le blog de corinne morel darleux - De la politique en général
écosocialisme intégral (graines, fleurs et épines)
2019-04-02T13:11:21+01:00
corinne morel darleux
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Chaque dixième de degré et chaque mètre carré de béton : Extinction Rebellion
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2019-03-25T14:19:00+01:00
2019-03-25T14:38:06+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Militantisme désobéissance et résistancesVidéos
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/24_mars_JDR_XR.jpg" title="24_mars_JDR_XR.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.24_mars_JDR_XR_s.jpg" alt="24_mars_JDR_XR.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="24_mars_JDR_XR.jpg, mar. 2019" /></a>Une belle énergie place de la Bourse à Paris, ce dimanche 24 mars pour la journée de déclaration du mouvement <a href="https://extinctionrebellion.fr/">Extinction Rebellion</a> ! Vous pouvez retrouver quelques articles de presse <a href="https://www.politis.fr/articles/2019/03/extinction-rebellion-sonne-la-revolte-en-france-40182/">ici</a> ou <a href="https://www.lesinrocks.com/2019/03/24/actualite/un-mouvement-ecolo-radical-se-declare-officiellement-en-rebellion-en-france-111175336/">là</a>. J'ai eu le plaisir d'y intervenir aux côtés de nombreux rebelles, des musiciens de l'Orchestre Debout, de Susan George, Claire Lévy, Pablo Servigne et Jean-Baptiste Fressoz. En plus des <a href="https://www.facebook.com/pg/xrfrance/videos/?ref=page_internal">photos et vidéos publiées sur la page FB de XR</a>, voici mon intervention, en texte et en vidéo. Puisse-t-elle inspirer les actions à venir et infuser les esprits.</p>
<p><br /></p>
<div style="text-align: center;">
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<p><strong>Déclaration de rébellion - XR - 24 mars 2019, place de la Bourse à Paris</strong></p>
<p>Salut à tous<br /></p>
<p>Je voudrais commencer, pour cette dernière prise de parole, par remercier tou-te-s les rebelles qui ont préparé cette journée de déclaration de rébellion depuis des semaines. Et merci à vous d’être venu-e-s sur cette place de la Bourse aujourd’hui, pour ce moment qui n’est qu’un début, et qui est je l’espère un tournant :<br /></p>
<p>- ça fait plus de 40 ans qu'on sait qu'on va dans le mur, <br />
- 10 ans qu'on demande au président, au préfet, aux gens, de changer le système et de se bouger<br />
- que les uns et les autres, chacun à son poste, on a tout essayé pour convaincre en restant dans les clous de la légalité : lancer des pétitions, se présenter aux élections pour changer les institutions, modifier nos comportements et nos consommations, écrire des livres, en lire beaucoup, se compter le samedi entre Bastille et Nation, écrire des programmes anticapitalistes et expliquer où prendre l’argent<br />
- des années qu’on crie dans le désert, qu’on se prend des coups, qu'on se fait traiter d’utopistes ou d’allumés, <br />
- des années qu’on cherche l’unité pour faire masse, et des objectifs raisonnables pour ne pas fâcher... <br /></p>
<p>Et alors qu’enfin la prise de conscience s’accélère, que les scientifiques sonnent l’alarme par milliers, que les jeunes se mettent en grève dans les lycées, le jour où on obtient deux millions de signatures, même là il ne se passe toujours rien !</p>
<p>Pire. Au fur et à mesure que les manifestations et la colère grandissent, en jaune, en rouge, en vert, ce qui grandit en face n’est pas l’action, mais la répression !
Les dégradations s'accélèrent, la crise sociale et la misère s'étendent, le climat et la biodiversité dévissent.</p>
<p>Et les seuls à pouvoir se mettre à l'abri sont ceux qui ont les moyens de le faire : les ultra-riches et les patrons des lobbies.
Les plus pauvres, les plus fragiles, eux, sont déjà dans la catastrophe, du Mozambique à la Syrie, des paysans aux quartiers populaires.
Selon la Banque Mondiale, à cause des dévastations environnementales 100 millions de personnes supplémentaires vont basculer dans la pauvreté d'ici 2030.</p>
<p>Ça urge et ça fait mal, déjà, des espèces disparaissent, à jamais. Elles ne reviendront pas.
Le GIEC nous dit qu'on a douze ans, pas pour éviter le 1,5°C, mais avant de l'atteindre !</p>
<p>Tout ça n'est pas une histoire d'optimisme ou de foi, mais des faits. Il ne s'agit pas de se raconter des histoires pour se faire peur dans le noir, mais de regarder la réalité en face. Et ça ne se passe pas dans dix ou trente ans, mais maintenant.</p>
<p>Je vous le disais au début, on est à un tournant.
Et ce tournant ne peut pas être de passer brutalement du déni au tout est fini !
<br />
Entre les deux, il y a la phase du combat, celle où on agit et où on se bat. Avec amour et rage. <br />
Parce que la meilleure consolation, c’est l’action !</p>
<p>Alors aujourd'hui, place de la bourse, on se munit de courage et de lucidité, et en responsabilité dans les pas de celles et ceux qui nous ont précédés, de la ZAD de Notre Dame des Landes à Sivens ou à Bure, on change de braquet : avec toutes celles et ceux qui le peuvent, au nom de toutes celles et ceux qui ne peuvent pas, qui sont en danger ou dans l'impossibilité matérielle de se battre, XR décide de passer à la désobéissance
et s’il faut choisir entre rester dans la légalité ou sortir du système, eh bien nous en sortirons.</p>
<p>Et moi je vous le dis, j’espère qu’on va passer à l'action à impact direct et concret, pas juste symbolique, à des actions qui portent dans leur réalisation leurs propres revendications, qu’on va saboter le système, planter des arbres et bloquer des chantiers, en bref : préserver ce qui doit l'être, ralentir la destruction, se battre contre chaque mètre carré de béton et aller sauver chaque dixième de degré...</p>
<p>Tout en se préparant à ce que tout ça ne suffise pas à éviter l’effondrement, donc en même temps on va continuer à préparer le monde d'après, à base d'autonomie, de relocalisation, de résilience, de courage et de loyauté.</p>
<p>Cher-e-s rebelles,
je veux être sincère avec vous, je ne sais pas si on arrivera à enrayer le désastre.<br />
Mais à défaut d’inverser le cours des choses, je suis certaine que nous ajouterons un peu de beauté et de dignité à ce monde qui en manque cruellement.</p>
Entretien Les Jours sur l'effondrement qui vient... et la réponse politique qui tarde
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2019-02-14T15:46:00+01:00
2019-02-14T15:51:38+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
CollapsologieDystopiesFiction de l effondrementMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/lesjourscmd.png"><img alt="lesjourscmd.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.lesjourscmd_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="lesjourscmd.png, fév. 2019" /></a>Voici le début de mon entretien, disponible en intégralité pour les abonnés, sur le média "Les Jours" qui suit depuis quelques semaines l'excellente "obsession" de François Meurisse sur l'effondrement : des brèves de fin du monde quotidiennes pour s'informer, des entretiens et un vendredi culture fait de musique et de littérature. C'est à la fois grave et léger, ça change des essais et articles compassés, bref : une jolie manière d'aborder le sujet.</p>
<p>Dans ce long entretien, il est question de collapsologie, de risques de dérive libérale et d'écologie radicale, de Deep Green Resistance et d'Extinction Rebellion France, mais aussi de fiction qui décadre, de Rollerball à L'An 01 de Gébé en passant par la Horde du Contrevent de Damasio.</p>
<p><em><strong>Extraits :</strong></em></p>
<p>"Il faut mettre en place des stratégies pour préserver ce qui doit l’être dans la civilisation telle qu’on la connaît… mais il faut aussi se préparer à ce que ça ne suffise pas. Et donc imaginer des stratégies d’adaptation beaucoup plus radicales. (...) réinjecter du politique, de l’action collective, dans des auditoires parfois d’abord mus par des ressentis individuels. (...) J’ai l’impression qu’on est passés en quelques mois du déni collectif à « Tout est foutu, y’a plus rien à faire » ! Entre les deux, la phase des efforts politiques, l’action militante, etc., c’est passé à la trappe. (...) Des gens comme Pablo Servigne et d’autres ont apporté un formidable coup d’accélérateur. Ça fait venir plein de gens, ça foisonne. La question, c’est : quel parcours de formation et de radicalisation politiques mettre en place pour que ça débouche sur de l’action collective ?"</p>
<p>"La fiction, c’est pas de la prophétie, c’est du décadrage. Il devrait y avoir un temps de lecture obligatoire pour tous les politiques ! C’est ce qui nous permet – et je crois que c’est de ça dont on a besoin aujourd’hui – de sortir d’un système de valeurs et de schémas de pensée qui sont aujourd’hui obsolètes.(...) Les mythes de la croissance économique et du progrès ont atteint leur seuil de contre-productivité. (...) On a besoin de passer un cap, qui n’est pas de l’ordre de la marche, mais du pas de côté, à la manière de Gébé et de L’An 01. (...) On a besoin de nouveaux récits, de courage, d’engagement, de loyauté pour construire ce nouveau système. Mais une culture de résistance n’a d’intérêt que s’il y a une résistance."</p>
<h3>« L’effondrement est de plus en plus réel, de plus en plus tangible »</h3>
<p><em>Les Jours·Mardi 29 janvier 2019</em></p>
<p>Pour faire face à la fin du monde, l’ex-Insoumise Corinne Morel Darleux se nourrit de fiction et défend une écologie radicale. Entretien.</p>
<p>Nous sommes sur le « Titanic », la mort de notre civilisation nous fait face. La faute au changement climatique, à l’extinction de la biodiversité, à la raréfaction du pétrole… Cette obsession s’intéresse à l’effondrement d’un monde, le nôtre, au pourquoi, au comment, à l’après : nouvel épisode.</p>
<p><em>Propos recueillis par François Meurisse - Photo : Christophe Stramba-Badiali/Haytham/Réa</em></p>
<p>Nous sommes bientôt en février 2019 et notre civilisation tient, bon an mal an, toujours debout. Les prédictions d’Yves Cochet (lire l’épisode 1) menaceraient-elles… de s’effondrer ? Pas si vite. Nos « mauvaises nouvelles planétaires » quotidiennesdessinent tout de même un panorama peu réjouissant, entre bestioles qui disparaissent (lire l’épisode 9), fuite en avant pétrolière et inconséquence politique (lire l’épisode 14). Et encore, on vous a épargné les chauve-souris décimées, les glaciers qui reculent en Asie et dans le monde, les poissons d’eau douce retrouvés morts, les records d’éclairs et même le destin de George l’escargot. Pas d’erreur, c’est l’horreur.</p>
<p>Face à ce spectacle, les hommes politiques ne devraient-ils pas adapter leurs réponses en conséquence ? C’est ce que défend Corinne Morel Darleux, conseillère régionale Parti de Gauche en Auvergne-Rhône-Alpes. Celle qui a porté le positionnement « écosocialiste » du Parti de Gauche dès sa fondation en 2008 – et été secrétaire nationale chargée de l’écologie – a finalement quitté La France insoumise en novembre dernier. Aujourd’hui, elle s’intéresse à des mouvements écologiques plus radicaux et participe à de nombreux événements publics autour de l’effondrement. Son objectif : réinjecter du politique, de l’action collective, dans des auditoires parfois d’abord mus par des ressentis individuels. Pour cela, elle dispose d’un vecteur puissant : la fiction, qu’elle soit littéraire ou cinématographique.</p>
<p>Comment, en tant que femme politique, êtes-vous arrivée à la notion d’effondrement ?</p>
<p>Depuis dix ans, je suis les négociations climat, les rapports scientifiques sur le sujet, l’actualité liée à la biodiversité et l’action politique qui en découle – ou plutôt qui n’en découle pas. J’ai l’impression d’avoir assisté à la dégradation de la situation d’un point de vue géophysique et à une succession de gouvernements (Sarkozy, Hollande, Macron) qui ne prennent aucune des mesures qui devraient s’imposer. Du coup, il y a un an et demi, j’ai commencé à discuter avec des philosophes, des historiens, des anthropologues, des scientifiques, qui dessinaient les contours de quelque chose de transdisciplinaire autour de l’effondrement. J’ai rencontré Christophe Bonneuil qui s’occupe de la collection Anthropocène au Seuil et pas mal de ses auteurs, notamment Pablo Servigne.</p>
<p>Ça a été un bouleversement ?</p>
<p>Non, cette notion d’effondrement n’a pas révolutionné grand-chose dans ma manière d’aborder les choses. Dans une vie précédente, j’ai été consultante pour de grandes entreprises du CAC 40, Total, Sanofi, etc. Je faisais de la conduite de projets et donc de l’analyse de risques. Il s’agit de prendre en compte à la fois la probabilité qu’un événement destructeur pour le projet arrive mais aussi sa criticité. Là, c’est un peu la même chose : la probabilité est de plus en plus importante et la criticité aussi. Aujourd’hui, pour moi, l’effondrement, c’est de plus en plus réel, de plus en plus tangible. Il y a donc un devoir de lucidité (…)</p>
<p><a href="https://lesjours.fr/obsessions/collapsologie-effondrement/ep18-corinne-morel-darleux/">Pour lire la suite de cet entretien, abonnez-vous aux « Jours », média indépendant et sans publicité.</a>..</p>
Visite "ruralité" de deux Ministres dans le Diois
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2019-01-11T14:42:00+01:00
2019-01-11T15:54:13+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DioisEducationMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/SteCroix2.jpg" title="SteCroix2.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.SteCroix2_s.jpg" alt="SteCroix2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="SteCroix2.jpg, janv. 2019" /></a><em><strong>Nous avons appris avant-hier que deux éminents membres du gouvernement allaient venir à Die ce vendredi. Il s’agissait d’un « déplacement ruralité » du ministre de l’Éducation Nationale et de son collègue en charge des collectivités territoriales, Messieurs Blanquer et Lecornu.</strong></em></p>
<p><em><strong>Déjà, pour le grand débat national au plus près du terrain qui s’annonce, ça commence mal. Seule élue régionale du Diois, je n’ai pas été conviée ni même informée. Dont acte. Je suis donc restée dehors, en mode élue-reporter, pour rendre compte de ce qui s’y passait, vu des ronds-points et de la rue. Mais quelques réflexions que cela m’inspire tout d'abord.</strong></em></p>
<p>D’abord, Monsieur Lecornu a déclaré avant-hier au Dauphiné Libéré : « <em>Je crois beaucoup au modèle montagnard. En clair, ce n’est pas à Paris que l’on sait quelles décisions sont bonnes pour la montagne</em> ». Certes. Par exemple, au hasard : <a href="https://www.bastamag.net/Le-gouvernement-ferme-la-plus-petite-maternite-de-France">fermer une maternité en zone de montagne comme l’a fait leur collègue de la Santé</a>, et obliger les futurs parents à faire plus d’une heure de route jusqu’à Valence. Ou toujours au hasard, remplacer les trains par des cars ce qui, ne l'oublions jamais, fut le premier acte par lequel notre Président de la République s'est illustré (coucou le TER 17359).</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diehiver.jpg" title="Diehiver.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diehiver_s.jpg" alt="Diehiver.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diehiver.jpg, janv. 2019" /></a>Là par exemple, il est 18h30, il fait 0°C à Die. D’ici demain avec un peu de chance les routes seront verglacées. A moins qu'ils ne viennent en hélicoptère, ce sera l’occasion pour eux de vérifier.</p>
<p>Cette visite « scolarité innovante et attractive » va donc mener les Ministres au collège-lycée du Diois. Fort bien. En septembre 2018, on alertait justement sur <a href="https://t.co/IdzBbLjije">le poste d’infirmier scolaire, seul pour 1.600 élèves</a> de maternelle, primaire, collège et lycée. Apparemment Monsieur Blanquer veut rapprocher primaires et collèges, « mutualiser »... Si c’est pour généraliser ce genre de situation, on a déjà expérimenté, merci, et ça promet.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/lyceeDie.jpg" title="lyceeDie.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.lyceeDie_s.jpg" alt="lyceeDie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="lyceeDie.jpg, janv. 2019" /></a>Pour la suite du programme ministériel : visite de la petite école rurale de Sainte Croix. Oui oui, celle-là même qui s’est démenée des mois durant comme un beau diable pour garder son contrat aidé. Grandiose mesure annoncée brutalement par le même gouvernement qui vient aujourd’hui vanter la ruralité. Sans commentaire. (mais <a href="https://bit.ly/2TISn1k">plus d'infos ici</a>)</p>
<p>Remontons encore un peu dans le temps… Novembre 2017. Après l’annonce de fermeture de la maternité et de la chirurgie, c’est le poste d’emploi vie scolaire de l’école qui est menacé. Là encore, mobilisation des parents et enseignants de l'école publique Chabestan, et le sentiment grandissant que quelqu’un dans ce gouvernement a décidé de changer le Vercors en désert, clairement.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MinistresaDie.jpg" title="MinistresaDie.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.MinistresaDie_s.jpg" alt="MinistresaDie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="MinistresaDie.jpg, janv. 2019" /></a>Enfin, je n’apprendrai à personne qu’il y a comme un mouvement en ce moment, <a href="https://bit.ly/2Rkemif">les Gilets Jaunes. Ils ont deux-trois arguments dans notre vallée de la Drôme</a>. Quatre d'entre eux ici viennent d’être <a href="https://bit.ly/2BQppFc">lourdement condamnés</a>. Et je ne suis pas sûre que cette visite, même bien scénarisée, contribue à les apaiser.</p>
<p>Voilà. J'écrivais hier : "Demain, <a href="https://bit.ly/2A7lpkr">dans ma vallée</a>, il y aura des barrières de sécurité, des forces de l’ordre et des journalistes. Plus peut-être qu’on en a jamais attirés. J’espère qu’ils sauront se souvenir que supprimer une école, des trains, la chirurgie et la maternité, c'est condamner à terme cette même ruralité que deux pompiers pyromanes viennent nous vanter". Ça n'a pas raté...</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/BlanquerDie1.jpg" title="BlanquerDie1.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.BlanquerDie1_s.jpg" alt="BlanquerDie1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="BlanquerDie1.jpg, janv. 2019" /></a><strong>Vendredi 11 janvier, 7h.</strong></p>
<p>Ambiance Gilets Jaunes et présence de CRS rarement vue à Die, mais calme devant le collège-lycée pour la venue des ministres Blanquer et Lecornu... Une dizaine d'enseignants demande à être reçus par le dir cab du ministre Blanquer. En visite à la cité scolaire ce matin, il n'a pas prévu de passer en salle des profs (!) Effectifs, réforme, difficulté à recruter en zone rurale : les inquiétudes ne manquent pourtant pas.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/BlanquerDie3.jpg" title="BlanquerDie3.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.BlanquerDie3_s.jpg" alt="BlanquerDie3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="BlanquerDie3.jpg, janv. 2019" /></a>Nouvelle en date, le projet de réforme "écoles du socle" qui a commencé à être expérimentée dans le Finistère. Elle devrait arriver à l'assemblée nationale au printemps et être déployée à la rentrée. Les écoles primaires seraient rattachées aux collèges, avec un adjoint au proviseur chargé des écoles. Il n'y aurait dans ce cas plus de directeur-rice présent dans les écoles primaires. Qui recevra les parents, qui assurera les tâches quotidiennes ? Et risque de regroupement pour les petites écoles rurales, au nom de la "mutualisation"...Un des invités posera-t-il la question ?</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/BlanquerDie2.jpg" title="BlanquerDie2.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.BlanquerDie2_s.jpg" alt="BlanquerDie2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="BlanquerDie2.jpg, janv. 2019" /></a>On apprend que Sébastien Lecornu qui accompagnait jeudi le ministre Blanquer dans les Hautes-Alpes, a finalement <a href="https://t.co/oX94q7Y2x7">annulé sa visite dans la Drôme</a> hier soir. Il est rentré à Paris ce matin, officiellement pour préparer le "Grand Débat". Y a du boulot, en effet, mais ce que je ne saisis pas bien, c'est ce qui a précipité ce retour soudain du ministre Lecornu à Paris... Ce n'est pas comme si il avait découvert dans la nuit qu'il est en charge d'organiser ce débat, si ?
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<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/SteCroix1.jpg" title="SteCroix1.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.SteCroix1_s.jpg" alt="SteCroix1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="SteCroix1.jpg, janv. 2019" /></a><strong>10h, pont de Sainte Croix.</strong> Suite visite gouvernementale "ruralité" dans le Diois, épisode 3. Prochaine étape du ministre Blanquer, la petite école rurale du village de Sainte Croix. Double blocage gilets jaunes et gendarmes au niveau du pont qui y mène. Arrivée de nombreux CRS pour débloquer les Gilets Jaunes présents sur la route du village où doit arriver le ministre... Au bout du compte, passage sans heurts du convoi vers Sainte Croix (mais punaise ça gèle grave). Vidéos ⤵️</p>
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<p><strong>11h30. Et enfin, retour à Die</strong> et confirmation par un twitt de l'Académie qu'après la suppression de la maternité, du train TER 17359 qu'empruntent les internes, des contrats aidés et EVS, nous allons avoir la joie d'expérimenter le dispositif "écoles du socle". Merci M Blanquer, et vive la ruralité !</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/twittAcademie.jpg" title="twittAcademie.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.twittAcademie_s.jpg" alt="twittAcademie.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="twittAcademie.jpg, janv. 2019" /></a></p>
« Maintenant, il faut tout donner, tout tenter pour inverser le cours des choses » (entretien Reporterre)
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2019-01-07T07:58:00+01:00
2019-01-07T07:58:00+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
CollapsologieEcosocialismeMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/MathieuGenonReporterre.jpg"><img alt="MathieuGenonReporterre.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.MathieuGenonReporterre_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="MathieuGenonReporterre.jpg, janv. 2019" /></a>Long entretien avec Hervé Kempf et Lorène Lavocat, publié le 5 janvier <a href="https://reporterre.net/Corinne-Morel-Darleux-Maintenant-il-faut-tout-donner-tout-tenter-pour-inverser">sur Reporterre</a> dans le cadre d'une grande série d’entretiens de fond avec celles et ceux qui renouvellent la pensée écologique aujourd’hui. Photo : © Mathieu Génon/Reporterre</p>
<p><em><strong>Comment inverser le cours d’un monde qui nous promet l’effondrement ? L’engagement dans un parti, les batailles électorales suffisent-ils ? Comment démultiplier la force de la société civile et des multiples îlots de résistance ? Corinne Morel Darleux propose des réponses, mue par un fort sentiment de l’urgence d’agir.</strong></em></p>
<p><strong>Reporterre — Comment en êtes-vous venue à l’écologie ?</strong></p>
<p><strong>Corinne Morel Darleux</strong> — Je suis arrivée à l’écologie par le biais social plutôt qu’environnemental. Parce que mon premier haut-le-cœur vis-à-vis de la société a été provoqué par le consumérisme débridé et les inégalités sociales. Je vivais encore à Paris, où je voyais de plus en plus de gens dormir dans la rue, souvent sous des vitrines illuminées remplies de gadgets bon marché électroniques produits à l’autre bout de la planète. Mais la prise de conscience et l’engagement sont venus relativement tard : j’ai commencé à faire de la politique à 35 ans.</p>
<p><strong>Et que faisiez-vous avant de tomber dans la politique ?</strong></p>
<p>J’ai fait une prépa HEC, une école de commerce, puis un doctorat. Une trajectoire « dans le moule », comme on dit. J’ai eu une première « anomalie de parcours » à l’issue de mon doctorat, quand j’ai monté une galerie d’art contemporain. Puis, comme la galerie n’a pas fonctionné, je me suis retrouvée consultante en organisation et en stratégie auprès des grandes entreprises du CAC40, pendant plusieurs années. Je parcourais les tours de la Défense avec mon attaché-case, mon tailleur pantalon (rires)… Mais toujours avec ce côté un peu décalé. Au sein du cabinet, j’ai été la première à passer à un 4/5e pour libérer du temps afin de faire autre chose.</p>
<p>À force de décalage, et avec ce refus de la société de consommation et de l’injustice qui montait, j’en suis arrivée à un moment où il est devenu trop compliqué d’exercer ce métier. En 2005, j’ai fini par démissionner, et j’ai été embauchée à la mairie des Lilas, au service éducation et jeunesse.</p>
<p><strong>Parallèlement, vous avez commencé à militer…</strong></p>
<p>Je me suis rapprochée du mouvement Utopia, à la suite d’une conférence qu’ils donnaient sur le revenu universel. J’ai beaucoup participé à la rédaction du premier manifeste d’Utopia. Et comme il y avait besoin de monde pour porter la motion du mouvement au sein du Parti socialiste, en vue du Congrès de Reims de 2008, j’ai intégré ce parti pendant un an. Complètement à contre-courant, et de manière ultraminoritaire.</p>
<p>À ce moment, j’ai été approchée par Jean-Luc Mélenchon et des gens autour de lui qui préparait le lancement du Parti de gauche. Ils voulaient lancer un appel aux décroissants, aux gens de l’écologie radicale. Je naviguais dans ces réseaux, et je me suis embarquée dans cette aventure.</p>
<p>Deux mois auparavant, j’avais quitté Paris pour m’installer dans la Drôme, dans une optique de retrait de la société. Mais je me suis retrouvée happée par le tourbillon de la création d’un parti politique ! Je me suis notamment investie dans la construction du secteur écologie du parti.</p>
<p><strong>Vous êtes venue à la politique par la question des injustices sociales, mais comment avez-vous basculé du côté de l’écologie ?</strong></p>
<p>Le cœur d’Utopia était la remise en cause du dogme de la croissance, de la société de consommation et de la place du travail. En approfondissant ces questions, on se rend vite compte que cela va de pair avec un désastre écologique. Ma pensée politique sur la question de l’écologie s’est construite en mettant tout cela en relation. Il n’y a avait pas d’un côté l’environnement et de l’autre le social. Les racines du mal sont les mêmes : un système d’organisation capitaliste et une mondialisation débridée des échanges et des flux de marchandises.</p>
<p>Il n’y a pas eu de basculement, mais un cheminement intellectuel, individuel et collectif, à travers les échanges au sein d’Utopia ou du Parti de gauche, qui m’ont aidée à formaliser une pensée construite, articulée.</p>
<p>Puis, en déménageant dans la Drôme il y a dix ans, j’ai découvert ce qu’était un ciel qui change, des saisons avec des fruits et légumes différents, crever de chaud l’été et se blottir l’hiver au coin du feu. Je suis née et j’ai grandi à Paris. Quand je mettais les doigts dans la terre, j’allais me laver les mains dans les secondes qui suivaient. La forêt, la montagne étaient pour moi des milieux hostiles. La Drôme, ça a été un choc esthétique et sensoriel, une totale nouveauté, qui a donné une autre dimension à mon engagement : il ne passait plus seulement par ma tête, mais qui venait aussi convoquer les tripes et les poings.</p>
<p><strong>Quelles ont été vos sources d’inspiration dans l’écologie ?</strong></p>
<p>J’ai besoin de la fiction et qu’on me raconte une histoire avec des personnages. J’ai été très marquée par des films d’anticipation ou de dystopie comme Rollerball, Soleil vert ou plus récemment Les Fils de l’homme, Matrix ou Mad Max. Du côté de la littérature, Les Racines du ciel, de Romain Gary, a été un livre très important pour moi. En ce qui concerne la théorisation, cela passe plus par des discussions, par des rencontres ou par des formats courts, du type podcast. Je fonctionne en mode « éponge » : je vais absorber des idées à plein de sources différentes et ensuite restituer.</p>
<p><strong>Comment définiriez-vous le problème écologique aujourd’hui ?</strong></p>
<p>J’éprouve un sentiment d’urgence et de gravité : il n’est pas synonyme de désespoir, mais au contraire de l’idée que c’est maintenant qu’il faut tout donner, tout tenter ; il ne nous reste pas beaucoup de temps pour inverser le cours des choses. Et j’ai l’impression que les choses s’accélèrent énormément depuis quelques mois.</p>
<p>Il y a sans doute un effet d’optique lié entre autres à la multiplication de scientifiques qui font le choix de sortir de la neutralité dans laquelle ils ont été cantonnés pendant très longtemps. J’ai lu sur Twitter le témoignage poignant d’un chercheur qui disait : « Je viens de faire la chose la plus terrifiante de ma carrière, je viens d’envoyer un message à tous mes collègues scientifiques pour leur dire qu’il fallait désormais qu’on s’engage. »</p>
<p>Au-delà de ce témoignage, il y a des faits qui se multiplient et des emballements qui s’enclenchent. Le changement climatique est de plus en plus visible, même en France. Ce qui semblait appartenir au domaine de la banquise et des ours blancs frappe aujourd’hui à notre porte, avec les effondrements les montagnes dans les Alpes, avec l’assèchement du lac d’Annecy, avec des communes ravitaillées en eau par des camions-citernes. Il y a une prise de conscience qui touche le grand public de manière beaucoup plus forte qu’avant. Par contre, elle n’ébranle pas le pouvoir en place. Ce n’est pas au niveau des pouvoirs traditionnels et institutionnels que les choses vont pouvoir se faire.</p>
<p>Il y a également d’autres facteurs de vulnérabilité du côté du numérique et des algorithmes, du côté de la finance mondialisée. Tout ceci est interconnecté et rend l’édifice très fragile. Il suffit qu’une maille craque pour que tout s’effondre. Mais le climat et la biodiversité ont malheureusement une grosse longueur d’avance en matière de probabilité d’un effondrement de nos sociétés.</p>
<p>L’urgence coïncide avec une forme de prise de conscience. On arrive à un moment où on peut inventer et construire des formes d’actions politiques nouvelles avec des réseaux nouveaux avec des alliances nouvelles et avec, je l’espère, des résultats inédits.</p>
<p><strong>Comment expliquer, si se produit la prise de conscience que vous évoquez, qu’il y ait Trump aux États-Unis, Bolsonaro au Brésil, Poutine en Russie et tant d’autres, qui nient ou négligent la question écologique ?</strong></p>
<p>Les facteurs sont multiples et les contextes différents. Mais il est évident qu’on assiste à une vague de mouvements d’extrême droite. Le point commun à tous ces pays est une succession de trahisons des gouvernements, quelle que soit leur étiquette, qui a durablement et profondément entamé la confiance des populations envers leurs représentants. Il se produit une crise de la démocratie représentative. Avec de ce fait une prime à des candidats qui portent une parole forte et incarnent des personnalités virilistes, puissantes.</p>
<p>Il me semble aussi que la galère, les situations difficiles socialement ou les perspectives effrayantes d’un point de vue climatique ne créent pas davantage de conscience politique, de solidarité, d’entraide, et de réflexes humanistes. Cela provoque du repli. Quand vos conditions d’existence sont un combat de tous les jours et que la première question que vous ayez à résoudre est de savoir quelle facture vous allez payer entre le loyer, la cantine ou les lunettes, cela ne laisse pas beaucoup de disponibilité d’esprit pour l’intérêt général, l’avenir de la planète.</p>
<p><strong>Vous parlez à la fois d’une prise de conscience qui s’accélère, et d’une montée de l’extrême droite. N’est-ce pas contradictoire ?</strong></p>
<p>Beaucoup de personnes ne font pas le lien entre le dérèglement climatique ou l’extinction de la biodiversité et le système capitaliste, l’organisation de la production, et la politique.</p>
<p>Les médias dominants — ou dominés, c’est selon — traitent ces questions avec une espèce de confusion. Les reportages sur la taxation des carburants ne font pas le lien avec la disparition des services publics de proximité, ou des lignes de chemin de fer. On entend parler de réchauffement comme si c’était des épisodes météo, sans que ce soit relié avec l’organisation de la ville, de la vie.</p>
<p><strong>Comme si cela restait une sorte de fatalité…</strong></p>
<p>Oui, et comme s’il s’agissait d’événements isolés. Si cet effort pédagogique n’est pas relayé par les médias de grande écoute, la prise de conscience a du mal à se raccrocher à des questions politiques d’organisation de la cité, et à trouver un débouché institutionnel.</p>
<p>Mais on discute uniquement de la manière dont cela peut s’exprimer par le vote, par les élections et par un débouché partisan, institutionnel. Or aujourd’hui, le débouché naturel de cette inquiétude, de cette prise de conscience, ne va pas du côté des partis ni des élections. Il se reflète du côté de cette société civile dont jusqu’ici on avait du mal à voir ce qu’elle recouvrait. Aujourd’hui, il y a des mouvements, des réseaux, des résistances locales, des initiatives collectives qui ne font pas partie du système représentatif, qui ne se présentent pas au suffrage universel, mais qui permettent de proposer un débouché, soit en matière de résistance, soit en matière de constructions d’alternatives, soit en matière de désobéissance civile. C’est plus à cette aune-là qu’il faut mesurer la prise de conscience et sa traduction en acte, que dans les résultats électoraux.</p>
<p><strong>Pourtant jusqu’ici votre principal mode d’action pour faire avancer les idées sociales et écologistes a été par le système de l’élection, du parti…</strong></p>
<p>Oui.</p>
<p><strong>Vous n’y croyez plus ?</strong></p>
<p>Je continue à croire à l’utilité des partis politiques et à l’importance d’avoir une forme de démocratie institutionnelle ; je continue à penser qu’un jour d’élection est peut-être le seul jour de l’année où la voix de chacun vaut la voix d’un autre.</p>
<p>Par contre, ce qui a changé, c’est que je l’ai vécu de l’intérieur. Et je continue à l’expérimenter au quotidien comme élue d’opposition dans une région présidée par Laurent Wauquiez [Auvergne-Rhône-Alpes], avec tout ce que ça implique en matière de frustrations, d’impuissance, tout ce que ça génère d’assister à des prises de décision et à des politiques qui laminent des cortèges entiers d’associations, de petits festivals, de réseaux, et qui apportent une régression environnementale énorme.</p>
<p><strong>L’impression d’être le témoin impuissant d’un désastre…</strong></p>
<p>Oui, tout à fait, et ne pas pouvoir remplir son mandat. Parce que les gens qui nous ont élus, certes on les représente, on fait entendre une autre musique, on a réussi à faire annuler le budget de Laurent Wauquiez, on arrive à stopper des mesures devant les tribunaux, mais on n’est qu’un caillou dans la chaussure de Laurent Wauquiez, ça ne l’empêche pas d’avancer. Et en attendant, les dégâts sont faits sur le terrain.</p>
<p>De même que le fait d’avoir participé de manière très active pendant dix ans à la vie interne du Parti de gauche, et ensuite à la dynamique interne de la France insoumise, avec plus de retrait, montre aussi les limites de cette voie. Les processus électoraux, les phases de désignation interne des candidats, les discussions, les bisbilles internes, les négociations stratégiques autour des alliances, les campagnes, prennent une place et dévorent un temps et une énergie folle.</p>
<p>Jusqu’ici, je faisais avec, dans l’idée qu’on avait besoin d’être à la fois dans les rues et dans les urnes, et qu’il y avait une stratégie de conquête du pouvoir à avoir parce que beaucoup de choses dépendent du niveau gouvernemental, des lois qui sont décidées au niveau du Parlement. Je continue à le penser, mais il y a une nouvelle donne : la question du temps qui nous reste pour effectuer des changements importants.</p>
<p>Le temps nous étant compté, toute cette énergie dépensée à des stratégies électorales de conquête du pouvoir entre en contradiction, et presque en compétition, avec du temps consacré à l’action directe. Et quand je dis action directe, je pense au fait de planter des arbres, de remettre en culture des terres qui ne le sont pas aujourd’hui, mais également à des actions de blocage. Parce qu’on a tenté plein d’actions : pétitions, appels, tribunes, manifestations… Mais aujourd’hui, là aussi, on arrive aux limites de l’exercice. Je ne juge pas ceux qui continuent à militer dans des partis : cela reste respectable et nécessaire, ce sont des choix de modes d’action différents et complémentaires.</p>
<p>Finalement cette culture du nombre — où on part du principe qu’il faut qu’il y ait le plus de gens possible et que le rapport de force va être proportionnel au nombre de gens qu’on va arriver à impliquer dans une action — et en même temps cette culture de la demande, où on passe notre temps à nous adresser au préfet, à Laurent Wauquiez, à Emmanuel Macron, à François de Rugy ou à que sais-je, ont atteint leur limite. Il faut changer de braquet et passer à d’autres formes d’action.</p>
<p><strong>Quelles actions engager pour prévenir l’effondrement ou se préparer à y faire face ?</strong></p>
<p>Les deux se rejoignent en partie. Il y a des actions qui permettent à la fois de retarder l’effondrement et de préparer une période post-effondrement. Par exemple, planter des arbres ou remettre des terres en culture. L’agroforesterie permet d’avoir un effet dès aujourd’hui sur le climat et la biodiversité, et en même temps de relocaliser la production alimentaire. En cas d’effondrement, la question de l’approvisionnement alimentaire sera rapidement cruciale, parce que les stocks ne sont pas si importants et que nombre de territoires sont dépendants de l’extérieur pour se nourrir.</p>
<p>Ce genre d’action permet également de rétablir un peu de justice sociale, puisque ce sont les plus pauvres qui sont en première ligne, et que la question alimentaire fait partie des premières inégalités aujourd’hui.</p>
<p><strong>L’effondrement ne touchera pas tout le monde de la même manière : pourrait-on voir l’avènement d’une société encore plus inégalitaire qu’aujourd’hui ?</strong></p>
<p>C’est un vrai risque. Aujourd’hui, personne n’est capable de dire si l’effondrement aura lieu de manière certaine, et on n’est pas non plus capable de dire comment il aura lieu. Ce pourrait être un effondrement brutal tout comme un effondrement beaucoup plus insidieux, avec une lente et longue dégradation.</p>
<p>Dans tous les cas, la question des inégalités sociales et de la lutte des classes seront d’actualité. Aujourd’hui, face aux premières catastrophes climatiques, une oligarchie est en train de se mettre à l’abri, prépare des modes de vie adaptés, fait des réserves, construit des bunkers, des îles artificielles...</p>
<p>Il y a des stratégies d’évitement, d’adaptation, de protection de la part d’un certain nombre de personnes qui peuvent se le permettre parce qu’elles ont les moyens. À côté, les premiers touchés à l’échelle mondiale par les ouragans, les tempêtes, les inondations, les incendies, sont souvent ceux qui ont des habitats de fortune… Il y a déjà de fait une inégalité sociale, et au fur et à mesure que les ressources non renouvelables vont s’amenuiser, au fur et à mesure que la pénurie va s’installer, certains vont pouvoir s’accaparer ces ressources, et ce ne seront évidemment pas les plus miséreux, les précaires ou les minorités.</p>
<p>On pourrait ainsi voir se perpétuer une société à deux vitesses où quelques-uns ont droit à un air pur, à un environnement végétal, à un accès à des produits frais, et où d’autres survivent dans la crasse et la misère avec des produits de synthèse. C’est un thème exploré par la science-fiction dans les années 1970 et qui devient un scénario possible.</p>
<p><strong>Dans les actions que vous citez — quitter la politique représentative, planter des arbres et faire de l’agroforesterie — ne manque-t-il pas un aspect : que faire face aux oligarques qui continuent de construire des autoroutes, de promouvoir la croissance, de lancer des autos électriques… ?</strong></p>
<p>J’ai parlé des blocages de chantier. Vinci, un exemple énorme en France, est capable d’influencer suffisamment les politiques pour imposer des projets d’infrastructures dont l’utilité sociale n’est pas démontrée, mais qui vont permettre aux entreprises de toucher des péages, des frais de parking et de construction… Il y a des actions à mener contre ces gens.</p>
<p><strong>N’est-ce pas là le nouveau paradigme des luttes écologistes : Notre-Dame-des-Landes, Sivens, Roybon, GCO… Ces actions seraient-elles les plus efficaces ?</strong></p>
<p>Absolument. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Les opposants au GCO ont récemment mené deux actions différentes, portées par deux mouvements d’opposants, mais simultanées. Tandis que GCO Non merci regroupait 400 personnes pour planter des arbres et des arbustes le long du futur tracé du GCO, la Zad du Moulin bloquait un chantier de Vinci. En Angleterre, Extinction Rebellion a fait la même chose : ils ont commencé par bloquer des ponts à Londres et ont fini en plantant des arbres en plein centre-ville. On a besoin d’actions qui mêlent ces deux modes opératoires. Il faut mêler les résistances et les alternatives.</p>
<p>Au-delà, nous devons avoir une réflexion stratégique sur le fait de mener des actions « grand public » et des actions plus radicales. Les premières permettent d’avoir une sympathie du grand public — et pour l’avoir un peu testé, le fait de planter des arbres, il n’y a rien de plus populaire — et donc ensuite de mener des actions plus radicales. Elles auront d’autant plus de sens et de possibilité de faire bouger les choses qu’elles seront associées à d’autres actions, plus « faciles ».</p>
<p>Je m’inscris totalement dans ce qui a été fait à Notre-Dame-des-Landes ou à Bure, mais ça ne peut pas se généraliser du fait de leur contexte particulier. Les vecteurs de généralisation se trouvent du côté d’Alternatiba, d’Attac, de Bizi !, des organisations qui mènent des actions de désobéissance civile. Le blocage du sommet pétrolier à Pau début 2016, mais également les actions contre Apple, contre les banques, les fauchages de chaises, les peintures sur les vitrines. Et j’espère qu’on va arriver à un stade de maturité, de conscience du grand public, où on pourra aller plus loin, y compris en matière de redistribution directe.</p>
<p><strong>Casser des magasins comme Apple ?</strong></p>
<p>Plutôt que de dire que certaines banques ou grandes sociétés font de l’évasion fiscale et de les montrer du doigt, à quel moment va-t-on concrètement récupérer l’argent ? On n’est pas mûr aujourd’hui, mais c’est vers cela qu’il faut tendre. Revaloriser la figure du pirate, du Robin des bois, comme on a réhabilité les sorcières.</p>
<p>Nombre de Gilets jaunes sont aujourd’hui poursuivis. De même, Extinction Rebellion implique que les participants soient prêts à faire de la prison. Mais faire de la prison, ça affaiblit considérablement un mouvement, quand on voit ce qui se passe à Bure autour du contrôle judiciaire. Que faire face à cela ?</p>
<p>Dans les vidéos des arrestations d’Extinction Rebellion, les policiers anglais mettent la main sur la tête des militants pour qu’ils ne se cognent pas quand ils entrent dans le fourgon. On est loin des scènes qu’on vit en France. Donc, je ne transpose pas directement. Mais il y a des choses très intéressantes à regarder du côté de ce mouvement, comme le fait de former les gens, ou de faire des arrestations des actes politiques.</p>
<p>Cela inverse la donne : au lieu d’être une défaite, l’interpellation devient une revendication politique. C’est ce qu’ont fait plusieurs faucheurs de chaises, agissant à visage découvert et assumant le fait qu’il puisse y avoir des arrestations et un procès comme ça a été le cas de Jon Palais ou de Florent Compain. Le procès permet de porter un discours politique et de faire œuvre de pédagogie et de conscientisation.</p>
<p>Il faut que ça soit organisé, que les gens soient formés et qu’on ne les envoie pas au casse-pipe. Extinction Rebellion a été critiqué au motif que plein de personnes ne peuvent pas se permettre d’être arrêtées et d’aller en prison. Raison de plus pour que ceux qui peuvent se le permettre soient en première ligne. Cela ne veut pas dire prendre des risques inconsidérés. L’important est d’être efficace, pas de faire des martyrs.</p>
<p>On doit provoquer des débats dans la société, et ça passe par des actes qui clivent. Cela a été un des grands apports de la Zad : à un moment, dans toutes les chaumières de France, on parlait de Notre-Dame-des-Landes. Il y avait des contre, des pour, mais il y avait un vrai débat qui incluait tout le monde. Il faut qu’on trouve le moyen de provoquer un grand débat de société autour de l’urgence climatique, autour de l’extinction de la biodiversité, et ça passera par des actions qui clivent, mais qui ne sont envisageables qu’à partir du moment où on a construit un mouvement de sympathie et de construction d’alternative.</p>
<p>Le malheur des zadistes et desdits « malfaiteurs de Bure » est qu’ils ont été insuffisamment soutenus. Ils ont fonctionné en îlots de résistance, mais aujourd’hui, on a besoin que ces îlots fassent archipel. D’où la nécessité de créer des passerelles entre les réseaux qui se posent les mêmes questions dans les mêmes termes avec les mêmes envies d’action, mais qui ne se connaissent pas. Entre les gardiens de refuge, les guides de haute montagne, les forestiers de l’ONF et les mouvements organisés de militants, les partis, certaines maisons d’édition, certains médias. On a là un archipel en devenir, qui peut être très puissant s’il parvient à créer les passerelles et à mener une réflexion stratégique commune.</p>
<p><strong>Outre des actions directes, comment vit-on au quotidien avec une conscience écologiste ?</strong></p>
<p>On ne passe pas tout d’un coup de la prise de conscience qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond à aller barbouiller les vitrines de la Société générale. Il y a besoin d’un parcours de radicalisation politique.</p>
<p>En revanche, la manière dont je consomme, dont j’achète, dont je vais mettre les mains dans la terre, relèvent plus d’un équilibre personnel que d’une revendication politique. Je n’ai pas l’impression de faire la révolution en participant à une association de jardins nourriciers. Par contre, ce sont des moments dont j’ai besoin et qui me donnent de la force pour repartir au combat politique. Quand je me balade en montagne, je me souviens de pourquoi je fais tout ça. On ne défend bien que ce qu’on a appris à aimer et qu’on a éprouvé par les sens.</p>
<p><strong>Dans un autre entretien, vous avez dit qu’il faut compléter la dimension politique par une dimension spirituelle. Qu’entendez-vous par là ?</strong></p>
<p>Je viens d’une culture politique où la spiritualité est un gros mot. L’héritage des Lumières, l’attachement à la laïcité font que tout ce qui ressemble de près ou de loin à des questions religieuses est tenu à distance de la sphère politique.</p>
<p>Mais il me semble de plus en plus qu’un changement politique et de la société nécessite qu’il y ait de vrais changements intérieurs des personnes qui sont appelées à mener cette insurrection, cette rébellion, cette révolution. Sans ces cheminements intérieurs, on fera peut-être la révolution, mais je suis de moins en moins sûr que le résultat soit meilleur que l’ancien.</p>
<p>La majorité des responsables politiques, mais aussi des militants sont pris dans une spirale de l’instantanéité, du commentaire, de l’actualité, de courir d’une lutte à l’autre… Ils ne prennent plus le temps de se poser, de lire, de méditer, de contempler, de s’ouvrir à ces temps de réflexion qu’on n’est pas obligé de valoriser immédiatement par un tweet ou une publication Facebook. Des actes désintéressés qu’on fait pour soi. C’est en ce sens que je parle de spiritualité. On a besoin d’avoir des allers-retours entre le militantisme et la réflexion.</p>
<p>Je travaille depuis plusieurs mois sur la notion de dignité du présent. Parce qu’il est difficile de garder l’énergie et le courage de militer avec la perspective de l’effondrement. Puisqu’on va dans le mur, que la victoire est de plus en plus hors de portée, à quoi bon continuer à lutter ? Ma conviction est que les raisons des combats qu’on mène ne sont pas uniquement à chercher dans des victoires futures. Elles sont aussi à chercher dans cette dignité du présent qui permet d’être fier de qui on est, de la manière dont on occupe son temps. Il y a une vraie satisfaction à militer, à mener des combats parce qu’on les estime justes et pas justes parce qu’on peut les gagner. C’est un appui dans lequel je trouve de la ressource pour continuer à avancer et à me battre.</p>
Climat : faut-il vraiment parler d’«effondrement» ? (vidéo)
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2018-12-03T15:38:00+01:00
2018-12-03T15:42:43+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Climat et CopCollapsologieEcosocialismeVidéos
<p>Où il est question d'effondrement, de climat et de réactivation de la lutte des classes, de lucidité et de devoir d'alerte, d'action politique du stade d'après... et de la nécessaire éthique pour accompagner tout ça. Entretien filmé avec le philosophe Pierre Charbonnier (CNRS-EHESS) et Fabien Escalona de Mediapart dans "Un monde à vif".</p>
<p><q>Dans la lutte contre le dérèglement climatique, la notion d’«effondrement» a gagné en popularité. Mais le «devoir de vérité» ne risque-t-il pas de dériver en «prédication impuissante» ? Débat entre Corinne Morel Darleux, militante écosocialiste, et le philosophe Pierre Charbonnier.</q></p>
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Avec Bure : Nous sommes tous des malfaiteurs
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2018-11-30T08:48:00+01:00
2019-03-18T18:26:29+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
LibertésMilitantisme désobéissance et résistancesNucléaire
<p><em><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/LLavocatReporterreBure.jpg"><img alt="LLavocatReporterreBure.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.LLavocatReporterreBure_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="LLavocatReporterreBure.jpg, nov. 2018" /></a>Voici la tribune collective publiée sur plusieurs medias mardi dernier : « Affaire de Bure » : Dénonçons le scandale d’Etat et mettons fin aux contrôles judiciaires. </strong></em><em><strong>Elle appelle à mettre fin aux <a href="https://reporterre.net/La-repression-contre-les-militants-anti-Cigeo-devant-la-Cour-de-cassation">contrôles judiciaires très stricts qui ciblent les personnes mises en examen</a> (voir <a href="https://reporterre.net/Dechets-nucleaires">ici sur Reporterre le dossier "déchets nucléaires" et les tribunes de Gaspard d'Allens notamment</a>). La Cour de Cassation a malheureusement rejeté le pourvoi déposé par les cinq militants le 28 novembre. Tous les soutiens sont les bienvenus.</strong></em></p>
<p><em>Photo : Lorène Lavocat pour Reporterre</em></p>
<blockquote>
<p>Jeudi 15 novembre, l’ampleur monumentale de l’enquête pour « association de malfaiteurs » ouverte depuis juillet 2017 contre les opposants au projet Cigeo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure <a href="https://www.liberation.fr/france/2018/11/14/bure-le-zele-nucleaire-de-la-justice_1692100">a été révélée</a>.</p>
<p>Nous, signataires de cette tribune, considérons que derrière le masque d’une banale enquête pénale, une « affaire Bure » se profile. Les « techniques spéciales d’enquête » de la loi du 3 juin 2016 sur la « criminalité organisée et le terrorisme » servent en réalité à asphyxier la contestation du plus gros projet industriel français.</p>
<p>Une débauche de moyens est utilisée pour traquer les opposant.e.s : des milliers d’écoutes téléphoniques, balises GPS sous les voitures, géolocalisations, « valises espionnes », tentatives de pose de micro, analyses ADN, une vingtaine de perquisitions, saisie de centaines d’ordinateurs, téléphones et clés USB, dizaines de gardes à vue de 48 à 60 heures. Dix gendarmes travaillent quasiment à temps plein sur l’enquête au sein d’une "cellule Bure" spéciale. Le dossier d’enquête fait déjà plus de 10 000 pages, pour un coût de plusieurs centaines de milliers d’euros au moins, selon les opposant.e.s.</p>
<p>Sept personnes sont mises en examen et deux sont témoins assistés : deux administratrices du réseau Sortir du Nucléaire, un avocat, un maraîcher, et des personnes impliquées dans la Maison de résistance et des associations locales. Depuis juin 2018, elles subissent des contrôles judiciaires scandaleux qui leur interdisent certaines portions du territoire national et les empêchent de rentrer en contact les unes avec les autres. C’est une atteinte aux libertés fondamentales et une manœuvre délétère pour broyer des vies et atomiser un mouvement.</p>
<p>Une telle surenchère de moyens pour nourrir un dossier qui semble vide sur les faits rappelle « l’affaire Tarnac ». Mais cette fois la cible n’est plus une hypothétique « cellule d’ultra-gauche » : c’est l’ensemble d’un mouvement de lutte et toute sa diversité d’acteurs, individus, collectifs et associations, qui se sont mobilisé.e.s au cours des 25 dernières années.</p>
<p>Nous dénonçons un scandale d’État. Cette « affaire Bure » constitue une nouvelle attaque sur les libertés publiques, une entrave à toute possibilité de contestation politique à l’aide des outils hérités de l’antiterrorisme, une menace de trop à l’encontre de fondements démocratiques.</p>
<p>C’est pourquoi nous, intellectuel.le.s, artistes, comédien.ne.s, élu.e.s, avocat.e.s, éditeurs.trices, cinéastes, humoristes, militant.e.s associatifs... : </p>
<ul>
<li>nous déclarons solidaires des « malfaiteur-e-s de Bure »</li>
<li>appelons à stopper la criminalisation aberrante de cette lutte</li>
<li>exigeons de mettre fin immédiatement aux contrôles judiciaires intolérables qui pèsent sur les personnes mises en examen.</li>
</ul>
</blockquote>
<p>La <a href="https://www.bastamag.net/Affaire-de-Bure-Denoncons-le-scandale-d-Etat-et-mettons-fin-aux-controles">liste complète des signataires est ici sur Basta</a></p>
<p><strong>- <a href="https://www.change.org/p/affaire-de-bure-mettons-fin-aux-contr%C3%B4les-judiciaires">Vous pouvez signer la pétition « Affaire de Bure : Mettons fin aux contrôles judiciaires ! » </a></strong><br />
- Contact général : noussommestousdesmalfaiteurs@riseup.net <br />
- <a href="https://noussommestousdesmalfaiteurs.noblogs.org/">Blog "Nous sommes tous-tes des malfaiteur-e-s !" </a><br />
- <a href="https://www.youtube.com/channel/UCQMCWPAOOis_6QVYtdUf5cg">Chaîne Youtube "Paroles de malfaiteur-e-s" </a></p>
<p> </p>
Urgence climatique et action politique
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2018-11-30T07:59:00+01:00
2018-11-30T08:33:58+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Climat et CopCollapsologieEcosocialismeMilitantisme désobéissance et résistancesProjet politiqueRégion Auvergne Rhone Alpes
<p><em><span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/radio.png"><img alt="radio.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.radio_t.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="radio.png, nov. 2018" /></a><strong>Urgence climatique, action politique, Gilets Jaunes et Laurent Wauquiez : on a fait le point ce jeudi, en prenant le temps, sur la radio locale de Haute Loire FM43.</strong></span></em></p>
<p style="text-align: center;"><strong><span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;"><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/jeudi_gere_l_actu_29-11-2018.Corinne_Morel_Darleux.mp3">"Jeudi gère l'actu" du 29 novembre 2018 avec Corinne Morel Darleux (cliquez ici pour écouter l'émission)</a></span></strong></p>
<p><span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">J'y suis également revenue sur mon départ de la direction du Parti de Gauche. Pour les valeureux anti-GAFAM, je remets ci-après le mot que j'ai publié <a href="https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1683609308410397&id=104763509628326&__tn__=K-R">sur les réseaux</a>. Avec un écho saisissant et un flot de messages depuis auquel sincèrement je ne m'attendais pas, très justes et respectueux dans leur écrasante majorité. Je ne me trompais pas en écrivant "<em>Ce que je lis, vois et entends, me fait penser que nous sommes nombreux à envisager cette période troublée comme une bifurcation et à ressentir le besoin d'un grand pas de côté</em>". Merci à toutes celles et ceux à qui je n'ai pas encore pu répondre. A très vite.</span></p>
<blockquote>
<p>Je vais l'écrire très simplement et sans acrimonie. Les raisons qui m'ont poussée à quitter la FI avant l'été n'ont fait que s'accentuer depuis. J’avais fait le choix malgré tout de rester à la direction du PG, je la quitte aujourd’hui.</p>
<p>Je milite depuis dix ans dans ce parti, je lui ai donné de belles années de ma vie et en ai reçu tout autant. J'y reste attachée, politiquement et humainement. Simplement aujourd’hui le hiatus devient trop grand entre la stratégie électorale de conquête du pouvoir et l’accélération de phénomènes susceptibles de provoquer un effondrement à la fois écologique et social à l’échelle mondiale.</p>
<p>Climat, biodiversité, montée des extrémismes, des inégalités, dévissage culturel, mondialisation des échanges et contrôle des algorithmes, la vulnérabilité de nos sociétés est de plus en plus critique. Et ce sont toujours les mêmes qui sont sous le joug, de plus en plus exposés, en première ligne des victimes présentes et à venir. Nous devons nous laisser percuter par la situation et en prendre la mesure avec lucidité et responsabilité.</p>
<p>Or il me semble que la stratégie et les moyens mis en œuvre par la FI aujourd'hui au mieux passent à côté des enjeux, au pire desservent les fins. Dans les deux cas elles me semblent en-deçà de l’exigence écosocialiste. Les « signifiants vides » du populisme et de la stratégie anti-Macron, visant à fédérer le plus largement possible, étouffent trop souvent la radicalité du projet initial. Les affaires internes et le commentaire systématique de l’actualité me semblent de plus en plus hors-sol. Les réactions auto-centrées nous coupent les ailes. J’ai toujours plaidé pour l’alliance d’une aménité de ton et d’une radicalité de fond, je vois l’opposé. La critique interne, même bienveillante, est vécue comme une attaque, le pas de côté comme une trahison. J’en viens donc à la conclusion que c’est ailleurs que je serai la plus efficace, que les choses pourront bouger.</p>
<p>Depuis deux ans, des montagnards aux forestiers en passant par les rapports scientifiques sur les risques d'effondrement, j'explore des chemins de traverse, au contact d’espaces intellectuels et militants différents. Face à l'urgence il y a d’autres formes politiques à inventer, des passerelles à faire et des réseaux à activer, des actions de désobéissance civique à organiser (*), des risques et des conflits à anticiper collectivement. C’est crucial, et cela se heurte à trop de limites dans un cadre soumis aux échéances électorales et à l’injonction médiatique. L'heure est venue de sortir de nos zones de confort et de repenser en profondeur nos stratégies et modes d’action. Pour ma part je ressens la nécessité de recentrer mon temps et mon énergie, en cohérence avec le cheminement de ma réflexion (<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/11/15/Th%C3%A9orie-de-l%E2%80%99effondrement-%3A-%C2%AB-Le-syst%C3%A8me-actuel-de-repr%C3%A9sentation-d%C3%A9mocratique-op%C3%A8re-un-r%C3%A9tr%C3%A9cissement-de-la-pens%C3%A9e-%C2%BB">dont j’avais déjà posé quelques bribes ici</a>).</p>
<p>Le centre de gravité de l’action politique est en pleine évolution. Il y a des parcours de radicalité à accompagner du côté des mouvements climat, une alerte écologique à amplifier du côté des mouvements sociaux. Des arbres à planter et des chantiers à bloquer. De nouveaux récits collectifs à construire, et une bataille culturelle à mener. Voilà ce à quoi je souhaite me consacrer. Je crois qu'il faut agir là où on se sent utile, accueillie et en phase avec ses convictions. Ce que je lis, vois et entends, me fait penser que nous sommes nombreux à envisager cette période troublée comme une bifurcation et à ressentir le besoin d’un grand pas de côté.</p>
<p>Je ne fais pas de mon départ un événement, ni un coup de sang. Je ne souhaite déclencher aucune querelle et c'est une décision personnelle, quoique politique, qui ne comporte aucun jugement sur celles et ceux qui poursuivent la lutte au sein de la FI et du PG, et le font avec sincérité. Je reste plus que jamais écosocialiste, attachée à la dignité du présent, avec la ferme détermination de continuer à militer activement.</p>
<p>- Petit bonus pour celles et ceux qui m'ont lue jusqu'au bout : je reste au PG, en compagne de route exigeante mais bienveillante, je continue à assurer le mandat régional qui m'a été confié face à Laurent Wauquiez, et oui j'ai été approchée mais non je ne pars ni pour une place chez EELV, ni chez Générations, ni pour rejoindre Place Publique. En fait je sais que ça parait toujours étrange à certains, mais on ne quitte pas toujours une fonction pour choper une place ailleurs. Parfois on fait simplement ce qui semble juste à un moment donné.</p>
<p>(*) Comme le font déjà les "malfaiteurs en bande organisée" à Bure, les opposants au projet GCO qui plantent des arbres le long du tracé tout en bloquant les chantiers de Vinci, ou encore <a href="https://reporterre.net/En-Angleterre-le-mouvement-Extinctio">Extinction Rebellion en Angleterre</a></p>
</blockquote>
London calling, l'autre appel de Londres (Extinction Rebellion)
urn:md5:54c5b19df3e5bd222d49535e310e875a
2018-11-21T12:33:00+01:00
2018-11-21T13:06:50+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Climat et CopInternationalMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ERbd.jpg" title="ERbd.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ERbd_s.jpg" alt="ERbd.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ERbd.jpg, nov. 2018" /></a>Chronique publiée <a href="https://reporterre.net/En-Angleterre-le-mouvement-Extinction-Rebellion-lance-l-insurrection-pour-le">sur Reporterre</a> le 17 novembre : "<em>En lançant le mouvement Extinction Rebellion, des activistes anglais s’engagent avec détermination dans la lutte contre le changement climatique et la disparition des espèces, raconte notre chroniqueuse. Alors que le changement est possible et urgent, disent-ils, les politiques ne font rien. Aux citoyens de reprendre la main en se soulevant pour inverser le rapport de force.</em>"<br /></p>
<h3>En Angleterre, le mouvement Extinction Rebellion lance l’insurrection pour le climat</h3>
<p>On devrait plus souvent regarder ce qui se passe ailleurs. Pendant qu’en France on marche pour le climat sous le slogan « il est encore temps », en Angleterre on prépare des opérations de blocage en scandant « We don’t have time » (« on n’a plus le temps »). Il y aurait là matière à faire des parallèles intéressants avec le <a href="https://reporterre.net/A-Hambach-des-milliers-d-activistes-debordent-la-police-pour-en-finir-avec-le">blocage récent d’une mine de charbon en Allemagne</a>, d’un <a href="https://reporterre.net/Le-sommet-du-petrole-offshore-a-Pau-totalement-perturbe-par-les-activistes-du">sommet pétrolier à Pau</a> ou encore avec les <a href="https://reporterre.net/La-fougue-d-Alternatiba-se-veut-contagieuse">principes d’action non violente d’Alternatiba</a> en France. Mais pour l’instant, peu de choses ont filtré en France sur la naissance de ce mouvement pourtant destiné à s’internationaliser.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ERmob2.jpg" title="ERmob2.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ERmob2_s.jpg" alt="ERmob2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ERmob2.jpg, nov. 2018" /></a>Mercredi 31 octobre à Londres, plusieurs centaines de personnes se sont regroupées devant le Parlement, à Westminster, munies de panneaux sur lesquels figure un étrange motif : un sablier enfermé dans un rond. <strong>Ce rond, c’est notre planète. Le sablier, le compte à rebours de l’extinction. Leur bannière : <a href="https://rebellion.earth/">Extinction Rebellion</a>.</strong></p>
<p>On apprend sur les réseaux qu’il y a eu une quinzaine d’arrestations à Londres, avec la présence remarquée du chroniqueur écologiste du Guardian, George Monbiot, de la députée Caroline Lucas ou encore de Greta Thunberg, cette jeune Suédoise de 15 ans qui a lancé une grève scolaire et marqué les esprits en disant : « <em>Les faits n’ont plus d’importance aujourd’hui, les politiques n’écoutent plus les scientifiques, alors pourquoi devrais-je apprendre ? (…) Puisque les adultes se fichent de notre futur, et bien, moi aussi.</em> » (1)</p>
<h4>Chacun peut trouver un rôle à sa mesure</h4>
<p>Pour en savoir plus il faut donc aller <a href="https://rebellion.earth/">sur le site d’Extinction Rebellion (XR)</a>, au graphisme simple et efficace, où trois panneaux successifs guident le visiteur des principes à l’action. Une vidéo de 50 minutes permet de vérifier dès la deuxième page qu’on est bien sur les mêmes positions. Gail Bradbrook, de l’organisation « mère » de XR, Rising Up, y présente une sélection de données scientifiques récentes sur le réchauffement climatique, explique la fonte des pôles et la perte d’albédo, le risque de retour du fascisme et les mécanismes de sécession de l’oligarchie. La première partie s’achève sur cette conclusion : <strong>le changement est urgent, il est techniquement et économiquement possible, les politiques ne font rien (2) : il faut donc établir un rapport de forces et prendre la main.</strong></p>
<p>Et ce rapport de forces est éminemment politique. XR revendique une approche systémique qui prend le contre-pied du sentimentalisme ordinaire, et n’hésite pas à se qualifier de révolutionnaire. Vu de France, il peut sembler paradoxal d’en appeler au soulèvement populaire et de parler de situation de guerre (3) tout en se disant non violent, tant on a essayé de nous fourrer dans le crâne que les insurrections étaient forcément sanguinaires. Il suffit pourtant de se souvenir de la marche du sel de Gandhi ou de la dissidence de militants — noirs et blancs — contre la ségrégation raciale dans les bus des années 1950 aux États-Unis (4).</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ERlegalobserver.jpg" title="ERlegalobserver.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ERlegalobserver_s.jpg" alt="ERlegalobserver.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ERlegalobserver.jpg, nov. 2018" /></a>Autant de filiations dont se réclame XR en annonçant le chiffre de <strong>500 personnes formées et prêtes à aller en prison</strong>. Cette mise en avant peut poser question, soit qu’elle semble exagérément sacrificielle (mais la présentation des enjeux, non exagérée, rappelle sa légitimité), trop empreinte de romantisme révolutionnaire, ou qu’elle apparaisse comme un luxe de privilégiés. Et c’est vrai : les mères célibataires, les réfugiés, les salariés les plus précaires ne peuvent pas se permettre une arrestation. Mais précisément : <strong>que celles et ceux qui le peuvent soient devant, en première ligne !</strong> Et ne faisons pas non plus comme si c’était facile pour eux. Ce choix n’est jamais simple, pour personne. Il doit être fait de manière délibérée et planifié. Or, préparée, l’opération l’est : dans tout le pays, que ce soit via des réunions physiques, des webinaires sur leur site ou des vidéos sur YouTube, des formations ont lieu depuis des semaines pour mettre en perspective les enjeux scientifiques et politiques du climat, aborder la question de l’effondrement et apprendre à vivre avec, s’organiser concrètement pour bloquer une route ou encore acquérir les rudiments en vue d’une arrestation. Et chacun peut trouver un rôle à sa mesure : des groupes affinitaires existent, des rôles de soutien et de communication moins exposés aussi.</p>
<h4>« L’espoir meurt, l’action commence »</h4>
<p>Face au risque d’épuisement militant à aller chercher les masses que l’on connaît, l’un des messages intéressants et à contre-courant que porte XR est qu’il n’y a pas besoin d’être des millions : à la culture du nombre qui préside aux pétitions, marches et manifestations, le mouvement veut aujourd’hui substituer des actions pas forcément massives mais « disruptives » (5), c’est-à-dire perturbatrices et subversives, sans violence contre-productive. Selon eux, <a href="https://reporterre.net/Contre-le-GCO-ils-et-elles-poursuivent-la-greve-de-la-faim">commencer une grève de la faim</a> ou se déclarer prêt à aller en prison indique combien l’affaire est sérieuse et montre une mise en danger qui force le respect et réveille l’opinion. En somme, « plus l’enjeu est fort, moins il y a besoin d’être nombreux ». Cette idée fait référence à la « fenêtre d’Overton » un concept qui théorise un espace fluctuant, sous la forme d’une fenêtre dans laquelle se situe ce qui est politiquement acceptable par le public. Donald Trump, par exemple, a rendu le racisme politiquement acceptable aux États-Unis. XR, lui, veut rendre l’inaction face à l’effondrement inacceptable.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ERgreta.jpg" title="ERgreta.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ERgreta_s.jpg" alt="ERgreta.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ERgreta.jpg, nov. 2018" /></a>Leurs actions ne visent pas à influencer l’orientation du gouvernement ou à lui demander d’agir : cela déjà été fait et a largement échoué. Leurs actions visent à obtenir que la vérité scientifique sur les risques d’effondrement soit dite au grand public (l’idée selon laquelle des chiffres aussi alarmants devraient faire la « une » chaque jour revient souvent dans leurs propos), la mise en place d’une économie zéro carbone d’ici 2025, et que celle-ci soit placée sous le contrôle d’une assemblée de citoyens (6).</p>
<p><strong>Loin d’apparaître comme un mouvement marginal ou gauchiste, on compte parmi les soutiens d’Extinction Rebellion une centaine d’universitaires</strong> d’Oxford, de Cambridge, d’Édimbourg, d’Exeter, de Bristol ou encore du King’s College de Londres, rejoints par l’ancien archevêque de Cantorbéry Rowan Williams, qui fut à la tête de l’Église d’Angleterre de 2003 à 2012. Le journal The Guardian assure le relais médiatique. On trouve également dans leurs sources des figures comme Joachim Schnellhuber, fondateur de l’Institut Potsdam sur la recherche climatique, ou Kate Marvel, chercheuse associée à l’Institut d’études spatiales Goddard de la Nasa. Comme beaucoup de ses collègues dont on voit circuler depuis six mois les témoignages sur les réseaux sociaux, Kate Marvel a décidé de sortir de l’injonction de « neutralité scientifique ». Elle déclare avoir le sentiment d’assister à un « film d’horreur au ralenti » et affirme que ce dont on a besoin aujourd’hui n’est pas d’espoir, mais de courage : « En tant que climatologue, on me demande régulièrement de donner des raisons d’espérer. L’opinion veut qu’on lui dise que tout finira bien. Le problème, c’est que je ne le peux absolument pas. » C’est un des slogans d’Extinction Rebellion : « Hope dies, action begins » (« L’espoir meurt, l’action commence »).</p>
<h4>Le courage, « la détermination à faire bien, sans certitude de victoire »</h4>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ERdeclaration.jpg" title="ERdeclaration.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ERdeclaration_s.jpg" alt="ERdeclaration.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ERdeclaration.jpg, nov. 2018" /></a><strong>Tout ceci sonne comme un retour sur Terre et signe peut-être la fin des « discours rose bonbon »</strong> (7). À rebours de la « positive attitude », de l’injonction de livrer à chacun sa dose de bonnes nouvelles, de plus en plus d’auteurs et de praticiens le disent : le contraire de l’espoir n’est pas le désespoir, mais la douleur. Et face à elle, on trouve le courage, qui peut se définir selon Kate Marvel comme « la détermination à faire bien, sans certitude de victoire ». Comme une réponse à tous ceux qui craignent que la vérité ne démobilise les énergies militantes, comme un <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/03/Dignit%C3%A9-du-pr%C3%A9sent-%3A-des-Racines-du-Ciel-au-Titanic">écho à mes propres réflexions sur la « dignité du présent »</a>… <strong>Il ne s’agit pas de désespérer Billancourt mais de lui donner le courage du combat : celui qui vient avec la perte de ce à quoi on tient.</strong></p>
<p>Des Clash sous Margaret Thatcher à Occupy London en passant par le <a href="https://reporterre.net/En-Angletererre-les-lourdes-peines-infligees-a-des-militants-anti-gaz-de">mouvement contre le fracking</a> (8), les Anglais n’en sont pas à leur coup d’essai. Cette opération de désobéissance civique va s’intensifier graduellement sur plusieurs mois : ce qui s’est passé le 31 octobre à Westminster n’en était que la préfiguration, une sorte d’entraînement. Le point d’orgue de cette première semaine d’actions en Angleterre aura lieu le 17 novembre. Ce sera aussi la date d’ouverture de la COP sur la biodiversité, à Charm el-Cheik, en Égypte : la secrétaire exécutive de la commission biodiversité des Nations unies vient d’annoncer qu’il ne nous restait que deux petites années pour réagir drastiquement, sous peine de devenir la première espèce à recenser sa propre extinction.<br /></p>
<p><strong>London calling to the faraway towns<br /></strong>
<strong>Now war is declared — and battle come down<br /></strong>
<strong>London calling to the underworld<br /></strong>
<strong>Come out of the cupboard, you boys and girls</strong></p>
<p>(L’appel de Londres aux villes lointaines
Maintenant la guerre est déclarée — et la bataille approche
L’appel de Londres à ceux des sous-sols
Sortez au grand jour, vous tous garçons et filles)
<strong>The Clash</strong> (1979)</p>
<div align="center">
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</div>
<p><ins>Notes :</ins><br /></p>
<p>(1) Ce qui n’est pas tout à fait juste : en guise d’école buissonnière, Greta organise un sit-in tous les jours devant le Parlement suédois dans la lignée de sa mère, la chanteuse d’opéra Malena Ernman, qui a décidé de mettre un terme à sa carrière à l’international pour ne plus avoir à prendre l’avion.</p>
<p>(2) Le professeur Kevin Anderson tacle ainsi : « <em>Aujourd’hui, on préfère remettre en cause des faits physiques que le système économique.</em> »</p>
<p>(3) Comme le dit Greta Thunberg : « <em>Nous ne pouvons pas sauver le monde en suivant les règles existantes, parce que les règles doivent changer. Aujourd’hui, les politiques nécessaires pour éviter la catastrophe climatique n’existent pas. Nous devons changer le système. Parce que nous sommes en crise. Et nous devons commencer tout de suite. Comme si une guerre nous menaçait.</em> »</p>
<p>(4) Un mouvement de désobéissance enclenché au départ par seulement 25 étudiants.</p>
<p>(5) non non, on est très loin d’Emmanuel Macron</p>
<p>(6) J’aimerais placer ici des remerciements à Nico Haeringer pour nos échanges qui ont contribué à nourrir ce papier.</p>
<p>(7) Piqué à Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle dans Une autre fin du monde est possible (Seuil), que j’encourage nos lecteurs à lire de toute urgence pour prolonger ces réflexions, on y trouve beaucoup de références communes avec Extinction Rebellion.</p>
<p>(8) La fracturation hydraulique pour exploiter le gaz de schiste.</p>
Théorie de l’effondrement : « Le système actuel de représentation démocratique opère un rétrécissement de la pensée »
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2018-11-16T18:04:00+01:00
2018-11-16T18:04:00+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
CollapsologieFiction de l effondrementMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/photo_cmd.jpg"><img alt="photo_cmd.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.photo_cmd_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="photo_cmd.jpg, nov. 2018" /></a><a href="https://lvsl.fr/entretien-avec-corinne-morel-darleux">Entretien publié le 14 novembre 2018 sur le site Le vent se lève, réalisé avec Pierre Gilbert</a></p>
<h3>Théorie de l’effondrement : « Le système actuel de représentation démocratique opère un rétrécissement de la pensée » – Entretien avec Corinne Morel Darleux</h3>
<p><em>Corinne Morel Darleux est conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes pour le Parti de gauche. Elle écrit tous les mois pour Reporterre, divers blogs et tient une chronique mensuelle à Là-bas si j’y suis. Elle est notamment l’auteur de L’écologie, un combat pour l’émancipation (Bruno Leprince, 2009) et a coordonné la rédaction du manifeste des 18 thèses pour l’écosocialisme qui marque l’apparition du terme écosocialisme en France. Elle fait partie de ces nouveaux penseurs de l’écologie politique et c’est à ce titre que nous avons voulu l’interroger.</em></p>
<p>LVSL – On voulait revenir sur l’article que vous avez écrit pour Reporterre, qui a été publié le 19 juillet et qui est intitulé <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/07/19/Sans-empire-galactique-ni-baguette-magique">« face à l’effondrement formons des alliances terrestres »</a> où vous évoquiez votre rapprochement avec la collapsologie. C’est une théorie qui avait plutôt le vent en poupe, notamment dans les milieux libertaires et les milieux écologistes. En ce qui vous concerne, vous citez Asimov et semblez évoquer la justesse ontologique du personnage-clé de la saga Fondation, Hari Seldon, qui consiste à tout faire pour réduire la période de transition post-effondrement, caractérisée par le chaos. Cependant, vouloir relativiser l’impact de l’effondrement ce n’est pas d’une certaine façon l’accepter ? Et est-ce qu’on peut moralement accepter la fatalité du dépérissement d’une partie de la population, quand on est responsable politique ?</p>
<p>Corinne Morel Darleux – J’ai toujours pensé que quand on était dans une situation trop compliquée pour l’évaluer finement et savoir comment il convient d’en parler, le plus simple était de dire les choses avec honnêteté. Je ne sais pas si on va vers un « collapse », c’est-à-dire un effondrement systémique, global, de la civilisation humaine à l’échelle mondiale. En revanche, on l’a souvent dit, mais cette fois je crois qu’on y est : le monde tel que nous le connaissons est en train de foutre le camp. Pardon de l’expression, mais c’est la plus illustrée qui me vient à l’esprit. Je parle du climat, de la raréfaction des ressources naturelles, de la destruction des écosystèmes et du rythme effarant d’extinction des espèces, naturellement, mais pas seulement : le système de croyances sur lequel s’appuie notre société est lui aussi en train de s’effondrer. La croissance n’apporte plus la prospérité, les forces de l’ordre ne sont plus gage de sécurité. Il va bientôt falloir plus d’énergie pour extraire un baril d’hydrocarbures que d’énergie produite par ce même baril. L’Union européenne qui devait nous protéger ne le fait de toute évidence pas. L’impôt est détourné des services publics et du patrimoine de ceux qui n’en ont pas. On ne croit plus les informations qu’on lit sur les réseaux et même Le Gorafi ne trouve plus les mots. Les écrans sont omniprésents et refaçonnent le « vivre ensemble ». L’égalité se heurte aux délits de faciès. La solidarité devient un délit. Les élus représentants du peuple se font agents des lobbies. Bref : la solidarité, le progrès, la démocratie apparaissent aujourd’hui à la plupart des gens comme autant de mythes dont la valeur est en train de dévisser.</p>
<p>Simultanément, d’autres ontologies, d’autres visions et manières d’être au monde, émergent ou réapparaissent : des mouvements, groupes, médias et réseaux alternatifs ; des ZAD au Rojava, dans les squats et les réseaux d’entraide, mais aussi dans les mouvements climat et les milieux universitaires, on réinvente l’autogestion, l’action directe ou le municipalisme libertaire. Un peu partout, des gens réfléchissent et expérimentent le dépassement du dualisme nature-culture, du capitalisme, de la foi en la technologie et du progrès infini qui ont jusqu’ici conditionné une grande partie de notre civilisation dite « thermo-industrielle ». On assiste il me semble à ce qui pourrait bien être un regain de l’anarchisme et au retour d’intellectuels, d’artistes, de scientifiques et d’universitaires engagés.</p>
<p>LVSL – Ce que vous dites est assez contre-intuitif, on a plutôt l’impression que les choses ne bougent pas beaucoup. Quelles sont vos sources, où allez-vous chercher ces signaux faibles ?</p>
<p>CMD – Je n’ai pas besoin d’aller très loin en réalité. Juste de garder les yeux ouverts. Je me suis intéressée par exemple cet été aux travaux d’un explorateur contemporain, Christian Clot, qui vient de publier un bouquin sur la première étape de son projet. Il a passé 4 fois un mois dans les milieux les plus extrêmes de la planète (plus chauds, plus froids, plus secs, plus humides…) avec une équipe de scientifiques. Ils ont évalué les modifications physiologiques et les capacités, à la fois du corps humain et du cerveau, à s’adapter à des conditions climatiques extrêmes et très variables. Voilà par exemple le type de travaux utiles sur lesquels se pencher pour anticiper des conditions de vie sur terre qui ne seront plus du tout les mêmes.</p>
<p>Je suis avec beaucoup d’intérêt ce qui se passe du côté de Bizi, Alternatiba et Attac, qui sont en pleine mutation il me semble. Cela indique qu’il se passe des choses du côté de cette fameuse « société civile » dont on désespérait de comprendre un jour qui elle désigne. Je ressens aussi pas mal de complicité intellectuelle avec des gens comme Pablo Servigne, Nico Haeringer de 350.org ou François Ruffin. En fait c’est assez éclectique : je suis avec beaucoup de curiosité ce qui se passe du côté de Lundi matin, des réseaux de luttes des ZAD aux migrants ou de certaines maisons d’édition. Je m’informe auprès de Reporterre ou Mediapart. Sur le terrain des idées et des entretiens je lis Ballast, Uzbek et Rica, l’excellente nouvelle revue Terrestres. J’essaye de garder le fil de ce que racontent Damasio ou Lordon, je me suis remise à lire en anglais pour The Guardian notamment. Et je n’oublie pas de discuter de tout ça avec mes amis peu politisés ou mes voisins de ruralité. Voilà, ce n’est pas exhaustif ni systématique, sinon il me faudrait un plein temps et deux vies : pour ça Internet et son pouvoir de propagation sont autant un bienfait qu’une malédiction !</p>
<p>LVSL – Et tout ça vous dit que ça bouge, réellement ? N’est-ce pas un effet d’optique ?</p>
<p>CMD – Je n’en sais rien, c’est difficile d’embrasser tout le paysage pour pouvoir l’affirmer, mais il se passe des choses, c’est indéniable : des percussions certes marginales, mais fondamentales. C’est le cas en France, mais aussi en Allemagne avec le blocage de cette mine de charbon, aux États-Unis autour de 350 et de Bill Mc Kibben ou Naomi Klein, en Angleterre comme en témoigne l’opération de désobéissance civique de masse « Extinction Rebellion » lancée ce mois-ci à Londres avec le soutien de nombreux académiques, de la jeune Suédoise Greta Thunberg ou du journaliste du Guardian George Monbiot, et 500 activistes formés et prêts à aller en prison : ce n’est pas rien.</p>
<p>LVSL – Est-ce que voir toute cette activité vous rend plus optimiste vis-à-vis d’un possible « effondrement » ?</p>
<p>CMD – Je ne dirais pas ça ! Mais peu importe : il ne s’agit pas ici d’optimisme ou d’espoir, mais de lucidité. Ces éléments forgent une conscience éclairée et viennent bousculer pas mal d’habitudes, dans la pratique comme dans le discours politique : celle par exemple de parler d’un « peuple » qui en réalité n’est pas constitué, ou de « transition écologique » alors que c’est une véritable révolution qu’il faudrait. De même que je me refuse à induire l’idée qu’on pourrait encore rester sous les fameux +1,5°C ou changer le système par une stratégie de conquête du pouvoir ou de révolution citoyenne. Soyons clairs, je ne dénigre pas celles et ceux qui continuent ce combat : je l’ai porté, j’ai défendu ces positions et j’y ai cru sincèrement. Mais il me semble aujourd’hui que ce système électoral est faussé, plus ou moins gangrené selon les pays, manipulé par les réseaux sociaux, les médias ou les lobbies – et même désormais la justice : regardez le « lawfare » au Brésil, où le juge Moro, celui qui a organisé l’empêchement de Lula, est désormais Ministre de Bolsonaro ! J’espère sincèrement me tromper, mais partout c’est de plus en plus clair, il me semble : ils ne nous laisseront jamais gagner.</p>
<p>Et quand bien même ce serait le cas, serions-nous préservés de l’attrait de la monarchie présidentielle ? Saurions-nous sortir des griffes des traités européens, éviter la faillite morale et politique qu’a connue Tsipras en Grèce ? Contourner les médias d’actionnaires ? Eviter les coups de corne des lobbies planétaires ? Mettre en place une fiscalité révolutionnaire et sortir du capitalisme tout en conservant notre capacité à financer les investissements nécessaires ? J’en suis moins certaine aujourd’hui. Peu importe mes doutes, vous allez me dire, et c’est vrai : ça vaudrait le coup d’essayer, c’est certain… Si on en avait le temps. Or je me sens de plus en plus inconséquente – mais une fois encore, c’est très personnel – à dire à la fois que la situation est grave et la riposte urgente, et « en même temps » à jouer le jeu lent et pipé du changement par les élections.</p>
<p>Enfin, il faut dire une chose clairement, du moins en être conscient : le processus électoral nous coupe les ailes. Certes, une campagne est un accélérateur de conscience. Mais je doute, après en avoir vécu sept, que cette conscience fraîchement acquise, principalement à l’occasion du spectacle qu’est la présidentielle, soit toujours durable. Elle touche moins massivement et rapidement les consciences en tout cas que le rythme et l’ampleur auxquelles les conditions matérielles d’existence les étouffent. Autre point rarement évoqué et pourtant crucial : le système de désignation de candidats, quel qu’il soit, provoque des dégâts énormes, détourne les énergies et exacerbe la compétition interne. La recherche de suffrages mobilise une énergie folle, or je voudrais rappeler que le mythe réconfortant de David contre Goliath sort de la Bible… Tout ça nous coûte extrêmement cher en fraternité humaine et en temps. Et puis insidieusement, pour gagner des voix, la tactique prend le pas sur le projet, l’élargissement des bases électorales nécessite de « s’allier » ou de « fédérer » plus largement. Et tout le monde a bien compris qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens.</p>
<p>Bref, je ne suis pas loin de reprendre à mon compte le cri libertaire d’« élections, piège à cons » . Je vais continuer à militer, et à voter, mais je veux attirer l’attention sur le fait que tout miser sur les élections c’est autant de forces que nous ne mettons pas à changer radicalement les choses ici et maintenant. Je ne jette pas la pierre à ceux qui s’y consacrent, mais pour moi aujourd’hui ce n’est plus la priorité où placer mes énergies, je n’en ai plus envie et je crois réellement que nous n’avons plus le temps.</p>
<p>LVSL – Mais alors si le système électoral est pipé et trop lent face à l’urgence, il faudrait arrêter de militer au sein des partis selon vous ?</p>
<p>CMD – Pas du tout. Mais il faut le faire lucidement, là où on se sent accueilli, nourri et surtout utile, avec une discipline personnelle qui pour moi consiste à se réinterroger régulièrement pour vérifier qu’on est toujours en phase et qu’on y prend toujours du plaisir, car c’est déjà suffisamment ingrat comme ça de militer en ce moment. Franchement, continuer à faire des choses juste par la force de l’inertie, parce que c’est ce qu’on a toujours fait, c’est la mort. Et puis parfois, faire un pas de côté est le meilleur moyen de ne pas se décourager.</p>
<p>Ce que je veux dire c’est simplement qu’il faut garder les yeux ouverts sur les mutations du monde actuel, les signaux faibles qui nous parviennent du futur, les tectoniques de la société, même dans les interstices, car c’est parfois des marges que viennent les changements les plus profonds. Ne pas regarder tout ça avec beaucoup d’attention et de sérieux, c’est se mettre hors-jeu, et faire de la politique hors-sol. Je ne dis pas que les thématiques « classiques » sociales ne devraient plus requérir notre énergie militante bien sûr. Tout au contraire, et c’est d’ailleurs tout l’objet de l’écosocialisme de faire ce lien entre exploitation sociale et destruction des écosystèmes, de montrer que les deux relèvent des mêmes mécanismes de prédation capitaliste. En sorte que la réponse doit donc être elle aussi systémique – et anticapitaliste. La validité de l’écosocialisme est renforcée aujourd’hui par les questions climatiques qui heurtent de plein fouet les inégalités sociales et les rendent plus critiques que jamais.</p>
<p>LVSL – En quoi « l’effondrement » vient-il valider l’importance d’une justice sociale ?</p>
<p>CMD – Non seulement les plus pauvres sont les premiers à prendre de plein fouet les aléas climatiques qui se multiplient et gagnent en intensité. Mais surtout, on risque fort au fur et à mesure de l’aggravation des pénuries d’aller non pas vers un effondrement global, mais vers une société à deux vitesses. C’est une hypothèse probable : l’effondrement n’est pas à l’abri de la lutte des classes, et je doute fort que tout le monde, à la surface de la Terre, soit touché de la même manière. Naomi Klein a dit dans une conférence à laquelle j’assistais que le climat était la traduction atmosphérique de la lutte des classes, j’adhère totalement à cette jolie formulation.</p>
<p>On ne peut pas dissocier les deux. Une étude financée par la NASA est revenue il y a 4 ans sur les différents effondrements qui ont déjà eu lieu par le passé. Elle pointe le fait que de manière systématique dans l’histoire, les sociétés « craquent » au moment où deux critères sont réunis : le premier, c’est la surexploitation des ressources naturelles et le deuxième, c’est l’explosion des inégalités sociales. Ce que confirme la collapsologie (l’examen transversal pluridisciplinaire de différents aspects annonciateurs d’un effondrement civilisationnel), en d’autres termes, c’est qu’on est arrivé au moment où ces deux ingrédients sont réunis. Or ces derniers nous intéressent directement : ce sont quand même les deux piliers de nos combats politiques sur le terrain. Il faut l’entendre et commencer à se préparer à la possibilité de cet effondrement. Donc pour moi, si on ne se laisse pas littéralement affecter par la possibilité de l’effondrement, en tant que responsables politiques, en tant que militants et même en tant que citoyens, on est hors-sol par rapport à la manière dont le monde est en train d’évoluer autour de nous.</p>
<p>Donc, il ne s’agit pas d’abandonner ce terrain, moins que jamais ! Je dis juste : attention, le monde est en train de changer, à une vitesse stupéfiante et nous devons d’urgence accepter de questionner nos certitudes et nos habitudes, d’ouvrir notre pensée à ce qui se passe dehors et adapter nos pratiques politiques en conséquence, sous peine sinon d’être fossilisés.</p>
<p>LVSL – « Ouvrir notre pensée », dans un monde où on a le sentiment de courir en permanence et de manquer de temps, comment fait-on?</p>
<p>CMD – Sans doute faudrait-il trouver le moyen de davantage déconnecter le fait de militer, ce qui inclut pour moi le fait de s’activer sur le terrain, mais aussi de prendre le temps de nourrir sa pensée, de l’injonction permanente de commenter l’actualité, avec des sujets « importants » qui changent chaque jour, l’obligation de se « faire un nom » et de rechercher la visibilité, objectifs qui ne sont certes pas condamnables en soi, mais qui sont de plus en plus pollués par la prime à la polémique et à l’agressivité, que ce soit sur les plateaux télévisés ou les réseaux sociaux. Peut-être faudrait-il aussi inventer d’autres stratégies d’impact que la recherche d’effets de masse lors de manifestations ou de marches. Enfin, je ne dois pas être la seule à être exaspérée de devoir toujours demander : à Emmanuel Macron, à Laurent Wauquiez, à la SNCF, au Préfet, aux députés ou à je ne sais qui, de faire ceci ou au contraire de ne pas faire cela…</p>
<p>En fait j’ai le sentiment que tout le système actuel de « représentation démocratique », basé sur les élections, opère un rétrécissement de la pensée, réduit trop souvent l’action au fait de pétitionner ou de réclamer, et piège l’activité politique dans le tunnel du temps court. C’est une défaite à la fois intellectuelle et militante, et pour moi un constat d’échec. J’ai essayé, pendant dix ans. Aujourd’hui je ne crois plus au fait qu’on puisse réinventer ce système politique suffisamment, assez rapidement, et encore moins avec les mêmes gens. Mais il existe plein d’autres manières de militer, et heureusement ! Depuis trois ans j’ai fait pas mal de pas de côté, je suis allée musarder ailleurs, j’ai beaucoup lu, écouté, observé et débattu. Il reste, je crois, des modes d’action et de pensée politique à (ré)inventer.</p>
<p>LVSL – Quels sont selon vous les objectifs prioritaires du militantisme politique dans ce contexte difficile que vous décrivez ?</p>
<p>CMD – Aujourd’hui, de mon point de vue – qui peut encore évoluer – ressortent deux grandes priorités : un, préserver ce qui peut et doit l’être de notre civilisation, de l’anthropocène, ou capitalocène si vous préférez. Deux, anticiper et préparer le monde d’après.</p>
<p>Sur le premier point, on a le constat de ce qui ne va pas, si on rassemble l’apport des mouvements anticapitalistes et de l’écologie politique depuis les années 70, on peut probablement dire qu‘on en maîtrise à peu près l’analyse et les mesures qu’il faudrait mettre en œuvre, même si ce serait à actualiser au vu des effondrements multiples qui s’opèrent et provoquent des mutations rapides. Mais globalement les racines du système restent inchangées – pour l’instant – et on en a quand même discuté un nombre incalculable de fois ; ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. Je me trompe peut-être, mais il me semble que si la question était correctement posée, les gens sauraient assez bien identifier ce qu’ils veulent sauver dans cette société – pour peu que la publicité et les médias leur laissent un peu de « temps de cerveau disponible » pour ça. Ce ne serait pas simple, mais disons que c’est à peu près clair.</p>
<p>Sur le second point en revanche, on est dans l’angle mort. C’est d’ailleurs assez déconcertant. À moins que ça m’ait échappé, aujourd’hui il n’y a guère qu’en politique qu’on ne fait pas de prospective. Les compagnies d’assurance ont des postes dédiés à cette tâche précise qui consiste à explorer ce qui s’écrit, se dit, émerge tout autour du globe et à y détecter les signaux faibles du futur. Les multinationales font des plans, l’armée, la NASA également. Nous on court derrière Macron. Bien sûr, je force un peu le trait, mais malheureusement pas tant que ça en réalité. J’ai le sentiment que le temps du débat d’idées, de la réflexion intellectuelle, de la lecture de documents de fond se perd. Ce n’est pas spécifique à la politique, et il y a certainement des raisons exogènes à ça, à commencer par la manière dont les téléphones multi-fonctions accaparent notre attention et diminuent notre capacité de concentration. Mais c’est un fait : beaucoup de politiques ne lisent pratiquement plus que des messages de 140 caractères.</p>
<p>Il y a pourtant beaucoup d’enseignements et de sources d’inspiration, de réflexion, à puiser dans la lecture. Et je ne parle pas uniquement des essais de sociologie, mais aussi des fictions ou de la philosophie. Ainsi du « catastrophisme éclairé » du philosophe Jean-Pierre Dupuy, qui défend la thèse selon laquelle tant que la catastrophe est possible, mais pas certaine, les êtres humains trouveront toujours plein de bonnes raisons pour ne pas agir, notamment en exagérant la possibilité des solutions techniques ou de géo-ingénierie par exemple. C’est une manière de mettre la poussière sous le tapis. Ce que professe Dupuy, c’est, à l’inverse, de partir du postulat que la catastrophe est inéluctable et de la regarder en face pour justement se remettre en capacité d’agir. C’est totalement contre-intuitif, mais précisément je trouve que c’est une réflexion très inspirante. Cela rejoint la réflexion d’Isaac Asimov dans la trilogie de science-fiction « Fondation ». Évidemment il ne s’agit pas de plaquer un récit sur le réel, nous ne sommes pas dans un empire galactique et nous ne disposons pas de psycho-historien comme Hari Seldon, mais ça vaut le coup de s’attarder deux secondes sur l’idée qui y est développée : plutôt que de mettre toute notre énergie à éviter une catastrophe qui est inévitable, attelons-nous à préparer l’après, à faire en sorte que la période de chaos ne dure pas trop longtemps, soit la moins inégalitaire possible, et qu’elle puisse ouvrir d’autres horizons possibles… ça me semble intéressant.</p>
<p>LVSL – « Intéressant » certes, mais aussi potentiellement démobilisateur si on considère que la catastrophe ne peut pas être évitée, non ? Dans le cas du climat, ça voudrait dire qu’on arrête les efforts pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre…</p>
<p>CMD – Oui, et c’est pourquoi je n’en fais pas une bannière. Même si je pense que la bataille du +1,5°C – et probablement du +2°C – est perdue, je persiste à penser qu’il faut continuer à mener une lutte de tous les instants sur le volet « atténuation », c’est-à-dire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. On estime du côté de la communauté scientifique que même si tous les engagements pris à la Cop 21 étaient respectés on irait vers une hausse des températures comprise entre 3,2 et 4 degrés. Or on sait que ces engagements ne sont pas tenus. En 2017 il y a eu une augmentation de 3% des émissions de gaz à effet de serre en France alors qu’elle devrait les réduire de 2,2 % par an ! Mais une fois qu’on a dit ça on n’a rien conclu : selon que l’on sera à +2, +3 ou +4 degrés, l’impact sera drastiquement différent et chaque augmentation sera pire que la précédente, à cause des phénomènes d’emballement, des seuils de rupture qui font que le réchauffement n’est pas un phénomène linéaire, mais une courbe qui peut basculer dans l’exponentiel. Je prends souvent l’exemple de la fonte du permafrost, ce sol qui est gelé toute l’année dans certaines parties du globe. Il fond, et en fondant il libère du méthane, qui est un gaz à effet de serre très puissant, ce qui aggrave le dérèglement climatique, ce qui entraîne une augmentation du dégel du permafrost, etc. La hausse de la courbe des températures ne va pas être linéaire. Il va donc falloir <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/10/10/%E2%98%85-Appel-%C3%A0-aller-sauver-chaque-dixi%C3%A8me-de-degr%C3%A9-%E2%98%85">aller sauver chaque dixième de degré</a>, et ce, pas en 2020 ou en 2050, mais dès maintenant : on en est déjà, sur cette échelle, à +1,1°C.</p>
<p>Mais il faut aussi réfléchir à l’après, au volet « adaptation » : des choses sont en train de changer de manière irrémédiable, d’autres vont l’être et doivent être anticipées. La hausse du niveau des mers, la multiplication des épisodes de sécheresse, le changement local de climat, de végétation, l’extinction de certaines espèces, l’augmentation des risques de conflit armé et la rareté de certaines ressources naturelles qui viennent à épuisement : la question n’est pas de savoir si on a envie que ça arrive ou non. On a laissé passer la période historique durant laquelle on pouvait encore se payer le luxe de poser cette question et d’y répondre par des actes politiques forts. Désormais, on y est. Et on commence à constater que tous ces effondrements sont plus violents pour les plus fragiles : les petits, les minorités, les précaires.</p>
<p>C’est aussi une des choses sur lesquelles la fiction, les dystopies plus précisément, attirent notre attention : de Rollerball aux Fils de l’homme, c’est le risque de cette société à deux vitesses dont on parlait tout à l’heure. Un monde futur dans lequel ce qu’il reste de ressources, de pétrole, d’air, d’eau, de végétation est concentré entre les mains de quelques privilégiés pendant que la masse essaye de survivre avec trois fois rien. Ça vaut le coup de s’y attarder ! C’est d’ailleurs aussi ce que décrit Bruno Latour dans son livre « Où atterrir » : ce sont bien des riches qui sont en train de faire sécession et de se mettre à l’abri. Eux anticipent et font de la prospective…</p>
<p>Ensuite, de la même manière que je suis lasse de voir s’écharper les adeptes du petit geste individuel (qui malgré ses limites reste un premier pas nécessaire : personne ne passe directement de la prise de conscience devant sa télé au sabotage d’un chantier, ce n’est pas vrai) et les purs et durs de l’anticapitalisme (agréablement vertébrés, mais souvent surplombants et pas toujours les plus efficaces), ou encore les localistes et les jacobins, il faut dire que les efforts menés pour l’atténuation et l’adaptation ne s’opposent pas, ni ne se neutralisent. Les mesures qui vont dans le sens de la relocalisation, de l’autonomie alimentaire dans les territoires, de mobilité sans pétrole, d’économies d’énergie, de réappropriation des savoirs manuels, le fameux DIY (do it yourself) ou la démocratie directe : tout ça vaut dans tous les cas, que l’effondrement arrive ou pas. Finalement on peut presque renouveler le Pari de Pascal – laïque celui-là – : dans tous les cas de figure, on aura contribué à une société plus juste, plus épanouissante et dans laquelle il fait mieux vivre.</p>
<p>En tout cas pour ce qui me concerne, je pense vraiment de plus en plus qu’il faut soit arrêter de dire qu’il y a urgence, soit accepter qu’il n’y a pas une solution unique, qu’il n’y a pas de baguette magique et qu’en réalité personne ne sait à 100 % ce qu’il convient de faire tant la situation s’annonce inédite. Dès lors, toutes les alternatives qui sont en train de se construire, les changements de comportements individuels comme celles qui relèvent d’organisations collectives, qu’elles se conduisent à l’échelle locale, communale ou étatique, ne peuvent être balayées du revers de la manche – à partir du moment où elles sont sincères et dignes. C’est-à-dire à partir du moment où on n’utilise pas la question de l’effondrement, de la démocratie ou du climat, pour servir des intérêts économiques, d’ego ou électoraux. Pour moi aujourd’hui les vrais coupables à pointer du doigt c’est ceux qui savent, qui pourraient changer les choses, et ne le font pas de manière délibérée. Ça laisse largement le choix de ses cibles, et la marge pour ne pas se tromper d’ennemi.</p>
<p>Enfin, tout ce qu’on fait aujourd’hui en termes de militantisme, d’organisation collective, c’est autant de réseaux d’entraide et de solidarité de gagnés pour demain, car je ne crois pas à l’émergence de coopérations spontanées au plus fort de la crise, et qui plus est d’une crise durable, faite de pénuries et de privations. C’est aujourd’hui qu’il faut construire ces liens.</p>
<p>LVSL – Dans les scenarii qui sont mis en avant il y a aussi ces possibilités-là. Pour revenir à la fiction, vous avez d’autres exemples de la manière dont elle peut nous aider ?</p>
<p>CMD – Oui, personnellement cela fait 2 ou 3 ans que j’y ai de plus en plus recours, que ce soit dans mes conférences ou à travers des <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/04/01/Boire-la-lumi%C3%A8re">chroniques de l’effondrement</a> ; je me réfère à des dystopies, des romans d’anticipation ou des films, et des histoires post-apocalyptiques il y en a eu beaucoup depuis les années 50 ! Je le fais pour plusieurs raisons. D’abord pour accrocher l’attention et être audible, il est bon de temps en temps de sortir des grands discours théoriques et de se référer à de la culture populaire. Quand on parle de Mad Max ou de Matrix, il y a des gens auxquels ça parle beaucoup plus que de parler d’écosocialisme et de théorie critique du marxisme.</p>
<p>L’autre chose, et je rejoins l’auteur de SF Alain Damasio sur cette question, c’est que la fiction opère comme des lunettes du réel. Elle permet de mettre à juste distance pour mieux appréhender des sujets qui sont peut-être trop durs à regarder quand ils se situent dans le réel, trop proches et trop effrayants comme le sont les épisodes climatiques extrêmes – a fortiori la perspective de l’effondrement. Paradoxalement, la fiction met à distance, mais elle porte aussi une dose d’affect qui n’est pas la même que dans le réel, et qu’on ne trouve pas dans les essais ou les rapports scientifiques. Il y a un récit, une intrigue, des personnages, des émotions, qui permettent de faire appel pas uniquement à l’aspect rationnel du cerveau, mais aussi d’incarner des idées et à tout un chacun de s’y projeter plus facilement. Pour toutes ces raisons, la fiction est un médiateur assez intéressant par rapport à ce discours très anxiogène du changement climatique et de l’effondrement. Cela permet enfin de renouveler un discours politique qui manque d’originalité et a fait son temps. Ce n’est finalement rien d’autre que du « soft power » appliqué à l’intérêt général, une bataille culturelle pour repolitiser l’imaginaire et en changer les référents…</p>
<p>LVSL – Restons sur cette idée d’« imaginaire ». Qu’apporte-t-il à ce que vous aviez déjà produit dans le cadre des 18 thèses pour l’écosocialisme publiées en 2013 ? Avez-vous pensé de nouveaux concepts pour l’écosocialisme depuis ?</p>
<p>CMD – L’écosocialisme reste un invariant, mais il a besoin de s’appuyer de nouveaux référents. Ceux qui conditionnent notre manière même de penser et d’être au monde sont aujourd’hui largement corsetés par l’injonction productiviste et consumériste. On est sans cesse bombardés de publicité, d’effets de mode, d’impératif de « réussite ». Comme si les normes sociales n’étaient pas assez pesantes. L’ère numérique et l’arrivée des réseaux sociaux ont développé une nouvelle uniformisation des désirs et des plaisirs. Je ne développerai pas, je suis déjà très longue… Toujours est-il qu’on a besoin, comme le disait Serge Latouche, de « décoloniser » notre imaginaire, ce qui implique d’abord de « désapprendre », se désaccoutumer de ces drogues dures du système que sont les énergies fossiles, le TINA (there is no alternative) ou la rentabilité du capital. Il s’agit de déconstruire notre système de pensée à la manière du pas de côté que font les personnages de l’An 01 de Gébé (« on arrête tout, on réfléchit, et ce n’est pas triste »). C’est une étape nécessaire pour se dessiller le regard et ainsi pouvoir, dans un second temps, reconstruire, avec de nouveaux mots, de nouveaux récits et figures, une vision plus adaptée au monde réel, et surtout au monde d’après tel qu’on aimerait le voir advenir.</p>
<p>Walter Benjamin faisait remarquer que déclin ne veut pas dire disparition. De même l’effondrement peut être une métamorphose. C’est une lecture – encore – qui m’a fait appréhender réellement cette possibilité : <a href="https://www.terrestres.org/2018/10/11/leffondrement-comme-metamorphose/">Dans la Forêt, de Jean Hegland. Je conseille à tous vos lecteurs de la lire</a>…</p>
<p>LVSL – D’autres notions pour enrichir l’écosocialisme ?</p>
<p>CMD – Dans la série des petites lumières qui éclairent le chemin, j’ai été très inspirée par la thématique de « survivance des lucioles », du titre d’un livre de George Didi-Huberman qui revient sur un texte de Pier Paolo Pasolini. Plus précisément deux textes : le premier parlait de lucioles de manière joyeuse et optimiste, le deuxième, des années plus tard, au ton fataliste et défaitiste soulignait la mort de ces mêmes lucioles, avec évidement des parallèles politiques très forts. Moi-même je ne sais pas à quel moment de la vie de Pasolini je me situe par rapport à ces lucioles. Mais voilà, on a besoin de ces petits repères lumineux dans la nuit qui s’avance, et il me semble qu’il y a des notions, des idées, des concepts très inspirants qui peuvent aussi donner la force et l’espoir de s’engager sur ce chemin, pas forcément à reculons, mais de manière plus volontariste et apaisée. Walter Benjamin, encore, parlait d’ « organiser le pessimisme ». J’aime bien cette idée.</p>
<p>Je travaille aussi à un projet de livre sur le « refus de parvenir ». J’y parle d’un homme, le navigateur Bernard Moitessier. Il y a bientôt 50 ans, lorsqu’il était en passe de remporter la première course autour du monde en voilier, en solitaire, sans escale, et sans assistance extérieure, Moitessier refuse, à la surprise générale, de remonter vers la vieille Europe et son monde d’argent consumériste avec lequel il avait beaucoup de mal. Ce jour-là, il a catapulté avec son lance-pierres, sur le pont d’un cargo pétrolier, un message qui disait qu’il ne rentrait pas, car il était heureux en mer et peut-être, écrivait-il, pour sauver son âme. Il y a, autour de cette notion de refus de parvenir, des choses tout à fait subversives et un fil intéressant à tirer. C’est ce que je m’emploie à faire. Je tourne aussi beaucoup autour d’une formule que j’ai relevée cet été dans le manifeste politique de l’association Bizi, intitulé « Burujabe » – du basque Buru (tête, personnalité) et Jabe (maître, propriétaire). Bizi y parle de « cesser de nuire », c’est-à-dire de ne pas piétiner les conditions de vie des autres, de vivre à la hauteur de la capacité écologique, de cesser d’importer des matières pillées ou d’exporter nos déchets… Cette idée, tout comme le « refus de parvenir », s’inscrivent dans la lignée de la critique de la rivalité ostentatoire théorisée par l’économiste Thorstein Veblen par exemple. Mais elles permettent aussi d’hybrider dans mon esprit des réflexes de gauche anticapitaliste avec des notions d’inspiration plus libertaire, comme la « souveraineté individuelle » qui fait écho à la puissance d’agir de Spinoza, ou l’idée, sur laquelle je travaille beaucoup également en ce moment, de <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/03/Dignit%C3%A9-du-pr%C3%A9sent-%3A-des-Racines-du-Ciel-au-Titanic">« dignité du présent »</a>.</p>
<p>LVSL – « Dignité du présent »… C’est-à-dire ?</p>
<p>CMD – La dignité du présent, c’est ce à quoi on peut se raccrocher quand on sent qu’on est en train de perdre la course de vitesse contre l’effondrement et que nos victoires futures semblent de plus en plus hypothétiques. Elle consiste à cesser de penser qu’on n’agirait que pour gagner à la fin. C’est faux, si c’était le cas il n’y aurait plus un seul militant au NPA ou à la CNT ! Dire ça, c’est oublier la beauté du geste, l’action désintéressée du « faire sans dire » et le pouvoir de l’éthique. Le fait même que nos victoires futures soient compromises justifie plus que jamais de ne pas y sacrifier la dignité du présent et de se souvenir que la fin ne justifie pas les moyens. Voilà ce qu’il me semble indispensable aujourd’hui d’ajouter au travail que nous avons produit sur l’écosocialisme, ces notions-là le complètent de deux dimensions jusqu’ici trop absentes de notre champ politique : la dimension libertaire et une forme de spiritualité ancrée, qui n’a rien à voir avec la religion, mais davantage avec une discipline personnelle, éthique et même esthétique.</p>
<p>Je crois sincèrement que ce sont des choses sur lesquelles il faut que l’on réfléchisse, notamment en politique. Cette cohérence entre l’objectif révolutionnaire et les moyens mis en œuvre pour y parvenir, qui doivent déjà refléter le monde d’après (la révolution) a été superbement formulée par Emma Goldman, une figure féministe américaine qui a beaucoup compté dans mon parcours. J’ai peur parfois que dans cette espèce de dévissage culturel généralisé, on en oublie parfois le minimum décent en termes de tenue et d’élégance. Comme il existe une éthique de la révolution, une esthétique du chaos en art, il faut avant toute autre chose nous munir d’une éthique de l’effondrement. Sinon nous reproduirons les mêmes erreurs et toutes les souffrances subies par les opprimés, passées et à venir, l’auront été en vain.</p>
★ Appel à aller sauver chaque dixième de degré ★
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2018-10-10T18:58:00+02:00
2018-10-19T10:12:59+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Climat et CopEcosocialisme
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/risque_d_effondrement.jpg"><img alt="risque_d_effondrement.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.risque_d_effondrement_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="risque_d_effondrement.jpg, oct. 2018" /></a>À propos du GIEC, des dangers de tout miser sur l'objectif de +1.5C, de lucidité en politique et des "apôtres de l'apocalypse", de convergence et de "commun combat"... Voici l'édito que j'ai rédigé ce 10 octobre 2018 pour la lettre du PG.</strong></p>
<p>ALLER SAUVER CHAQUE DIXIÈME DE DEGRÉ</p>
<p>Le nouveau rapport du GIEC, commandé à l’occasion de la Cop21, est donc sorti ce lundi. On y apprend que le seuil de « +1,5°C », considéré comme un point de bascule à ne pas dépasser, le sera dès 2030 au rythme actuel. Dans douze ans.</p>
<p>Le GIEC nous dit également qu’il peut encore être évité – en changeant tout, tout de suite. C’est une version optimiste qui fonctionne peut-être sur le papier, basée sur des chiffres et des considérations géophysiques, mais qui fait délibérément abstraction des aspects politiques. Or ceux-ci, au lieu d’agir comme facteurs de solution, sont aujourd’hui essentiellement des éléments d’aggravation. Ainsi des engagements de la Cop21, dit « accord de Paris » : même si ceux-ci étaient tenus, ils nous entraîneraient vers un réchauffement de +3°C, or ils ne le sont pas. Ajoutez à cela le hors-jeu des États-Unis, l’effet d’inertie du système et le poids des lobbies : il est de plus en plus probable que le +1,5°C soit atteint bien avant 2030.</p>
<p>Le caractère très hypothétique de la victoire du « +1,5°C » ne doit pas pour autant nous faire abandonner le combat. Ce serait oublier un peu vite qu’au-delà de ce chiffre, c’est chaque dixième de degré qu’il va falloir aller sauver. Car chaque dixième de degré supplémentaire sera pire que le précédent et causera davantage de victimes, d’injustice sociale et de dégâts irrémédiables sur les écosystèmes. Le phénomène climatique n’est pas linéaire, des seuils de rupture et des phénomènes d’emballement interviennent, qui en font un processus exponentiel. Il est donc essentiel de le répéter : la bataille ne s’arrête pas à 1,5°C et ne commence pas en 2030, mais maintenant.</p>
<p>On en est déjà à +1,1°C. A l’international, les catastrophes naturelles font de plus en plus de victimes, les sécheresses et pénuries causent des déplacements forcés de population et déséquilibrent des régions entières. Ici les montagnes s'écroulent, le lac d'Annecy se vide de manière alarmante, le Pic du Midi n'a pas gelé pendant plus de 100 jours, les vendanges arrivent de plus en plus tôt et les récoltes agricoles sont menacées. Le réchauffement climatique n'est pas pour 2100 ni même 2030. Il a commencé.</p>
<p>Il s’agit de faire preuve de lucidité. La politique n’est pas affaire d’espoir ou d’optimisme. Nous devons aux citoyens un discours d’honnêteté. Seule la lucidité, aussi brûlante soit-elle, peut nous conduire à examiner sincèrement la meilleure manière de contribuer, politiquement, à changer la vie. A préserver un climat permettant la vie. Jamais nous n’avons joué avec la colère, jamais nous ne jouerons sur la peur. Les « apôtres de l’apocalypse » sont ceux qui ignorent délibérément les signes qui se multiplient sous leurs yeux, qui regardent ailleurs quand des scientifiques et chercheurs lancent l’alerte. Ceux qui évoluent hors sol, pourraient agir et ne font rien. Aujourd’hui le réalisme est de notre côté.</p>
<p>Face à cette situation, nous avons besoin de trouver de nouveaux alliés, d’accélérer la mobilisation, et de nous organiser collectivement. Que ce soit pour éviter l’effondrement, pour en amortir le caractère violent, préparer le monde d’après ou simplement pour la dignité du présent, la situation nous oblige à sortir de nos zones de confort politique et valide l’urgence de passer d’une logique de pouvoir à celle de la puissance d'agir. Après l'été caniculaire en Europe et la multiplication des aléas climatiques tout autour du globe, la démission de Nicolas Hulot et le sentiment grandissant que rien ne viendra du gouvernement, la multiplication de tribunes et d’appels - plus ou moins pertinents -, le succès des marches pour le climat du 8 septembre, il s’agit d’organiser la convergence.</p>
<p>C'était un des objectifs du rassemblement Alternatiba qui s’est tenu ce week-end à Bayonne. Montrer que les solutions et « pas de côté » existent avec le village des alternatives, débattre et apprendre dans des amphis bondés : scientifiques, élus, militants, associations et citoyens, curieux ou inquiets, ce sont 15.000 personnes qui s’y sont réunies pendant deux jours pour « tenter l'impossible pour éviter l'impensable ». Pendant deux jours il a été rappelé que les actes et choix politiques comptent, que nous rentrons désormais dans une phase de « tolérance zéro », et que chacun a sa place dans ce combat. Des militants aguerris aux citoyens qui prennent seulement connaissance des enjeux, au fil des débats et des stands, chacun a pu y trouver de quoi agir selon sa disponibilité, son niveau de conscience, son envie de militance. La souveraineté populaire passe aussi par l’action citoyenne, nous devons la soutenir. L'objectif commun étant d’agir vite, fort, et massivement. Pour prolonger l’action et massifier le rapport de forces, une plateforme commune a été lancée : ilestencoretemps.fr, qui va de la pétition à signer aux prochaines marches pour le climat ce 13 octobre, jusqu’à une grande opération de nettoyage de la Société Générale le 14 décembre. Nous y serons.</p>
<p>Nous continuerons également à dénoncer l’hypocrisie de ceux qui surfent sur la vague de mobilisation, les « champions de la Terre » du capitalisme vert et des odes au point de croissance du PIB, ceux qui ne sont pas prêts à sortir des traités et de l'austérité alors que s'approchent les échéances européennes. Nous n’oublions pas surtout que les plus précaires de la planète sont toujours les premières victimes, et que les vrais coupables : l’oligarchie, les lobbies et ceux qui les financent, doivent être nommés et ciblés.</p>
<p>Notre Congrès, il y a trois mois, a décidé d’approfondir le travail sur l’écosocialisme. Son fondement politique - l’écologie n’est pas compatible avec le capitalisme-, sa critique du productivisme et des politiques libérales, n’ont jamais été aussi largement partagés. Il nous revient aujourd’hui de poursuivre la coopération avec les réseaux militants, associatifs, syndicaux ; de tisser de nouveaux liens avec les milieux universitaires, scientifiques, artistiques ; de resserrer et accentuer notre travail avec les mouvements climat, pour explorer l’articulation de notre projet et de nos pratiques militantes avec ce qui s’y débat : de l’action non violente à l’anthropocène, ou capitalocène, de la non-coopération au système à la collapsologie, des alternatives locales au risque d’effondrement. Si notre programme peut s’en trouver bousculé – comment parler encore de « transition » par exemple, au regard du saut à effectuer -, l’écosocialisme lui, en tant qu’alternative systémique et projet de société, reste un invariant. Une boussole politique précieuse pour ne pas se tromper d’ennemi – ni d’alliés - et garder le cap dans un monde en perte de repères.</p>
<p style="text-align: center;"><em>« Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles<br />
Au coeur du commun combat. » Louis Aragon, La Rose et le Réséda (1943)</em></p>
Rio Doce : stop à l'impunité !
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2018-09-29T08:57:00+02:00
2018-09-29T08:57:00+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Environnement biodiversité et pesticidesInternationalPG
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Facebook_Post_Justice_For_Krenak__1_.png"><img alt="Facebook_Post_Justice_For_Krenak__1_.png" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Facebook_Post_Justice_For_Krenak__1__s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Facebook_Post_Justice_For_Krenak__1_.png, sept. 2018" /></a><strong><em>La Fondation France Libertés vient de lancer une campagne pour que les responsables du déversement, il y a trois ans, de déchets miniers dans le fleuve Rio Doce au Brésil soient jugés. En soutien et pour accompagner le lancement de cet appel, nous avons rédigé cette tribune avec ma camarade du Parti de Gauche Florence Poznanski, qui vit et milite au Brésil. Elle a été publiée le 27 septembre sur <a href="https://www.bastamag.net/Crime-de-Mariana-Justice-pour-le-peuple-Krenak-et-pour-un-million-de-personnes">Bastamag</a>. </em></strong></p>
<blockquote>
<p>Crime de Mariana : justice pour le peuple Krenak et pour un million de personnes sinistrées<br />
PAR CORINNE MOREL-DARLEUX, FLORENCE POZNANSKI 27 SEPTEMBRE 2018</p>
</blockquote>
<p>Le 5 novembre 2015, un barrage de rejets miniers rompait dans l’État brésilien du Minas Gerais, provoquant la mort de 19 personnes, ravageant plusieurs villages, et polluant pour des années un fleuve entier. Ce crime, commis par deux multinationales, Vale et BHP Billiton, demeure impuni. La fondation France Libertés lance ce 27 septembre un appel demandant justice pour le peuple Krenak, qui vit le long du fleuve pollué, et pour les centaines de milliers de brésiliens sinistrés par cette catastrophe. Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes, et Florence Poznanski, membre du Parti de gauche, expliquent pourquoi elles s’associent à cette initiative.</p>
<p>Le 5 novembre 2015 à Bento Rodrigues, près de la ville historique de Mariana au Brésil, un barrage de déchets miniers de la compagnie Samarco s’est rompu, déversant 55 millions de m³ de boues toxiques dans la vallée du fleuve Rio Doce, un des principaux fleuves du pays qui travers la région sud-est du Brésil. Cette coulée de boue s’est déversée sur plus de 700 km jusqu’au littoral avant de se répandre sur plus de 200 km de côte océanique. Elle a provoqué la mort de 19 personnes et affecté la vie d’environ un million de personnes selon les estimations du mouvement brésilien des personnes atteintes par les barrages (MAB) qui accompagne les sinistrés et lutte pour que justice soit faite.</p>
<p>Cette catastrophe annoncée par la vétusté des infrastructures de sécurité aux abords du barrage est considérée comme le plus grand dégât environnemental du Brésil. Parmi les personnes sinistrées il y a bien sûr les populations vivant aux bords du fleuve, comme le peuple indigène Krenak pour qui le fleuve n’est pas qu’une source d’alimentation et d’organisation de la vie collective, mais aussi une identité spirituelle constitutive de ce peuple. Au delà de ce drame pour le peuple Krenak, l’impact le long du Rio Dolce est général.</p>
<p>Sur les rives du fleuve, beaucoup on perdu leur logement, leur terres agricoles devenues improductives, leur travail pour les milliers de pêcheurs actifs dans la région. Et puis sur l’ensemble du bassin versant c’est aussi toute une population qui dépendait de l’acheminement de l’eau du fleuve, pour l’alimentation ou la production industrielle. Un million de personnes affectées aujourd’hui soit par le chômage, la perte de leurs biens mais aussi des problèmes sanitaires tant psychologiques que respiratoires, neurologiques ou dermatologiques causés par le contact avec les métaux lourds.</p>
<p>Pourtant aujourd’hui, trois ans après, aucun responsable n’a été condamné et ce crime reste impuni.</p>
<p>Seule une petite partie des sinistrés est prise en compte par la fondation Renova, fondation créée par l’entreprise Samarco, qui n’est autre qu’un produit local des deux multinationales Vale et BHP Billiton. S’ajoute à cela une répression quotidienne des personnes qui se mobilisent pour faire valoir leurs droits et dénoncer les conditions précaires de réparation qui leur sont attribuées. Parmi elles, une vingtaine de personnes, dont des leaders indigènes, est même poursuivie en justice par ces multinationales !</p>
<p>Pendant ce temps, la réparation financière et matérielle traîne. Les enquêtes judiciaires sont archivées ou ralenties, et la société civile empêchée de participer aux prises de décisions portant sur l’assistance aux sinistrés, la réparation des dégâts environnementaux et économiques. Alors que le désastre est considéré comme plus important que la marée noire du golfe du Mexique en 2010 dont le coût de la réparation avait été estimé à 35 milliards d’euros, la justice a autorisé les multinationales criminelles à ne pas dépenser plus de 4 milliards d’euros. Soit dix fois moins que le montant qui serait nécessaire. Enfin selon le MAB, moins d’un quart de la somme aurait été dépensé en trois ans, et une grande partie pour des consultations internationales peu transparentes et inefficaces pour les sinistrés.</p>
<p>En signant la pétition de la Fondation France Libertés et en demandant Justice pour le peuple Krenak, nous souhaitons aussi défendre la cause des centaines de milliers de brésiliens sinistrés sur le bassin versant du fleuve Rio Doce. Nous dénonçons le pouvoir démesuré des multinationales qui tirent leurs plus-values de l’exploitation des matières premières du sol latino-américain, sans souci des populations ni des écosystèmes, et soumettent les États à leurs règles arbitraires au lieu d’en respecter les législations. Comme pour le crime de Chevron dans l’Amazonie Équatorienne, comme pour Monsanto sur l’ensemble du continent, les lobbys de ces multinationales doivent être combattus et jugés.</p>
<p><em>Corinne Morel-Darleux (secrétaire nationale du Parti de Gauche et conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes) et Florence Poznanski (référente Brésil du Parti de Gauche et conseillère consulaire)</em></p>
<p><strong>- Pour signer : <a href="https://justicekrenak.com/">l’appel #JusticeforKrenak</a></strong></p>
Dignité du présent : des Racines du Ciel au Titanic
urn:md5:7dc4cfdbea9bb8f89d5d75e2500e7380
2018-09-03T13:35:00+02:00
2018-09-03T14:50:29+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
CollapsologieEcosocialismeFiction de l effondrement
<p>Fin août a eu lieu à Grenoble l'université solidaire et rebelle des mouvements sociaux. J'y participais à un séminaire sur l'effondrement en compagnie de Pablo Servigne, Nico Haeringer, Geneviève Azam, Christophe Bonneuil, Antoine Back et Jade Lindgaard. Des débats très riches, sincères et envolés, au cours desquels j'ai été très agréablement surprise de constater l'appétit et la grande disponibilité d'esprit d'un amphi archi-bondé pour les questions relatives à la collapsologie et aux débats qu'elle provoque. La première partie de ce séminaire, avant de passer aux alternatives systémiques avec l'écosocialisme, m'a offert la possibilité de reprendre des thèmes qui me sont chers, comme <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/01/05/Anticipations-%281%29-Imaginer-la-pluie">le recours aux fictions post-apocalyptiques et autres dystopies comme lunettes du réel</a>, et d'exposer un nouveau concept sur lequel je travaille pour un futur livre à paraitre au printemps : la <em>dignité du présent</em>. Il y est question de ne pas sacrifier l'éthique en politique à des victoires futures de plus en plus hypothétiques, en s'inspirant par exemple de la "marge humaine" que Romain Gary défend dans Les Racines du Ciel - un monument des années 50 à relire de toute urgence, ou de l'élégante verticalité de l'orchestre du Titanic. En voici l'essentiel.<br />
(Un grand <a href="https://www.youtube.com/watch?v=C33DUeG7QwY">merci à Christine K, grace à qui vous pouvez retrouver en vidéo l'ensemble de nos propos</a>)
<br /></p>
<p><br /></p>
<div align="center">
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</div>
Turquie : la gorge nouée
urn:md5:e5c2bc3084532048141feba101ded15c
2018-06-25T09:58:00+02:00
2018-06-25T09:58:00+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DémocratieInternationalLibertésTurquie
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/IMG_0741.JPG"><img alt="IMG_0741.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.IMG_0741_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="IMG_0741.JPG, juil. 2017" /></a>Malgré des <a href="https://rojinfo.com/elections-en-turquie-et-irregularites/">irrégularités </a>constatées, des <a href="https://www.lepartidegauche.fr/erdogan-refuse-detre-observe/">observateurs internationaux empêchés</a> d'accomplir leur mission, des enveloppes suspectes, des bureaux de vote qui ont été éloignés dans la partie kurde du pays, des <a href="http://www.slate.fr/story/163499/international-turquie-election-presidentielle-24-juin-2018-erdogan-akp-fraude-electorale-reforme-constitutionnelle-changement-loi">modalités de vote et de dépouillement modifiées</a>, malgré les espoirs de l'opposition, Recep Tayyip Erdogan est donc réélu avec plus de 52% dès le premier tour.</p>
<p>Le régime ultraprésidentiel qu'il s'est fait voter par referendum constitutionnel l'an dernier va désormais entrer en vigueur, affaiblissant considérablement le contre-pouvoir du parlement. <a href="http://www.slate.fr/story/134831/turquie-erdogan-democrature">Le Président aura tous les pouvoirs de l'exécutif</a>, il n'y aura plus de Premier Ministre, il pourra gouverner par décret et contrôler le Parlement qui perd son rôle de contrôle de l'exécutif. Son parti l'AKP y aura en outre la majorité grâce à l'alliance nouée avec l’extrême droite nationaliste du MHP qui obtient 11% des voix.</p>
<p>Seule consolation à ce paysage sombre pour la Turquie, la liberté d'expression, la démocratie et l'avenir des kurdes : les scores du HDP. Malgré la répression constante depuis deux ans de ses élus et candidats, malgré la <a href="https://www.nouvelobs.com/monde/20180623.OBS8630/selahattin-demirtas-le-candidat-qui-peut-faire-basculer-le-destin-d-erdogan-depuis-sa-cellule.html">confiscation de son temps de parole dans les médias</a>, son candidat à la présidentielle Selahattin Demirtas, qui a du faire campagne de sa cellule en prison, a réussi le très bon score de 8%, et le HDP dépasse la barre des 10% aux législatives, ce qui lui permettrait de remporter 67 sièges (8 de plus si le résultat est confirmé). En-deça de ce seuil des 10%, il n'aurait eu aucun siège, ceux-ci auraient été redistribués à l'AKP. Le HDP sera donc le troisième parti de l'assemblée.</p>
<p>En janvier, RT Erdogan déclarait lors de sa visite à Emmanuel Macron à propos des purges en Turquie : "<a href="https://www.lci.fr/international/exclusivite-tf1-lci-recep-erdogan-assume-totalement-les-purges-en-turquie-et-affirme-qu-elles-vont-continuer-2075121.html">Ce n'est pas fini (...) Nous condamnerons autant de personnes qu’il sera nécessaire de condamner</a>". Le 10 juin dernier, en meeting, il a promis à ses électeurs de <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/16/selahattin-demirtas-je-continuerai-a-m-opposer-sans-reculer-d-un-pas-quel-qu-en-soit-le-prix-a-payer_5316207_3232.html">faire exécuter Selahattin Demirtas</a>.</p>
<p>Ce matin c'est vers lui, vers les opposants, journalistes, fonctionnaires, enseignants, ONG, universitaires et militants, que se tournent toutes mes pensées.</p>
Un dimanche en Turquie, pour l'espoir et la démocratie
urn:md5:cde531a617366ceb5075fe971e04575a
2018-06-23T10:05:00+02:00
2018-06-23T10:05:00+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DémocratieInternationalLibertésTurquie
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/IMG_0741.JPG"><img alt="IMG_0741.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.IMG_0741_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="IMG_0741.JPG, juil. 2017" /></a>Ce dimanche ont lieu les élections présidentielles et législatives, anticipées, en Turquie. Je suis cette fois empêchée de m'y rendre, mais fière et de tout cœur avec nos camarades du Halkların Demokratik Partisi (HDP). La campagne autour de leur candidat Selahattin Demirtaş, <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/12/04/D%C3%A9part-pour-Ankara-et-le-Caire">depuis la cellule où il est incarcéré</a> depuis presque deux ans, a été impressionante et j'invite chacun à lire <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/16/selahattin-demirtas-je-continuerai-a-m-opposer-sans-reculer-d-un-pas-quel-qu-en-soit-le-prix-a-payer_5316207_3232.html">ce très beau texte paru dans Le Monde</a> : la puissance des mots de Selahattin Demirtaş rappellent avec sensibilité et justesse que l'on peut mêler politique et poésie, ne rien renier de ses convictions, même au fond d'une prison, et combien de causes belles et justes nous avons à porter au niveau européen.</p>
<p>Je signale également cet article <a href="https://t.co/HZKtvnRqC2">"Turquie : Des élections à hauts risques"</a> de Kévin Boucaud-Victoire pour Le Media, dans lequel nous revenons ensemble sur les enjeux militaires et politiques pour le maintien au pouvoir de M. Erdogan, de l'offensive sur Afrin en Syrie aux élections anticipées de ce dimanche en Turquie.</p>
<p>Enfin, alors que deux observateurs internationaux, <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/elections-en-turquie-deux-deputes-allemand-et-suedois-interdits-de-visite_2813165.html">missionnés pour s'assurer du bon déroulement du scrutin, un député de Die Linke et un député Vert Suédois, ont été interdits d'entrée en Turquie</a>, je souhaite belle route à mes camarades Danielle Simonnet, Jean-Christophe Sellin et Simon Berger qui y seront pour le Parti de Gauche en tant qu’observateurs internationaux ! </p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/CP_PG_Turquie_elections.jpg"><img alt="CP_PG_Turquie_elections.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.CP_PG_Turquie_elections_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="CP_PG_Turquie_elections.jpg, juin 2018" /></a></p>
Journée mondiale pour Hasankeyf : les dessous d'un barrage à marche forcée
urn:md5:e50e18ed754dfd2283771f867defd487
2018-04-28T16:15:00+02:00
2018-04-29T11:12:08+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Eau et rivièresEnvironnement biodiversité et pesticidesInternationalTurquie
<p><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px; font-weight: 700;">Il y a un an, le journaliste Mathias Depardon et son accompagnateur Mehmet Arif étaient arrêtés en reportage à Hasankeyf en Turquie, où un projet de barrage menace la cité antique à majorité kurde. Le projet qui devait voir le jour en 2013 est vivement critiqué et les premiers dynamitages diffusés sur les réseaux sociaux l'été dernier ont relancé la mobilisation.</span></p>
<p><span style="color: rgb(32, 34, 34); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">Alors que je rentre juste du Rojava en Syrie, et avant de m'atteler au récit de cette mission incroyablement riche, j'ai tenu à participer à la Journée mondiale d'action qui se tient aujourd'hui pour Sur et Hasankeyf en Turquie, en publiant cet </span><a href="https://blogs.mediapart.fr/c-morel-darleux/blog/280418/journee-mondiale-pour-hasankeyf-les-dessous-dun-barrage-marche-forcee" style="font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">article sur Mediapart "Journée mondiale pour Hasankeyf : les dessous d'un barrage à marche forcée"</a></p> <p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 0px 0px 1.5em; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"> </p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 0px 0px 1.5em; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span class="inter-titre-gris" style="margin-bottom: 0.68182em; line-height: 1.09091; font-style: italic; font-weight: 700; color: rgb(140, 144, 144); font-size: 1.375rem !important;"><span style="font-size: inherit;">Un désastre humain, culturel et environnemental</span></span></p>
<div class="media media-align-left media-image format-50-pcent" style="width: 316px; height: auto; float: left; margin: 0px 10px 10px 0px; clear: both; color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"><span style="font-weight: 700;"><img alt="La cité antique d'Hasankeyf menacée par le barrage d'Ilisu en Turquie © Hasankeyf Senol Demir Flickr CC" class="preview" src="https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/2018/04/28/hasankeyf-senol-demir-flickr-cc.jpg?width=200&height=150&width_format=pixel&height_format=pixel" style="border: 0px; max-width: 100%; width: 316px; word-wrap: break-word; display: block; height: auto;" title="La cité antique d'Hasankeyf menacée par le barrage d'Ilisu en Turquie © Hasankeyf Senol Demir Flickr CC" /><span class="legend" style="display: block; margin-bottom: 0px; border-left: 1px solid rgb(178, 178, 178); padding: 3px 5px 0px; font-size: 0.625em; line-height: 1.4; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; color: rgb(106, 109, 109);">La cité antique d'Hasankeyf menacée par le barrage d'Ilisu en Turquie © Hasankeyf Senol Demir Flickr CC</span></span></div>
<p><span style="font-weight: 700; color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">C’est aujourd’hui 28 avril 2018 la troisième journée mondiale d'action pour Sur et Hasankeyf. La ville d’Hasankeyf, sur les bords du Tigre, a 12.000 ans d’histoire</span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">. Son patrimoine archéologique exceptionnel (monuments assyriens, romains et ottomans, maisons troglodytes millénaires, vestiges d'un pont en pierre et d'une mosquée du 12e siècle...) </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">remplit neuf des dix critères nécessaires à son classement au patrimoine mondial de l’</span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">Unesco</span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">. Comme </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">me </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">le </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">disait</span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"> Ayse Acar Basaran, députée (HDP) de </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">la province de </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">Batman interviewée en septembre </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">dernier </span><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">à Ankara : « </span><i style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">Hasankeyf n’appartient pas seulement au peuple kurde. Des syriaques, turcs, kurdes, arabes, des milliers d’êtres humains ont vécu sur cette terre, et là-bas s’est construite leur histoire</i><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"> ». Malgré l’engagement du gouvernement de déplacer certains de ces monuments, la plupart seraient engloutis par le barrage.</span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">La fédération européenne Europa Nostra pour la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel, partenaire de l’Unesco, a identifié Hasankeyf comme <u><a class="external" href="http://www.europanostra.org/europes-7-endangered-heritage-sites-2016-announced/" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">l’un des sept sites les plus menacés au monde en 2016</a></u>, et publié une <u><a class="external" href="http://www.europanostra.org/europes-7-endangered-heritage-sites-2016-announced/" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">déclaration le 29 juin </a><a class="external" href="http://www.europanostra.org/europes-7-endangered-heritage-sites-2016-announced/" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">2017</a></u> déplorant que la Turquie, membre du Conseil de l’Europe (1), ne respecte pas les conventions de Granada et Valetta qu’elle a pourtant ratifiées respectivement en <a class="external" href="http://www.coe.int/en/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/121/signatures?p_auth=FYyGWORD" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank"><u>1989</u> </a>et <u><a class="external" href="http://www.coe.int/en/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/143/signatures?p_auth=FYyGWORD" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">1999</a></u>.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">Mais au-delà de l’aspect culturel - qui n’a pas non plus suffi à sauver l’enceinte pourtant classée à l’Unesco de la vieille ville de Sur à Diyarbakir dont c'est également la journée mondiale - de nombreux autres problèmes se posent. La construction du barrage signifierait le <span style="font-weight: 700;">déplacement forcé d’au moins 60.000 personnes</span>, qui devraient pour la plupart rejoindre les faubourgs déjà surpeuplés de Diyarbakir ou d’Istanbul. De nombreuses espèces d’oiseaux, de mammifères, les tortues de l’Euphrate déjà en voie d’extinction, seraient menacées.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">On peut imaginer que ce ne soit pas là les principaux motifs d’inquiétude du gouvernement Turc, c’est néanmoins ce qui a conduit au <span style="font-weight: 700;"><u><a class="external" href="https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2009/07/governments-withdraw-financial-support-ilisu-dam-turkey-20090707/" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">retrait, en 2009, des investisseurs européens</a></u> de ce projet de plus de 1,2 milliard d'euros, pour cause de non-respect des normes environnementales et du risque de violations des droits humains</span>.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span class="inter-titre-gris" style="margin-bottom: 0.68182em; line-height: 1.09091; font-style: italic; font-weight: 700; color: rgb(140, 144, 144); font-size: 1.375rem !important;"><span style="font-size: inherit;">Un intérêt économique contesté</span></span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">La compagnie autrichienne Andritz, elle, est cependant restée. Le groupe emploie 25.400 salariés sur plus de 250 sites dans le monde (2). Son résultat net ne cesse de progresser depuis 2013, et près de 10 % de son activité concerne le traitement des eaux usées, ce qui pourrait s’avérer utile in fine. Selon <a class="external" href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2006/09/08/un-barrage-geant-menace-hasankeyf-cite-turque-historique_810986_3244.html" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">Ercan Ayboga, ingénieur hydrologue</a> : « <i>Il y aura de gros problèmes de sédimentation et de pollution de l'eau, chargée en nitrates et en phosphates »</i>. Le barrage réduirait en effet le processus naturel de purification de l’eau du Tigre, et des usines de traitement seraient prévues à Diyarbakir notamment selon un rapport de l’ONG suisse "La Déclaration de Berne" qui insiste sur les <u><a class="external" href="http://www.rivernet.org/turquie/ilisu.htm#Environmental" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">risques de pollution pouvant rendre l’eau impropre à la consommation</a></u>.<span style="font-weight: 700;"> Voilà qui pourrait justifier les intérêts d’investissement d’Andritz dans un projet dont la pertinence économique est critiquée.</span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">Toujours selon <u><a class="external" href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2006/09/08/un-barrage-geant-menace-hasankeyf-cite-turque-historique_810986_3244.html" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">Ercan Ayboga, interrogé par Le Monde en 2006</a></u>, la construction du barrage n'est pas rentable : « <i>En Turquie, 21 % de l'électricité produite est perdue au cours de son </i><i>transport. On peut facilement ramener</i><i> ce taux à 10 % et ainsi économiser quatre fois la production annuelle d'Ilisu</i> », une appréciation confirmée par <u><a class="external" href="http://www.rivernet.org/turquie/ilisu.htm#Lacking" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">la Déclaration de Berne qui souligne également l’absence de toute étude alternative</a></u>.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span style="font-weight: 700;">Le projet semble se faire à marche forcée, malgré son coût important et un refus grandissant. Quitte à déroger à la loi </span>: selon Dicle Tuba Kılıç, coordinatrice fleuves pour l’ONG environnementale Doğa <u><a class="external" href="https://lepetitjournal.com/istanbul/actualites/barrage-dilisu-hasankeyf-est-elle-vraiment-condamnee-disparaitre-82904" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">interrogée en 2013</a></u><a class="external" href="https://lepetitjournal.com/istanbul/actualites/barrage-dilisu-hasankeyf-est-elle-vraiment-condamnee-disparaitre-82904" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">,</a> « <i>le Conseil d’État a décidé d’interrompre la construction du barrage hydroélectrique car aucune évaluation des incidences du projet sur l’environnement n’a été faite. Notre organisation a porté plainte mais suite à ça, le gouvernement a changé la réglementation concernant les travaux hydrauliques afin de compromettre la décision du conseil d’État</i> ».</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span class="inter-titre-gris" style="margin-bottom: 0.68182em; line-height: 1.09091; font-style: italic; font-weight: 700; color: rgb(140, 144, 144); font-size: 1.375rem !important;"><span style="font-size: inherit;">Des enjeux géostratégiques bien réels</span></span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">Au-delà des aspects culturels et économiques, des enjeux éminemment politiques se dessinent, dès lors qu’on regarde la situation géographique du projet situé sur les rives du Tigre qui traverse plusieurs pays jusqu’au Golfe persique. Or <span style="font-weight: 700;">le barrage a été vivement critiqué par l’Irak et la Syrie</span>, qui n’ont pas été consultés et accusent la Turquie de s’approprier les eaux coulant vers leurs territoires frappés par la sécheresse.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">De fait, la Turquie est la seule, avec la Chine et le Burundi, à avoir refusé de voter la convention de 1997 des Nations-Unies concernant les cours d’eau qui traversent plusieurs frontières, et n’hésite pas à revendiquer sa souveraineté sur les eaux du Tigre sans se soucier de l’aval. C’est une des grandes inquiétudes des pays de la zone, qui se propage jusqu’en Iran avec la <u><a class="external" href="https://www.change.org/p/mr-ant%C3%B3nio-guterres-secretary-general-of-the-united-nations-safeguarding-hoor-al-azim-lagoon" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">menace sur la zone humide de Hoor al Azim</a></u>. Tous redoutent l’assèchement de leurs terres.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">Inquiétude légitime, si l’on considère que le réservoir du barrage d’Ilisu a une capacité prévue de plus de 10 milliards de mètres cubes. Ce serait le troisième plus grand projet hydroélectrique de la Turquie, <u><a class="external" href="http://www.lefigaro.fr/international/2016/06/03/01003-20160603ARTFIG00275-naufrage-annonce-sur-les-eaux-du-tigre-turc.php" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">prévu pour fournir 3 % de la production nationale d’électricité, créer 10.000 emplois selon le gouvernement, et irriguer 1,7 million d'hectares de terres</a></u>... Côté turc.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">Selon Dicle Tuba Kılıç, « <i>les voisins de l’Irak ne sont pas contre. De leur point de vue, ce serait un bon moyen d’affaiblir l’Irak sachant qu’ils sont en négociations avec ce pays dans le but de régler de nombreux problèmes y compris celui concernant la répartition de l’eau</i> ».</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span class="inter-titre-gris" style="margin-bottom: 0.68182em; line-height: 1.09091; font-style: italic; font-weight: 700; color: rgb(140, 144, 144); font-size: 1.375rem !important;"><span style="font-size: inherit;">… En plein territoire kurde</span></span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">De l’avis de plusieurs observateurs, la politique de grands travaux de M Erdogan cache donc des enjeux géostratégiques clés dans la Région, en lien avec l’accès à l’eau mais aussi au territoire même dans lequel se situe Hasankeyf : le Kurdistan turc. Comme le souligne Ayse Acar Basaran : « <i><span style="font-weight: 700;">Ce sont des barrages de guerre</span></i><i>, c’est-à-dire que dans leur idée, ils vont construire un barrage partout là où la guérilla passe, pour qu’elle ne puisse plus passer </i>». Selon la députée, M. Erdogan utiliserait ce type de travaux pour ouvrir des passages militaires : «<span style="font-weight: 700;"> <i>Ces passages vont jusqu’au sommet des montagnes, loin, pour qu’ils puissent y emmener leurs militaires, y installer des postes de contrôle, et y intensifier le conflit </i>».</span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">La construction du barrage serait un moyen de faire pression sur les Kurdes, et d’entraver la guerilla dans cette région montagneuse marquée par les combats avec le PKK. Selon Dicle Tuba Kılıç toujours,<span style="font-weight: 700;"> « </span><i>Si nous arrivons à prouver que le PKK ne se sert pas des montagnes où doit être construit le barrage comme lieu de passage entre le Turquie et l’Irak, nous arriverons peut-être à prouver que la construction du barrage n’est pas nécessaire </i>».</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">L’armée turque a également été accusée l’été dernier par des représentants de la société civile de <span style="font-weight: 700;">provoquer des <u><a class="external" href="https://anfenglish.com/kurdistan/fire-devours-dersim-s-nature-don-t-keep-silent-21493" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">incendies pou</a></u></span><span style="font-weight: 700;"><u><a class="external" href="https://anfenglish.com/kurdistan/fire-devours-dersim-s-nature-don-t-keep-silent-21493" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">r « nettoyer » les montagnes kurdes de Dersim</a></u> s</span>ous couvert d’opération « anti-drogues » ou « anti-terroristes », et des témoignages rapportent que<span style="font-weight: 700;"> les habitants ont été dissuadés d’intervenir pour combattre les flammes</span>, <u><a class="external" href="http://www.kedistan.net/2016/06/27/des-incendies-fierte-du-ministre/" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">comme en 2016</a></u>.</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span class="inter-titre-gris" style="margin-bottom: 0.68182em; line-height: 1.09091; font-style: italic; font-weight: 700; color: rgb(140, 144, 144); font-size: 1.375rem !important;"><span style="font-size: inherit;">Premiers dynamitages et mobilisation</span></span></p>
<div class="media media-align-left media-image format-50-pcent" style="width: 316px; height: auto; float: left; margin: 0px 10px 10px 0px; clear: both; color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"><img alt=" © Twitt de ismail gezgin 14 aout 2017 @gezgin_ismail" class="preview" src="https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/2018/04/28/rwittdynamitagehasankeyfi.jpg?width=108&height=180&width_format=pixel&height_format=pixel" style="border: 0px; max-width: 100%; width: 316px; word-wrap: break-word; display: block; height: auto;" title=" © Twitt de ismail gezgin 14 aout 2017 @gezgin_ismail" /><span class="legend" style="display: block; margin-bottom: 0px; border-left: 1px solid rgb(178, 178, 178); padding: 3px 5px 0px; font-size: 0.625em; line-height: 1.4; font-family: Arial, Verdana, sans-serif; color: rgb(106, 109, 109);">© Twitt de ismail gezgin 14 aout 2017 @gezgin_ismail</span></div>
<p><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">Malgré l’état d’urgence décrété par M. Erdogan qui interdit tout rassemblement public et manifestations, la mobilisation reste active. </span><u><a class="external" href="http://www.hasankeyfgirisimi.net/?p=520" style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;" target="_blank"><span style="font-weight: 700;">L'Initiative pour sauver Hasankeyf</span></a></u><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"> regroupe 56 maires de la région, des scientifiques, des ingénieurs et des ONG ; plusieurs documentaires ont été réalisés ; des sites recensent les actions et argumentaires disponibles. Et </span><u><a class="external" href="http://www.hasankeyfgirisimi.net/?p=508" style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;" target="_blank">les images des premiers dynamitages postées il y a quelques mois sur les réseaux sociaux</a></u><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"> ont accéléré la diffusion de l’information. </span><u><a class="external" href="http://observers.france24.com/fr/20170830-turquie-village-hasankeyf-kurde-explosif-tigre-barrage-ilisu" style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;" target="_blank">Le député HDP Mehmet Ali Aslan a déclaré aux Observateurs de France 24</a></u><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"> : « </span><i style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">Quand j’ai vu les vidéos sur les réseaux sociaux, j’ai d’abord cru que c’était Daech en train de détruire Palmyre. J’étais sous le choc</i><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;"> ». Il s’est symboliquement </span><u><a class="external" href="https://twitter.com/HDPenglish/status/898181174673248257" style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;" target="_blank">enchaîné à la roche pour protester</a></u><span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px;">. La préfecture de Batman a quant à elle nié l’utilisation d’explosifs, malgré les vidéos attestant du contraire.</span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">Tous les ingrédients semblent réunis pour mobiliser l’opinion internationale. A Ankara en septembre dernier, Ayse Acar Basaran concluait ainsi notre entretien : « <i>Dernièrement, Monsieur Erdogan a déclaré à la télévision « quoi qu’il arrive je terminerai ce barrage », et il veut que ce barrage s’achève. C’est pourquoi <span style="font-weight: 700;">nous lançons un appel aux peuples : venez pour que nous soyons les gardiens de cette Histoire, ce n’est pas seulement l’Histoire des kurdes, c’est celle de tous.</span> (…) De la même façon que nos ancêtres, les peuples qui nous ont précédés, nous ont légué cette terre après y avoir vécu, et ont préservé l’Histoire jusqu’aujourd’hui, nous pouvons nous aussi léguer cette Histoire à nos descendants et empêcher qu’elle soit noyée</i> ».</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"> </p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><span style="font-weight: 700;"><i>Notes :</i></span></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><u><a href="http://www.mathiasdepardon.com/goldrivers">Première série de reportages de Mathias Depardon réalisée en 2012</a></u></p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;">(1) Malheureusement le Rapport d'information du parlement européen : « <i>Aspects culturels du projet relatif au barrage d’Ilisu - Turquie</i> » aboutit à une page "Erreur 404".</p>
<p style="word-break: break-word; color: rgb(32, 34, 34); margin: 1.5em 0px; line-height: 1.5; font-size: 16px; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif;"><a class="external" href="http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2014/01/31/La-moitie-des-salaries-d-Andritz-en-greve-1777963" style="color: rgb(0, 0, 0); word-break: break-word;" target="_blank">(2)<u> et licencie en France...</u></a></p>
Témoignage de retour du Brésil : Lula vs Bolsonaro, Marielle Franco et les Sans Terre
urn:md5:200af8c432f7b553cd1e5791fbd58422
2018-04-06T13:25:00+02:00
2018-04-07T08:28:18+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DémocratieInternationalLibertés
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/DSC_0223.JPG" title="DSC_0223.JPG"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.DSC_0223_s.jpg" alt="DSC_0223.JPG" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="DSC_0223.JPG, avr. 2018" /></a> <strong>Bonus - Edit : Le journal de 20h du Média s'est ouvert hier soir sur la situation explosive au Brésil, <a href="https://www.lemediatv.fr/les-programmes/le-journal/06-avril-2018-incarceration-de-lula-retention-des-mineurs-mobilisation-sociale/">retrouvez mon interview sur Le Media ici</a> </strong><em></em></p>
<p>J'étais le mois dernier au Brésil pour le Forum social mondial qui s’est tenu à Salvador de Bahia, et je voudrais revenir de manière plus large sur la situation politique au Brésil qui est en train de s'accélérer avec le mandat de dépôt requis moins de 24h après le rejet de l'Habeas Corpus à l'encontre de <a href="https://mobile.francetvinfo.fr/monde/bresil/bresil-six-questions-pour-comprendre-pourquoi-lula-pourrait-aller-en-prison_2690628.html#xtref=https://www.google.com/">Lula, menacé de douze ans d'emprisonnement</a>. Un jugement amplement partial dénoncé par de nombreux juristes internationalement. Lula bénéficie d'un fort soutien populaire, comme on a pu le voir avec mon camarade et député Eric Coquerel lorsque nous avons été à ses côtés dans différentes réunions organisées en marge du FSM. Il représente un projet d’espoir dans un Brésil marqué si durement par les politiques libérales et où la montée des violences est de plus en plus préoccupante.</p>
<p>Pendant ce FSM, nous avons notamment organisé un atelier qui a réuni 200 personnes sur l’écosocialisme avec Alternatives et la Fédération des travailleurs du Québec mais aussi des partenaires d’ONG et de mouvements politiques brésiliens comme le PSOL dont était membre Marielle Franco. Militante noire, féministe, homosexuelle, socialiste, élue municipale issue des favelas et membre d’une commission d’enquête sur la militarisation de Rio, <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-internationaux/une-elue-bresilienne-assassinee-victime-de-la-politique-securitaire">Marielle Franco a été assassinée à Rio le 15 mars</a>, au tout début du Forum, ce qui a suscité une vive émotion et beaucoup de colère.</p>
<p>Cette violence qui s’exprime aujourd’hui au Brésil s’est également manifestée quelques jours plus tard par des tirs à balles réelles sur la caravane de la campagne présidentielle de l’ancien président Lula. Lula est en tête des sondages pour cette élection présidentielle et son emprisonnement laisserait la voie libre à un autre candidat, placé deuxième à 15-20% dans les enquêtes d’opinion : Jair Bolsonaro. Une sorte de Trump à la Brésilienne, dont certains disent que « à côté, Marine le Pen c’est Mamie Nova » : ancien militaire durant la dictature au Brésil, Jair Bolsonaro se réfère à un « appel divin », réclame plus de liberté sur les armes pour lutter contre la criminalité, déclare que « un bon bandit est un bandit mort », et <a href="https://www.bastamag.net/Raciste-homophobe-pro-torture-Bolsonaro-l-ancien-militaire-qui-pourrait-devenir">disait à propos d’une élue du Parti des Travailleurs (PT) en 2014 qu’il « ne la violerait pas parce qu’elle ne le mérite pas »</a>.</p>
<p><a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Chico_Mendes.jpg" title="Chico_Mendes.jpg"><img src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Chico_Mendes_s.jpg" alt="Chico_Mendes.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chico_Mendes.jpg, avr. 2018" /></a>Il faut se souvenir aussi que Marielle Franco n’est hélas que la partie immergée d’un iceberg de militants tombés sous les balles. La violence s’exerce depuis des années sur les activistes au Brésil, notamment ceux qu’on appelle les « sans terre », des paysans qui luttent contre la mainmise des riches propriétaires terriens. Depuis Chico Mendes, syndicaliste, seringueiro et défenseur de la forêt Amazonienne qui avait une tente à son nom au FSM, assassiné en 1988 sur ordre d’un riche éleveur, la liste ne cesse de s’allonger. En 2016, selon Global Witness, 49 militants de l’environnement ont été assassinés au Brésil, principalement dans la forêt Amazonienne.</p>
<blockquote><p>Marielle Franco*, 14/03/2018 - vereadora do Rio, líder na luta feminista e pelos direitos humanos - assassinada *Paulo Sérgio Almeida* Nascimento 13/03/2018 – líder comunitário no Pará – assassinado *Márcio Oliveira Matos*, 26/01/2018 – líder do MST na Bahia – assassinado *Leandro altenir Ribeiro Ribas*, 19/01/2018 – Líder Comunitário no RS – assassinado *Jefferson Marcelo*, 04/01/2018, Líder comunitário no RJ – assassinado *Carlos Antonio dos Santos (carlão)*, 08/02/2018 – líder movimento agrário Mato Grosso – assassinado *José Raimundo da Mota de Souza Júnior* 13/07/2017 – líder quilombola/MST bahia – assassinado *Eraldo Lima Costa e Silva*, 20/06/2017 – líder MST Recife – assassinado *George de Andrade Lima Rodrigues*, 23/02/2018 – líder comunitário Recife – assassinado *Luís César Santiago da Silva (“cabeça do povo”)*, 15/04/2017 – líder sindical Ceará – assassinado *José Bernardo da Silva*, 27/04/2016 – líder do MST Pernambuco – Assassinado *Paulo Sérgio Santos*, 08/07/2014 –</p></blockquote>
<p>Ne les oublions pas. J'y reviendrai très prochainement dans deux chroniques, en vidéo avec Là-bas si j'y suis, et par écrit sur Reporterre. En attendant si vous souhaitez soutenir Lula, une <a href="https://www.change.org/p/nobel-de-la-paz-para-lula-da-silva">pétition a été lancée par l'ancien Prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel</a>. Au Brésil la résistance s'organise et des cars convergent vers Sao Bernardo et le syndicat des métallos où se trouve Lula, cette vidéo a été tournée dans la nuit, les slogans : Lula Libre et Lula vaut le coup de la lutte #LulaLivre #LulaValeALuta</p>
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Des paradis, des pavés, Nicole Briend et l'enfer de la BNP
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2018-02-05T17:32:00+01:00
2018-02-05T17:32:00+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
Budgets dette et austéritéEmmanuel MacronFiscalité impôts et TVAMilitantisme désobéissance et résistances
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/prodelevasion.jpg"><img alt="prodelevasion.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.prodelevasion_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="prodelevasion.jpg, fév. 2018" /></a><em><strong>Rappel du contexte à J-1 du <a href="https://france.attac.org/se-mobiliser/6-fevrier-2018-proces-de-nicole-a-carpentras/">procès de Nicole Briend, militante d'Attac à Carpentras</a>, que nous suivrons en direct demain dans la salle d’audience avec Annick Coupé et Florent Compain. C’est le troisième procès de Faucheurs de chaises après celui de Jon Palais de Bizi et de Florent Compain des Amis de la Terre. Nous demandons #RelaxePourNicole et #JusticeFiscale.</strong></em></p>
<p>La BNP Paribas poursuit Nicole Briend pour avoir fauché trois chaises - <a href="https://www.rue89lyon.fr/2016/01/20/faucheurs-de-chaises-je-veux-bien-faire-de-la-garde-vue-si-le-patron-de-hsbc-en-fait-aussi/">comme nous l'avions fait à Lyon</a>. Faits de vol en réunion et refus de donner ses empreintes ADN : elle risque 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Pour avoir alerté sur l‘évasion fiscale... Mais #QuiVoleQui ? Les militants et lanceurs d’alerte qui dénoncent l'évasion fiscale, ou les banques et les multinationales qui l’organisent ? Les vrais coupables sont ailleurs : BNP Paribas est la banque française qui a le plus de filiale dans les paradis fiscaux. Elle a déjà été condamnée à plusieurs reprises, notamment en juin 2017 à 38 millions d’euros pour avoir organisé des dispositifs d’évasion fiscale entre la City à Londres et des paradis fiscaux.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/redressementbnp.jpg"><img alt="redressementbnp.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.redressementbnp_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="redressementbnp.jpg, fév. 2018" /></a>Et que fait le gouvernement ? Il joue les gros bras, en disant qu’il veut <a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/02/01/fraude-fiscale-une-nouvelle-loi-avant-l-ete_5250078_823448.html#eJi0omOSeWo4C2lu.99">publier les noms des gros fraudeurs et créer une « police fiscale »</a> à Bercy... après avoir soigneusement allégé les impôts des grandes entreprises et des plus riches avec sa réforme de l'impôt sur la fortune et la "flat tax". Euh, Monsieur Macron, comment dire... Les noms des fraudeurs et de leurs complices il n’y a pas besoin de chercher, on les connaît hein : Dassault, Total, Nike, Google, AirBnB, Apple, avec l’aide de HSBC ou de BNP Paribas (<em>la banque d’un monde qui change</em>, ou pas). A eux tous ils nous coûtent 80 milliards qui ne vont pas dans les caisses de l’État. L’équivalent du budget de l’Éducation Nationale, de quoi créer 2 millions d’emplois, d’isoler 2,8 millions de logements, de financer un paquet d’Ehpad, ou encore 150 fois les « économies » faites par Monsieur Macron sur le dos des gens en baissant les aides au logement.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/UE_Oxfam.jpg"><img alt="UE_Oxfam.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.UE_Oxfam_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="UE_Oxfam.jpg, fév. 2018" /></a>Au niveau européen, ce n’est pas mieux : l’évasion fiscale nous coûte 2 000 milliards, soit 20 fois la somme nécessaire pour un fonds vert mondial d’adaptation au climat. Selon l’ONG Oxfam, 9 des 15 premiers paradis fiscaux au monde sont membres ou associés à un État de l’Union Européenne.</p>
<p>Et que fait l’UE ? Elle publie une liste officielle des paradis fiscaux. Mais oh ? Mince. Ni Malte, ni l’Irlande, ni le Luxembourg, ni Jersey, ni les Pays-Bas n’y figurent. Aucun de ses États.</p>
<p>Et pour les autres pays sur la liste, aucune sanction n’est prévue.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/blacklist_UE.jpg"><img alt="blacklist_UE.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.blacklist_UE_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="blacklist_UE.jpg, fév. 2018" /></a></p>
<p>Faut-il à ce stade rappeler que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a lui-même reconnu avoir « négligé » de faire en sorte que la concurrence fiscale soit « équitable » quand il était Premier ministre du Luxembourg ?</p>
<p>Les fameuses #LuxLeaks... Ceci expliquerait-il cela ?</p>
<p>Les solutions, pourtant, depuis le temps tout le monde les connaît : faire sauter le « verrou de Bercy » qui impose l’accord du ministère des Finances pour engager des poursuites judiciaires, renforcer les effectifs des services douanes et impôts, taxer les bénéfices des multinationales là où ils sont réalisés, créer un délit d’incitation à la fraude fiscale pour les cabinets d’avocats spécialisés, retrait de licence des banques qui organisent l’évasion fiscale, sanctions économiques et financières des paradis fiscaux, taxation différentielle des français où qu’ils résident (impôt universel)… <a href="https://avenirencommun.fr/carte-programme/fraude-evasion-fiscale/">Des idées on n’en manque pas, par exemple là, dans le programme de la France Insoumise</a>.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/fauchagedechaises.jpg"><img alt="fauchagedechaises.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.fauchagedechaises_s.jpg" style="float: left; margin: 0px 1em 1em 0px;" title="fauchagedechaises.jpg, fév. 2018" /></a></p>
<p>Écoles, Ehpad, hôpitaux, gares… L’argent existe donc, et maintenant on sait où il est. Il faut juste un peu de courage politique pour s’y attler sérieusement. Nicole Briend a eu celui de dénoncer. Monsieur Macron, on vous a filé les idées. Maintenant, puisque vous êtes président (soupir) : à vous d’aller le chercher. </p>
<p>Enfin, ce procès est aussi celui d’une bataille culturelle. L’impôt doit retrouver sa fierté redistributive, celle de la participation de tous au bien commun : de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.</p>
<p><a href="https://avenirencommun.fr/carte-programme/impots/">L’impôt ne punit pas, il partage</a>.</p>
<p><strong>Ah, et pour finir de mettre les points sur les i : Les chômeurs ne sont pas des fraudeurs. Les bénéficiaires du RSA ne sont pas des assistés. Les fonctionnaires ne sont pas des fainéants. Nicole Briend est une lanceuse d’alerte. Elle ne doit pas être condamnée. #RelaxePourNicole</strong></p>
<p>A demain !</p>
Afrin, Erdogan, Turquie : démêler tout ça pour agir
urn:md5:b1376a75afcec7a22fdfb6718fedc80f
2018-02-04T16:51:00+01:00
2018-02-05T07:40:20+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DémocratieInternationalLibertésMilitantisme désobéissance et résistancesTurquie
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/GrosAfrin.jpg"><img alt="GrosAfrin.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.GrosAfrin_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="GrosAfrin.jpg, fév. 2018" /></a>C'est toujours un soulagement quand un journaliste vient confirmer une analyse et la formuler plus finement et sûrement qu'on ne saurait le faire. C'est le cas avec cet excellent papier sur les ressorts politiques de l'attaque turque à Afrin : <a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/030218/avec-l-offensive-en-syrie-la-democratie-turque-connait-un-nouveau-recul?onglet=full">"Avec l’offensive en Syrie, la démocratie turque connaît un nouveau recul" de Nicolas Cheviron</a> sur Mediapart. J'en profite pour faire ce billet, car depuis des semaines il est difficile de s'y retrouver pour celles et ceux qui ne suivent pas particulièrement ce qui se passe en Turquie ou en Syrie. Et parce que la situation en arrive au point où chacun doit être informé, dessillé, pour pouvoir agir.</p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><em>En résumé : l<span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">e président Erdogan a tout à gagner, à un an des élections générales en Turquie, à entretenir un contexte de conflit militarisé, plus favorable à une "stabilité" du régime en place. L'offensive contre Afrin a pour objectif de couper toute possibilité de rapprochement du Rojava, redouté par Erdogan. Effet bonus, cela lui permet de museler l'opposition et sous couvert de lutte contre le terrorisme de décimer les rangs du HDP, troisième force politique du pays. </span></em></p>
<p class="TX" style="margin: 1.5em 0px; color: rgb(0, 0, 0); font-family: arial, sans-serif; font-size: 14px;">L'état-major turc a lancé le 20 janvier l'opération "Rameau d'olivier" (sic) contre les kurdes de la région d'Afrin en Syrie. Une opération terrestre a été initiée avec l'aide de milices djihadistes et <a href="http://www.rojinfo.com/offensive-turque-a-afrin/">d'anciens d'al Qaeda</a>. Des bombardements par l'armée turque ont fait plusieurs morts dans cette région déjà violemment endeuillée par Daech et la guerre en Syrie : Afrin était un des derniers havres de paix de la zone et de nombreux syriens, kurdes et arabes, de toutes nationalités, religions et cultures s'y étaient réfugiés. Un camp de 20.000 réfugiés a été bombardé causant de nombreuses victimes, principalement des femmes et des enfants, dont beaucoup de réfugiés d’Idlib.</p>
<blockquote>
<p>"Nous avons combattu pour notre démocratie. Maintenant la Turquie veut la détruire" <a href="https://t.co/5umzbm5E4z">écrit Nujin Derik, Unités de protection des femmes, à Afrin en Syrie</a> qui accuse l'armée turque de s'allier avec des 'gangsters islamistes" "affiliés à Al-Qaida".</p>
</blockquote>
<p class="TX" style="margin: 1.5em 0px; color: rgb(0, 0, 0); font-family: arial, sans-serif; font-size: 14px;">Il faut rappeler que le canton d'Afrin est <a href="https://t.co/hpTAAzkpGT">un des premiers (et seuls) lieux en Syrie à avoir échappé en 2012 au contrôle de Bachar el Assad</a>, créant ses propres écoles et systèmes de sécurité. Il fait partie du "kurdistan syrien", le Rojava, qui défend un projet social multi ethnique, de laïcité et de féminisme précieux au Moyen Orient, sur la base du <a href="https://t.co/5sbF7UZsU6">confédéralisme démocratique de l'écologiste Murray Bookchin</a>.</p>
<p class="TX" style="margin: 1.5em 0px; color: rgb(0, 0, 0); font-family: arial, sans-serif; font-size: 14px;">Il faut surtout rappeler que les unités kurdes d'Afrin et du Rojava ont été en première ligne dans la lutte contre Daech, de Kobane à Raqqa, avec le soutien de la coalition internationale. Celle-ci ne peut aujourd'hui détourner les yeux de cette attaque contre ses anciens alliés, à des fins de "nettoyage" ethnique selon les propres termes de M Erdogan, qui n'hésite pas à museler les réseaux sociaux et à emprisonner en Turquie depuis plusieurs jours celles et ceux qui opposent aux bombardements sur Afrin des messages de paix.</p>
<p class="TX" style="margin: 1.5em 0px; color: rgb(0, 0, 0); font-family: arial, sans-serif; font-size: 14px;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ZeroCalcareAfrin.jpg"><img alt="ZeroCalcareAfrin.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ZeroCalcareAfrin_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ZeroCalcareAfrin.jpg, fév. 2018" /></a>Pourtant on assiste à une apathie spectaculaire de la "communauté internationale" (si une telle chose existe). On attend toujours que la France condamne fermement l'agression turque sur Afrin, exprime sa pleine solidarité aux populations touchées et demande l'arrêt immédiat de l'invasion turque sur le sol syrien et le retrait des troupes turques de Syrie. On attend toujours que les Nations Unies et la coalition anti-Daech prenne des mesures urgentes d’interdiction aérienne pour protéger Afrin des bombardements,et mette en place des zones de sécurité au nord de la Syrie pour apporter une solution à la crise syrienne. Et on n'entend que de <a href="https://www.rtbf.be/info/monde/detail_offensive-turque-en-syrie-pas-de-condamnation-du-conseil-de-securite?id=9818975">pathétiques "appels à la retenue"</a>.</p>
<p class="TX" style="margin: 1.5em 0px; color: rgb(0, 0, 0); font-family: arial, sans-serif; font-size: 14px;"><span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif;">Au-delà de ce qu'on en sait déjà, et de la volonté affichée de "nettoyage" de M Erdogan dans cette zone du Rojava, l'opération "Rameau d'olivier" (sic) a également pour objectif de récupérer ce territoi</span><span class="text_exposed_show" style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: inherit; display: inline;">re pour y remettre les réfugiés syriens actuellement en Turquie (et pour lesquels l'Union européenne paye la Turquie, au passage). Elle permet surtout à M Erdogan de prolonger l'état d'urgence en Turquie, de redorer le blason de l'armée et de se poser en leader politico-militaire, à un an des élections générales qui vont se tenir en mars (élections locales) et novembre 2019 (législatives et présidentielles). "Rien de tel qu'une bonne guerre pour resserrer les rangs".</span></p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><span class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: inherit;"><a href="https://t.co/E551JeO3LJ">J'ai posé la question sur Regards à Bernard Bolze</a>, de Prison Insider et co-fondateur de l'Observatoire international des prisons. <a href="https://t.co/QYr3NRqCZZ">Sa réponse est claire</a> : Plus de 55.000 opposants ont été incarcérés en Turquie en quelques mois, la politique pénale de M Erdogan est insupportable. Mais elle n'est évidemment ni fortuite, ni gratuite. Car c</span><span style="font-family: inherit;">erise sur le gâteau, tout ça permet à l'AKP au pouvoir de resserrer encore la répression sur le seul parti qui résiste encore aux sirènes de l'"union nationale" et continue à dénoncer les bombardements de civils à Afrin : le </span><a class="profileLink" data-hovercard="/ajax/hovercard/page.php?id=1407664829448583&extragetparams=%7B%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" href="https://www.facebook.com/HDPgenelmerkezi/?fref=mentions" style="font-family: inherit; color: rgb(54, 88, 153); cursor: pointer; text-decoration-line: none;">Halkların Demokratik Partisi – HDP</a><span style="font-family: inherit;">. Ses dirigeants, députés et élus - comme<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/12/04/D%C3%A9part-pour-Ankara-et-le-Caire"> Figen Yuksekdag et Selahattin Demirtas dont je vous ai déjà parlé maintes fois pour être allée observer leurs procès à Ankara</a> - sont désormais majoritairement en prison. C'est une véritable purge politique qui est en cours pour priver le HDP de ses cadres et futurs candidats aux élections. Une bonne opération pour M Erdogan si on se souvient qu'aux dernières législatives le HDP était arrivé troisième force politique du pays, et qu'il est désormais la seule force d'opposition progressiste, laïque, féministe et démocratique en Turquie.</span></p>
<div class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;">Voilà. On en est arrivés à un point en Turquie où un simple retwitt peut vous valoir une garde à vue de 4 jours. Où des médecins sont arrêtés pour avoir appelé, au nom de leur serment de protéger la vie, à l'arrêt des combats. Où le Premier Ministre turc convoque la presse pour lui dicter le petit Manuel du bon "journalisme patriotique" en 15 points. (<a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/030218/avec-l-offensive-en-syrie-la-democratie-turque-connait-un-nouveau-recul?onglet=full">tout est là</a>)</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;"> </p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/AcortConcert.jpg"><img alt="AcortConcert.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.AcortConcert_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="AcortConcert.jpg, fév. 2018" /></a>Alors depuis fin janvier, les manifestations de solidarité se succèdent aux quatre coins du pays, des tribunes et pétitions sont lancées, les réseaux sociaux relayent faits d'armes et atrocités, et on suit les événements au jour le jour, avec énormément de gravité.</p>
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;"><strong>Voici quelques liens pour celles et ceux qui voudraient joindre leur voix pour exprimer leur solidarité et appeler la Turquie à cesser les combats.</strong></p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><a href="https://t.co/piA5gUnkm7" style="font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Appel féministe de solidarité avec les femmes du Rojava</a></p>
<div class="text_exposed_show" style="display: inline; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">
<p style="margin: 6px 0px; font-family: inherit;"><a href="https://www.change.org/p/united-nations-pour-l-arr%C3%AAt-imm%C3%A9diat-de-l-invasion-d-efrin-par-les-troupes-turques">Pétition pour l'Arrêt immédiat de l'invasion d'Afrin par les troupes turques</a></p>
</div>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><a href="https://t.co/NfO6I8236f">Tribune collective de soutien parue dans l'Humanité</a> et <a href="https://t.co/0q6hrxtN3H">relayée à l'international </a></p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;">Et si vous êtes à Paris le 10 février, des tables rondes avec de précieux invités et un concert de solidarité sont organisés par l'ACORT à la salle Olympe de Gouges, à partir de 17h. Venez nombreux.</p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"> </p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41); font-size: 14px;"><strong><em>Illustrations</em> : <a href="https://fr-fr.facebook.com/pg/lesdessinsdegros/about/?ref=page_internal">Les dessins de Gros</a> et <a href="http://www.zerocalcare.it/">ZeroCalcare</a> l'auteur de l'excellentissime Kobane Calling.</strong></p>
</div>
Kafka à Ankara
urn:md5:26a474f71a2a95689b1e02aea79d9e0e
2017-12-15T14:13:00+01:00
2017-12-15T14:13:00+01:00
corinne morel darleux
De la politique en général
DémocratieInternationalLibertésMilitantisme désobéissance et résistancesTurquie
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/arriveepolis.JPG"><img alt="arriveepolis.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.arriveepolis_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="arriveepolis.JPG, déc. 2017" /></a>Pour la troisième fois en l’espace de quelques mois, j'étais de nouveau ces 6 et 7 décembre en délégation internationale en Turquie à Ankara.</strong> Avec mon camarade Jean-Christophe Sellin nous participions à la mission d’observation internationale des procès politiques des deux députés et anciens co-présidents du HDP, Figen Yuksekdag et Selhattin Demirtas. Le HDP est la troisième force politique du pays, son programme défend la laïcité, le féminisme, le socialisme, l’écologie et la démocratie en Turquie. <strong>Figen Yuksekdag et Selahattin Demirtas sont détenus depuis plus d’un an. Ils risquent respectivement 83 et 142 ans de prison. </strong>(<a href="https://t.co/dnEp2LZtIK">papier assez complet de France 24</a>)</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/PrisonSincan.JPG"><img alt="PrisonSincan.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.PrisonSincan_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="PrisonSincan.JPG, déc. 2017" /></a>Nous étions déjà présents à la première audience du <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/07/08/La-mission-en-Turquie-ne-s-est-pas-d%C3%A9roul%C3%A9e-comme-pr%C3%A9vu.-R%C3%A9cit">procès de Figen Yuksekdag le 4 juillet</a>, puis à nouveau le 18 septembre. Par deux fois la délégation internationale d’observateurs internationaux dont le Parti de Gauche et le PGE faisaient partie a été<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/09/23/Interdite-d%E2%80%99acc%C3%A8s-au-proc%C3%A8s-de-Figen-Yuksekdag-%3A-la-Turquie-de-M-Erdogan-r%C3%A9cidive"> interdite d’accès sur intervention de la présidence de la République de Monsieur Erdogan</a>, au mépris des conventions internationales et des textes de l’OSCE, pourtant ratifiés par la Turquie.</p>
<p>Cette fois encore nous n'avons pas échappé à la règle de l'arbitraire qui règne en Turquie. <strong>Après des heures glaciales d’ordres et de contre-ordres kafkaïens et malgré l’accord de la Cour, la police turque a refusé de laisser entrer les délégations internationales </strong>composée d'élus, de journalistes et d'avocats, tout comme les diplomates des ambassades de France, de Suisse, du Luxembourg notamment : tous bloqués devant la prison de Sincan, à 70 kilomètres d'Ankara, où se déroulent désormais tous les procès des députés du HDP.</p>
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/cartesbrandies.JPG"><img alt="cartesbrandies.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.cartesbrandies_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="cartesbrandies.JPG, déc. 2017" /></a></strong>Cette fois, cherchant à tester différentes stratégies pour enfin pouvoir assister aux audiences, nous avions pourtant officiellement déposé une demande d’accréditation auprès des autorités turques en France. L'ambassade de Turquie nous a confirmé ce que nous savions déjà : il n'existe pas de procédure d'accréditation pour assister aux procès en Turquie. Contrairement à ce qui nous sera opposé sur place par les forces de police turque. C'est la Cour qui décide. Officiellement. Car cette fois encore, par deux fois, la Justice a autorisé notre présence, et par deux fois un cordon de policiers lourdement armés nous a bloqué l'entrée.</p>
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/confpressedelegs.JPG"><img alt="confpressedelegs.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.confpressedelegs_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="confpressedelegs.JPG, déc. 2017" /></a>Les procès de Figen Yukeskdag et de Selahattin Demirtas ont été respectivement reportés au 20 et au 14 février</strong>. Toutes les demandes de la Défense ont été rejetées, dont la remise en liberté conditionnelle. Figen Yuksekdag, comme Selahattin Demirtas, reste emprisonnée. Peine requise contre elle : la réclusion à perpétuité aggravée, en cellule d'isolement, visites limitées à sa famille tous les deux mois.</p>
<p>Autant vous dire que face à l'inquité de ces procès, dont les actes d'accusation reposent essentiellement sur des discours, des interviews, des appels à corridor humanitaire au Rojava ou la qualification de "massacres" des bombardements de civils à Diayrbakir, tous les obstacles mis pour nous décourager ne nous empêcheront pas d’être présents, encore et encore, pour réclamer le droit à des procès équitables, publics, et nous placer aux côtés de celles et ceux qui défendent le droit et les libertés en Turquie<em>.</em></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diner.JPG"><img alt="Diner.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diner_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diner.JPG, déc. 2017" /></a>Parce que notre présence est utile, et mobilise l'opinion à la fois turque mais surtout internationale. Elle participe au rapport de force et à la pression mise sur le régime Erdogan. Elle réchauffe surtout les camarades qui luttent là-bas et y prennent tous les risques. Car eux restent, quand nous repartons.</p>
<p>Alors nous ne comptons pas le temps sur place : rencontre très intéressante avec l'ambassadeur de France en Turquie, qui place dans le même mouvement d’atteinte à la liberté d’expression la répression générale en Turquie a l’encontre des universitaires, journalistes et députés du HDP ; conférence de presse ; réunions avec les avocats de la défense ; communication sur les réseaux sociaux pour rendre compte de ce que nous voyons et vivons en direct ; interviews avec une radio allemande, une télévision kurde et des médias indépendants trucs, comme celle-ci où il est question du Rojava, des combattants kurdes en Syrie, d’Öcalan et de Murray Bookchin, et de la conception de M Erdogan de la justice et de la démocratie en Turquie : <a href="https://t.co/xUiZJFS0Jf">« Fransız siyasetçi: Rojava hayal ettiklerimizin yaşatıldığı bir yer: Fransa Sol Parti üyesi Corinne Morel Darleux, Rojava’nın sosyalist hareketin bütün hayallerinin hayata geçirildiği bir yer haline geldiğine söyledi. Darleux, batılı güçlerin de sadece… »</a> (<a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/12/04/bit.ly/2kYlDFb">Traduction (très) approximative ici</a>)</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/IMG_E3432.JPG"><img alt="IMG_E3432.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.IMG_E3432_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="IMG_E3432.JPG, déc. 2017" /></a>Et toujours, de merveilleuses rencontres, humaines et politiques, avec ces militant-e-s et élu-e-s qui résistent au péril de leur liberté. Je parle souvent d'incarner nos luttes, alors voici un exemple parmi tant d'autres : celui de Feleknas Uca, 41 ans, ex Députée européenne de die Linke, aujourd'hui Députée HDP de Diyarbakir, qui se dit en « prison à ciel ouvert ». Elle n'a plus de passeport, depuis 10 mois elle n’a pas pu sortir de Turquie alors qu’elle est membre de la délégation qui représente la Turquie au conseil de l’Europe. Son immunité parlementaire a été levée pour des discours, notamment en défense des femmes yezidies. Elle m'a confié : « <em>que nous soyons en prison, à l’assemblée ou dans les villages. À la fin nous allons gagner. Parce que nous avons la supériorité morale, et le peuple avec nous</em>. »</p>
<p><strong>De retour en France, le site Rojinfo m'a interviewée </strong>et a réalisé un papier sur la délégation française en Turquie : <a href="https://rojinfo.com/2669-2/">"Procès HDP à Ankara : De lourdes peines requises </a><em>. </em>Voici les extraits issus de mon interview :</p>
<p><em><strong>Si Erdogan </strong><strong>était président en France, c’est nous qui serions en prison</strong></em></p>
<p><strong>Corinne Morel Darleux:</strong> <em>“Les peines demandées contre Figen Yüksekdağ et Selahattin Demirtaş </em><em>sont très lourdes: 83 ans de réclusion pour Figen Yüksekdağ et 142 pour Selahattin Demirtaş </em><em>et les charges sont des accusations de terrorisme. Je dois avouer que j’ai mis longtemps à m’int</em><em>éresser de près au dossier kurde, parce que j’é</em><em>tais r</em><em>éticente comme beaucoup de gens. C’est comme la Palestine. Quand on regarde de loin, on se dit : “Peut-être on va se retrouver à soutenir des trucs pas très nets.” Du coup, il y a un peu de crainte et d’ignorance. Mais quand tu commences à éplucher les dossiers et les actes d’accusations de plus près, l’injustice saute aux yeux. Ces actes d’accusation reposent essentiellement sur des discours notamment prononcés </em><em>à l’int</em><em>érieur de l’Assemblée nationale turque, sur la participation à des manifestations, sur des appels à arr</em><em>êter les massacres des populations civiles ou pour avoir demandé un corridor humanitaire pour le Rojava. Tout cela, ce sont des choses que nous en France aurions faites dans les mêmes circonstances. Si Erdogan était président en France, c’est nous qui serions en prison. Aujourd’hui ne n’ai plus aucune réticence à d</em><em>éfendre les gens du HDP ou du mouvement kurde. Le HDP n’</em><em>est d’ailleurs pas seulement un parti kurde, il est beaucoup plus large que cela, ce qui me semble dans cette partie du monde absolument essentiel.” </em></p>
<p><em><strong>Parodie de justice</strong></em></p>
<p><strong>Corinne Morel Darleux:</strong> <em>“Les deux audiences ont eu lieu à Sincan, </em><em>à 60 km d’Ankara. On a le sentiment que tout a ét</em><em>é fait pour nous décourager. Un corridor de policiers turcs très lourdement armés nous a barré l’acc</em><em>ès, frappant le sol avec leurs boucliers. Nous avons ét</em><em>é encercl</em><em>és de camions anti-émeutes ; ambiance particulière dans un froid extrême. A deux reprises, le président de la Cour a dit à voix haute dans la salle d’audience qu’il autorisait les dél</em><em>égations internationales à venir assister à l’audience, et à deux reprises, c’est la police turque qui s’y est opposée. Donc, on se pose la question sur l’indépendance de la justice en Turquie, puisqu’elle est à chaque fois contestée par l’Etat turc qui a le dernier mot. Le réf</em><em>érent de la police devant la prison nous a dit qu’il fallait une accréditation du ministère des affaires é</em><em>trang</em><em>ères. La fois d’avant, il nous avait dit qu’il fallait une accréditation du ministère de la justice. L’ambassade de Turquie en France par contre nous a envoyé un courrier qui stipule noir sur blanc qu’il n’y a pas besoin d’accréditation pour assister aux audiences en Turquie puisque la Constitution turque garantit que les procès soient publics. S’il y a un “trouble à l’ordre public”, c’est la Cour qui décide de tenir le procès </em><em>à huis clos. Là, le procès n’était pas à huis clos parce que nous avons vu des membres de l’AKP entrer dans la salle d’audience sans difficultés. Ce sont uniquement les dél</em><em>égations é</em><em>trang</em><em>ères et le personnel des ambassades qui sont restés dehors.”</em></p>
<p><em><strong>Poches d'espoir</strong></em></p>
<p><strong>Corinne Morel Darleux:</strong> <em>“Les deux procès ont ét</em><em>é de nouveau reportés au moins de février. Pour Figen, le procureur a demandé une peine de réclusion à perp</em><em>étuit</em><em>é aggrav</em><em>ée. Si le réquisitoire est suivi, elle sera incarcér</em><em>ée jusqu’à la fin de ses jours dans une cellule individuelle et avec une visite de sa famille uniquement tous les deux mois. Figen Yüksekdağ a un grand d</em><em>ésavantage aux yeux du gouvernement turc: elle n’est pas kurde. Elle est issue d’une famille turque traditionnelle paysanne. C’est moins facile de l’amalgamer avec des actes terroristes kurdes. Pour Selahattin Demirtaş </em><em>c’est clairement une manière de décapiter politiquement le HDP. Il est extrêmement populaire, charismatique et il y a des élections législatives importantes en 2019. Ce sont des procès politiques, montés de toute pièce, dans une zone pleine de conflits, notamment avec l’Etat islamique contre qui les Kurdes ont joué un rô</em><em>le primordial. Priver cette zone, en Turquie ou en Syrie, de gens qui prô</em><em>nent le féminisme, la coexistence, l’existence du Rojava, c’est se tirer une balle dans le pied. Ce sont des poches d’espoir pour toute une région.”</em></p>
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/demirtas-figen.jpeg"><img alt="demirtas-figen.jpeg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.demirtas-figen_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="demirtas-figen.jpeg, déc. 2017" /></a>Enfin en complément, pour les anglophones les plus motivés sur ce sujet</strong>, voir ici le rapport d'observation très complet de l'association du barreau Norvégien qui était présente avec nous en Juillet : <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Norwegian_Bar_Association_HRC_trial_observation_Yuksekdag_Ankara_2017.pdf">Norwegian Bar Association HRC trial observation Yuksekdag Ankara 2017.</a><span style="color:#1F497D"> </span>Egalement, à l’occasion de la 127e Assemblée de l’Union Internationale des Parlementaires (une ONG créée en 1889, qui a inspiré la création de l'ONU), son Conseil directeur a adopté une décision sur le cas de plusieurs parlementaires turcs, dont Figen Yüksedag et a fait référence à la mission d’observation : <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/D-Yildirim-154-E.pdf">Résolution de l'IPU adoptée à l'unanimité le 18 octobre 2017.</a> La représentante de l'UIP qui était présente en septembre était de nouveau présente avec nous à Ankara.</p>
<p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/ambassadeUS.JPG"><img alt="ambassadeUS.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.ambassadeUS_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ambassadeUS.JPG, déc. 2017" /></a></strong><strong>Et pour finir de dresser le tableau, je devais enchainer avec diverses rencontres et réunions de travail au Caire</strong>, en Égypte, pour analyser la situation actuelle dans cette région du monde et préparer la prochaine Conférence euro-méditerranéenne (<a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2015/03/05/Un-nouveau-pas-vers-l-ecosocialisme-euro-mediterraneen--suites-stambouliotes-">ici celle d'Istanbul</a> et là <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/04/16/Le-climat%2C-un-combat-pour-la-paix">celle de Benalmadena</a>). Notre venue au Caire a été purement et simplement interdite par le pouvoir égyptien. Il faut dire qu'entre-temps Donald Trump a eu la richissime idée de déclarer Jerusalem capitale d'Israël (<em>photo prise devant l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, barricadée alors que des manifestations anti-Trump se déroulaient juste à côté</em>). Comme si l'ensemble de cette zone n'étais pas assez déstabilisée... Ca s'appelle mettre le feu aux poudres, c'est juste givré, et le monde entier risque fort d'en baver.</p>
Ecosocialisme, démocratie et libertés : départ d'Automne pour la Corée du Sud
urn:md5:70b2f7cf5b1789c31b9938ccd76abe28
2017-10-23T08:53:00+02:00
2017-10-23T08:53:00+02:00
corinne morel darleux
De la politique en général
EcosocialismeInternational
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/datescorinnecoree.jpg"><img alt="datescorinnecoree.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.datescorinnecoree_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="datescorinnecoree.jpg, oct. 2017" /></a>Diable, comme tout va vite en ce moment... Après un week end sous le signe de l'internationalisme, au <a href="https://www.youtube.com/watch?v=9DolXCpBCyg">sommet du Plan B à Lisbonne</a> et en<a href="https://www.youtube.com/watch?v=6s1Am1FnebU"> vidéo pour l'ouverture du premier Congrès des camarades écosocialistes du mouvement belge Demain</a>, je manque de temps pour rendre compte de toutes mes activités. Mais celle-ci est majeure et mérite largement ce billet. <strong>Je pars ce soir en Corée du Sud pour une mission de dix jours</strong>.</p>
<p>Un sejour au cours duquel je vais "<em>voir, apprendre, comprendre un peu, être émue, rire</em>" comme l'écrit Nicolas Bouvier - mais surtout porter notre programme L'avenir en commun, témoigner en tant que conseillère régionale auprès des futurs candidats aux élections locales, et présenter à l'Université Yonsei de Séoul le Manifeste des 18 thèses pour l'écosocialisme. J'en suis évidemment ravie.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/SamsungIG.jpg"><img alt="SamsungIG.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.SamsungIG_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="SamsungIG.jpg, oct. 2017" /></a>Je suis invitée en Corée du Sud par le PDP, le Parti démocratique populaire,<font face="Arial, serif"><span lang="fr-FR"> </span></font><a href="https://don.lepartidegauche.fr/actualite/3404-la-gauche-coreenne-article-publie-sur-le-blog-de-francois-delapierre">qui avait déjà invité notre camarade François Delapierre en 2011</a>. C'est également eux qui nous avaient fait rencontrer l'an dernier les syndicalistes de Samsung lors de leur tournée en Europe : j'en avais fait un papier pour <a href="http://www.editions-croquant.org/component/mijoshop/product/407-l-interet-general-n-2">la revue du PG, L'Intérêt Général</a>.</p>
<p>Tout ceci dans le contexte géopolitique qu'on connait en ce moment en Corée, et avec un nouveau gouvernement plus démocratique et progressiste, après la destitution de la Présidente corrompue, avec également un changement partiel de constitution qui pourrait intervenir en même temps que les élections territoriales...</p>
<p>Bref, ça promet d'être dense, et absolument passionnant.</p>
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<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Mt_Seoraksan_licence_Creative_Commons_Attribution_3.0_Gary4now.jpg"><img alt="Mt_Seoraksan_licence_Creative_Commons_Attribution_3.0_Gary4now.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Mt_Seoraksan_licence_Creative_Commons_Attribution_3.0_Gary4now_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mt_Seoraksan_licence_Creative_Commons_Attribution_3.0_Gary4now.jpg, oct. 2017" /></a>Mercredi 25 octobre, je rencontrerai à Séoul <strong>des militants qui se battent contre l’installation d’un funiculaire</strong> de 3,5 kilomètres, entre la Région de Gangwon et Séoul, au Mount Seoraksan National Park, une véritable réserve de biodiversité reconnue par l’Unesco depuis 1982 . Le territoire de Gangwon est constitué à 82% de montagnes, la plupart protégées des activités économiques pouvant l’impacter, à l’instar de nos parcs nationaux.</p>
<p>Ce projet, relancé dans le cadre des prochains JO d’hiver en Corée du Sud, a déjà rejeté deux fois en 2012 et 2013 par le Comité ministériel du Parc National. La construction de ce funiculaire menacerait notamment une espèce menacée de petites antilopes ressemblant à des chamois, les gorals (ou <span lang="fr-FR"><i>Nemorhaedus </i></span><span lang="fr-FR"><i>- </i></span>littéralement, « chevreaux de clairières »). Et comme souvent dans ce genre de projet, il semblerait que les retombées touristiques et économiques soit sur-estimées, et les coûts sous-évalués, ce qui fait écrire au Korea Herald qu’on pourrait bien avoir là <a href="http://www.koreaherald.com/view.php?ud=20150821001082">« a white elephant, not the goose that lays golden eggs »</a> : un nouvel éléphant blanc plutôt que la poule aux œufs d’or. Si cela vous rappelle Europa City, Center Parcs et autres, rien de plus normal. L’internationale des GPII trouve une nouvelle confirmation, hélas.</p>
<p>La journée se poursuivra avec une <strong>rencontre avec la direction du PDP (Parti Démocratique Populaire) à Séoul, suivie à 19h30 d’une conférence que je donnerai à l’Université de Yonsei à Séoul sur « La crise de l'environnement dans le système capitaliste »</strong> <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/02/10/Beignets-d-huitres-et-Abenomics-%E2%80%A2-Ecosocialisme-au-Japon--episode-6-">où je présenterai l'écosocialisme comme je l'avais fait à Tokyo</a>.</p>
<p>Jeudi 26, je prendrai le train jusqu’à Pyeongchang pour visiter le <strong>chantier de construction des Jeux olympiques d'hiver de 2018</strong>, qui génèrent au moins autant de questions que notre projet de JO 2024 à Paris, sur fond de corruption.</p>
<p>Vendredi 27, un autre train pour me rendre à Okcheon, un petit village au coeur de la campagne, connu en Corée pour ses <strong>expérimentations locales (dispensaire, agriculture, auto-suffisance...)</strong>. J’y tiendrai une réunion à 19h pour échanger sur nos diverses expériences des collectivités territoriales.</p>
<p>Samedi 28, j’interviendrai à 10h <strong>en Forum à Séoul sur le thème « <em>Que faire pour le nouveau système des collectivités territoriales, partage d’expériences internationales</em> » sous la forme d’un débat avec M. KIM Jangmin, chercheur de l’Institut politique-économique</strong>. Je reprendrai ensuite un train vers <strong>Seocheon où je rencontrerai les habitants en séminaire à 17h sur le thème "Comment construire des collectivités territoriales progressites"</strong>. Seocheon est une destination empreinte de l’histoire Confucéenne, mais aussi de forêts, de mer et de montagnes où se trouvent notamment l’Institut national d’Écologie et l’Institut Coréen de biodiversité marine.</p>
<p>Dimanche 29, <strong>je visiterai la base militaire Etats-Unienne de Pyeongtaek</strong> puis je rencontrerai<strong> l’institut pour la réappropriation des bases militaires américaines </strong>: Osan Air Base, utilisée conjointement par les Pacific Air Forces et l'armée de l'air sud-coréenne et Camp Humphreys, utilisé par l'United States Army, une ancienne base de l'Armée impériale japonaise qui avait bien saisi la situation stratégique de Pyongtaek dès 1919, à proximité de la Chine et en particulier de Pékin, permettant de mener des raids sur toute la côte Est de la Chine et de surveiller le sud de la Sibérie.</p>
<p>Lundi 30, je rencontrerai les <strong>syndicalistes de Samsung</strong>, puis à nouveau le train pour aller à <strong>Jeongeup rencontrer les militants, les habitants et les étudiants</strong> sur place. Nous serons dans le Parc National de Naejang-san, connu pour couper le souffle en Automne…</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Chedju_N_Bouvier.jpg"><img alt="Chedju_N_Bouvier.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Chedju_N_Bouvier_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chedju_N_Bouvier.jpg, oct. 2017" /></a>Mardi 31, je me rendrai directement de Jeongeup sur <strong>l’île volcanique de Jeju</strong> (ou Chedju), la plus au Sud de la Corée. Située en pleine Mer de Chine Orientale entre Shangai et le Japon, Jeju attire chaque année 4 millions de visiteurs de Corée, du Japon et de Chine. C’est une île au climat subtropical, placée sous le symbole de la porteuse d'eau, des oranges et des mandarines qui y sont cultivées. J’y rencontrerai,<strong> tout au Sud de l‘île, des militants au village de Gangjeong</strong>.</p>
<p>Et enfin jusqu’au 3 novembre, date de mon départ, j’aurai <strong>deux jours entiers pour me perdre dans les rues de Séoul</strong>.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/lecturescoreennes.PNG"><img alt="lecturescoreennes.PNG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.lecturescoreennes_s.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="lecturescoreennes.PNG, oct. 2017" /></a><strong>On m'a offert </strong>le Journal d'Aran de Nicolas Bouvier, pour son carnet <em>Les chemins du Halla-san, "the old shittrack again"</em>, qui se déroule en Corée et dont la quatrième de couverture m'avait d'emblée séduite : "<em>J'étais en train de me dire 'Qu'est ce que j'ai au monde à foutre ici ?' lorsque, sur un caprice du ciel, la lumière de fin d'après-midi est d'un coup devenue très belle</em>". Au final, il m'a donné envie d'aller en Irlande avec son Journal d'Aran. En réalité, je crois que Nicolas Bouvier est l'écrivain voyageur le plus réjouissant qui soit. Il donnerait envie d'aller n'importe où.</p>
<p><strong>J’emporte avec moi</strong> les <em>Teintes d’Automne</em> de Thoreau pour me réconcilier avec les longs sanglots monotones des feuilles mortes à Jeongeup ; <em>La végétarienne</em> de Han Kang - une écrivaine qui était notée sur <i>liste noire</i> durant la présidence de Park Geun-hye – pour me perdre avec Yonhye, cette femme qui se laisse sombrer dans une folie florale et érotique en rêvant de devenir végétale et de se perdre dans l’existence calme des arbres et des plantes ;<em> Shim Chong, fille vendue</em>, de Hwang Sok-Yong, la « Nana coréenne » qui refuse sa condition dans les fumées d’opium ; et <em>La chambre solitaire</em> de Shin Kyung-sook, récit d’une petite campagnarde devenue ouvrière à Séoul qui, dans sa petite chambre, produit de grands rêves...</p>
<p><em>Photo Mount Seoraksan sous licence Creative Commons Attribution 3.0 Gary4now</em></p>