mardi 7 juillet 2009

Intervention à la Mutualité : « 3 heures pour une alternative de gauche »

"Écologie, un nouveau type de développement"

Bonsoir,

Je voudrais revenir rapidement sur le contexte politique tout d'abord. Il ne vous aura pas échappé... que nous sortons d'élections européennes qui ont recomposé le paysage politique en France. Le score d'Europe Écologie, notamment. Il a confirmé la prise de conscience écologique dans le grand public, on ne peut que s'en réjouir. Mais pas s'en satisfaire.

Car en se plaçant au-delà du clivage gauche-droite, en acceptant le très libéral Traité de Lisbonne, en laissant croire finalement que leurs propositions pouvaient se passer d'une critique radicale du système, tout ceci a malheureusement aussi permis que le succès « écolo » soit récupéré par ceux-là même qui nous ont conduit à la crise sociale et écologique.

La droite et les multinationales en profitent allègrement pour brouiller les cartes et enfumer les esprits.

C'est Christian Jacob, jadis ardent pourfendeur de l'amendement anti-OGM de notre camarade du PC André Chassaigne, qui prend la tête de la toute nouvelle commission « développement durable » à l'Assemblée Nationale.

C'est Christine Lagarde, qui se félicite officiellement de l'entrée de nouveaux actionnaires privés à hauteur de 15% dans le capital d'Areva. Cette même Areva qui se pose maintenant en championne de l'environnement en se déclarant  spécialiste des énergies « décarbonées », notez la nuance...
C'est encore Vinci qui rebaptise la nouvelle autoroute A19 en « éco-autoroute » !

Et voilà les nouveaux champions du capitalisme vert, qui consiste à faire de l'écologie un business comme un autre, et dont la seule question est : « comment polluer moins pour polluer plus longtemps »… et continuer à s'en mettre plein les poches !

C'est une vision libérale de l'écologie avec laquelle Nicolas Sarkozy se sent évidemment très à l'aise. Ce qui lui permet de se poser en « géant vert », tout en rappelant tranquillement au congrès de Versailles que sa solution pour sortir de la crise, c'est de produire plus pour consommer plus... Ce n'est pas avec ça qu'on va changer radicalement la société.

Il est plus que temps de passer de l'écologie de salon à une écologie de combat. Une écologie radicale, qui fasse preuve de courage en disant clairement les choses à nos concitoyens qui, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, sont en capacité d'entendre et de comprendre.

Car la vérité, c'est qu'on ne sauvera pas la planète sans sortir du capitalisme et de la logique productiviste, qui provoque à la fois hausse des inégalités, exploitation sociale et pollutions, qui ne reconnait que la loi de l'argent et du plus fort, qui en somme exploite d'un même mouvement les individus et les écosystèmes, dans une version marchande de la double peine.

L'écologie c'est au contraire une opportunité formidable de réenchanter le monde, en refusant l'horizon indépassable du capitalisme.

Car nous devons avant tout redonner de l'espoir, en proposant une vision alternative, un projet du « vivre bien ». Vivre bien, comme ils disent en Bolivie, c'est avoir ce qu'il faut sans devoir le prendre à ses voisins.

Pour cela, nous avons une bataille culturelle à mener qui passera non pas par une posture culpabilisatrice et dogmatique, mais par notre capacité à proposer un projet alternatif, fondé sur l'émancipation individuelle et collective.

Nous ne pourrons pas faire l'impasse d'un nouveau modèle combinant démocratie, justice sociale et impératif écologique. Ne nous le cachons pas. Ce ne sera pas un exercice facile. Jusqu’à présent les partis de gauche n’ont pas su intégrer ces questions à la hauteur des enjeux dans leurs orientations et leurs programmes. Mais nous n'avons plus le choix. Il y a urgence. Pour la gauche, pour le peuple, et pour la planète.

Nous prenons le risque, si nous ne planifions pas d'urgence la transition écologique, d'un choc violent et de réponses totalitaires. C'est donc une responsabilité politique importante.

Nous devons, de manière collective, faire un état des lieux sérieux de la situation actuelle, des objectifs que nous voulons atteindre, et des programmes à mettre en place pour y arriver, en les planifiant dans le temps. Le temps de l'écologie, qui est un temps long, loin des objectifs à courte vue du capitalisme et des lois du marché.

Le processus démocratique qui nous permettra d'y arriver, c'est ce que nous appelons la planification écologique.

C'est la mise en application d'un volontarisme éclairé, d'un réformisme radical.

C'est le retour de l'action politique au service de l'intérêt général.

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