jeudi 7 mai 2009

Chère Corinne et chers camarades du parti de gauche : Réponse de Paul Ariès

Voici la réponse de Paul Ariès à la lettre que je lui avais adressée, concernant les convergences entre les mouvements de l'objection de croissance et le Parti de Gauche (à lire ici).

A suivre, pour l'émergence d'une gauche antiproductiviste, sociale et écologiste !

Bonne lecture. Bonne réflexion.


Chère Corinne et chers camarades du parti de gauche,


Mon entretien paru samedi dans Libération ne cesse de créer des vagues positives et négatives. Même France Inter l'a évoqué ce matin dans sa revue de presse. Preuve qu'il pose ou croise des questions essentielles. Pour nous mais aussi pour nos adversaires inquiets face à l'éveil d'un nouvel antiproductivisme dont le contre-Grenelle fut un écho.


Nous devons oeuvrer tous ensemble pour construire cette alternative.


Le parti de gauche a fait la preuve de son efficacité politique en se constituant et en se développant très vite dans un contexte difficile.


Les milieux de la décroissance ont jusqu'à ce jour fait preuve de leur

impuissance dans ce domaine mais nous portons des approches neuves.

Je ne cesse de répéter que la décroissance n'est pas une petite grenouille qui aurait vocation à devenir aussi grosse que le boeuf : il ne devrait jamais y avoir de notre part ni sectarisme idéologique ni narcissisme organisationnel.


Notre appel paru dans Politis à faire d'une région un lieu d'expérimentation politique est bien un échec. Echec car cette perspective n'a pas permis de faire exception régionalement en constituant une large unité avec notamment le NPA. Echec car la question antiproductiviste n'est pas au coeur de la campagne. Le tract régional du Front de gauche distribué le 1er mai en est un symptome. Le compte n'y est donc pas pour moi, objecteur de croissance et antiproductiviste.


Nos échanges bien que riches et ouverts n'ont pas débouché sur un accord politique. La méthode choisie d'un accord privilégié et préventif avec le PCF n'était sans doute pas la bonne. Cet échec a aussi sans doute des raisons politiques et théoriques plus lourdes. Méfiez-vous, camarades du Front de gauche, que le mort ne finisse par saisir le vif...


Je n'ignore pas les gestes constants du parti de gauche dans ma/notre direction. J'ai reçu en effet des invitations pressantes et amicales à le rejoindre de la part de ses plus hauts responsables.


La question ne me semble pas pouvoir se poser dans ces termes. Le Sarkophage est par exemple un lieu de débat entre des sensibilités différentes incluant aussi des membres du NPA, des communistes, des socialistes, des écologistes, des OC, etc. Nous sommes plus utiles aujourd'hui en préservant cette extériorité.


Nous aurions voulu que la liste milite pour un revenu universel européen couplé à un revenu maximal autorisé, nous aurions voulu faire du réseau des villes lentes donc du ralentissement un axe fort de cette campagne. Nous aurions pu imaginer que des centaines de villes françaises rejoignent ce réseau et en adoptent la charte (en tout ou en partie). Nous avions plus d'une cinquantaine de propositions concrètes.

Nous avions même des députés et élus d'autres pays prêts à s'engager aux côtés d'une liste unitaire portée par un objecteur de croissance.


Nous avons accepté la notion de planification chère au Parti de gauche

ajoutant qu'elle devrait être démocrartique et ne pas masquer un retour au planisme.

Ce qui nous unit est beaucoup plus important que ce qui nous divise. Cette diversité est une richesse que nous aurions pu faire valoir. Le parti de gauche a le droit de se considérer comme un parti creuset. Il ne peut demander aux autres sensibilités de partager son auto-définition.


La question se posera aux lendemains des européennes du futur politique de notre sensibilité.

Irons-nous vers la constitution d'un mouvement politique spécifique de la décroissance en partant des groupes existants et en fédérant d'autres courants jusqu'alors inorganisés ?

Ce courant sera-t-il 100 % décroissance ou ouvert aux autres antiproductivistes ?

Rejoindrons-nous, au contraire, individuellement ou collectivement, des partis déjà existants ?


Je l'ai dit haut et fort en conclusion du contre-Grenelle du 2 mai à Lyon. Je ne soutiens officiellement aucune liste ce qui peut se comprendre aussi en disant que je soutiens toutes les listes en marchent vers l'antiproductivisme.


J'ai dit aussi que ce qui sépare aujourd'hui deux militants d'un même parti est souvent plus important que ce quidistingue deux membres de deux organisations. N'oublions jamais que l'essentiel des forces ne sont pas encartées et ne le souhaitent pas.


Les élections ne sont tout comme le contre-Grenelle qu'une étape.


Il faut travailler ensemble pour constituer une convergence qui agrège les sensibilités, les structures, les non "encartés", etc.


Je rêve ce matin d'une confédération antiproductiviste dont l'escargot serait l'emblème.


Salut et fraternité

Paul Aries

Objecteur de croissance

Directeur du Sarkophage

Haut de page