mercredi 8 avril 2009

Réunion publique du PG à Marseille le 17 mars 2009

Bonsoir à toutes et à tous,

Je voudrais d’abord vous remercier de votre invitation à venir vous parler d’écologie. C’est une vraie satisfaction de constater que les orientations écologiques du PG ont de plus en plus d’écho, tant en interne qu’en externe d’ailleurs.

Si je vous ai montré ces deux petites vidéos en introduction1, au-delà du clin d’oeil, c’est parce que je crois qu’elles sont révélatrices du combat que le PG doit mener : celui du combat pour une écologie de gauche, sociale et solidaire.

Parce que depuis les années 70, l’écologie a cessé d’être l’affaire des scientifiques et des naturalistes pour devenir l’affaire de tous, avec le lancement d’associations de défense de l’environnement et la création du ministère de l’environnement en 1971. Mais depuis, qu’est-ce qui a changé ? Les positions de René Dumont, d’Illitch ou d’André Gorz sont malheureusement toujours autant d’actualité ! Certes, il y a une prise de conscience : la planète est en danger, « notre maison brûle ». Mais une fois n’est pas coutume, et même si ça me fait bizarre de dire ça, J Chirac avait raison : on continue de regarder ailleurs !

Alors oui, on invente des mécanismes de compensation pour se donner bonne conscience, on se félicite du succès du film d’Al Gore... Et grace à Nicolas Hulot on éteint le robinet quand on se lave les dents... Mais franchement, ce n’est pas sérieux de croire que ça suffira. Bien sûr que chacun doit s’interroger  sur ses propres pratiques individuelles, c’est même indispensable. Mais ce n’est pas suffisant. Si on veut changer radicalement la société, le politique doit s’emparer de la question de manière volontariste !
 
Alors, si nous ne menons pas ce combat politique, nous, en tant que parti de gauche, nouveau et porteur d’espoir, qui va le faire ? La droite ? Prête à tout pour sauver le capitalisme et ses intérêts de puissants, au mépris de l’intérêt général... Les Verts, qui s’allient aujourd’hui avec des libéraux prêts à ratifier le traité de lisbonne, et qui veulent nous faire croire que l’écologie serait au-delà du clivage gauche-droite ? Le PS, qui sitôt terminé le congrès de reims a rangé aux oubliettes ses grandes déclarations vertes et son pôle écologique ? Aujourd’hui l’écologie politique a bien besoin d’un nouveau souffle. Et ce souffle, mes amis, c’est à nous de le porter !

Le PG doit être un appel au sursaut, à ouvrir les yeux et à regarder le monde différemment, loin de la pensée dominante et du discours libéral. Car notre mission de politiques, c’est aussi de donner à réfléchir. Et l’écologie radicale a bien besoin d’un nouveau mouvement fort, majoritaire, qui prenne le meilleur de l’héritage social de la gauche et des nouveaux défis de la gauche du 21e siècle, pour proposer une véritable alternative. A nous le PG d’assurer cette tache de fédérateur, d’accélérateur de la mutation de la gauche. La dynamique est de notre côté !

Pour paraphraser Hervé Kempf : le capitalisme s’effondre, profitons-en ! Son compost servira à fertiliser notre projet d’alterdéveloppement... Un projet qui remette l’intérêt général au premier plan, qui permette de satisfaire les besoins fondamentaux, qui permette, en un mot, de « vivre bien ». Pour cela nous devons réaliser une véritable mutation : repenser en profondeur nos modes de consommation et de production, pour avancer sur la voie de la justice sociale et de l’impératif écologique.

Au lieu de ça, le pouvoir en place pratique la politique de l’oxymore, comme l’explique Bertrand Meheust. C’est à dire qu’on accole ensemble deux réalités contradictoires, incompatibles, pour mieux désorienter les esprits et empêcher la réflexion. Et c’est ainsi qu’on entend parler de « croissance verte », de « voiture propre », d’« agriculture raisonnée », de « flexisécurité », ou encore de « moralisation du capitalisme »... Toutes ces parades ont pour seul objectif de rester dans une logique d’accompagnement du système !

A l’heure où la prise de conscience écologique prend corps, il serait catastrophique de s’engager dans la voie du « croissance verte » ou de l’environnementalisme. Ce sont des impasses qui reposent au mieux sur une illusion, au pire sur un mensonge. Faut-il rappeler que le dogme de la croissance n’est pas tenable : avec une croissance mondiale de 3% par an, il faudrait les ressources de plus de 8 planètes Terre en 2100. Et la croissance du PIB, on le sait, ne mesure ni la justice sociale ni le bien être, ni le respect de l’environnement. La croissance verte, c’est en réalité l’alliance illusoire du capitalisme et de l’écologie. Car la logique capitaliste n’a qu’un intérêt : polluer moins pour polluer plus longtemps et faire de l’écologie un « business » comme un autre. L’environnementalisme, lui, se contente de mesures en faveur de  l’environnement, sans remettre en cause le système, et en oubliant trop souvent la question sociale. En se fixant comme objectif de protéger l’environnement, et non de changer radicalement la société, ces deux tendances, le « capitalisme vert » et l’environnementalisme, veulent nous faire croire que l’écologie serait a-politique...

Nous devons dénoncer cette manipulation visant à sauvegarder le système et à faire « du changement dans la continuité ». Il est temps de mener la bataille culturelle face au travailler plus pour consommer plus cher à Nicolas Sarkozy et de s’attaquer aux véritables causes du problème : le productivisme et la société de consommation, ce système capitaliste qui ne connait qu’un mot d’ordre : la rentabilité, le plus possible, le plus vite possible. Ce système qui fait primer les intérêts particuliers sur l’intérêt général, en organisant la marchandisation de toutes les activités humaines. Ce système qui organise d’un même mouvement la surexploitation des populations et celle des écosystèmes. Les conséquences, on le sait, c’est la crise actuelle, la montée des inégalités et la catastrophe écologique.

La hauteur de l’enjeu appelle au contraire un changement d’approche radical, qui s’inscrit nécessairement dans le dépassement du capitalisme et dans la prise en compte simultanée des enjeux sociaux et écologiques. Cette approche demande du courage et de la cohérence politiques.

Du courage, tout d’abord, car la mutation à réaliser est immense. Nous devons créer les conditions de l’engagement de tous les citoyens et organiser un débat ouvert, sans tabous, pour avancer ensemble vers un véritable projet de gauche alternatif au capitalisme et au productivisme. Pour accomplir cette mutation, nous avons un outil : la planification écologique. La planification écologique est un moyen d’impulser, de manière volontariste et sur le temps long, la transition écologique. Car le temps de l’écologie est un temps long, incompatible avec une logique de rentabilité à court-terme.

La planification écologique, c’est la voie démocratique pour gérer la transition entre le système capitaliste actuel et l’alterdéveloppement que visons. Quelle autre solution pour sortir de l’impasse écologique et gérer le long terme ? Nous avons besoin de cette planification pour faire un état sérieux de la situation, identifier les objectifs que nous voulons atteindre, mettre en place les programmes pour y arriver et les indicateurs pour les évaluer. Prenons par exemple à la crise de l’industrie automobile : si on veut à la fois répondre à l’exigence environnementale liée aux émissions de (GES) et au pic de pétrôle, mais aussi à l’impératif social et économique de défense des salariés de cette industrie, il faudra bien planifier la reconversion industrielle de manière réfléchie et progressive, en lien avec les partenaires sociaux.

Du courage, donc il nous en faudra. De la cohérence, aussi, et celle-ci passe notamment par le refus des traités de l’Europe actuelle.

L’Union Européenne organise, vous le savez, un « marché européen intégré », qui défend la circulation des marchandises à l'échelle européenne selon la seule loi du marché. Dans ces conditions, comment envisager la relocalisation partielle de l’économie, comment favoriser les circuits courts, si on ne peut pas d’une manière ou d’une autre "pénaliser" les productions plus lointaines et plus polluantes ?

De même, l’UE systématise la mise en concurrence et la libéralisation de services publics qui jouent pourtant un rôle social et écologique essentiels (énergie, transports, poste...). Elle fait reposer sur les collectivités publiques les objectifs de « bon état écologique des eaux », quand dans le même temps la Politique Agricole Commune favorise l’agriculture productiviste, première source de pollution des eaux, à grands renforts de subventions et au détriment de l’agriculture paysanne.

Certes, l’UE a adopté un plan climat énergie, mais elle ne prévoit aucune sanction aux Etats membres qui n’en respecteraient pas les objectifs, distribue des quotas de CO2 gratuits et permet que les émissions de CO2 soient « délocalisées » dans les pays du Sud. Il faut savoir qu’aujourd’hui, un tiers du CO2 émis en Chine vient de la production de produits destinés à l’exportation vers les pays dits développés...

Nous devons changer d’Europe ! Et construire une véritable politique écologique, car s’il est un domaine où s’imposent une pensée et une action qui ne s’arrêtent à aucune frontière, c’est bien celui de l’écologie.

Parmi les objectifs prioritaires, il nous faut viser un objectif de réduction des émissions domestiques de gaz à effet de serre (GES) de l’Union Européenne d’au moins 30% d’ici 2020. Cela passe par la mise en place d’un pôle public européen de l’énergie, d’une fiscalité environnementale de type taxe carbone, le transfert massif des investissements en recherche et développement vers le secteur des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, mais aussi des mesures en faveur de la sobriété en matière de consommation énergétique. Nous devons également planifier tout à la fois la sortie du nucléaire et des énergies carbonées.

Nous devons aussi nous battre pour le rétablissement des services publics pour de véritables politiques écologiques en matière de transport, d’énergie, de climat... En matière agricole, enfin, nous devons agir pour la réorientation des aides de la PAC vers une agriculture locale, paysanne, vivrière, respecteuse de l’environnement, et exiger un moratoire sur la commercialisation et la mise en culture des Organismes Génétiquement Modifiés.

Vous le voyez, nous avons du pain sur la planche... Mais nous nous devons, en tant que Parti de Gauche, de relever le défi. De manière ambitieuse et radicale.

Car si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place.

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