mercredi 15 juillet 2009

Johnny, Raffarin, et le monde comme il va (mal)

Panem et circenses

700 000 personnes ont assisté hier au concert de Johnny Halliday à l'occasion du 14 juillet. De la fête de la Fédération en 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille, à la mise en lumière d'un vétéran de la variété et de la culture marchandisée, passons sur le symbole.

Spectacle gratuit ?

Le coût de l'opération a fait couler beaucoup d'encre, pourtant on ne sait toujours pas quels sont les bons chiffres, avec une estimation étrangement passée de 1 000 000 à 1 900 000 d’euros entre mars et juillet. Sans compter les 600 000 euros de réfection de pelouse du champ de mars en cas de piétinage intempestif (ils leur ont distribué des patins à l'entrée ?). Ce dont on est sûr en revanche, c'est que le montant sera entièrement pris sur les deniers du ministère de la culture.

Même flou sur les émoluments du chanteur : 500 000 ? ou « seulement » 30 000 – soit pour un concert de 3 heures, du 10 000 euros de l'heure, tout de même... Pour un exilé fiscal qui a préféré s'installer en Suisse plutôt que de verser une partie de sa fortune au pot commun, qui après avoir réclamé à corps et à cris le bouclier fiscal a finalement préféré rester au chaud en pays Helvète, alors que son loyal ami Sarkozy en faisait sa première mesure phare présidentielle...

Finalement Johnny H préfère que ce soit le contribuable qui mette au pot pour lui payer son train de vie plutôt que l'inverse, avec la bénédiction de l'Etat. Tout un symbole de cette société inversée, où on marche sur la tête, avec un système qui enrichit les plus riches et institutionnalise l'adage « l'argent attire l'argent ».

Le 14 juillet, l'occasion de réaffirmer la finalité redistributive de l'impôt et poser la question de l'utilisation des fonds publics ? Parce que pour les circenses, on voit bien. Mais où est le panem ?


Grosses bagnoles et jolies pépés

Johnny toujours. L'inénarrable Raffarin n'en est plus à une près... mais quand même. Dans Le Monde de dimanche dernier, il est interrogé en tant que fan de Johnny (ce qui pour un ancien premier ministre est déjà la classe, mais passons).

Premier choc : « à la fin des années 1970, alors conseiller municipal, je crois avoir fait en sorte qu'on rouvre spécialement l'aéroport de Poitiers en pleine nuit pour qu'il puisse repartir après un concert à Angoulème ».

Je ne peux m'empêcher de penser aux « riches qui détruisent la planète » d'Hervé Kempf : dérogations spéciales, train de vie indécent, modèle insoutenable, mépris pour les pauvres et pour la planète. C'est un condensé de tout ça qu'on retrouve dans cette petite phrase apparemment anodine de JP Raffarin. Sûre en plus qu'il le dit avec un léger sourire de fierté faussement modeste du genre c'est-moi-qui-l'ai-fait.

Encore mieux, quelques mots plus tard : « … notamment Matignon, où il est venu diner avec Laeticia. Les chauffeurs de Matignon avaient davantage regardé sa bagnole ce soir-là, un énorme Hummler que Johnny conduisait lui-même ».

« Davantage regardé sa bagnole » ?... Davantage que quoi ?

Relisez la phrase... Non, quand même pas... que sa jeune épouse Laeticia ?!!

Avec l' « énorme Hummler » (notez que Johnny avait la classe de le conduire « lui-même », décidément, quel homme !), on touche là au must de la beaufitude machiste confite dans le fric et les cylindrés.

Garder sa capacité d'indignation, toujours. Rien n'est anodin aujourd'hui, même plus la futilité.

Vous êtes maintenant mûrs pour écouter ça (fortement recommandé) : La mort à Johnny (La Blanche)

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