QsjbChB_3U2lbEtIvikVhgQ_PvFzxQlzkJAke4JM61I9gkah6LzEfkIN9j_bF7C5hzF7WtcbNjhLmk9QsvMet0_TX6deF47yG98YbQDSW7-fVDcDs01NvY2UlN09H2fKtPnwlNDB-LHK5EVqA">Plus que jamais, le Brésil semble s’approcher de la barbarie</a>".</p>
<p>Je reçois des messages d'amis terrifiés par ce qui est en train de se passer dans leur pays. Je me sens démunie, ma seule arme c'est de faire passer ces informations. Diffusez-les, <a href="https://t.co/qZmVrmu29o">signez cette pétition</a>, et gardons en tête que ça se passe dans une république fédérale de plus de 200 millions d'habitants, la huitième puissance économique du monde en termes de PIB, mais aussi une société plombée par les inégalités. Gardons en tête que tout, même au 21e siècle, peut basculer très rapidement.</p>Comment ?urn:md5:ade6ee4e3d66e2bebf56afa0e70d5f152018-09-26T17:58:00+02:002018-09-26T17:58:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesClimat et CopMilitantisme désobéissance et résistancesMontagne <p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/VireTridentDL.jpg"><img alt="VireTridentDL.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.VireTridentDL_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="VireTridentDL.jpg, sept. 2018" /></a><strong>Je ne sais plus comment il faut le dire, ce qu'il faut faire pour alerter. <a href="https://www.ledauphine.com/haute-savoie/2018/09/26/mont-blanc-nouvel-eboulement-dans-le-massif-la-vire-du-trident-s-est-effondree">Une nouvelle vire vient de céder dans le massif du Mont Blanc</a>. </strong></p>
<p>Les montagnes s'écroulent, <a href="https://t.co/b5GMC0IEJ9">le lac d'Annecy se vide de manière alarmante</a>, le <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/100-jours-sans-gel-au-pic-du-midi-l-inquietude_127862">Pic du Midi n'a pas gelé depuis 100 jours</a>. C'est du jamais vu. Et ça se passe ici, en ce moment.</p>
<p>Le réchauffement climatique n'est pas pour 2050 ni même 2020. C'est maintenant.</p>
<p>Faut-il le mettre en majuscules ? Le hurler ?</p>
<p>C'EST MAINTENANT !</p>
<p>En deux ans j'ai utilisé tous les moyens dont je disposais, donné je ne sais combien de conférences publiques, enregistré deux <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/10/16/De-la-neige-en-%C3%A9t%C3%A9.-Chronique-%C3%A9cosocialiste-2-pour-L%C3%A0-bas-si-j-y-suis">chroniques chez Là-bas si j'y suis</a> sur le sujet, écrit sur <a href="https://reporterre.net/Face-au-dereglement-climatique-il-faut-changer-les-politiques-de-la-montagne">Reporterre</a> encore et encore, et dans <a href="https://medium.com/@linteretgeneral/la-ru%C3%A9e-vers-lor-blanc-enqu%C3%AAte-sur-le-lobby-du-ski-25e6b6600a57">l'Intérêt Général</a>, je suis allée au <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2016/10/12/Tribune.-Congr%C3%A8s-de-l%E2%80%99ANEM-%3A-%C2%AB-La-montagne-est-un-bien-commun%2C-pas-un-terrain-de-jeux-%21-%C2%BB">Congrès des élus de montagne</a> avec le sénateur Guillaume Gontard, monté des <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/04/%C3%87a-s%E2%80%99est-pass%C3%A9-dans-les-Alpes%2C-c%E2%80%99%C3%A9tait-le-23-ao%C3%BBt.-Et-c%E2%80%99est-le-climat">tribunes collectives</a>, je suis intervenue en commission Montagne et<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2016/05/05/Grands-fauves-et-libellules-%28conte-moderne%29"> en session plénière à la Région</a> un nombre incalculable de fois, j'ai déposé des <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/11/27/Face-au-budget-de-Laurent-Wauquiez%2C-%C3%A9pisode-3-%3A-coulisses-et-montagne">amendements</a> avec mon groupe RCES, recensé les écroulements, raconté ma <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/01/23/Le-jour-o%C3%B9-un-moineau-punk-m%E2%80%99a-rendu-l%E2%80%99%C3%A9merveillement">rencontre avec un moineau punk</a> et essayé de <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/02/23/R%C3%AAvons-%3A-singes-araign%C3%A9es%2C-chats-p%C3%AAcheurs%2C-lamas-bergers-et-ballets-d-%C3%A9t%C3%A9">faire rêver</a>, j'ai rencontré des gardiens de refuge, des secouristes et des guides de montagne inquiets, participé à un colloque avec des représentants de l'IRSTEA et de Météo France à l'université de Grenoble, travaillé avec l'élu à la montagne de la ville Pierre Mériaux, échangé avec Fredi Meignan et soutenu <a href="https://www.mountainwilderness.fr/">Mountain Wilderness</a>, dénoncé le lobby du ski, j'ai été interviewée par Montagnes Mag et le Dauphiné Libéré, j'en ai parlé sur France 3 et j'ai même <a href="https://www.montagnes-magazine.com/actus-conflit-interet-region-auvergne-rhone-alpes-gilles-chabert-viseur">saisi le procureur de la République</a> pour soupçon de prise illégale d'intérêts.</p>
<p><strong>Moi et tant d'autres, on a donné tous les chiffres possibles et imaginables issus de dizaines de travaux scientifiques sur le réchauffement climatique dans les Alpes, le dégel du permafrost de nos montagnes, la responsabilité de certaines activités humaines et du système, les choses à changer, tout est là. Su et connu. Et ça continue. </strong></p>
<p>J'ai appris ce nouvel écroulement dans le Mont Blanc alors que je revenais du Vercors. Le Col de Villard, une de mes balades préférées. Il faisait beau, l'air était doux, la vue sur la vallée du Diois, le calme qui règne là-haut... Je n'avais pas envie de redescendre. Alors bien sûr, on va continuer. Mais en vrai là, j'ai juste envie d'y retourner.</p>Magie des traités de libre échange : pollués payez !urn:md5:2c61dcf75bd2ede55b309fcaeea2a4732018-09-23T09:31:00+02:002018-09-23T09:31:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesEnvironnement biodiversité et pesticidesInternationalJustice <p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Chevron-main.jpg"><img alt="Chevron-main.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Chevron-main_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chevron-main.jpg, janv. 2014" /></a>Il y a 7 ans, le géant pétrolier Chevron, qui a racheté Texaco en 2001, avait été condamné à verser plus de 8 milliards de dollars, après 17 ans de litiges engagés par des communautés indigènes de l'amazonie équatorienne.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">Depuis 1964, Texaco rejetait les eaux de formation à la surface, parsemant la forêt de centaines de mares toxiques, sans aucun filtre ni système d'imperméabilisation, polluant les rivières de plomb et autr<span class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: inherit;">es métaux lourds.</span></p>
<div class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: inherit;">Si ce montant n'était pas à la hauteur du préjudice estimé par certains experts, il constituait toutefois une victoire historique puisqu'il était largement supérieur à celui qu'avait dû payer Exxon Mobil en 1989 pour la marée noire en Alaska.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Nous avions appuyé la lutte déterminée de communautés indiennes de la région de Sucumbios face aux manoeuvres de la multinationale qui avait essayé de décrédibiliser la justice équatorienne et mobilisé toutes ses relations pour empêcher le jugement d'être appliqué : une décision de la Cour Permanente d'Arbitrage de La Haye avait interdit l'application de toute sentence émise par le tribunal équatorien contre Chevron. En même temps, aux États-Unis, un juge de New York avait aussi émis un ordre pour empêcher de faire payer des compensations à la compagnie.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Malgré tout, il y a 7 ans, justice avait été rendue, et <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2011/02/27/Equateur-%3A-premi%C3%A8re-victoire-d-un-peuple-contre-un-g%C3%A9ant-p%C3%A9trolier">on s'était réjoui du verdict</a>...</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Las. Le pétrolier a finalement réussi son coup. L'amende historique de 8 milliards vient d'être annulée par un tribunal privé international (les fameux ISDS). <span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Et ce, alors que</span><a href="https://multinationales.org/La-Cour-de-justice-europeenne-invalide-le-principe-des-tribunaux-prives-d" style="font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;"> la Cour de justice européenne a invalidé le principe de ces tribunaux privés en mars</a><span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">.</span></p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Voilà, concrètement, ce que veulent dire les Tafta, Ceta et autres traités de libre échange : justice environnementale et reconnaissance des écocides piétinés par les lobbies des fossiles. Et un monde qui continue à rétrécir.</p>
<ul>
<li style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">À lire sur Basta : <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/23/l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.bastamag.net%2FPollutions-une-amende-historique-contre-le-petrolier-Chevron-annulee-par-un&h=AT1kwySww_GEHs99wl30XO_BkWz0Y1ZSaXEL3McdT63bSHklEdj7FfcUKRjiR3O60jACn781zHeloKnGp4vDXjWwNJptJO_26W3INTleKvS8FFixSKEZWXRlD9OaUsomUkLZ0kVx--vRvrRJnboG4AfFEvQ2_qnmpb2dmx99JLBHHisSAgRnRuWZInolfhoTqpijGJ3JCsK1MgKrSEHhJVo14n0O0AyFMv32EJSYPJbvU7cBmvUdYhf-dBFZfO-cDYR1egYVWFOXNKkEt-FjRgEA9jsIWP-nO2hDwtBudqpsdhf-JY-lSy3KMiqNPA_fToErS8hgA8OjvCj0TEzZX3d9tTTpjdueVrcCqzcefUYfseC2c3-gaef6ah">Pollutions, une amende historique contre le pétrolier Chevron annulée par un tribunal privé international</a></li>
<li style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Pour rappel, malgré son entreé en vigueur provisoire, le Ceta n'a toujours pas été mis en débat, et encore moins ratifié à l’Assemblée nationale. Il devrait être <a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/210918/libre-echange-l-executif-reporte-la-ratification-du-ceta">soumis au vote en France à l’automne 2019.</a></li>
<li style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Enfin, en 2013 on avait organisé un séminaire du PG sur ces sujets, pour celles et ceux que ça intéresse, malheureusement ça n'a pas pris une ride : <a href="https://blogs.mediapart.fr/c-morel-darleux/blog/080713/monsanto-chevron-et-evo">Monsanto, Chevron et Evo</a></li>
</ul>
</div>"Devenir le premier et le plus puissant lobby du pays" (Tribune dans Le monde)urn:md5:7a9dba15e6b8e0b0767061e75024bd2d2018-09-13T11:21:00+02:002018-09-13T11:21:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesClimat et CopCollapsologieEcosocialismeMilitantisme désobéissance et résistances <p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Real_Power_is_People.jpg"><img alt="Real_Power_is_People.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Real_Power_is_People_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Real_Power_is_People.jpg, sept. 2018" /></a></strong><a href="https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fmobile.lemonde.fr%2Fidees%2Farticle%2F2018%2F09%2F07%2Fdemission-de-nicolas-hulot-preuve-est-faite-que-la-voie-de-la-negociation-et-de-la-reforme-est-une-impasse_5351827_3232.html&h=AT2hRNmTc-CU1XhgrnV0vO9_qTLywG1w9znWdp9DL2EzA-xYX3T09SEKP6gVMdrg6C85HG6cS9pjN-Nfj8iSxO5RC9RmeBbwyFRzI6_krPPoAUkRsO1vZrwPUXdH-HMNbmQdMl6XcXsH6AUSgUn1CEfEHs3n7CplmItZT10XSiTbVxS-PvVYKbnrFuTbg5icxAxF5nNZ3j8odjWnK2TeUgmKffBwFRa4rSooo3PQJjRPMzREXaPxkc6JAWBBwdMyQKzDedibMdfs3I2lsaqtWtV5GdlRc"><em>Une tribune a été publiée il y a quelques jours dans Le Monde, rédigée par Sarah Kilani (Médecin hospitalier), Nicolas Gonzales (Professeur de sciences économiques et sociales) et Pablo Servigne (Ingénieur agronome et chercheur)</em></a><em>, tribune que les auteurs m'avaient invitée à lire et à appuyer. Je les en remercie et détaille ici les raisons de cet appui.</em></p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">Si j'ai accepté avec plaisir, même si je l'aurais parfois rédigé différemment, c'est justement parce qu'avec d'autres mots ce texte pointe lui aussi l'incurie des pouvoirs politiques en place et af<span class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: inherit;">firme sans ambages que “la voie de la négociation et de la réforme est une impasse”. Sans aucun angélisme, ses auteurs soulignent que “effondrement rime avec faim, soif, sécheresse, guerre et maladie” et appellent à une résistance radicale, faite de démissions du système et de blocage. Ce n'est pas rien.</span></p>
<div class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: inherit;">Loin des nombreuses tribunes vides qui fleurissent en ce moment et des appels “apolitiques” à l'union sacrée, celui-ci n'hésite pas - et Diable c'est salvateur - à pointer la responsabilité du système dominant et des lobbies économiques. Et plus que jamais il faut dire le rôle de ceux qui les dirigent, de ceux qui les écoutent, qui les financent et les autorisent, faisant passer l'urgence climatique et sociale après les intérêts particuliers d'une oligarchie qui prend la terre pour un terrain de jeu et un capital à exploiter : “une oppression de la majorité dans l’intérêt d’une minorité”.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Je reste convaincue qu'au sein de cette majorité opprimée, la précarité est un frein à la mobilisation, et que trop de gens aujourd'hui sont bien obligés de mettre toute leur énergie et leur disponibilité d'esprit à survivre : engagement ne rime pas avec misère, et c'est pourquoi écologie et social vont de pair. Mais je crois aussi de plus en plus que la dignité du présent est du ressort de tous et que chacun y a droit. Face au “vieux monde [qui] se précipite dans l’abîme avec orgueil, cynisme, déni et inconscience”, notre dignité, collective comme individuelle, passe aussi par là : relever la tête, aider d'autres à le faire, s'organiser collectivement et devenir un lobby, nous aussi, “le premier et le plus puissant lobby du pays afin de sauver ce qu’il reste à sauver”.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Enfin si j'y retrouve de nombreux amis et compagnons de route, Geneviève, Christophe, Pablo, Txetx... cette tribune est également l'occasion de se relier avec d'autres espaces, d'autres réseaux, d'autres acteurs comme Guillaume Meurice, Bill McKibben ou Rob Hopkins, mais aussi des scientifiques, biologistes, anthropologues… L’occasion de sortir des cénacles. Une respiration qui ouvre d'autres horizons.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Et puisque les auteurs nous invitent à emprunter des chemins de traverse, à dépasser les chicaneries et “s’arracher à ses certitudes, plutôt que d’accepter le défilé des moqueries, des rancœurs, des politicailleries et des haussements d’épaules” : j'en suis.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;"> </p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;"><strong>Tribune : « Preuve est faite que la voie de la négociation et de la réforme est une impasse »</strong></p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;"><em>Par Sarah Kilani (Médecin hospitalier), Nicolas Gonzales (Professeur de sciences économiques et sociales) et Pablo Servigne (Ingénieur agronome et chercheur in-terre-dépendant).</em></p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Trop occupés à railler Nicolas Hulot et à psychiatriser son cas, les éditorialistes des chaînes d’information en continu, ceux qui de nos jours font l’opinion, passent à côté de l’essentiel : ils ne semblent pas même entr’apercevoir la gravité extrême de la situation. La démission de Nicolas Hulot est la manifestation d’un constat très grave d’impuissance de la part d’un ministre d’Etat venu pourtant pour négocier et réformer, et non renverser la table.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Face aux premiers effets dramatiques du dérèglement climatique, à l’emballement incontrôlable qui s’annonce et qui a déjà commencé, face à l’effondrement de la biodiversité et à la responsabilité humaine quant à l’ensemble de ces processus, la survie de notre espèce d’ici à la fin de siècle, et nos conditions d’existence à court terme, dépendent de notre capacité à refuser l’indifférence, le cynisme, la fatalité, pour enfin penser et agir pour la transition vers un monde résilient. Cette démission doit urgemment amener chacun à s’arracher à ses certitudes, plutôt que d’accepter le défilé des moqueries, des rancœurs, des politicailleries et des haussements d’épaules.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Un homme et même un gouvernement ne peuvent transformer seuls des structures aussi puissantes, soutenues par des intérêts divergents de ceux de l’humanité, très organisées et omniprésentes dans les sphères du pouvoir. Avec la démission de Hulot, preuve est faite que la voie de la négociation et de la réforme est une impasse. Ceux qui sont réellement conscients que la situation écologique est absolument catastrophique en viennent désormais à penser que de ce côté, nous avons tout essayé.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Si les populations ne prennent pas la mesure gravissime de la situation dans les semaines et mois qui viennent (nous en sommes là) et ne se constituent pas immédiatement en force collective déterminée et active dans le but de renverser l’influence des lobbies et de ceux qu’ils représentent, nous n’avons plus aucune chance d’échapper à tous les effets en cascade du dérèglement climatique, à terme incompatibles avec notre vie sur cette planète. Mais constatant que le minimum minimorum des actes citoyens individuels n’est même pas adopté par la majorité des ménages (se chauffer moins, consommer local, pratiquer le covoiturage, composter ses déchets alimentaires, réduire drastiquement sa consommation de viande et de produits laitiers, récupérer les eaux de pluie, s’engager dans le zéro déchet…), penser que les citoyens puissent être rapidement déterminés par ailleurs à se mobiliser massivement et collectivement pour faire baisser rapidement les émissions de gaz à effet de serre semble être une chimère.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Chaque semaine qui passe sans agir rend de moins en moins réalisable la tâche de réformer nos institutions de fond en comble, pour qu’elles prennent en compte le moyen et le long terme. Et la situation est clairement en train de nous échapper. L’effondrement de nos sociétés s’annonce de plus en plus probable. Qu’on se le dise : effondrement rime avec faim, soif, sécheresse, guerre et maladie, et ceci adviendra très probablement de notre vivant si nous ne prenons pas très rapidement des décisions drastiques.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Si les populations veulent pouvoir gérer la descente énergétique et matérielle qui vient en évitant le chaos, elles doivent désormais se constituer comme le premier et le plus puissant lobby du pays afin de sauver ce qu’il reste à sauver et de maintenir un socle minimal de bien-être ; elles doivent également adopter des stratégies de blocage de tout ce qui tue le vivant et détruit les conditions de vie des humains comme des non-humains ; elles doivent dans le même temps emprunter sans attendre les chemins de traverse et ouvrir la voie du monde de demain, dans leur commune, leur département, leur région — et cela sans compter sur un monde politique intrinsèquement inapte à opérer les changements nécessaires.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Aussi « radical » que cela pourra paraître à certains, chaque individu, chaque collectif et chaque organisation qui souhaite anticiper l’avenir avec responsabilité devrait dès aujourd’hui démissionner du système économique dominant qui est une tyrannie sur la nature et une oppression de la majorité dans l’intérêt d’une minorité, un système techniciste et marchand mortifère qui ravage la biosphère dont nos vies et celles de nos enfants dépendent, et devrait s’organiser avec détermination pour devenir architectes de nouvelles sociétés résilientes, seules à même d’assurer notre survie.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Puisque les pouvoirs en place restent désespérément sourds et aveugles à ce que nous enseignent à longueur de publications les spécialistes des sciences du vivant, et puisqu’ils refusent d’entreprendre l’immense travail nécessaire, préférant s’affairer à préserver un système économique à bout de souffle, l’heure est venue pour les citoyens de sortir du déni et de redevenir maîtres de leur destin. Non seulement ils peuvent et ils doivent devenir le lobby le plus puissant, mais il leur appartient aussi de construire dès aujourd’hui les modes de vie alternatifs basés sur la notion de résilience. Le vieux monde se précipite dans l’abîme avec orgueil, cynisme, déni et inconscience ; ne le suivons pas, inventons plutôt les sociétés que nous voulons voir advenir et redonnons du sens à nos vies. Ici. Maintenant.</p>
<p style="margin: 0px 0px 1em; color: rgb(28, 30, 33); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;"><em>Les personnes suivantes ont lu ce texte et l’appuient : Geneviève Azam (économiste et membre d’ATTAC), Gilles Bœuf (biologiste, professeur des universités), Alexandre Boisson (créateur de <a data-ft="{"tn":"-U"}" data-lynx-mode="async" href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2FSosMaires.org%2F&h=AT2qTKyBtApEjXZNRyVsXjdoz_maO7_i9Z8daTe5cv9VhjnL0NzRBP6lS2t9rjuu7Hge02YA8M_oJ1NPTbDvhfFrkE3miauRorfvd-ai4f8lCYlT8J0x2CCcmikSoQQeBJ_naA3kPF8m0VSf7TWvGu15hCKnT118j_DHFNcYMOw_9n2df_b0VHlydeUm2UqIZ5bLvw7_NaesR1EE1o7c5ImHA0kL5xxcjrS4mTw96xMWB4Aku7AH3-OtwdWGoDi4BQdFwQ1s2DG9NhmpidELomvWxpUtXVC4qrNH7rEhY8EmRrIRMtTeC7h8G0GotWIYMrzniGBgNkKz6jkm3VO5gX-THpck7niat5rqvr9ARsQPae48P0NgvN3jR689hrQ3GE8XcM2oNhGToaZd862CnI_ZgwnEzuzSUj-YK7x7RFsSBuU" rel="noopener nofollow" style="color: rgb(54, 88, 153); cursor: pointer; text-decoration-line: none; font-family: inherit;" target="_blank">SosMaires.org</a> et de actu-resilience.fr), Christophe Bonneuil (historien), Yves Cochet (président de l’institut Momentum et ancien ministre de l’environnement), Olivier De Schutter (professeur à l’université catholique de Louvain et ancien rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation), Txetx Etcheverry (coorganisateur d’Alternatiba Bayonne), Philippe Gauthier (communicateur scientifique et chercheur indépendant sur les enjeux énergétiques), Stéphanie Gibaud (conférencière, auteure et lanceuse d’alerte), Christian Godin (philosophe), Clive Hamilton (professeur d’éthique à l’université Charles Sturt, Australie), Rob Hopkins (cofondateur du Transition Network), Arthur Keller (spécialiste des vulnérabilités des sociétés industrielles et des stratégies de résilience), Freddy Le Saux (président de Terre de Liens), Bill McKibben (journaliste américain spécialisé dans l’environnement), Vincent Mignerot (écrivain, chercheur indépendant et fondateur d’Adrastia), Guillaume Meurice (humoriste et chroniqueur radio), Alexandre Monnin (directeur scientifique d’Origens Medialab), Corinne Morel Darleux (conseillère régionale LPG de la Drôme), Clément Montfort (journaliste et réalisateur), Véronique Naoum Grappe (anthropologue), Emmanuel Prados (chercheur INRIA), Maxime de Rostolan (fondateur de Fermes d’Avenir et Blue Bees), Sandrine Roudaut (auteure, éditrice), Raphael Stevens (expert en résilience des systèmes socioécologiques) et Laurent Testot (journaliste et essayiste).</em></p>
</div>Ode à la Ferrandaise et appel à soutienurn:md5:4d5dc6241639cfdd523b768b305997152018-09-12T11:06:00+02:002018-09-12T11:06:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesAgriculture paysanne et souveraineté alimentaireEnvironnement biodiversité et pesticidesRégion Auvergne Rhone Alpes <p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Ferrandaises.jpg"><img alt="Ferrandaises.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Ferrandaises_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ferrandaises.jpg, sept. 2018" /></a><strong>La Ferrandaise, pour moi, c'est l'histoire d'<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/05/05/Carnets-de-campagne-3-%E2%80%93-Journees-auvergnates---la-marche--le-marche-et-la-montagne">un attachement particulier qui a débuté en 2014 dans une ferme du Puy de Dôme</a>.</strong> Est-ce parce qu'il faisait si froid dehors, parce que la grange elle était chaude, est-ce l'accueil fraternel du paysan, le regard gentiment bovin des animaux, parce qu'un chat ronronnait sur une botte de paille ou parce que les veaux dormaient debout ? J'ai eu le coup de foudre pour cette vache auvergnate, rustique et tout-terrain, si loin des standards de l'industrie agro-alimentaire et des vaches à viandes, vaches à lait, vaches à veaux, vaches à concours, monstrueuses dans les allées du Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand, spécialisées à coups d'hormones et de croisements pour mieux les commercialiser.<br />
<br />
Cette ultra-spécialisation des espèces, des territoires, des continents, l'un qui fournit à manger ici, l'autre là bas qui fabrique de quoi s'habiller, à toi les poulets, à moi le soja, dans une course folle autour du monde, avec entre les deux des océans, des avions et des cargos... Les cartes postales en guise de vie, la ville pour travailler, la montagne pour le ski et la mer l'été, en oubliant au passage que des gens y vivent toute l'année, avec entre les deux du béton, du kérosène, des embouteillages géants et la grande transhumance en mode Bison futé...<br />
<br />
<strong>Ces assignations nous rendent plus vulnérables</strong> au changement, elles nous rendent plus dépendants au pétrole, aux énergies fossiles, à une nourriture blindée de pesticides et de soja transgénique ; elles nous rendent complices de conditions de travail scandaleuses à l'autre bout du monde dans les champs, les mines, les ateliers de confection ; elles nous imposent l'indécence des lobbies qui organisent ce grand déménagement permanent du monde pour le seul bénéfice du capital investi.<br />
<br />
<strong>Sans relocalisation des activités de production, c'est la jungle </strong>du dumping social, des activités les plus polluantes délocalisées loin des regards et des bonnes consciences, des travailleurs sans salaire minimum, sans durée légale, protection sociale ni syndicats, des marchandises qui font le tour du monde avant d'atterrir dans nos assiettes et nos placards, la concurrence du low-cost que seule permet l'exploitation et qui empêche les productions locales de se développer. </p>
<p><strong>Sans diversité des cultures, quand un pan tombe c'est tout qui s'effondre.</strong> Quand vous n'avez qu'une seule variété de fruitier, un seul modèle de tomate, un seul type de production, alors il suffit d'une maladie, d'un coup de gel, d'une bactérie propre à l'espèce pour tout emporter.<br />
Assigner une fonction unique à chaque chose, à chaque territoire, à chaque ferme, à chaque être, c'est nous exposer à tous les risques.<br />
<br />
<a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/veau_ferrandaise.jpg"><img alt="veau_ferrandaise.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.veau_ferrandaise_s.jpg" style="float: left; margin: 0px 1em 1em 0px;" title="veau_ferrandaise.jpg, sept. 2018" /></a><strong>La Ferrandaise est une anomalie du monde moderne, une ode à la diversité. </strong>Contrairement aux ouvrières spécialisées qu'on croise dans les allées des salons agricoles, elle sait tout faire : elle peut produire de la viande mais pas forcément, elle donne du lait, peut servir de vache de trait, elle est résistante à la rudesse du climat, à l'effort, au brouillard montagnard et même au capitalisme : après avoir bien failli disparaitre parce qu'elle ne rentrait pas dans les cases, elle a finalement résisté aux ravages de la course à la rentabilité. Et puis la Ferrandaise est belle, ses veaux doux et amicaux, sa compagnie apaisante, et sa vue dans un paysage de montagnes réchauffe. Et ce n'est pas le moindre des bienfaits qu'elle nous rend.</p>
<p><br />
<strong>La Ferrandaise c'est l'antidote à un paquet de trucs.<br />
Si l'effondrement vient, on va en avoir besoin.</strong><br />
<br />
<strong><a href="https://www.miimosa.com/fr/projets/un-animateur-pour-la-ferrandaise">Cliquez ici pour rejoindre la campagne de soutien sur Miimosa, avec un "pack parrain"</a></strong></p>Affirmer solennellement que le Mont Fuji n'existe pasurn:md5:05e1571ae220e624afca69b43907702f2017-12-16T19:26:00+01:002017-12-16T19:26:00+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesBonheur et buen vivirVagabondages <h3><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MontFuji.jpg"><img alt="MontFuji.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.MontFuji_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="MontFuji.jpg, déc. 2017" /></a>Hommage au Sel de la vie, <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/12/15/ https://reporterre.net/Affirmer-solennellement-que-le-Mont-Fuji-n-existe-pas">publié sur Reporterre le 15 décembre 2017</a>.</h3>
<p><em>Françoise Héritier (1933-2017) était une ethnologue et féministe, successeure de Claude Lévi-Strauss au Collège de France. Inspirée par le livre «<small class="fine"> </small>Le Sel de la vie<small class="fine"> </small>», notre chroniqueuse lui rend hommage à sa façon, qui va du Mont Fuji à un merle chantant.</em></p>
<blockquote>
<p><i>Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d’exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c’est de cela que j’ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie. Françoise Héritier</i></p>
</blockquote>
<p><strong>Un texte offert, oublié et redécouvert… Hommage à Françoise Héritier. </strong><br class="autobr" />
<br class="autobr" />
… Pétrir à pleines mains la pâte d’une future tarte aux pommes, laisser le chat me piétiner avant de s’installer, enchaîner Schlaasss, Grand Blanc, Die Antwoord et Anika très fort, se maquiller dans les toilettes du train, découvrir le nouvel Hollywood au coin du feu un verre à la main, se couper la frange, s’éveiller d’un bond chaque matin à l’idée du café, travailler dans la cuisine, faire des listes et des tas bien alignés, écrire, fumer, rêver d’une maison perchée isolée avec un jardin de curé, réfléchir aux livres qu’on voudrait offrir et les commander en double pour les relire, aimer partir et aimer revenir, protéger le citronnier des premiers frimas, ramasser des pommes de pin en montagne et faire semblant de guetter les singes du Vercors, s’arrêter tout net juste pour goûter une lumière rosée, raconter des bêtises, s’émerveiller du froid, du mot <i>«<small class="fine"> </small>albedo<small class="fine"> </small>»,</i> répéter quart-de-rond en boucle juste pour le plaisir, chercher en soi la <i>«<small class="fine"> </small>nécessité oblivieuse<small class="fine"> </small>»</i>, affirmer solennellement que le mont Fuji n’existe pas, casser des noix et les trouver amères, refuser tout ce qui ressemble à un parapluie, chérir les bonnets que je détestais gamine, se cacher sous une chapka qui chatouille les oreilles, trouver en rentrant les dernières roses qui m’attendaient, déambuler la nuit avec Elvis, attendre Noël, guetter mon merle, recevoir de jolis messages fiers, attentifs ou inquiets, rire de choses inavouables, manger avec les doigts, s’accorder de ne pas être sage ni correcte ni réfléchie ni raisonnable quand y en a marre, chanter à tue-tête quand personne n’est là, conduire trop vite, faire des plans longtemps à l’avance et tout changer au dernier moment, jouer les midinettes, remettre Lesley Gore pour la sixième fois, prétendre qu’il est une heure plus tôt à l’apéro, fondre devant Ben <i>«<small class="fine"> </small>Sam The Lion<small class="fine"> </small>»</i> Johnson, et Al Pacino, et de Niro, et Harrison Ford, cultiver la grâce, se maquiller les yeux, entendre le sifflet du train dans la vallée, traîner en pyjama, guetter la lune à travers le Velux… Mélanger du Campari avec de la clairette, <i>«<small class="fine"> </small>avoir perçu la Terre foncer dans l’espace sous son corps allongé dans un pré couvert de pâquerettes<small class="fine"> </small>»</i> et <i>«<small class="fine"> </small>passer inaperçu quand les coqs font recette<small class="fine"> </small>»</i>. S’endormir trop tôt près du feu et se taire avec le silence… Lire Françoise Héritier un soir d’errance. <br class="autobr" />
</p>
<blockquote class="spip">
<p>Le monde existe à travers nos sens avant d’exister de façon ordonnée dans notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l’existence cette faculté créatrice de sens : voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du <i>“goût”</i> pour tout, pour les autres, pour la vie.<small class="fine"> </small>»<br class="autobr" />
<strong>Françoise Héritier,</strong> <i>Le Sel de la vie</i> (Odile Jacob, 2012)</p>
</blockquote>Dans ma valléeurn:md5:a4a1186759b700797fe92b362fef12542017-11-26T12:28:00+01:002017-11-26T16:13:27+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesDioisDrômeEducationLuttes sociales inégalités et précaritéMilitantisme désobéissance et résistancesSantéTransports <p><em><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/mavallee.JPG"><img alt="mavallee.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.mavallee_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="mavallee.JPG, nov. 2017" /></a>Dans ma vallée il y a des trains, des écoles, un hopital. C'est ce qui fait qu'on est reliés, que des gens viennent s'installer, qu'on nait, circule, apprend, grandit dans la vallée. </strong></em></p>
<p><em><strong>Supprimer une école, des trains, la chirurgie et la maternité, c'est condamner à terme toute la vallée. Bien loin des grands discours sur la ruralité. C'est pourtant ce à quoi on risque d'assister. </strong></em></p>
<p><em><strong>Trois exemples, trois combats.</strong></em></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p><strong>Les trains de l'étoile de Veynes</strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/chronique1barriere.jpg"><img alt="chronique1barriere.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.chronique1barriere_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="chronique1barriere.jpg, nov. 2016" /></a>L'étoile de Veynes, au croisement des lignes de Grenoble vers Marseille et de Valence à Briançon, s'est de nouveau mobilisée ce samedi à l'occasion des Assises de la mobilité, pour que vive la ligne des Alpes, qu'on puisse continuer à <a href="https://reporterre.net/Les-trains-du-quotidien-la-priorite">circuler en train dans la vallée de la Drôme, au quotidien</a>. Dans notre vallée <a href="https://www.change.org/p/ouiautraindenuit">le train de nuit Paris-Briançon est menacé</a>, des gares, des postes risquent d'être supprimés, et la Région Auvergne Rhône Alpes s'obstine à investir 132.000.000 d'euros dans une <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/06/27/Le-grand-embouteillage%2C-l-A45-et-Vinci.-Sauf-si.">autoroute Vinci entre Lyon et Saint Étienne</a> au lieu d'y mettre des trains, à soutenir le pharaoniqu<span class="text_exposed_show">e Lyon-Turin - qui sera en partenariat public-privé lui aussi - au lieu d'aménager la ligne existante. Laurent Wauquiez joue les gros bras dans la presse avec "sa" convention TER signée avec la direction de la SNCF avant même qu'on l'ait votée, et oublie de préciser que beaucoup de choses annoncées existaient déjà, à commencer par les pénalités de retard. La Région et la direction de la sncf installent de concert des caméras et suppriment la présence de contrôleurs, on remplace les humains par des machines, Laurent Wauquiez est tout content d'annoncer la gratuité des trains pour les policiers mais oublie de rappeler qu'il a sabré les réductions pour les chômeurs et précaires... Et on n'a toujours aucune garantie sur les moyens, toujours pas de comités de ligne pour faire dialoguer sncf et usagers, on ne sait toujours pas si on aura des cars ou des trains. Chaque action, chaque mobilisation compte. Ré-écoutez cette émission de<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/sur-la-route/sur-la-route-dun-cheminot"> France Culture "Sur la route d'un cheminot" le long de la Drôme</a>, l</span><span class="text_exposed_show">isez cet excellent reportage de terrain réalisé par Les Jours avec We Report </span>auprès de ces agents qui évitent les retards, et dont les postes sont menacés <span class="text_exposed_show">sur la <a href="https://lesjours.fr/obsessions/wauquiez/ep7-transports/">ligne des Alpes : "Laurent Wauquiez joue aux petits trains"</a>. Comme cela a été fait à Veynes, ou à Saillans et à Crest où nous avons organisé nous-mêmes notre comité de ligne et fait une projection-rencontre entre cheminots et citoyens, mais aussi à Nice, Paris, Briançon, à Grenoble et à Die : dites-le, rejoignez les actions, faites-le savoir, organisez des rencontres, partagez ! Et prenez le train... </span></p>
<p><strong>L'école du village de Sainte-Croix</strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/saintecroix3.JPG"><img alt="saintecroix3.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.saintecroix3_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="saintecroix3.JPG, nov. 2017" /></a>C'est une petite école rurale qui accueille 18 enfants, de la grande section au CM2, des villages de Pontaix, du Quint et de Sainte-Croix. Le 25 aout, la Mairie recevait un courrier de Pole Emploi : "crédits notifiés par l’État épuisés, fin des deux contrats aidés" pour l'école, à quelques jours de la rentrée... Pendant trois semaines, les élus de la Mairie, les parents, les grands-parents, les voisins, les habitants se sont démenés : trois semaines de luttes, de blocage, d'auto-organisation et de tissage de liens joyeux de solidarité dans le village pour sauver les deux contrats aidés. On en a fait un petit <a href="http://ricochets.cc/Suppression-des-contrats-aides-le-temoignage-de-la-commune-de-Sainte-Croix.html">reportage vidéo à retrouver ici sur le site local Ricochets</a>, troisième volet d'une série pour incarner les impacts concrets de la suppression des contrats aidés dans notre vallée. Ces suppressions décidées par Emmanuel Macron tombent comme la grêle aux mêmes endroits déjà assommés depuis des mois par les coupes de subventions de Laurent Wauquiez : associations, petits festivals, réseaux ruraux, espaces sociaux et culturels, lycées pros (<a href="https://www.facebook.com/104763509628326/videos/1229696353801697/">je vous parlais ici de ma rencontre au lycée Bouvet à Romans sur Isère</a>). Laurent Wauquiez a beau répéter comme il l'a fait chez Ruth Elkrief que « <em>Emmanuel Macron ne fait pas ce que nous aurions voulu faire. La politique qu'il porte n'est pas une politique de droite</em> », pardon mais la différence n'est pas flagrante : suppression des contrats aidés d'un côté, coupe des aides aux associations de l'autre ; pérennisation de l’état d'urgence et financement de la vidéosurveillance ; FNSEA et lobbies de part et d'autre ; réforme de l'ISF et refus de l'impôt ; Montagne d'or et A45... Ca se ressemble furieusement.</p>
<p><strong>L'hôpital de Die</strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/hopitaldie.jpg"><img alt="hopitaldie.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.hopitaldie_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="hopitaldie.jpg, nov. 2017" /></a>C'est une des plus petites maternités de France et un des plus gros employeurs de la ville. C'est aussi une des raisons majeures avec la gare, la cité scolaire et le théâtre, pour laquelle les gens et notamment les jeunes familles viennent s'installer à Die. La garantie de pouvoir être soigné ou mettre au monde des enfants sans avoir à aller jusqu'à Valence par les petites routes de montagne. C'était un des engagements de François Hollande : pas un citoyen à plus de 30 minutes d'un service d'urgences. Des années de lutte, de témoignages, d'expo-photo de générations entières nées à Die, d'arguments et de manifestations pour réclamer une autorisation de 5 ans, comme à Privas, une garantie sans laquelle l'hopital se meurt :trois praticiens étaient intéressés, mais qui viendrait s'installer à Die en famille avec un CDD d'un an ? Le collectif pour l'hopital de Die n'a pas ménagé ses efforts. On nous a dit qu'il n'y avait pas assez d'actes pour garantir la sécurité des accouchements : des études ont démontré que le risque était plus fort de prendre la route. Les praticiens ont expliqué qu'ils exercaient aussi ailleurs et maintenaient ainsi leur qualification. On a expliqué que les accouchements à domicile, non comptabilisés, ne sont possibles que par la proximité des équipements d'urgence de l'hopital. On a <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/public/carte-hopital-de-die.gif">cartographié les kilomètres</a> et redit que ni Samu ni hélicoptère ne prennent en charge un accidenté dont l'état n'est pas stabilisé. On a rappelé qu'on n'est pas à Paris ici, mais en montagne avec des risques accrus d'accident. Que le temps d'intervention pour une femme enceinte qui fait une hémorragie est de 20 minutes. Que pour une plaie ouverte c'est 45 minutes. On a documenté l'"exception géographique" et la notion juridique de "perte de chance de survie", de jeunes femmes enceintes ont porté plainte à la gendarmerie pour mise en danger de la vie d'autrui. On a redit qu'on n'était pas des citoyens de seconde zone. On a écouté Laurent Wauquiez clamer qu'il se battrait contre les déserts médicaux et me répondre en session à la Région "<em>Il ne vous a pas échappé que précisément dans c'est un sujet important pour moi</em>" et de dire, au sujet d'un autre petit hopital, celui de Saint -Agrève : "<em>Quand vous le regardez depuis Paris, les routes sont plates et ils pensent qu'en une demie-heure on peut aller en voiture à valence ou Annonay</em>". En effet, je confirme Monsieur Wauquiez : de Luc-en-Diois c'est 1h38 de petites routes de montagne pour Grenoble, 1h40 pour Valence, 1h24 pour Gap.</p>
<p>La Ministre de la Santé vient d'annoncer la fermeture de la maternité et de la chirurgie d'urgence au 1er janvier. Allez, restez chez vous ou allez vous blesser ailleurs, ne faites plus d'enfants et vive la ruralité ! Ah si, pardon : en lot de consolation, un scanner flambant neuf et des sous pour rénover l'hopital. Bonus : un hélicoptère... Je vous invite à relire le <a href="https://www.bastamag.net/Comment-la-fermeture-des-petites-maternites-menace-la-sante-des-mamans-et-de">dossier très complet sur Basta "Comment la fermeture des petites maternités menace la santé des mères et de leurs enfants"</a><span class="crayon article-titre-6220 "> et si vous êtes dans le coin venez <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/">manifester avec le collectif devant l'hopital de Die samedi 2 décembre</a> : deux fois déjà, en 1986 et en 2008, la mobilisation a permis de sauver l'hopital de Die.</span></p>
<p><span class="crayon article-titre-6220 ">Ah, et une dernière chose : n'hésitez surtout pas à demander ce qu'elle en pense à à Célia de Lavergne, LREM fraîchement élue Députée de notre vallée. Je n'ai rien vu <a href="https://twitter.com/cdlavergne?lang=fr">ni sur son compte twitter</a>, <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=9&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiNq626hNzXAhVJbFAKHZIxAvsQFghWMAg&url=https%3A%2F%2Ffr-fr.facebook.com%2Fceliadelavergne%2F&usg=AOvVaw22TtTW8KdOvzhgVMkzdV2j">ni sur sa page Facebook</a>. Curieux.</span></p>L’incroyable «Status of Forces Agreement» (SOFA) entre États-Unis et Corée du Sudurn:md5:c0328f0feff327f5f1fb8e61634e7f962017-11-05T14:41:00+01:002017-11-05T14:51:06+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondages <p><em>(billet initialement paru <a href="https://blogs.mediapart.fr/c-morel-darleux/blog/291017/l-incroyable-status-forces-agreement-sofa-entre-etats-unis-et-coree-du-sud">sur médiapart</a>)</em></p>
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/14notrumpnowar-.jpg"><img alt="14notrumpnowar-.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.14notrumpnowar-_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="14notrumpnowar-.jpg, nov. 2017" /></a>En tournée politique en Corée du Sud pour dix jours de rencontres et conférences, en tant qu'élue de la région Auvergne-Rhône-Alpes, je me suis rendue, dimanche 29 octobre, à la base militaire américaine de Pyongtaek où Donald Trump a annoncé sa venue dans une semaine. </strong></p>
<p>Près de 30.000 soldats américains sont présents en Corée du Sud. Les bases militaires sont considérées comme territoire américain et les États Unis peuvent y effectuer des tests ou y importer des armes de destruction massive sans possibilité de contrôle des autorités sud-coréennes. Ce sont également, par l’accord SOFA, les États Unis qui prennent le contrôle opérationnel de l’Armée sud coréenne en temps de guerre. </p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/devantosan-2.jpg"><img alt="devantosan-2.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.devantosan-2_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="devantosan-2.jpg, nov. 2017" /></a>Ajoutez à ça le tragique accident de deux écolières écrasées par un blindé américain en 2002, une fuite de bacille de charbon actif (qui provoque l’anthrax) en 2015, des circuits organisés de prostitution et des cas relatés de violences sexuelles de militaires américains sur les habitantes, comme à Okinawa au Japon, et vous aurez une petite idée de la colère et du sentiment de perte de souveraineté de la population. Ici, après celle du Japon, on parle d’occupation américaine.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/5basek55.jpg"><img alt="5basek55.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.5basek55_t.jpg" style="float: right; margin: 0 1em 1em 0;" title="5basek55.jpg, nov. 2017" /></a>« <i><span>Nous sommes tout à fait prêts pour </span></i><i><span>l’option militaire et elle pourrait être dévastatrice</span></i><span> » Donald Trump, 26 septembre 2017</span></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/usairforce.jpg"><img alt="usairforce.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.usairforce_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="usairforce.jpg, nov. 2017" /></a>Dans ce contexte, l’aggravation des tensions par Donald Trump, ses propos outrancièrement guerriers et son intention affichée d’installer des armes nucléaires actives sur le sol sud-coréen sont très mal reçus. À Séoul une importante manifestation a eu lieu le 28 octobre, après l’annonce de sa venue en Corée du Sud le 7 novembre, sous le slogan « No war ! No Trump ! ». Ce même jour, les sud-coréens célébraient le premier anniversaire de la Révolution des bougies, qui a conduit quelques mois plus tard à la destitution de la présidente corrompue Park Geunhye le 10 mars 2017.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/4basek55.jpg"><img alt="4basek55.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.4basek55_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="4basek55.jpg, nov. 2017" /></a>La plus grande base américaine en Corée du Sud se trouve à Pyongtaek. C’est la base K55, avec ses 7000 soldats, baptisée Osan et officiellement domiciliée pour la Poste en Californie. C’est le « hub militaire » des États Unis en Corée du Sud et pour toute la région qui ne cesse de s’agrandir, grignote les champs de riz et évacue les maisons alentour. À deux pas de la rivière et de ses pêcheurs, des sentinelles de l’environnement observent la base au téléobjectif.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/8basek55.jpg"><img alt="8basek55.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.8basek55_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="8basek55.jpg, nov. 2017" /></a>L’institut pour la réappropriation de la base redoute les rejets toxiques dans le fleuve comme ceux qui ont eu lieu à la base américaine de Séoul et ont conduit à la condamnation <span>exceptionnelle d’un soldat américain à 3 ans de prison en 2003. A Chilgok, un autre soldat a révélé que des stocks d’agent orange avaient été enfouis dans la base. A Pyongtaek, ce sont des malaises provoqués par les ondes électromagnétiques du radar qui ont été enregistrés. Ailleurs, ce sont 70 vaches mortes d’un coup sans explication, à 4 kilomètres de la base. Les installations ne pouvant être contrôlées, et aucune information n’étant divulguée, la méfiance et la peur sont fortes. </span></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/6basek55.jpg"><img alt="6basek55.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.6basek55_t.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="6basek55.jpg, nov. 2017" /></a>Base K55, c’est<span> ici qu’ont lieu la plupart des exercices conjoints, les vols de reconnaissance, les importations de missiles, les surveillances de télécommunications en Corée du Nord. C’est ici que le président américain a prévu de venir. Il doit se rendre depuis cette base en hélicoptère jusqu’à la base de Yongsan installée en plein Séoul. L’association des habitants qui se mobilise depuis depuis 474 jours devant la base pour demander des excuses officielles du gouvernement américain sur l’introduction du bacille de charbon actif, demande également le retrait des bases militaires américaines de Corée du Sud et un traité de paix entre la Corée du Nord et les États Unis. </span></p>
<p><span>Il est assez peu probable que la visite de Donald Trump aille dans ce sens. </span></p>
<p><span>Corinne MOREL DARLEUX,</span><br />
<span>Pyongtaek, 29 octobre 2017.</span></p>
<p> </p>
<p><b><i>Quelques liens pour aller plus loin : </i></b></p>
<p>Les secousses de la crise nord coréenne font trembler Okinawa : <a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/191017/les-secousses-de-la-crise-nord-coreenne-font-trembler-okinawa?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-67">https://www.mediapart.fr/journal/international/191017/les-secousses-de-la-crise-nord-coreenne-font-trembler-okinawa?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-67</a><br />
En Corée du sud, la lutte tenace pour protéger un joyau écologique d’une base militaire :<i> </i><span><a class="external" href="http://www.reporterre.net/En-Coree-du-sud-la-lutte-tenace" target="_blank">http://www.reporterre.net/En-Coree-du-sud-la-lutte-tenace</a><br />
Des soldats américains auraient été exposés à de l'anthrax en Corée du Sud <a class="external" href="http://www.europe1.fr/international/coree-du-sud-22-soldats-americains-exposes-a-lanthrax-1321106" target="_blank">http://www.europe1.fr/international/coree-du-sud-22-soldats-americains-exposes-a-lanthrax-1321106</a><br />
L'armée américaine surprise une nouvelle fois en train de jouer avec des armes de destruction massive en Corée <a class="external" href="http://www.amitiefrancecoree.org/2015/06/l-armee-americaine-surprise-une-nouvelle-fois-en-train-de-jouer-avec-des-armes-de-destruction-massive-en-coree.html" target="_blank">http://www.amitiefrancecoree.org/2015/06/l-armee-americaine-surprise-une-nouvelle-fois-en-train-de-jouer-avec-des-armes-de-destruction-massive-en-coree.html</a><br />
Séoul invite Trump à visiter une base militaire américaine en Corée du Sud <a class="external" href="http://french.xinhuanet.com/2017-10/26/c_136707673.htm" target="_blank">http://french.xinhuanet.com/2017-10/26/c_136707673.htm</a><br />
Trump veut installer des armes nucléaires américaines en Corée du Sud pour effrayer Pyongyang <a class="external" href="http://www.bfmtv.com/international/trump-veut-installer-des-armes-nucleaires-americaines-en-coree-du-sud-pour-effrayer-pyongyang-1264868.html" target="_blank">http://www.bfmtv.com/international/trump-veut-installer-des-armes-nucleaires-americaines-en-coree-du-sud-pour-effrayer-pyongyang-1264868.html</a><br />
SCM : Pyongyang ne peu pas être l'adversaire de l'alliance Séoul-Washington </span><span><a class="external" href="http://m.world.kbs.co.kr/news/news_detail.htm?no=58053&category_code=Po&lang=f" target="_blank">http://m.world.kbs.co.kr/news/news_detail.htm?no=58053&category_code=Po&lang=f</a> </span></p>Interdite d’accès au procès de Figen Yuksekdag : la Turquie de M Erdogan récidiveurn:md5:b5c9ece77b07a5d1c83deeeddb068a0f2017-09-23T17:44:00+02:002017-09-23T17:44:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesInternationalLibertésTurquie<p><b><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Sincan1.jpg"><img alt="Sincan1.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Sincan1_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sincan1.jpg, sept. 2017" /></a></b><b>Cette tribune a été<a href="https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/200917/mon-temoignage-sur-la-turquie-de-m-erdogan"> publiée sur Mediapart le 20 septembre 2017, sous le titre "Mon témoignage sur la Turquie de M Erdogan"</a></b></p>
<blockquote>
<p>18 septembre. Jour de visite des familles à la prison de Sincan, en Turquie. De nombreux cars font la navette vers cet immense complexe de 6.000 détenus. Devant la prison, nous sommes une dizaine d’observateurs internationaux à attendre en plein soleil par 36°C, entourés de policiers. Dans cette enceinte carcérale doit se dérouler le procès de Figen Yuksekdag, députée et co-fondatrice du HDP. Cette militante féministe et socialiste est détenue, comme dix autres députés du HDP, depuis dix mois sous divers chefs d’accusation de collusion avec le terrorisme.</p>
</blockquote>
<p>En fait de terrorisme, il est reproché à Figen Yuksekdag d’avoir protesté contre les bombardements des populations civiles kurdes, d’avoir qualifié de « résistance » les manifestations qui ont eu lieu dans les villes kurdes placées sous couvre-feu, ou encore d’avoir qualifié de « massacre » la mort de centaines de civils durant les opérations menées par les forces de sécurité turques. Elle risque 83 ans de prison.</p>
<p>La première audience de ce procès a eu lieu au tribunal d’Ankara le 4 juillet, puis ajourné et remis au 18 septembre, devant la Haute Cour d'Ankara.</p>
<p align="justify"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Sincan2.jpg"><img alt="Sincan2.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Sincan2_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sincan2.jpg, sept. 2017" /></a>Le 4 juillet, pour la première audience de son procès, une délégation d’observateurs internationaux avaient été interdite d’accès de la salle d’audience et expulsée manu militari du tribunal d’Ankara<a class="sdfootnoteanc" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a>. C’était une première en Turquie, où les procès sont publics, et ce droit garanti par la Constitution. La Turquie est également liée par les conventions internationales et l’OSCE en la matière. La présidence de la Cour, qui avait après des heures de discussion, finalement autorisé la présence dans la salle de quatre observateurs, a été quelques minutes plus tard rappelée à l’ordre par un appel du Ministère de la justice, sur consigne directe donc du gouvernement de M Erdogan.</p>
<p align="justify">Ce 18 septembre, devant la prison de Sincan, nous attendons et assistons à un véritable chassé-croisé entre les pouvoirs politique et judiciaire : la Cour demande aux avocats du HDP de se tourner vers le Ministère de la Justice, qui les renvoie à la Cour. Celle-ci rétorque depuis plusieurs jours que les autorisations sont désormais délivrées par le Ministère de la Justice et non plus par le Président de la Cour. Discours démenti par l'ambassade Turque en Suisse qui déclarait la semaine dernière encore que le Ministère de la Justice, pas plus que la Cour, n'a à autoriser les observations de procès, ceux-ci étant de droit publics en Turquie (il s’agirait de l’article 182 du Code de procédure criminelle). Elle précise néanmoins que la Cour peut décider à n'importe quel moment de fermer un procès particulier au public, uniquement en cas de problème grave de sécurité, et ce en le motivant et par déclaration publique. Nous en déduisons en toute logique que le « tri sélectif » à l'entrée du procès consistant à en interdire l'accès aux observateurs internationaux tout en autorisant le public, sans que ce choix soit motivé comme cela s'est passé le 4 juillet, et de nouveau ce 18 septembre, ne rentre dans aucune de ces hypothèses.</p>
<p align="justify">Pour cette deuxième audience, la Cour a décidé de déplacer le procès au sein même du complexe de la prison de Sincan, à 70 kilomètres d’Ankara. Selon les informations communiquées aux avocats du HDP, cette décision répond au fait de bénéficier de salles plus grandes : l’affluence au tribunal lors de la première audience avait été source de tensions avec la foule, nombreuse, qui souhaitait assister au procès. Las, le matin même de cette seconde partie du procès, nous apprenons que la salle réservée pour l’audience ne comporte que 20 places. Face à ces conditions, Figen Yuksekdag rend publique sa décision de ne pas assister à ce qu’elle considère comme une parodie de justice. En délégation internationale avec des avocats, journalistes et ONG, nous nous y rendons malgré tout. Nous sommes en tout dix observateurs internationaux de France, Suisse, Italie, Angleterre et Norvège, accompagnés d’une représentante de l'ambassade du Canada.</p>
<p align="justify"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Sincan3.jpg"><img alt="Sincan3.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Sincan3_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sincan3.jpg, sept. 2017" /></a>Nous attendrons devant la prison de Sincan pendant deux heures, pour apprendre finalement que notre délégation d'observateurs internationaux est interdite d'accès à la prison de Sincan et ne pourra assister au procès. A l’issue de cette demie-journée d’audience que nous suivons donc depuis Ankara, nous apprenons qu’après 10 mois de détention Figen Yüksekdağ est maintenue en prison. Son procès est de nouveau ajourné et remis au 6 décembre. Cette troisième audience aura lieu à la même prison de Sincan, dans la même salle de 20 places.</p>
<p align="justify">Nous étions trois français présents ce 18 septembre à la prison de Sincan : une avocate du barreau de Paris, Jean-Christophe Sellin et moi-même, tous deux élus régionaux et responsables du Parti de Gauche. Partis la veille de Paris, au moment même où dans ce même aéroport de Roissy, le journaliste français Loup Bureau tout juste libéré atterrissait en provenance d’Ankara. La concordance des temps est fatalement frappante, et après le soulagement de cette libération, on ne peut esquiver la vive question des contreparties accordées par le Ministre des Affaires Etrangères Jean-Yves le Drian au gouvernement Turc lors de son déplacement à Ankara. Se pose entre autres la question du soutien français aux forces kurdes qui combattent notamment en Syrie contre les forces de Daech et construisent une alternative démocratique, laïque et féministe au Rojava, au grand dam de Monsieur Erdogan. Combiné à l’approche du référendum au Kurdistan irakien, et à l’invasion des forces armées turques en Irak, la situation dans cette région du monde est sous haute tension. Les déclarations de Madame Merkel sur la suspension des discussions pour l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne, en contre-point de l’accord qui lie cette même Union européenne à la Turquie sur la question des migrants, fait des conflits dans la zone et des déplacements de réfugiés qui en découlent, une question évidemment hautement géopolitique.</p>
<p align="justify">Par ailleurs, comme le rappellent régulièrement Amnesty International, Reporters sans Frontières et d’autres, 160 journalistes sont toujours détenus en prison, des députés, des maires, des magistrats, des enseignants, des écrivains sont encore incarcérés et en attente de procès. Ces deux audiences de Figen Yuksekdag témoignent du fait que tout est mis en place pour dissuader des observateurs internationaux de se rendre en Turquie et d’assister aux procès qui y ont lieu.</p>
<p align="justify"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/DelegationSincan.jpg"><img alt="DelegationSincan.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.DelegationSincan_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="DelegationSincan.jpg, sept. 2017" /></a>Nous avons pu rencontrer à Ankara la députée en charge des affaires juridiques pour le HDP, Ayse Acar Basaran et le député en charge des affaires internationales, Hisyar Özsoy. Nous avons longuement discuté ensemble de la situation, et de la manière dont l’opinion internationale pouvait être mobilisée. Lorsque nous étions sur place, un député du HDP qui venait d’être libéré dix jours avant a de nouveau été arrêté. Chaque jour, un véritable harcèlement s’exerce de la part des autorités turques sur les militants et élu-e-s du HDP, troisième force politique du pays avec 6 millions d’électeurs, et principale opposition démocratique à Monsieur Erdogan. Face à cette situation de plus en plus inquiétante sur les droits humains et les libertés en Turquie, une campagne internationale pour la libération de Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, les deux co-fondateurs du HDP, est en train de s’organiser. Tous deux ont été démocratiquement élus députés en juin 2015. Ils risquent aujourd’hui 142 et 83 ans de prison.</p>
<p align="justify">Un appel va être lancé avec le soutien de personnalités du monde entier, universitaires, artistes, et responsables politiques. Le comité pour les droits humains de l'Union interparlementaire, basée à Genève en lien avec l'ONU s'intéresse également de près au sort des 55 député-e-s du HDP dont l’immunité parlementaire a été levée – avec le vote favorable de toutes les autres organisations politiques turques, y compris d’opposition. Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag ont été nominés la semaine dernière, à l’initiative du groupe de la GUE-NGL<a class="sdfootnoteanc" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>, au prix Sakharov pour la liberté d’opinion décerné par l’Union européenne.</p>
<p align="justify">Ce sont autant de points d’appui pour que l’émotion, l’indignation, provoquée par les arrestations en Turquie des journalistes français Mathias Depardon et Loup Bureau ne retombe pas. Pour que la vague de « trouble, inquiétude et indignation » des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Allemagne et de la France<a class="sdfootnoteanc" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a> qui s’était exprimée au moment de l’arrestation de Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag ne s’assoupisse pas. Ils sont encore nombreux, femmes et hommes, détenus arbitrairement en Turquie. Ne les oublions pas.</p>
<p>« Ferment les yeux, les vagues,<br />
Déchiquetés sont les nuages,<br />
dispersés comme du coton cardé<br />
dans le ciel gris de l’Euphrate.<br />
(...) Les nuages sont les plumes d’une colombe blanche,<br />
privée d’ailes,<br />
lorsqu’elle tente de s’envoler... »<br />
<i>La nuit des contes, Sherko Bekes, </i><i>poète Kurde.</i></p>
<p><strong>Liens :</strong></p>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>Récit de la première partie de ce procès : <a href="http://bit.ly/2sXxS2U">http://bit.ly/2sXxS2U</a> et sur le blog Mediapart d’Ilias Panchard : https://blogs.mediapart.fr/ilias-panchard/blog/070717/recit-dun-proces-politique-en-turquie</p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a>http://www.guengl.eu/news/article/category//unjustly-imprisoned-opposition-leaders-in-turkey-nominated-for-sakharov-pri</p>
</div>
<div id="sdfootnote3">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>https://www.google.fr/amp/s/amp.france24.com/fr/20161105-turquie-hdp-arrestation-dirigeants-parti-pro-kurde-turc-demirtas-reactions-internationales-</p>
</div> <p><b>Voir aussi pour les anglophones :</b></p>
<p>Interview en anglais par un media turc : <a href="https://www.pscp.tv/Ozguruz_org/1vOxwOoabprxB">https://www.pscp.tv/Ozguruz_org/1vOxwOoabprxB</a></p>
<p>L’article de Steve Sweeney dans le Morning Star : <a href="https://t.co/DZcG0LfRWO">https://t.co/DZcG0LfRWO</a></p>Je voudrais dire avant tout que la vie vaut la peine d’être vécue. Hommage à Walterurn:md5:4f3d97845c87677fc9b947e7a5ca0fcc2017-09-09T10:45:00+02:002017-09-09T10:45:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondages <p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/WalteretGilles.jpg" title="WalteretGilles.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.WalteretGilles_s.jpg" alt="WalteretGilles.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="WalteretGilles.jpg, sept. 2017" /></a>Walter Bassan est décédé. Je l'ai appris ce matin par Gilles Perret et son très beau texte que je reproduis ici avec son accord. Sur le site de <a href="http://www.citoyens-resistants.fr/spip.php?article533">Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui</a>, les compagnons du Plateau des Glières avec lesquels j'ai eu tant de plaisir <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2013/05/17/Construire-un-nouveau-CNR-en-integrant-la-dimension-ecologique--une-lecture-contemporaine-des-Jours-Heureux">depuis 2013</a> et cette année encore (moment de frissons capté en fin de billet) à partager ces moments de fraternité, de résistance, d'émotion, on peut lire des mots de Walter. La première phrase : <strong><em>Je voudrais dire avant tout que la vie vaut la peine d’être vécue</em></strong>... Comme un legs du résistant de toujours pour chacun de nos instants d'essoufflement, ces moments où on étouffe sous les coups, face aux dérives du monde, avec l'envie de se réfugier dans les sommets. La leçon de Walter, des Jours Heureux, un héritage précieux, fait de radicalité et d'aménité. A ne jamais oublier.</p>
<h3>Hommage à Walter, par Gilles Perret</h3>
<p>'Walter nous a donc quittés.</p>
<p>La journaliste de France Bleu qui m'a interviewé au sujet de son décès avant-hier me posait sa première question « Alors, après pas mal de victoires, Walter a perdu cette dernière bataille ? » Ce à quoi je lui répondais qu'il avait sans doute perdu cette bataille mais qu'il a espéré jusqu'au bout que ses idées et ses valeurs allaient gagner la guerre !</p>
<p>L'avant-veille de sa mort, je le regardais sur son lit. Il respirait difficilement, déjà dans le coltare. La lumière tombait doucement sur les montagnes environnantes lorsque je me suis mis à l'imaginer dans sa jeunesse. Les années 40, ce jeune homme révolté contre ce pétainisme étouffant, cet ordre moral moisi, cette extrême droite recroquevillée sur le triptyque « travail, famille, patrie ». Je le revoyais dans le petit jardin de la rue du travail se réunir avec ses copains, discuter à table avec sa famille puis s'engager dans la jeunesse communiste et la résistance. Puis je l'imaginais le matin de son arrestation. La peur, l'incompréhension. Se faire arrêter par ces français dont certains n'étaient autre que des voisins. Je l'imaginais sous les sévisses et les humiliations des miliciens français et de la section de la police anti-communiste annécienne.</p>
<p>Toujours sur son lit d'hôpital, un éclair de lucidité dans son sommeil nous permit alors d'échanger quelques mots. Ce genre de moments d'une vie qu'on n'oublie jamais. Un léger rire, le même que celui que nous avons entendu si souvent « C'est gentil, ça va, aller ça va », et moi de lui répondre bêtement « ça va aller, on va continuer, promis ! ».</p>
<p>Je l'imaginais à Dachau, tout jeune homme, en face des SS et des kapos. Ces êtres qu'on a peine à imaginer dans la vraie vie. Je l'imaginais souffrir dans sa chaire mais se renforçant jour après jour dans ses convictions. Sauvé par cet idéal communiste auquel il ne fera jamais défaut. Puis ce jour de mai 45, où il arrive dans un Annecy libéré depuis plus de 9 mois. Ses parents sur le quai de la gare et son incapacité à raconter l'horreur vécue. Son incapacité à révéler aux familles de ses copains restés là-bas quel avait été leur sort.</p>
<p>Il s'était rendormi. Le souffle court. Cette fois, par la fenêtre de sa chambre, il n'y avait plus que le sommet du Pic du Marcelly qui bénéficiait des derniers rayons du soleil entre quelques nuages.</p>
<p>Je le voyais maintenant jeune militant CGT et PC après la libération. Fier et se sentant fort dans cet état social en pleine construction. Un avenir radieux en perspective, une sécu qui se met en place, des retraites, des conventions collectives…. Puis les grèves et les luttes à nouveaux, ces kilomètres de marche dans les manifestations pour arracher des conquis sociaux dont nous bénéficions tous aujourd'hui. Puis son travail à la Sécu, rendant des services allant bien au-delà de ses prérogatives.</p>
<p>Cette fois, il faisait quasiment nuit dans cette chambre mais je n'avais pas envie d'allumer la lumière. Il ouvre les yeux. Un sourire, encore. Puis ses yeux se ferment à nouveau.</p>
<p>Maintenant, je ne l'imaginais plus mais je me souvenais de lui. Quand j'étais petit, mon père m'avait expliqué qu'il avait été déporté. Pas facile à comprendre. J'étais bien loin de me douter que 30 ans plus tard nous allions sillonner ensemble le département puis la France entière, passant de salle de cinéma en salle de cinéma pour accompagner notre film « Walter, retour en Résistance ». Toutes ces rencontres. Tous ces yeux qui s'illuminaient lorsqu'il témoignait. Lui, toujours debout à plus de 80 ans, persuadé que des jours meilleurs viendront. Il était alors pour ces gens comme un phare qui brille au milieu d'un océan d'abdication irrigué par une société ne cessant de nous répéter que nous n'aurions pas le choix. Nous rentrions fort tard de ces tournées mais souvent la lumière de l'appartement était encore allumée. Bernadette était en souci…</p>
<p>Bien sûr, ce film nous avait rapproché. Il faut dire qu'à sa sortie, les coups venaient de tous côtés. Nous avions mis le doigt sur quelque chose auquel il ne fallait pas toucher. Le pré carré de quelques notables, trop souvent invités aux bonnes tables. Je m'attendais à ce qu'on m'attaque moi, ça aurait été normal. Mais c'est fou ce que les notables peuvent être en dessous de tout lorsqu'on égratigne leur suffisance. Des députés le traitant de triste sire, de dindon de la farce, un responsable d'association de résistance, dans la blessure de son amour propre, allant même jusqu'à mettre en doute sa participation à la Résistance lors d'une émission télévisée...Walter en aurait eu des leçons d'abnégation à leur donner à tous ces gens qui ont si bien su exister sur le dos de la Résistance pour se mettre en valeur eux, bien avant l'idéal de société qu'elle visait à construire. Pendant que Walter transposait sa résistance dans la réalité d'aujourd'hui, eux s'obstinaient à l'ancrer dans le passé à grands coups de médailles et de fanfare du 27ème BCA. J'étais peiné de l'avoir embarqué dans ce flot d'insultes, je lui en ai parlé, il m'a regardé droit dans les yeux, comme surpris que je puisse douter du bien fondé de notre action. « Pas de problème, ça va aller, on continue ensemble, j'ai été un combattant dès l'âge de 15 ans, je le serai jusqu'au bout ! »</p>
<p>Allez, ça va, ça va aller. Toujours.</p>
<p>Ce soir là, il n'était déjà plus vraiment conscient lorsque je l'ai quitté. Après lui avoir fait une dernière promesse comme quoi mes amis de Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui et moi, nous ferons tout ce que nous pourrons pour continuer son travail. Je monte dans la voiture, quelques larmes puis le réflexe d'allumer la radio comme pour dire « ça va, ça va aller... »</p>
<p>Quelques journalistes et éditorialistes s'évertuaient à disserter sur les bienfaits de la loi travail sans contre point. Et voilà que le moulin à parole déversait son flux de bien pensance à grand coups de flexibilité, de compétitivité, de modèle allemand, de rajeunissement de la classe politique, de lourdeur du code du travail, de charges sociales, de modernité… Je pensais à Walter sur son lit. Qu'en aurait-il pensé ? N'était ce pas plus moderne d'offrir la santé et des retraites pour tous plutôt que de précariser une majorité de la population au profit d'une minorité de gagneurs de la mondialisation ? Je pensais surtout à tous ces députés modernes qui dans leur arrogance de cadres supérieurs mais surtout dans leur inculture historique et politique venaient de rayer d'un vote, d'un appui sur un bouton, une bonne partie de ce que Walter et ses amis avaient su construire dans la douleur et dans la lutte.</p>
<p>Aux larmes succédait la colère.</p>
<p>A ce moment-là, j'aurais voulu avoir tous ces députés sous la main, les attraper un à un, leur botter le cul ou plutôt les assoir dans une salle et qu'ils écoutent, seulement une fois, qu'ils écoutent et qu'ils entendent le témoignage de Walter. Qu'ils comprennent ce que signifie l'engagement pour les autres, l'engagement pour l'intérêt général, l'engagement pour les plus faibles, qu'ils entendent d'où vient leur situation confortable, et à qui ils doivent la société qui leur a permis de devenir les gagnants d'aujourd'hui.</p>
<p>Comme tout le monde, Walter perdait la dernière bataille de la vie dans la nuit de dimanche à lundi.</p>
<p>Les témoignages de sympathie affluent de tous côtés, de tous ceux qui l'ont croisé un jour. La presse lui a rendu un hommage bien mérité. Dans le Dauphiné, jouxtant un bel article sur Walter, le président du Conseil Départemental de Haute-Savoie faisait part de sa « grande émotion ». Celui la même qui nous menaçait de représailles suite à la sortie de notre film… sans l'avoir vu, bien sûr. C'est comme ça. Cela aura le mérite de faire en sorte que nous gardions un motif d'indignation. L'indignation n'est elle pas le motif de base de la Résistance comme nous l'avait démontré Stéphane Hessel au Plateau des Glières lors du rassemblement « Paroles de Résistance »? Ce rassemblement dont Walter était si fier et qui continuera pour lui, pour nous.</p>
<p>Dans son positivisme constant, il aimait à dire que pour les mauvaises graines comme lui ça allait toujours. Gageons que cette graine semée dans les têtes de ces milliers, ces dizaines de milliers de collégiens et de lycéens qui l'ont écouté germera un jour. Que les notions qu'il a tenté de leur inculquer sans forcer trouveront leur résonance dans le monde d'aujourd'hui. C'est le plus beau cadeau qui lui sera fait. Ainsi adviendront Les Jours Heureux pour qui il aura tant donné !</p>
<p>Allez bello ciao'</p>
<h3>Vidéo du Plateau des Glières, 21 mai 2017.</h3>
<div align="center">
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</div>
Des députés, de l'emprisonnement et des mots. En mission d'observation internationale en Turquieurn:md5:e850930663a4b7cebdca812dcca5b8b32017-07-01T09:57:00+02:002017-07-01T09:57:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesDémocratieinternationalLibertésMilitantisme désobéissance et résistancesTurquie <div><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Figen.PNG"><img alt="Figen.PNG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Figen_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Figen.PNG, juin 2017" /></a><strong>Il y a huit mois, c'était l'émoi.</strong></div>
<div>
<p class="p1"><span class="s1">Toute la diplomatie occidentale réagissait fortement à l’arrestation de Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, les deux co-présidents du HDP, troisième force politique en Turquie avec 6 millions d'électeurs. On pouvait lire <a href="https://www.google.fr/amp/s/amp.france24.com/fr/20161105-turquie-hdp-arrestation-dirigeants-parti-pro-kurde-turc-demirtas-reactions-internationales-">trouble, inquiétude et indignation des États Unis, de l'Union européenne, de l'Allemagne et de la France</a>.</span></p>
<p class="p2"><span class="s1">Aujourd'hui, même à creuser les tréfonds d'Internet on ne trouve aucune suite à ces réactions. </span><span class="s1">Et pourtant. </span><strong><span class="s2">Détenue depuis huit mois, </span><span class="s1">Figen Yüksekdag risque 83 ans de prison. Son procès va avoir lieu le 4 juillet à Ankara. </span></strong></p>
<p class="p2">Alors après être allée pour <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2016/03/24/Retour-de-Diyarbakir-%3A-Sur%2C-quartier-martyr">Newroz l'an dernier à Diyarbakir</a>, je serai de nouveau en Turquie ce 4 juillet pour répondre à l'<a href="http://www.cdkf.fr/appel-a-observateurs-pour-suivre-le-proces-de-figen-yuksekdag/">appel à observateurs internationaux</a> lancé pour ce procès. Je pars avec Jean-Christophe Sellin pour le Parti de Gauche et y représenterai également mon groupe RCES à la Région et European Left qui m'ont demandé d'y porter leur message de solidarité.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/deputes-hdp.jpg"><img alt="deputes-hdp.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.deputes-hdp_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="deputes-hdp.jpg, juin 2017" /></a>Il y a beaucoup de politiques en prison en Turquie. <strong>A l'heure où on parle beaucoup de nos députés en France, rappelons que dix députés du HDP ont été déchus de leur immunité et incarcérés. </strong><em>(Photo : kedistan.net)</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Et puis il y a des enseignants, comme Nuriye Gülmen et Semih Ozakça : licenciés, arrêtés le 22 mai 2017 et en grève de la faim. Il y a l'étudiante Ebru Fırat, arrêtée début septembre 2016 lors d’un changement d’avion à Istanbul, alors qu’elle rentrait en France. Il y a Zehra Doğan, journaliste et fondatrice de l’agence féministe JINHA, arrêtée et emprisonnée le 21 juillet 2016, puis à nouveau le 12 juin.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><strong>Tous enfermés, privés de liberté</strong>. Privés. De. Liberté. Je ne vous parle pas de mots imprimés dans un journal, d'entrefilets sur la coopération turco-européenne ou de statistiques impersonnelles sur la répression des libertés, mais d'une réalité quotidienne pour des femmes et des hommes.<strong> Dure comme un mur et concrète comme le ciment.</strong></p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Alors comme certains se jouaient des parties d'échecs mentales, quand d'autres récitaient des poèmes silencieux, ou tentaient de faire de la détention et de l'horreur un jeu de théatre, eux aussi apprennent à <a href="http://www.kedistan.net/2017/06/18/demirtas-mode-emploi-prisons-turquie/">taquiner la peur</a> et rappellent qu'un prisonnier reste simplement humain.</p>
<blockquote>
<p style="margin-bottom: 0cm"><span style="font-family: Georgia, Times, "Times New Roman", serif; font-style: italic;">Ici aussi “la vie est courte, les oiseaux volent”, ici aussi “même si tu es un dragon ça ne change rien”, ici aussi “le vrai amour est ne pas céder” </span><em style="text-align: center;">Selahattin Demirtas </em></p>
</blockquote>
<p class="p2"><strong>Alors oui, y aller</strong>. Certes, il y a des prises de position plus compliquées que d'autres. Des actes militants qui demandent à être réfléchis et soupesés. Mais il est des moments où les mieux intentionnées des postures ne suffisent plus, où l'engagement réclame un tout petit peu de mise en danger pour d'autres, qui eux le sont toute l'année. Parce que nos engagements internationalistes doivent être concrets, et que les mots parfois ne sont pas assez. </p>
<p class="p2"><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Sherko.JPG"><img alt="Sherko.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Sherko_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sherko.JPG, juin 2017" /></a>Et parce que la littérature reste notre meilleure alliée quand le monde devient givré</strong>, j'emporte dans mon sac le recueil de poèmes de Sherko Bekas et voudrais pour finir profiter de ce billet pour citer deux livres majeurs sur l'emprisonnement : La cage aux lézards de Karen Connelly, et Aucune bête aussi féroce de Ed Bunker. Ces deux livres m'ont énormément marquée et m'accompagnent encore, des années après.</p>
<p class="p2"> </p>
<p class="p2"><em><a href="https://www.lepartidegauche.fr/une-delegation-du-parti-de-gauche-au-proces-du-hdp-a-ankara/">Voir aussi le communiqué du Parti de Gauche : Une délégation au procès du HDP à Ankara</a></em></p>
</div>Restlessurn:md5:414c303b9c35aecffb7e1d986eef7af52016-10-15T09:30:00+02:002016-10-15T09:30:00+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesVagabondages <p>Je reprends le chemin, cette fois vers la Kabylie. Explorer les montagnes, m'imprégner de souvenirs d'enfance, rendre hommage.<br />
Je poursuivrai peut-être ma route vers une île, ou vers l'Orient.<br />
Si les étoiles me tirent par les cheveux. Gentiment.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Rest.jpg"><img alt="Rest.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Rest_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Rest.jpg, oct. 2016" /></a><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ait-atelli-kabylie.jpg"><img alt="ait-atelli-kabylie.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ait-atelli-kabylie_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="ait-atelli-kabylie.jpg, oct. 2016" /></a></p>Plongée dans l'intime, sens à réaiguiser, grand blanc et alabama monroe (Voeux)urn:md5:dbd0acce296c697c4b6f9429aa1a0d102015-12-27T10:03:00+01:002015-12-27T10:03:00+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesBonheur et buen vivir <p>En 2010, mon florilège de fin d'année était fait <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2010/12/30/Les-billets-auxquels-vous-avez-%C3%A9chapp%C3%A9">des Wombats, de tunnels, du mauvais esprit de Titom et de la tentation d’Épicure</a>. En 2011, c'était une guirlande faite <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2011/12/19/noel-avant-l-heure">d'une barque, livrée aux abîmes, de l'immense Océan des désirs, de monos d'Ecuador et de correspondances amoureuses de Maiakovski</a>. En 2012, des <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2012/12/25/Florilege-de-fin-d-annee">Rêves de fuschia, amour, poésie et révolution, toujours, des lectures un soir d'été, un verre de cognac à portée de main, et le cœur en bandoulière, encore...</a>. Puis curieusement rien ne vint en 2013. Et en 2014, un coup de gueule <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/12/30/Comment-osent-ils-">Comment osent-ils</a> suivi de voeux de <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2015/01/05/Des-reves-a-n-en-plus-finir">Rêves à n'en plus finir. Vous, fiers et heureux</a>.</p>
<p> </p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/kroy2.jpg"><img alt="kroy2.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.kroy2_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="kroy2.jpg, déc. 2015" /></a></p>
<p style="text-align: center;"><em><a href="http://www.kourtneyroy.com">Photographie Kourtney Roy</a></em></p>
<p>Cette année, des rêves et du fuschia toujours, en suspens, mais aussi toute une gamme de bleu en Technicolor, des sons qui vibrent, des mots, des envies, des murmures, plein, partout. Des plongées dans le Sud profond et troublant des margousiers et de la boue rouge, celle des chemins sensuels, envoutants et terrifiants qu'emprunte <a href="http://www.pagedeslibraires.fr/livre-8031/ruby.html">Ruby</a>... Mais d'abord du blanc et de la mise en abime du réel, teintés de singulier et d'essentiels pas de côté.</p>
<blockquote>
<p>Il y a des gens comme moi Qui ont besoin d'autre chose que de manger pour exister<br />
Mon corps réclame aussi ce venin qui injecté à mes journées Me fait oublier<br />
Que <a href="https://www.youtube.com/watch?v=AIrqRDlpxhE">je ne rêve plus</a></p>
</blockquote>
<p>Alors en guise de venin salutaire de fin d'année je souhaite à chacun de se coller <a href="https://m.youtube.com/watch?v=ne0aG9PZ6cQ ">Grand Blanc très fort</a> dans les veines en filant de nuit sur une route de montagne embrumée, jusqu'à sentir avec gratitude ses ailes repousser.</p>
<blockquote>
<p>Oh faites moi taire. Faites moi taire (...) Je veux une vie de printemps<br />
Simplement<br />
Et séchez moi ces yeux d'hiver (...) Si cassants</p>
</blockquote>
<p>Puis de faire silence et guetter le moment où les sens sont suffisamment posés pour pouvoir gouter pleinement une autre plongée en intime, toute de délicatesse et de sincérité de ces émotions qu'on enfouit habituellement très profond, et lire <em>Une femme fuyant l'annonce</em>, de David Grossman, lecture d'un été spleenien en bord d'Océan. Où j'ai retrouvé... Oh tout. Magnifique de justesse des sentiments, magistralement perturbant.</p>
<blockquote>
<p>- Ora..., reprend Avram avec difficulté, comme s'il se hissait hors d'un puits. je ne peux pas rester seul.</p>
<p>Les premières lueurs du jour viennent les éveiller, encore perdus dans les brumes du rêve, à la lisière d'une prairie. L'herbe ondule à perte de vue dans un camaïeu de vert flamboyant. Ils sont seuls au monde, il n'y a pas âme qui vive, l'odeur originelle monte de la terre, l'air bruit de créatures minuscules, vaporeux et humide, le voile de l'aube se déploie au-dessus de leurs têtes, et ils ont les yeux rieurs d'avant la peur, d'avant eux-mêmes.</p>
<p>- Les choses les plus anodines recèlent tant de beautés, et tu les verras toujours, Ora'leh, promets-moi de ne pas passer à côté.</p>
<p>Autrefois, quand il la regardait de cette façon, elle mettait son coeur à nu, ne lui dissimulant rien. Lui seul avait le droit de lire en elle à livre ouvert. Pas même Ilan. Elle le laissait - quel mot horrible, "laisser" -, elle laissait Avram regarder en elle, pratiquement depuis le jour de leur rencontre, car elle avait le sentiment, la conviction, qu'il y avait quelque chose en elle, ou quelqu'un, peut être une Ora plus fidèle à sa véritable nature, plus conforme, moins vague, qu'Avram semblait capable d'atteindre. Il était le seul à vraiment pouvoir la connaître, la bonifier d'un regard, par sa simple présence. Sans lui, elle n'existait pas, tout simplement, elle n'avait pas de vie, et donc elle lui appartenait de droit en quelque sorte.</p>
</blockquote>
<p>Ne pas se consoler tout de suite et alimenter le beautiful spleen de fin d'année avec <a href="http://www.alabamamonroe-lefilm.com/">Alabama Monroe</a>. Lui, barbu et brut de tendresse. Elle, tatouée et élégamment désaxée. La plus bouleversante histoire de couple <em>ever</em>. A regarder sous une couette, dans une caravane douillettement aménagée à la lumière de bougies, avec clopes et rhum à portée de main. Un drame absolu, de rock'n roll et de frissons, d'une beauté sans mièvrerie et d'une cruauté renversante. </p>
<p><span class="st">... Et enfin renaitre <span class="st">doucement </span> de la <a href="http://www.laboiteverte.fr/la-timidite-des-arbres/">timidité des cimes</a></span>, cet interstice de protection parfois nécessaire pour survivre<span class="st">, en se répétant mille fois cette phrase d'Anais Nin :</span></p>
<blockquote>
<p><span class="st">Vint un temps où le risque de rester à l'étroit dans un bourgeon était plus douloureux que le risque d'éclore</span></p>
</blockquote>
<p>Le temps de se rincer le regard, se réenchanter l'âme, faire pétiller des coupes et griller quelques kilomètres de bitume vers Rome, et en 2016 je reviens en Fille du Vercors.<br />
Les sens réaiguisés, du <a href="http://bit.ly/1U6EFPJ">Kourtney Roy</a> plein le viseur. Et de nouvelles envies de joli grabuge.</p>
<p>D'ici là restez libres et fiers.</p>
<p>Belle fin d'année à vous...</p>
<p> </p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/IMG_0800.JPG"><img alt="IMG_0800.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.IMG_0800_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="IMG_0800.JPG, déc. 2015" /></a></p>
<p style="text-align: center;"><em><a href="http://www.kourtneyroy.com">Photographie Kourtney Roy</a></em></p>Racines du ciel et Radieuse Aurore (lectures d'été)urn:md5:693e498899ea1aa6f9a647cee43662cf2015-07-28T16:20:00+02:002015-08-04T10:13:23+02:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesBonheur et buen vivirEcologie politiqueVagabondages <p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/FELP2015.jpg"><img alt="FELP2015.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.FELP2015_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="FELP2015.jpg, juil. 2015" /></a>Je viens de réaliser ma dernière intervention de l'année au Festival Emmaus Lescar-Pau, un débat sur climat et écosocialisme avec 150 personnes, joli exploit pour un matin de semaine, en plein milieu de l'été, dans un festival qui n'a pas encore vraiment commencé (les concerts démarrent ce soir). Les rencontres sont belles ici, avec celles et ceux qui font et agissent, depuis plus de trente ans, qui créent pièce par pièce un village autonome, avec sa ferme, son épicerie, sa recyclerie bien sûr et surtout ses choix de vie, des choix politiques assumés. Un endroit du "pas de côté" qui à mon avis aurait bien plus à Gébé.</p>
<p>Je vais maintenant couper enfin un peu pour une dizaine de jours de congés, mais avant cela, voici de quoi buller à l'ombre en belle compagnie. La Fondation de l’Ecologie Politique m'a en effet invitée à partager mes livres de chevet pour sa sélection de lectures d’été. Celle-ci se présente sous la forme d’<a href="http://www.fondationecolo.org/blog/Suggestions-de-lectures-ecolo-pour-l-ete">amicales recommandations de la part de diverses personnalités</a>, avec trois catégories : des essais récents en lien avec l’écologie politique, des « classiques de l’écologie », et des romans dont les sujets montrent une affinité avec les thématiques écologistes. Je me suis évidemment ruée sur cette dernière. L'occasion de parler de mes héros préférés Jack London et Joseph Kessel, et de revenir sur un livre qui m'a marquée, un été dans les rues de Marseille : Les racines du ciel...</p>
<p>Belle lecture, et bel été.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><b><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/racinesduciel.jpg"><img alt="racinesduciel.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.racinesduciel_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="racinesduciel.jpg, juil. 2015" /></a>Les racines du ciel : une leçon de dignité humaine (Romain Gary, 1956)</b></p>
<p>Avec Le Lion de Joseph Kessel paru en 1958 et hélas toujours considéré à tort comme un livre d'enfant, Les racines du ciel de son ami Romain Gary publié en 1956 constitue le troisième volet d'une trilogie entamée en 1903 avec L'appel de la forêt de Jack London. Trois romans engagés, humanistes, à la fois désabusés et emplis de générosité, qui signent les prémices du roman écologiste. Entre l'ère industrielle du début de siècle de London et les années 50 du grandiose duo Kessel-Gary, les guerres ont dévasté les coeurs et les esprits. Romain Gary a été soldat et résistant, il a combattu sur tous les fronts, dans de nombreux pays. Il a perdu des amis, et vécu à bord des bombardiers l'horreur de la guerre. Cela se ressent dans Les racines du ciel, où se retrouve tout au long du livre en filigrane cette lutte constante entre un pessimisme lucide, le refus de la médiocrité humaine et la volonté de maintenir coûte que coûte espoir et dignité par la lutte et la résistance. C'est l'épopée individuelle d'un homme, Morel, rescapé des camps, qui engagera sa vie à lutter contre l'extérmination des éléphants en Afrique. Loin de se cantonner à la protection de la nature, ce que développe Gary c'est une certaine idée de l'homme, une réflexion sur le colonialisme et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, une aventure humaine où les cyniques et les misanthropes ne sont pas ceux que l'on croit... Et une formidable leçon de courage et de militantisme radical.<br />
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><b><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/radieuseaurore.jpg"><img alt="radieuseaurore.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.radieuseaurore_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="radieuseaurore.jpg, juil. 2015" /></a>Relire Jack London : Radieuse Aurore (1910)</b><br />
On connait tous, pour l'avoir lu gamin, le London de Croc Blanc, cet émouvant appel de la nature qui souligne jusqu'à la douleur la déchirante dualité entre mondes "sauvage" et "civilisé". Certains se souviennent aussi de Martin Eden, ce visage romantique des amours contrariées par les différences de classe sociale. On connait un peu moins, hors les réseaux militants, le London du Talon de Fer et ses plongées dans les bas-fonds ouvriers où le gin coule à flots pour oublier les maux de la journée... Mais là où Jack London est le plus beau, c'est quand il combine son expérience "in-vivo" de la question sociale et l'amorce de ce qu'on appellerait aujourd'hui écologie politique. C'est le cas dans Radieuse Aurore, un de ses bouquins injustement méconnus. Radieuse Aurore, c'est un chercheur d'or du début du 20ème siècle, une force de la nature, un homme à la fois brut et généreux, une tête brûlée qui fera l'expérience de l'ambition et de la réussite matérielle, avant de découvrir l'immoralité totale du système. Et comme dans tout grand roman, c'est l'amour d'une femme qui lui ouvrira les yeux et le conduira in fine à prendre la seule décision qui vaille : cesser de courir après la possession et l'accumulation, vivre libres, fiers et heureux.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"> </p>
<p style="margin-bottom: 0cm"> </p>Se remplir le regard de baroque, se perdre à Constantinopleurn:md5:fe8608600c802d672da2fe8eb031d4052015-02-18T13:23:00+01:002015-02-18T13:28:00+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesBonheur et buen vivirEcosocialismeInternationalIstanbulJaponMéditerranéeTurquieVagabondages <p><a title="istanbul-gravure.jpg" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/istanbul-gravure.jpg"><img title="istanbul-gravure.jpg, fév. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="istanbul-gravure.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.istanbul-gravure_s.jpg" /></a>Je pars demain en Turquie, pour une
conférence sur l'écosocialisme. Comme à chaque départ, une
curieuse forme anticipée de nostalgie légèrement inquiète me
saisit. Un ressort romantique qu'un rêve d'Orient ne demande qu'à
exacerber.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">De fortes averses de neige sont
annoncées à Istanbul pour les jours qui viennent. Il y a un an,
j'étais <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/02/04/Tempete-de-neige-a-Tokyo">dans les rues de Tokyo, prise dans une tempête hivernale</a>
d'une ampleur inédite. Un déluge de flocons me suit
à chacune de mes pérégrinations et je m'en réjouis. Car "<em>une
fois par vie, il neige dans nos rêves</em>" (Orhan Pamuk). Et j'ai
plusieurs vies.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><a title="GravureNapoli.jpg" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/GravureNapoli.jpg"><img title="GravureNapoli.jpg, fév. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="GravureNapoli.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.GravureNapoli_s.jpg" /></a>Istanbul, Byzance ou Constantinople,
c'est le rêve d'un Orient baroque, celui d'une autre époque. Celui
qui faisait trépigner d'impatience Alphonse de Lamartine à
l'approche de la ville. “<em>C’est là que Dieu et l’homme, la
nature et l’art, ont placé ou créé de concert le point de vue le
plus merveilleux que le regard humain puisse contempler sur la terre
: je jetai un cri involontaire, et j’oubliai le golfe de Naples et
tous ses enchantements</em>". Que Naples lui pardonne. Les Turcs
lui ont rendu hommage en baptisant de son nom une des rues qui part
de la place Taksim, <em>Lamartine Caddeci</em>.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Istanbul, ce "<em>sceau mystérieux et
sublime qui unit l'Europe à l'Asie</em>" (Gérard de Nerval),
troisième capitale antique avec Athènes et Rome, qui du temps où
elle s'appelait Byzance fournissait du cuir, des esclaves, du miel,
de la cire et des salaisons, et illustrait ainsi toute la richesse de
l'Empire bizantin, son opulence - les germes de sa décadence.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><a title="istanbul-peinture.jpg" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/istanbul-peinture.jpg"><img title="istanbul-peinture.jpg, fév. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="istanbul-peinture.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.istanbul-peinture_s.jpg" /></a>Mon discours est prêt, les détails
pratiques réglés, mon sac bouclé. Je peux consacrer une partie de
la fin de journée à la partie inspirée de mon voyage. Parcourir
l'histoire des princes byzantins et des sultans ottomans, lire des
extraits de romans, flâner d'articles géopolitiques en photos
enneigées. </p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Je retrouve dans certains écrits <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/02/05/En-perte-de-reperes-%E2%80%A2-%E4%BD%97-%E2%80%A2-Ecosocialisme-au-Japon--episode-2-">ce plaisir solitaire,
cette esthétique de l'errance</a> au gré des rues, l'immense et
savoureuse liberté du voyageur. "<em>Mon habitude, en voyage, est
de me lancer tout seul à travers les villes à moi inconnues, comme
un capitaine Cook dans un voyage d'exploration. Rien n'est plus
amusant que de découvrir une fontaine, une mosquée, un monument
quelconque (...) en errant ainsi à l'aventure, on voit ce qu'on ne
vous montre jamais, c'est à dire ce qu'il y a de véritablement
curieux dans le pays que l'on visite</em>" (Théophile Gauthier).
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Pour quelques heures je délaisse les
fils twitter, les mails en cascade et les 49-3. Je mets de côté
pour plus tard les événements de la place Taksim, les violences
faites aux femmes, la "Nouvelle Turquie" d'Erdogan... Et
je revois de petites places romaines, une terrasse à Budapest, un
port au Maroc. Je repense au plaisir infini que j'ai ressenti au
Japon de trouver pour une fois <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/03/02/Sayonara----Et-retour--L-emprise-des-sens-%E2%80%A2-Ecosocialisme-au-Japon--episode-10-et-fin-%E2%80%A2-">une réalité qui soit à la hauteur
du fantasme</a>, en me demandant quel sera le sort de mes premières
heures près du Bosphore, car « <em>un des plus vifs plaisirs du
voyageur, c’est cette première course à travers une ville
inconnue de lui, qui détruit ou qui réalise l’imagination qu’il
s’en était faite</em> » (Théophile Gautier).</p>
<p style="margin-bottom: 0cm"><a title="GravureAmazonie.jpg" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/GravureAmazonie.jpg"><img title="GravureAmazonie.jpg, fév. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="GravureAmazonie.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.GravureAmazonie_s.jpg" /></a>Le Bosphore, ce fleuve que Théophile
Gauthier décrit en "<em>raie d'azur tirée comme limite entre deux
parties du monde, l'Europe et l'Asie, qu'on aperçoit en même
temps</em>". A cette évocation je revois d'autres méandres qui
dessinent la géographie d'autres villes, d'autres continents. Je
revois la Selva. La majestueuse Amazone qui me coupa le souffle en Équateur. Le rio Parana, lourd et imposant, d'un promontoire à Tres
Fronteras entre l'Argentine, le Paraguay et le Brésil. Je meurs
d'impatience.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">"<em>Partons, la voile est prête, et
Byzance m'appelle</em>" (André Chenier)
</p>Nous étions Camille, désormais nous sommes aussi Charlie.urn:md5:e596dae156bcaf7f500f39cc59d125bc2015-01-08T12:18:00+01:002015-01-08T12:21:04+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesDystopies <p><a title="je-suis-charlie.jpg" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/je-suis-charlie.jpg"><img title="je-suis-charlie.jpg, janv. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="je-suis-charlie.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.je-suis-charlie_s.jpg" /></a>Hier le 7 janvier, 13h. Radio. Fusillade. Charlie Hebdo. Morts. Vigipirate. La
consternation. Sans
mots, juste un profond sentiment de détresse, de tristesse pour notre
société. </p>
<p>Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Ahmed, Oncle Bernard, morts. Nicolino grièvement blessé... Les noms qui
s'égrènent au fil des heures, les détails de la tuerie, les
réactions sur les réseaux sociaux, les propos haineux... L'annonce de
jours sombres. Tant de ruiné, en quelques minutes. Et ce sentiment
étouffant que le
cauchemar politique ne fait que commencer. À hurler.</p>
<p>Et puis les
liens qui se nouent naturellement, la tenue sur un pad, en mode
collaboratif, de cette longue liste de rassemblements. </p>
<p>Et puis cette réaction commune <a href="http://t.co/amZjRMMuLd">« Horreur, amitié, détermination »</a> publiée en commun par douze medias web. </p>
<p>Et puis cette veillée organisée par Mediapart, qu'Edwy Plenel ouvre entouré de nombreux invités, visages émus, propos solides, appelant au recueillement, au débat et au sursaut, sans hypocrisie ni naïveté, et rappelant que "On ne peut pas jouer avec les peurs et les identités comme on jouerait avec des allumettes".</p>
<p>Et puis ces 18.000 citoyens rassemblés pour dire <a class="_58cn" href="https://www.facebook.com/hashtag/jesuischarlie?source=feed_text&story_id=622126487892023" data-ft="{"tn":"*N","type":104}"><span class="_58cl">#</span><span class="_58cm">JeSuisCharlie</span></a> place des Terreaux à Lyon. </p>
<p>Et... Oui, soudain, émue et fière. Comme l'espoir d'un sursaut.</p>
<p>Nous étions Camille, désormais nous sommes aussi Charlie.</p>
<p>
On continue, plus que jamais.</p>Des rêves à n'en plus finir. Vous, fiers et heureux. (Voeux)urn:md5:dd338b9b50e1449e08facaea734917b42015-01-06T10:53:00+01:002015-01-06T10:53:00+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondages <blockquote><p><br /><br /><br /><br /><img title="annakarina4.jpg, janv. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="annakarina4.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.annakarina4_s.jpg" /></p>
<p><br />Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en
réaliser quelques-uns. </p>
<p>Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et
d’oublier ce qu’il faut oublier. </p>
<p>Je vous souhaite des passions, je vous
souhaite des silences. </p>
<p>Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil
et des rires d’enfants. </p>
<p>Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à
l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. </p>
<p>Je vous souhaite
surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est
notre destin véritable. </p>
</blockquote>
<p><em>Texte : Jacques Brel, 1968</em></p>
<p><em>Photo : Anna Karina, Le petit soldat, 1963</em></p>Rémi Fraisse, Vital Michalon. Deux Une de Libération, toute une génération. Et la dystopie, toujours.urn:md5:e6ff719e00dbda51a8bb4a61ebd15b082014-10-30T08:48:00+01:002014-10-30T09:01:14+01:00corinne morel darleuxDystopies, coups de gueule et vagabondagesDystopiesEcologie politiqueGPIILibertésMilitantisme désobéissance et résistancesNucléaireTestet barrage de Sivens <p><a title="Libe01081977.JPG" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Libe01081977.JPG"><img title="Libe01081977.JPG, oct. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="Libe01081977.JPG" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Libe01081977_m.jpg" height="388" width="285" /></a><a title="Libe30102014.jpg" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Libe30102014.jpg"><img title="Libe30102014.jpg, oct. 2014" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="Libe30102014.jpg" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Libe30102014.jpg" height="393" width="306" /></a></p>
<p><br />Pour mémoire depuis le mois d'aout sur ce blog au sujet de ce barrage, notre<a href="http://www.reporterre.net/spip.php?article6283"> tribune de soutien
collective sur Reporterre</a>, le récit de ma <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/09/20/Une-journee-au-Testet">visite au Testet</a>, ma <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/c-morel-darleux/230914/lettre-ouverte-stephane-le-foll">Lettre ouverte
au Ministre le Foll parue sur Mediapart</a>, et enfin le <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/10/20/Sivens-Testet---courrier-collectif-a-Madame-la-Ministre-Royal">courrier commun
envoyé à la Ministre Ségolène Royal le 17
octobre</a>.</p>