jeudi 2 avril 2009

Pierre de Volvic, Hortefeux et petits pois...

c_pupitre.jpg16h25. Arrivée à Clermont Ferrand.

J'ai mis à profit le temps du trajet pour revoir mon discours dans le train. Accueillie et guidée par un ami du Puy de Dôme, j'en profite pour faire un tour dans Clermont.

Après une vue des hauteurs sur la ville, direction le vieux centre. Je découvre, un peu effarée, la pierre de Volvic... Une pierre noire, ambiance gothique, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne fait pas respirer la gaieté à cette ville de Clermont, déjà plombée par un ciel bas. Je reviendrai voir la ville sous un beau ciel bleu, j'ai promis aux copains du Puy de Dôme, fiers et déçus, qui tiennent à me faire découvrir leur beau territoire dans de meilleures conditions.

18h45. Direction la salle du Galion à Gerzat, à quelques kilomètres de Clermont. Nous sommes accompagnés tout le long de la route par des affiches du meeting. Les militants ont fait un boulot impressionnant ! Impossible d'éviter l'annonce du meeting, démultipliée sur chaque poteau, chaque feu de circulation... La pression commence à monter.

En route, je me fais briefer sur la situation sociale et écologique du département. Ici encore, un dossier d'incinérateur qui n'en finit pas de diviser les élus depuis des années... A croire que chaque coin de France a son dossier incinérateur ! Sur le front social, Michelin semble résister aux licenciements mais Thiers continue de perdre des emplois dans la coutellerie et les industries locales. Je m'interroge sur l'emplacement de cette ville de Clermont, sans voie fluviale, au milieu des montagnes... Comment s'est-elle développée ? Michelin a bien sûr beaucoup contribué depuis le début du XXe siècle, mais avant ?

19h. Petit détour par la cafétéria de l'inévitable centre commercial du coin, pour manger un morceau et surtout recharger mon portable qui a chauffé toute la journée avec la mise en route de la campagne dans le Sud Est. Depuis que nous avons notre tête de liste Marie Christine Vergiat, les événements s'accélèrent et c'est un véritable parcours du combattant pour tenir l'agenda entre conférences de presse, meetings, visites et réunions de coordination...

20h. Nous arrivons en même temps qu'un car affrété par le PC. Un coup d'oeil inquiet sur le parking : il y a du monde. De nombreux camarades fument et discutent dehors, je retrouve là notre candidate Patricia et les actifs responsables du PG local : Tony, Yves et les autres. André Chassaigne, le député PCF, arrive et vient nous saluer. Patricia me guide dans la salle et me présente à la ronde : le secrétaire départemental du PCF, les élus locaux, des syndicalistes, des associatifs... sous le regard de Marie Georges Buffet projeté sur grand écran, c'est la vidéo du Zénith qui tourne.

Le groupe de militants altermondialistes et écologistes qui ont rejoint le PG, issus d'Attac, des CUALs et d'AlterEkolo sont au rendez-vous. Nous nous rencontrons enfin physiquement. L'accueil est amical et chaleureux. « On compte sur toi ce soir ! »... La pression monte d'un cran.

20h30. C'est une camarade du PG, Audrey, impeccable, qui assure le fil rouge et m'annonce. J'ai l'honneur de démarrer. La salle est attentive, studieuse, on sent une vraie envie de contenu. J'aborde la question écologique en entrant par l'angle social, la salle semble apprécier. J'insiste sur le fait qu'on ne peut pas compter sur le reste de la classe politique pour planifier la transition écologique et la sortie du capitalisme. C'est à nous de porter cette exigence. La droite, les verts, le PS sont hors jeu. La droite parce qu'elle est embourbée dans le capitalisme et qu'elle ne changera jamais les règles du jeu qui profitent aux puissants. Les verts, eux, sont allés s'embourber dans le libéralisme de Daniel Cohn Bendit et le « ni gauche ni droite », quelle tristesse ! Quant au PS... Le PS, lui, n'a besoin de personne pour s'embourber, il le fait très bien tout seul... et n'a jamais vraiment intégré la préoccupation écologique. Bref. Si on ne s'y met pas très vite, le choc écologique sera brutal, subi, violent, et nous courons le risque qu'il débouche sur des dérives totalitaires. Je ne peux m'empêcher de penser à Mad Max...

21h. Le temps passe trop vite, comme toujours à la tribune. Je réalise la chance incroyable que j'ai, en tant que militante, de pouvoir m'adresser ainsi à un public de 500 personnes. Beaucoup sont obligés de rester debout dans le fond de la salle. Les chaises ne suffisent pas à accueillir tout le monde. Ils resteront ainsi, jusqu'à la fin du meeting, attentifs et concentrés malgré l'inconfort...

Yvette Mercier, candidate et syndicaliste de Michelin, me succède à la tribune. On retrouve la patte tonique du syndicalisme engagé ! Débit rapide, presque saccadé, on peut dire qu'elle envoie sur le social ! Avec une belle métaphore : le décret Fillon, poisson d'avril avant l'heure, et une expression que je me note dans un coin : « le capitalisme propre sur lui qui travaille ». Il y a tout un monde dans cette phrase ! On en frémit...

Après une adresse de maires du département rassemblés en soutien au Front de Gauche, c'est au tour de Patricia, qui déroule habilement nos arguments et mobilise la salle sur le Front de gauche en tirant à boulets rouges sur Sarkozy. C'est ensuite au tour de « Dédé » Chassaigne, comme on l'appelle ici. C'est lui qui aurait du commencer, en voilà un « chauffeur de salle » ! Il finit son intervention en nage, ravi. Moi aussi : il a parlé d'OGM, un de ses grands combats, rappelant que l'agriculture n'est pas un produit marchand comme les autres, a appelé à la régularisation des sans papiers, évoqué le rôle de pollinisation des abeilles, la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre, et déclaré que le progrès technologique ne faisait pas forcément le bonheur... C'est les copains qui vont être contents...

22h20. Fin du meeting. Descente de la tribune. Les journalistes de France 3 et de La Montagne sautent sur Chassaigne, la star locale. Comme à chaque étape, partout en France, des militants du PS viennent me glisser sur le ton de la confidence qu'ils voteront pour nous, « dans le secret de l'isoloir, hein, on fait ce qu'on veut... ». Quel gachis, ils seraient tellement mieux chez nous !...

Une dame, les bras chargés de numéros de l'Huma, vient me glisser à l'oreille : « merci, je crois que vous avez convaincu mon petit cousin de quitter les Verts, ça fait des semaines que j'essaye ».

Je poursuis l'échange avec des membres d'AlterEkolo, le mouvement de Martine Billard. On a beaucoup de choses à se dire, on décide de les embarquer au restaurant avec nous.

23h. La Taverne de Maitre Kanter, repaire universel des fins de meetings dans toutes les villes de province : ils sont souvent les seuls à être ouverts si tard. Très désagréable surprise en entrant. Hortefeux dine au fond de la salle. Moment de flottement. Et... Une idée géniale, vive les militants pleins de ressources du PG ! Dix autocollants « casse toi pov'con » surgissent comme par magie et s'affichent bientôt sur tous les manteaux. On peut maintenant aller fièrement jusqu'à notre table en passant devant Monsieur Hortefeux le torse bombé et le regard fier.

Le lendemain. 6h23. Gare de Clermont Ferrand Retour dans la Drôme, où je n'ai pas encore mis les pieds de la semaine... Ca va faire du bien de se poser un peu en famille, avant de repartir de plus belle ! Réunion de coordination grand Sud Est dès demain matin, Lundi à Paris... Mais dimanche, c'est sûr, j'irai planter des petits pois avec mon fils. Il paraît que c'est le bon moment.

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