le blog de corinne morel darleux - Mot-clé - Dieécosocialisme intégral (graines, fleurs et épines)2019-04-02T13:11:21+01:00corinne morel darleuxurn:md5:467a5556a65b8cfe131b566bf9774e18DotclearEn marche : ici nous on vit, nous on crèveurn:md5:b1638dba45ef93fb36c92ddf0d0aa9d42019-03-11T14:40:00+01:002019-03-11T15:05:37+01:00corinne morel darleuxChroniques du Diois (Reporterre)DieDioisIndignationsSanté <p><strong><em><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Diois_en_deuil.jpg"><img alt="Diois_en_deuil.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Diois_en_deuil_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Diois_en_deuil.jpg, mar. 2019" /></a>En marche : ici nous on vit, nous on crève. C'était ma première idée de titre, un refrain qui me tournait en tête depuis quelques temps déjà, librement inspiré du Chant des Partisans... Cette chronique a été publiée sur Reporterre le 5 mars sous le titre "<a href="https://reporterre.net/La-maternite-de-Die-a-ferme-et-le-petit-Aime-est-mort">La maternité de Die a fermé et le petit Aimé est mort</a></em></strong>".</p>
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<p>Samedi 2 mars, une marche blanche était organisée à Die, dans la Drôme. Les habitants se sont rassemblés pour Aimé, mort in utero lors du transfert de sa mère vers la maternité de Montélimar. Les services de maternité et de chirurgie d’urgence de l’hôpital de Die sont fermés depuis le 31 décembre 2017.</p>
</blockquote>
<p>Le 1er janvier 2018, <a href="https://reporterre.net/Desert-medical-desertion-des-politiques">au lendemain de la fermeture de la maternité à Die</a>, une femme enceinte qui souffrait d’un décollement du placenta est arrivée de justesse à la maternité de Valence. Elle habitait à Vercheny, dans la vallée. Le président du Collectif de défense de l’hôpital de Die, Philippe Leeuwenberg, avait alors déclaré : « Une femme du Haut-Diois n’aurait peut-être pas eu cette chance ».</p>
<p>Ce 18 février 2019, Céline Guillemot et Fabrice Martinez n’ont en effet pas eu cette chance. Leur troisième enfant est mort in utero. De Châtillon en Diois, il aura fallu trois heures avant qu’ils arrivent à la maternité de Montélimar. Et ce, malgré le protocole auquel s’étaient engagés l’Agence Régionale de Santé et la Ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn. En fait ce soir là rien n’a fonctionné : des pompiers démunis, pas de médecin correspondant SAMU de garde, pas de matériel spécifique aux urgences de Die (qui par ailleurs n’ont pas la clé du centre périnatal), jusqu’à l’hélicoptère qui n’était pas disponible et qu’il a fallu attendre [Ce genre de situation n’est hélas pas l’apanage des femmes enceintes : <a href="https://reporterre.net/La-desherence-des-services-publics-met-des-vies-en-danger">"La déshérence des services publics met des vies en danger"</a>] . Il aura fallu trois heures. Montélimar est distante de 1h40 par la route depuis Chatillon en Diois. Mais les parents, eux, ont respecté le protocole. Leur enfant est mort né. Ils l’ont appelé Aimé.</p>
<h3>"Il est particulièrement pénible et odieux d’entendre Agnès Buzyn expliquer aux micros que la sécurité n’est pas la proximité"</h3>
<p>Une semaine avant la marche blanche, le 24 février, une jeune mère a accouché dans l'ambulance entre Vercheny et la maternité de Valence. Quelques jours plus tôt une petite fille, Lou, est née sur le bord de la départementale, dans la voiture de ses parents - qui l’ont mise au monde seuls. Dans le Diois, Lou et Aimé ne sont pas des statistiques anonymes. Chaque mois des incidents ont lieu, de futurs parents s’inquiètent et des femmes enceintes vivent toute leur grossesse dans l’angoisse. A se demander comment ça va se passer. Si il y aura un médecin urgentiste de garde cette nuit là, si les pompiers ne seront pas occupés en montagne, si l’hélicoptère ne sera pas déjà mobilisé sur un accident de la route. Si le fameux protocole censé garantir la sécurité sans proximité va, ou non, dérailler.</p>
<p>C’est pourquoi, depuis deux semaines, il est particulièrement pénible et odieux d’entendre Agnès Buzyn expliquer aux micros que la sécurité n’est pas la proximité. De lire des témoignages de médecins expliquant que nous nous tromperions de combat <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/index.php?post/2019/02/28/R%C3%A9ponse-de-la-Coordination-nationale-%C3%A0-ces-m%C3%A9decins-qui-demandent-la-fermeture-des-maternit%C3%A9s-de-proximit%C3%A9">et que les petites maternités sont dangereuses</a>. C’est comme si le garagiste nous expliquait que prendre la route avec des pneus lisses est risqué et qu’il vaut mieux rouler sans pneus.</p>
<h3>"Notre seul camp à nous, c’est le droit à vivre dignement."</h3>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Marche_Die4.jpg"><img alt="Marche_Die4.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Marche_Die4_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Marche_Die4.jpg, mar. 2019" /></a>C’est pour sortir des formules toutes-faites, des tableurs des Ministères et des condoléances de convenance qu’il a été décidé, lors de cette marche blanche, de <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/index.php?post/2019/02/27/T%C3%A9moignage-de-la-naissance-de-mon-fils%2C-Aim%C3%A9-Martinez-par-C%C3%A9line-Guillemot">lire le récit de cette mère</a>. Un récit dur, des mots crus que nous avons hésité à lire à haute voix devant la foule rassemblée. Et que nous avons finalement décidé de partager, à la demande de la mère. Parce que ce ne sont pas ses mots qui sont durs, mais ce qu’elle a vécu. Parce qu’il faut en finir avec les hypocrisies du jargon technocratique, les formules aseptisées, « l’immense tristesse et la douleur ressenties » par la députée. Enfin, pour témoigner, à tous ceux qui semblent trouver que c’est une bonne solution, de ce que veut dire concrètement un transfert par hélicoptère, sanglée, seule, le corps transpercé de contractions.</p>
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<p>« J'étais sanglée sur le brancard, un casque anti-bruit sur les oreilles, dans une froide solitude. A chaque contraction, je cherchais une position pour me soulager et accompagner la progression de mon bébé. Je souffrais, je me tortillais, j'avais commencé à pousser. J'ai failli accoucher dans le ciel... » </p>
</blockquote>
<p>Ce dont nous avons besoin n’est pas un hélicoptère. Ce que nous réclamons n’est pas un hôpital flambant neuf comme nous le promet l’ARS. Les 12 millions mis sur la table ne remplaceront jamais une maternité et un bloc opératoire. Ils ne nous feront pas oublier les fausses rumeurs sur le manque de sang à la maternité, démenties depuis par l’Établissement français du sang. Ni les promesses non tenues. L’ARS peut publier tous les communiqués qu’elle veut pour dire que le protocole fonctionne parfaitement, ils n’abuseront que ceux qui ont déjà choisi leur camp. Notre seul camp à nous, c’est le droit à vivre dignement.</p>
<p>Le 22 février, la députée LREM de notre circonscription a écrit sur Facebook : « L’ARS a d’ailleurs diligenté une enquête à laquelle je serai très attentive, y compris sur son indépendance et son impartialité, car il est de mon devoir de vous défendre et vous représenter ». Madame de Lavergne, si vous nous lisez : l’ARS est l’agence qui a décidé de la fermeture de la maternité et des urgences. Qui a mis au point le protocole. Qui est chargée de sa mise en œuvre et de son bon fonctionnement. Pensez-vous sincèrement que les mots indépendance et impartialité soient appropriés ?</p>
<h3>"À la marche blanche, il n’y avait pas beaucoup d’écharpes tricolores"</h3>
<p>Quant aux élus locaux à qui prendrait l’envie de nous dire eux aussi que leur devoir est de nous défendre et représenter, je voudrais juste dire qu’il est un peu tard. Et leur rappeler que lors de l’ultime manifestation avant la fermeture de la maternité, peu étaient là, aux côtés de la population. Les mêmes qui, quelques mois plus tôt, <a href="https://reporterre.net/Desert-medical-desertion-des-politiques">se pressaient derrière la banderole pour être sur la photo</a>. Ce samedi 2 mars, ont-ils eu peur d’être mal accueillis ? A la marche blanche, il n’y avait pas beaucoup d’écharpes tricolores. La mienne tremblait de rage.</p>
<p>Mesdames, messieurs, nous ne voulons plus de courriers polis, de posts apaisants sur les réseaux sociaux, d’assurances que tout sera fait ni de formules de politesse. Nous voulons que cela ne se reproduise jamais. Bien sûr, nous ne sommes pas idiots. Nous savons qu’il peut y avoir des accidents, que certains décès arrivent, tout simplement. Mais nous ne sommes pas idiots, je me permets d’insister. Nous savons aussi que certains drames peuvent être évités.</p>
<p>En décembre 2014, la maternité de Die avait pris en charge et mis au monde Célestin, le deuxième enfant de Céline et Fabrice, <a href="http://www.collectifhopitaldie.org/blog/index.php?post/2016/01/22/La-maternit%C3%A9-de-Die-nous-a-sauv%C3%A9-la-vie-%3A-%C2%AB-Touche-pas-%C3%A0-ma-maternit%C3%A9-!-%C2%BB">en 45 minutes</a>. Une naissance par césarienne due à un décollement du placenta. Exactement le même cas.<br />
Nous ne saurons probablement jamais si Aimé aurait pu être sauvé.<br />
Il est en revanche certain que Célestin aujourd’hui ne serait pas là s’il n’y avait pas eu de maternité.</p>#Podcast d'élue : Nouveau compte-rendu de mandat radiophonique sur RDWAurn:md5:98d88c8279c26e4ae285de648c7fb3cb2018-09-28T07:44:00+02:002018-09-28T07:46:31+02:00corinne morel darleuxA la Région, compte rendu de mandat décaléBudgets dette et austéritéDieDioisrail et autoroutesRégion Auvergne Rhone AlpesSons et radioTransports <div class="moz-text-html" lang="x-unicode">
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" id="js_25" style="font-size: 14px; line-height: 1.38; margin-top: 6px; font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; color: rgb(29, 33, 41);">
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/IMG_20180907_134745_722.jpg"><img alt="IMG_20180907_134745_722.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.IMG_20180907_134745_722_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="IMG_20180907_134745_722.jpg, sept. 2018" /></a>Comme je le fais après chaque session de votes à la Région, voici mon nouveau compte-rendu de mandat radiophonique sur les ondes de <a href="http://www.rdwa.fr/Corinne-Morel-Darleux-Rapport-de-la-Commission-Permanente-regionale-du-20-septembre-2018_a8489.html">RDWA, la radio indépendante du Diois</a>.</p>
<p>Au menu de ces 54 minutes : </p>
<p>- La rentrée des classes très "privée" de Laurent Wauquiez (et la situation au lycée de Die, avec un seul Infirmier scolaire - <a href="https://t.co/NfICMFspsx">pétition à signer et relayer</a>) <br />
- Un nouveau prêt à taux zéro pour l'installation agricole, à suivre <br />
- Quelques illustrations frappantes : La santé ou les panneaux ? Des sorties pédagogiques ou un congrès ? Et toujours la chasse et l'enneigement artificiel...<br />
- Être LR, c'est cool ! <br />
- Infos trains du quotidien : Etoile de Veynes, avenir du train de nuit Paris - Briançon et menace de suppression du train Romans - Gap de 16h24<br />
- Et enfin, le grand rendez-vous pour le climat et la justice sociale à Bayonne les 6 et 7 octobre : <a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2018/09/26/Derni%C3%A8re-ligne-droite-pour-Bayonne-%21">Alternatiba 2018</a></p>
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<p>Bonne écoute ! </p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: inherit;"><em style="font-family: inherit;">Photo prise par ma camarade élue Fatima Parret, lors de notre séminaire de rentrée des élu-e-s du groupe RCES</em></p>
<p style="margin: 0px 0px 6px; font-family: inherit;"><span style="color: rgb(29, 33, 41); font-family: Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 14px;">Date : 25.06.18 Lieu : Studio RDWA Durée : 54'22'' Réalisation : Saru </span></p>
<div class="entry-content instapaper_body" style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: Arial, sans-serif; font-size: 11px;">
<div class="para_26904268 resize" id="para_1">
<div class="texte" style="color: rgb(153, 153, 153); text-align: justify; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: Tahoma, Geneva, sans-serif; margin: 0px;">
<div class="access firstletter" style="font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"> -</div>
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<div class="pj" style="color: rgb(153, 153, 153); text-align: justify; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 15px; line-height: 1.5em; font-family: Tahoma, Geneva, sans-serif; margin: 5px 0px;"><img alt="http://rdwa.free.fr/Interview/2018/1894%20Interview%20%5b25.09.18%5d%20CMDsessionregion18.mp3" class="image" src="http://www.rdwa.fr/_images/ext/icon_mp3.gif" style="margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: top; border: none; max-width: 984px;" /> <a class="pj" href="http://rdwa.free.fr/Interview/2018/1894%20Interview%20%5b25.09.18%5d%20CMDsessionregion18.mp3" style="transition: all 0.2s linear 0s; color: rgb(153, 153, 153); text-decoration-line: none; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; line-height: 1.5em; margin: 5px 0px;" target="_blank"><span style="color:#000000;">Corinne Morel Darleux : Rapport de la Commission Permanente régionale du 20 septembre 2018</span></a></div>
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</div>Zone rurale, perte de chance médicale : la rime qui tueurn:md5:4249087ee2b9ae6ddc5b06f7aed9bf1f2018-01-09T11:45:00+01:002018-01-09T11:47:12+01:00corinne morel darleuxChroniques du Diois (Reporterre)DieDioisLuttes sociales inégalités et précaritéMilitantisme désobéissance et résistances <p style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/manifDie.jpg"><img alt="manifDie.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.manifDie_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="manifDie.jpg, déc. 2017" /></a><strong>Chronique du Diois publiée <a href="https://reporterre.net/Desert-medical-desertion-des-politiques">sur Reporterre sous le titre "Désert médical, désertion des politiques"</a> le 6 janvier 2018</strong></p>
<p><em>Elle s’appelle Alice, et elle est venue s’installer à Die avec homme et enfant au Printemps, il y a moins d’un an. Le couple est arrivé dans le Diois avec le projet d’un deuxième enfant, qui avait du mal à se concrétiser avec la vie parisienne, le stress, une forme d’insécurité permanente. Alors quand la décision a été prise de changer de vie, de cadre, de rythme, ils ont commencé par s’assurer qu’il y avait une école, un hôpital, une maternité à Die. Et ça a marché. Alice attend son deuxième enfant pour avril. Las, tout ne se passe pas comme prévu.</em></p>
<p><strong>Un territoire rural en vie.</strong></p>
<p>Elles <a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/glandage.jpg"><img alt="glandage.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.glandage_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="glandage.jpg, déc. 2017" /></a>sont une trentaine comme Alice aujourd’hui, à promener leurs ventres arrondis dans Die. Le signe d’un territoire rural qui vit, qui sait attirer des jeunes et des familles, où l’on peut encore naître et grandir dans un environnement préservé, des paysages incroyables, où l’on peut pratiquer des sports de pleine nature, randonner, pédaler, escalader. Apprendre la culture du risque inhérente aux zones de montagne, tout en étant sécurisés en cas d’accident par la présence de l’hôpital et de sa chirurgie d’urgence à proximité. Le signe d’un pays aussi où l’on peut vieillir et être pris en charge en cas de perte d’autonomie, en cas d’accident sur des routes glissantes ou de chute. Car on est dans le Vercors ici. La neige, le gel sont courants, il fait moins 10, moins 15°C comme un rien les matins d’hiver et personne n’est à l’abri d’être bloqué en cas d’intempéries. Les petites routes de montagne peuvent se révéler dangereuses, et il n’est pas rare tout bêtement de glisser sur une plaque de verglas, même en ville.</p>
<p>Mais on y redécouvre les saisons, la nature, le calme. On y grandit en préparant de futurs citoyens qui auront plus de chances que certains petits citadins de savoir ce que veut dire vivre en harmonie avec la nature. Nous vivons dans un pays qui contredit les discours sur la désertification de nos campagnes, avec son théâtre, son cinéma, sa médiathèque, sa gare, sa poste, son centre des impôts, sa sous-préfecture. Des services de l’État, de proximité, qui permettent de ne pas se sentir abandonnés en zone rurale et de faire la démonstration qu’un autre « ménagement du territoire » est possible plutôt que de s’agglomérer en métropole, d’inventer d’autres modes de vie tout en restant reliés au monde, à sa famille, à ses amis. Nous vivons dans un pays qui devrait servir de modèle et d’exemple béni à tous les politiques qui fondent leurs discours sur la défense de la ruralité, qui organisent des « conférences de territoire », parlent d’« attractivité » et de « dynamisme », de « revitalisation », qui font de la lutte contre les déserts médicaux leur thème privilégié à chaque élection.</p>
<p><strong>Las, les phrases qui précèdent seront désormais à conjuguer au passé. </strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/murportraits.jpg"><img alt="murportraits.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.murportraits_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="murportraits.jpg, déc. 2017" /></a>Le 24 novembre, la Ministre de la Santé a annoncé la fermeture de ces services vitaux, avec l’accord placide de la députée et des élus locaux. En échange, elle a promis de rénover l’hôpital ainsi amputé de ses deux axes majeurs, et un bel hélicoptère. Depuis le 31 décembre, la maternité et la chirurgie d’urgence de l’hôpital de Die sont fermés.</p>
<p>Dorénavant les blessés et les femmes enceintes devront donc se rendre à Valence ou Gap, en moyenne à 1h30 de route du Diois, davantage en cas de neige ou de verglas. Rien n’ayant été anticipé, on ne sait pas exactement quel sera le protocole de prise en charge. Les pompiers volontaires qui devront emmener les patients jusqu’à Crest n’avaient pas l’air informés de la décision à venir, les titulaires du bloc opératoire non plus. Tout le monde est tombé des nues. A force d’interpeller, on a fini par apprendre lors d’une rencontre avec le sous-préfet que le Smur de Valence devrait prendre le relais de Crest à Valence, où il y aura donc transbordement des patients. Imaginez concrètement…</p>
<p>On parle de sage-femmes libérales qui doivent être formées pour accompagner les femmes enceintes, on parle de payer à ces dernières l’hôtel hospitalier à Valence quelques jours avant la date programmée, loin de chez elles. On parle… Mais la députée ne sait pas quoi répondre quand on l’interpelle. <a href="http://www.ledauphine.com/drome/2017/12/18/die-des-medecins-generalistes-s-opposent-a-la-fermeture-de-la-maternite">Les médecins « référent SAMU » du Haut-Diois dénoncent le manque de concertation en amont, déplorent la fermeture, contredisent les « raisons de sécurité », et indiquent qu’ils ne participeront pas in fine à ce dispositif qualifié de « pis-aller »</a>. Et on commence à parler de pertes de chance de survie et de mise en danger de la vie d’autrui. Alice, Aurelia et les autres ne savent toujours pas dans quelles conditions elles accoucheront, et prient pour qu’il n’y ait pas de complications.</p>
<p><strong>Comment Diable en est-on arrivé là ? </strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/portaritsdie.jpg"><img alt="portaritsdie.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.portaritsdie_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="portaritsdie.jpg, déc. 2017" /></a>Hélas, comme à chaque fois. En accusant son chien de la rage, comme l’a décrit Noam Chomsky, en laissant les conditions de prise en charge à l’hôpital se détériorer depuis 31 ans, date de la première annonce de fermeture, et en jouant sur la peur des habitants.</p>
<p>On a entendu invoquer des problèmes de sécurité à l’hôpital de Die. Mais les mêmes, de l’Agence Régionale de Santé (ARS) au Ministère, en passant par la Députée, ont soigneusement évité de parler des problèmes de sécurité que poseraient le transfert par la route. Le savent-ils seulement ? Ont-ils seulement regardé une carte ? Passé un Hiver dans le Diois ? Quant à l’hélicoptère promis, ils ont omis de préciser qu’il ne serait pas toujours disponible, qu’il risquait de ne pas prendre en charge les patients dont l’état n’est pas stabilisé, et qu’il ne serait probablement pas prêt à temps, comme nous l’a confirmé le sous-préfet lors de la rencontre avec Alice et Philippe Leeuwenberg du collectif.</p>
<p>Pour justifier cette fermeture, on a entendu qu’il n’y avait pas assez d’accouchements pour maintenir les qualifications des médecins. Mais les mêmes ont soigneusement évité de parler du nombre d’actes -inférieur- des sages femmes qui prendraient le relais, du fait que de nombreux praticiens exerçaient aussi ailleurs, ni des accouchements à domicile, fréquents dans le Diois, qui ne rentrent pas dans les statistiques mais ne sont possibles que par la proximité de la chirurgie de l’hôpital en cas de complications.</p>
<p>On a entendu dire que les médecins ne voulaient pas venir à Die. Mais pas un mot de ceux qui avaient pourtant postulé et dont les candidatures n’ont même pas été étudiées. Des médecins prêts à venir s’installer et travailler ici, qui demandaient juste à être assurés que l’hôpital aurait bien son autorisation pour cinq ans, comme ça se fait partout... Sauf à Die, où l’Agence Régionale de Santé distille au compte-goutte, après chaque mobilisation, des renouvellements d’un an. Mais quel chirurgien, quel gynécologue, va quitter son travail pour s’installer en zone rurale pour un CDD d’un an ?</p>
<p>Ils n’ont pas non plus parlé de l’engorgement et du manque des moyens des hôpitaux de ville, en envoyant les accidentés et femmes enceintes à <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/drome/valence/valence-greve-au-bloc-operatoire-hopital-1380011.html">Valence, où l’hôpital est déjà tellement surchargé qu’on y soigne les patients dans les couloirs et que les personnels du bloc opératoire y sont en grève</a>.</p>
<p>Pour justifier cette fermeture, on a même vu de fausses informations circuler dans les journaux locaux sur une menaçante pénurie de poches de sang, <a href="http://www.ledauphine.com/drome/2017/12/06/l-ud-des-donneurs-de-sang-denonce-des-propos-mensongers-de-l-ars">démentie depuis publiquement par l‘union départementale des donneurs de sang</a>.</p>
<p>On a entendu beaucoup de choses, mais rien de la défaillance de l’État et des moyens qui ne sont plus alloués à la santé publique, de la tarification à l’acte qui a fait primer la rentabilité sur l’intérêt général, de la longue dégradation organisée d’un hôpital public laissé à l’abandon depuis des années.</p>
<p><strong>Démission des politiques.</strong></p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/beaurieres.jpg"><img alt="beaurieres.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.beaurieres_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="beaurieres.jpg, janv. 2018" /></a>Alors oui, l’hôpital de Die, sa maternité et sa chirurgie avaient besoin d’être rénovés, renforcés, réorganisés. On avait besoin d’en revoir la gestion, de faire venir de nouveaux praticiens, de développer les coopérations avec d’autres hôpitaux. On pouvait même imaginer le développer en misant sur nos atouts, sur l’environnement exceptionnel du Diois : avec des spécialités de convalescence, de traitement des longues maladies, de médecine du sport, de nouveaux modes d’accouchement et de médecines naturelles, on pourrait passer de la défense à la reconquête, de la conservation à l’action… En fait on pouvait faire tout ça depuis 31 ans, début de la lutte engagée avec le collectif de l'hôpital. Au final, faute de volonté politique, on va remplacer des risques maîtrisables par d’autres, qui ne le sont pas : l’action politique à ceci de différent avec le verglas qu’elle se décide, se planifie et s’organise. Il faut juste un peu de courage et de détermination.</p>
<p>Ni la Ministre, ni l’ARS, ni la Députée, ni le Président de la communauté de communes, ni le Maire de Die n’ont voulu entendre ces alternatives, ni la mobilisation des habitants qui a pourtant dépassé très largement le cadre partisan et s’est exprimée de toutes les manières possibles (voir<a href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/12/14/ http://www.collectifhopitaldie.org/blog/"> le blog du collectif</a>). Dépôt de plainte des femmes enceintes en gendarmerie, <a href="https://www.rdwa.fr/search/hopital/">émissions de radio</a>, lettres à la Ministre, <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/drome-la-plus-petite-maternite-de-france-va-fermer_2496115.html">manifestations</a>, aires d’accouchement improvisées sur un rond-point, affichage dans les rues de portraits de générations nées à Die, simulation d’exode vers Valence… On n’a pas manqué d’imagination ni de relais. Tout le monde s’y est mis : futurs parents, commerçants, habitants, et certains élus heureusement. <a href="https://www.mesopinions.com/petition/sante/fermeture-maternite-chirurgie-die/36612">La pétition a reçu plus de 15.000 signatures</a> en quelques jours, on a reçu des messages de soutien et de solidarité du pays tout entier, et on a sans cesse rappelé que deux fois déjà, en 1986 et en 2008, la population avait réussi à sauver chirurgie et maternité.</p>
<p>Cette fois cela n’a pas fonctionné. L’ultime acte de résistance pour essayer d’annuler cette décision, par un référé en suspension déposé par l'avocate du collectif auprès du tribunal de Grenoble, a été rejeté le 28 décembre. Tenez-vous bien, c’est l’acme de cette triste histoire : le rejet du tribunal a été fondé sur le fait qu’il n’y avait pas de décision administrative à contester. En fait le directeur de l’hôpital de Die, qui entre-temps a été promu pour ses bons services aux hospices civils de Lyon, n’a tout simplement pas fait la demande de renouvellement d’autorisation. Ce n’est donc pas stricto sensu une fermeture, juste une extinction. Une opération rondement ficelée de destruction.</p>
<p><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/IMG_3376.JPG"><img alt="IMG_3376.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.IMG_3376_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="IMG_3376.JPG, janv. 2018" /></a>Le Diois sort de cette lutte amputé. Alors que le dernier recensement nous mettait sur la voie dynamique des 5.000 habitants, cette fermeture d’un service essentiel risque fort de mettre un coup d’arrêt à l’arrivée de jeunes et de familles, de nouveaux lycéens en section sport-nature, d’usagers de la gare, d’écoliers et de spectateurs pour le théâtre et le cinéma... Les gens y réfléchiront à deux fois, malgré toute la beauté des paysages, avant de venir s’installer dans le Diois.</p>
<p>Alors que ces édiles locaux, qui il y a quelques mois encore assuraient que l’hôpital était « un outil structurant pour le territoire », faisaient de grandes envolées lyriques sur la ruralité et la défense du territoire, ceux-là même qui se battaient pour être sur la photo de banderole de défense de la maternité, tous ceux-là, qui ont jugé que leur place n’était pas aux côtés des Diois à l’heure de l’ultime mobilisation et ont même appelé leurs collègues élus à ne pas manifester… Qu’ils ne viennent pas pleurer sur le divorce entre élus et citoyens. Qu’ils ne viennent plus verser leurs larmes de crocodile sur le niveau d’abstention. Qu’ils ne nous parlent plus de vivifier le Diois. Et s’ils sont reçus, qu’ils ne s’étonnent pas.</p>
<p><em><strong>Nous on va continuer à se battre pour cette terre du Diois et ses habitants.</strong></em><strong> Parce que rien n’aurait été possible sans le collectif de l’hôpital de Die pour obtenir et relayer les informations et organiser la mobilisation, l’action doit rester collective. Parce que d’autres choix sont possibles, parce que nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone, que nos montagnes ne sont pas des déserts, et que cette fabrique de la colère qu’est la désertion des politiques doit être résolument combattue.</strong></p>
<p><em>Photos : Collectif de l'Hôpital de Die et Blandine Desvignes pour Glandage et Beaurières</em></p>Plaidoyer paysan. Chronique agricole du Diois pour Reporterreurn:md5:bda944aab1b4b43fc30c3e899b8ae93a2017-05-30T18:10:00+02:002017-05-30T18:10:00+02:00corinne morel darleuxChroniques du Diois (Reporterre)Agriculture paysanne et souveraineté alimentaireDieDioisRégion Auvergne Rhone Alpes <p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal"><strong><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/CassetaDalle1.jpg"><img alt="CassetaDalle1.jpg" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.CassetaDalle1_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="CassetaDalle1.jpg, mai 2017" /></a><a href="https://reporterre.net/L-agriculture-paysanne-est-la-voie-a-suivre">"L'agriculture paysanne est la voie à suivre", publiée sur Reporterre le 29 mai 2017</a>.</span></font></font></font></strong></p>
<p style="font-weight: normal; text-align: justify;"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><i><span style="background: transparent">Photos : série inédite de l'opération "Casse ta dalle béton" menée à l'été 2016 par le Mouvement de Libération de l'Humus Diois</span></i></font></font></font></p>
<blockquote>
<p style="font-weight: normal; text-align: justify;">La «<small class="fine"> </small>gelée noire<small class="fine"> </small>» de la fin du mois d’avril a durement frappé le vignoble du Diois, exacerbant les difficultés des paysans. Dans cette partie de la Drôme comme ailleurs en France, le métier de la terre ne permet plus de vivre décemment, déplore notre chroniqueuse.</p>
</blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent">Il ne faut pas toujours se fier aux premiers signes du Printemps. Dans le Diois, martinets et hirondelles sont de retour, les roses s'épanouissent dans le jardin, les flancs de montagne se colorent de pointes vert tendre sur les persistants sombres de l'hiver et les premières cerises font presque croire que l'été est là. Certes. Mais c'est sans compter sur le dicton populaire qui n'en finit plus de marteler qu'en avril ne te découvre pas d'un fil.</span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent">Cette année, les saints de glace étaient annoncés pour les 11, 12 et 13 mai. Mais c'est dès fin avril qu'est survenue la « gelée noire », une arrivée de masse d’air froid et sec à une température de -7 à -9°C, associée à un vent hivernal. Celle-ci a anéanti les vignes de notre fameuse Clairette. Toutes les communes ont été touchées ici, avec des pertes pour certains vignerons grimpant jusqu'à 95% ; c'est au final <a href="http://www.ledauphine.com/drome/2017/05/02/clairette-de-die-le-gel-a-detruit-jusqu-a-60-du-vignoble">plus de la moitié de la récolte qui va être perdue</a>.</span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> On n'avait pas vu ça depuis plus de 25 ans et ce, ironie cruelle, à quelques jours de l'inauguration du Festival des Espiègleries dédié à la Clairette de Die.</span></span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Cassetadalle2.JPG"><img alt="Cassetadalle2.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Cassetadalle2_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Cassetadalle2.JPG, mai 2017" /></a>La vigne ici c'est une activité vitale. Pas seulement pour la petite coupe du soir, pas seulement pour l'export et la renommée de Die – partout où je vais, quand on ne nous confond pas avec Saint-Dié, cest grâce à la Clairette – mais aussi parce que <a href="https://reporterre.net/Des-brebis-au-theatre-la-culture">chez nous, des brebis au théatre, l'agriculture se pique de culture</a> </span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent">et occupe une place à part.</span></span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY"><font color="#000000"><font face="Calibri,
sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background:
transparent">Il faut dire que l’agriculture ici c'est 20% des emplois. Le Diois, c'est <a href="http://www.paysdiois.fr/IMG/pdf/pac_synthese_foncier_diois-2.pdf">23.000 hectares de surface agricole selon le recensement de 2010</a> (dont 2% de vignes) pour un bassin de vie de 11.000 habitants, soit plus de 2 hectares par habitant. C'est beaucoup. Bien sur, tous ces hectares ne sont pas cultivés, la terre est dure à travailler, on est dans une région de pentes et de montagne, de plus en plus soumise à des épisodes de sécheresse ou de gel. Tout n'est pas si simple. Mais selon le </span></span></font></font></font><a href="http://convertisseur.terredeliensnormandie.org/">convertisseur alimentaire de Terre de Liens</a><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight:
normal"><span style="background: transparent"> pour alimenter en local tout le Diois on n'aurait besoin de protéger qu'entre 2.900 et 3.800 hectares (en incluant la rotation des sols), et cela permettrait d'installer et de rémunérer 200 paysans : 39 paysans boulangers, 32 maraichers, 120 éleveurs, 7 arboriculteurs... On aurait même de quoi garder les vignes et nourrir un bout de la vallée voisine. Solidaires, quoi. D'autant que plus de 10.000 de ces hectares à vocation agricole sont propriété publique de l'Etat ou des communes. On a donc des outils pour faire.</span></span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Cassetadalle3.JPG"><img alt="Cassetadalle3.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Cassetadalle3_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Cassetadalle3.JPG, mai 2017" /></a>Las, si on regarde les chiffres, on est loin du compte aujourd'hui. Selon le recensement agricole de 2010, dans le Diois ce sont 100 exploitations qui ont disparu en 10 ans (presque 1/5), et le nombre de brebis est passé de 25.000 à 20.000. Sur le marché de Die, il n'y a présents à l'année en producteurs Diois que 2 boulangers, 6 fromagers de brebis, 3 maraîchers, 1 éleveuse de truites, 1 de canards, 1 de porcs, 2 de poulets, 1 vendeur d'oeufs, 3 d'huiles essentielles, miel ou noix. De mémoire.</span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent">On pourrait donc imaginer que tous nos producteurs sont submergés de demande, et que les étals du marché de Die sont pris d'assaut. De fait, ils le sont. Et pourtant, les paysans ne s'en sortent pas. On pourrait imaginer aussi que face à un tel potentiel, on croule sous les candidats à l'installation, ou que ça se bouscule au portillon pour reprendre les fermes des agriculteurs qui arrivent à l'âge d'une retraite bien méritée ? Non plus. Alors quoi, mince ? Que se passe-t-il qui ne tourne pas rond ?</span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent">Bien sur, le travail est rude, surtout sur nos terres. Mais quand même, pourquoi la France a-t-elle perdu la moitié de ses « exploitations » en 25 ans ? Pourquoi entend-on encore des témoignages poignants de désarroi, comme dans <a href="https://www.facebook.com/DThevenieau/posts/1870798663180220">ce texte juste et touchant de notre candidat aux legislatives Didier Thevenieau</a>,</span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> inspiré de ses rencontres sur un marché de producteurs locaux aux Pilles : </span></span></font></font></font><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent">« </span></font></font><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><i><span style="background: transparent">D'abord, deux productrices qui vous disent qu'elles vivent grâce aux AMAP dans lesquelles elles écoulent une grande partie de leur légumes et fromages. Puis une autre productrice de fromage de chèvre qui vous dit que suite à une erreur de la part de l'administration, on lui demande de rembourser 12 000 € de PAC. Et dans le même temps, un producteur de fraises et légumes bio qui vous dit que lui, il ne touche pas les subventions auxquelles il a droit depuis 2 ans parce que l'UE ne donne pas les fonds à la France. Qu'il appelle une employée pour avoir son du et qu'elle lui répond qu'elle reçoit tant de demandes comme la sienne qu'elle va démissionner tellement elle en souffre. Qu'il n'arrive pas à se loger avec sa femme et leur petit bébé parce que les loyers sont exorbitants à cause des locations touristiques... ». D</span></i></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent">e ces moments où on prend une belle piqure de rappel sur les raisons concrètes, humaines, pour lesquelles on se bat. Las, ça ne s'arrange pas non plus de ce côté là.</span></span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Cassetadalle4.JPG"><img alt="Cassetadalle4.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Cassetadalle4_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Cassetadalle4.JPG, mai 2017" /></a>C'est pourtant important, l'alimentation, non ? Toutes ces choses qu'on ingère, qu'on avale, qu'on glisse dans notre corps, plusieurs fois par jour, et qui vont se transformer en cellules, peau et sang... Qui peuvent vous empoisonner, vous rendre malade ou au contraire contribuer à vous garder en bonne santé. La sécurité sociale est malade ? Choisssons la prévention par une alimentation de qualité : ça serait rentable ! </span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent">Ca devrait être important. Ca devrait être prioritaire. Et non. </span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent">Sur 500 hectares échangés chaque année dans le Diois, 300 sont achetés par des non-agriculteurs. La majeure partie des acquisitions publiques concerne non pas le maintien de terres arables, mais de l’artificialisation : entre 1999 et 2010, <a href="http://www.safer-rhone-alpes.com/upload/Convention_Region/PaC_Psader/2012%2026%20DIOIS.pdf">les surfaces artificialisées ont augmenté de 116 hectares dans le Diois</a>.</span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> Et puis la PAC (politique agricole commune de l'Union européenne) continue à verser des aides à l'hectare, sans se soucier des modes de production. On continue à bétonner des terres arables à Notre Dame des Landes, sur le tracé de l'A45, du Lyon-Turin, pour des bulles tropicales de Center Parcs, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=wF5vyoAwrks">des routes et des parkings Vinci allant jusqu'à des gares TGV dont on n'a pas besoin</a></span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent">. La Région Auvergne Rhône Alpes lance sa marque « La Région du goût » sans aucun critère de qualité, refuse d'introduire l'agriculture biologique dans les cantines de ses lycées et s'acharne à saper les aides des réseaux historiques de l'agriculture paysanne et écologique. Elle continue à confier les points accueil pour les jeunes qui voudraient s'installer à des chambres départementales de l'agriculture qui n'y voient pour la plupart qu'un marché économique, une filière comme une autre à rentabiliser (voir les <a class="ref-post" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2017/05/18/Nouvelles-fraiches-de-l-agriculture-paysanne-en-R%C3%A9gion-Auvergne-Rhone-Alpes">nouvelles fraiches de la Région ici</a>).</span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> Et on laisse la grande distribution se payer sur le dos des producteurs, on continue à envoyer abattre les porcs bretons en Allemagne pendant qu'on exporte nos poulets européens subventionnés vers des pays dits du Sud, qui savaient très bien se nourrir avant qu'on débarque, et qu'on a forcés à cultiver des choses qui s'exportent au nom de la balance commerciale, au détriment de l'alimentation locale. Les responsables politiques, <a href="https://www.laurencepache.fr/actus/intervention-de-laurence-pache-lagriculture/">à quelques exceptions près</a>, continuent à pleurer des larmes de crocodile sur les suicides d'agriculteurs à chaque Salon, se gargarisent de ruralité sur le terrain, avant de se dépêcher d'oublier et d'aller se plier aux injonctions d'austérité et de « libre concurrence »de Bruxelles (voir page 26 l'excellente </span></span></font></font></font><a href="http://indre.confederationpaysanne.fr/sites/32/articles/documents/2017_Rapport_d_orientation_vot%C3%A9.pdf">motion de la Confédération Paysanne du Lot et Garonne</a>),<font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> et préférent flatter les grands lobbies de l'industrie agro-alimentaire que les petits paysans. Eux qui nous nourissent, font vivre nos campagnes, et prennent soin de leurs champs.</span></span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/Cassetadalle5.JPG"><img alt="Cassetadalle5.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.Cassetadalle5_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Cassetadalle5.JPG, mai 2017" /></a>On nous dit qu'un agriculteur nourrit de plus en plus de monde ? C'est vrai. <a href="http://www.europe1.fr/economie/combien-un-agriculteur-francais-nourrit-il-de-bouches-2379177">Il y a quarante ans, un agriculteur nourrissait en moyenne 15 français. En 2008, c'était 60</a>.</span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> Mais quel est le prix de cette productivité ? En terme d'engrais chimiques, de pesticides, et donc d'impacts sur la santé ; en termes d'utra-mécanisation et donc de perte de main d'oeuvre ; en terme de sur-exploitation des sols, et donc d'appauvrissement pour les besoins futurs ? On nous dit qu'il faut bien nourrir tout le monde, et que pour ça il faut de grosses surfaces ? Mais vers Rouen, comme dans plein d'autres endroits en France, des alternatives se construisent et se révèlent efficaces : ici, un jardinier amateur arrive à produire <a href="https://www.bastamag.net/L-extraordinaire-productivite-d-un-petit-potager-de-50-m2-un-exemple-pour">300 kg de fruits et légumes par an, avec son potager d’à peine 50 m2</a>. Et ce, sans pesticides ni engrais chimiques.</span></span></font></font></font><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="font-weight: normal"><span style="background: transparent"> Là, on développe l'<a href="https://reporterre.net/En-plein-essor-l-aquaponie-marie-le-potager-et-l-aquarium">aquaponie</a>, la permaculture, on redécouvre les jardins de curé, l'agro-foresterie, ou encore l'alliance fructueuse des ruches et des courgettes...</span></span></font></font></font></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent">On pourrait nourrir tout le Diois, on pourrait nourrir tout le pays, en laissant les paysans du Sud tranquilles de produire ce dont ils ont besoin eux, en assurant un revenu décent aux paysans d'ici, en développant les circuits courts et la vente directe, en soutenant l'agriculture paysanne, en protégeant le foncier, en encadrant les marges de la grande distribution, en enseignant les pratiques écologiques dans les lycées agricoles, en redonnant envie... On pourrait.</span></font></font></font><br />
</p>
<blockquote>
<p style="font-weight: normal; text-align: center;"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><i><span style="background: transparent">Quand nous chanterons le temps des cerises,<br />
Et gai rossignol, et merle moqueur<br />
Seront tous en fête !</span></i></font></font></font></p>
<p style="font-weight: normal; text-align: center;"><font color="#000000"><font face="Calibri, sans-serif"><font size="2" style="font-size: 11pt"><span style="background: transparent">Jean Baptiste Clément, Communard (1866)</span></font></font></font></p>
</blockquote>« Sur la route... d'un cheminot » (podcast France Culture)urn:md5:41a6bc79d2f29556dfaa355a409e3e072016-09-09T18:03:00+02:002016-09-09T18:03:00+02:00corinne morel darleuxA la Région, compte rendu de mandat décaléDieDrômerail et autoroutesRégion Auvergne Rhone AlpesSons et radio <p><strong><a class="media-link" href="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/train.JPG"><img alt="train.JPG" class="media" src="http://www.lespetitspoissontrouges.org/public/.train_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="train.JPG, sept. 2016" /></a>Podcast de l'émission "Sur la route... d'un cheminot" à laquelle je participais samedi sur France Culture. Un récit politique sensible, entre soucis et poésie le long de la Drôme, en suivant le témoignage de Damien, conducteur à bord du train sur la ligne Valence-Briancon. On y évoque, avec la journaliste Julie Gacon et Robert Cuchet, Président de l’association des usagers de la ligne Grenoble-Veynes-Gap, des choix budgétaires et politiques à conséquences humaines : le projet de gare d'Allan, l'A45 et le Lyon Turin, la ruralité, les services publics de proximité, le travail des cheminots, la pollution de l'air et l'importance des trains du quotidien...</strong></p>
<p><strong>À écouter ici : <a href="http://www.franceculture.fr/emissions/sur-la-route/sur-la-route-dun-cheminot">http://www.franceculture.fr/emissions/sur-la-route/sur-la-route-dun-cheminot</a></strong></p>
<p><br />
<em>« Sur la route… d’un cheminotCe n’est pas un acte de vengeance ou de rancœur à l’égard de son futur ex-employeur – la tentaculaire Société nationale des chemins de fer. Juste un désir de livrer un témoignage, en-dehors du cadre de communication vertueuse habituellement prescrit. Damien est entré en 2008 à la SNCF, en tant que cheminot. Huit ans plus tard, ses horaires ne conviennent plus à sa vie privée. Sans amertume, il vient de remettre sa lettre de démission, pour entamer une nouvelle vie… En juin, il nous faisait monter clandestinement dans la cabine du TER qui relie Paris à Briançon. Un témoignage sincère et sans arrière-pensées.</em></p>
<p><em>En plateau : Les trains du quotidien. Avec Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes pour la Drôme, secrétaire nationale du Parti de gauche… et <a href="http://www.le-tamis.info/structure/association-pour-la-promotion-de-la-ligne-grenoble">Robert Cuchet, président de l’association des usagers de la ligne Grenoble-Veynes-Gap</a>. »</em></p>
<p><em>Emission enregistrée le vendredi 2 septembre dans les studios de France bleu Drôme Ardèche, à Valence.</em></p>