mardi 11 août 2009

Banderoles, cagoules et gnôle (2)

Pause à Paris avant de rejoindre la Drôme, de retour de la semaine de résistance à Notre Dame des Landes... Problème. Par où commencer ? Petit tour d'ambiance.

Décoloniser l'imaginaire

Commençons déjà par une bonne nouvelle.On se désaccoutume en fait très bien et très vite du productivisme !

Et pour ça le passage par un camp climat autogéré, à empreinte écologique nulle, est un bon outil de déconditionnement. Le retour à la chasse d'eau, au TGV et au ciel sans étoiles de Paris révèle le petit choc culturel laissé par cette semaine à Notre Dame des Landes. Alors pour assurer la transition, je suis allée me mettre les pieds dans l'herbe au parc de Belleville.

Pendant que ma copine Babette active son crochet sur un improbable écheveau de laine verte et rose fluo, je lui raconte ma semaine. De la politique, du combat écologique, des débats, de l'expérimentation concrète, des rencontres inattendues, de l'humain, des rires et de la bière... Que du bon.

Banderole versus toilettes sèches

Que du bon ? Hum... Ce n'est qu'au bout de deux heures que je me rends compte que j'ai totalement omis de lui raconter les incidents de la semaine. Côté négatif : les stands des associations et partis politiques vandalisés. Encore que finalement on a eu de la chance, seule notre banderole du PG a été arrachée la première nuit. Alors que les Verts d'Europe Ecologie, eux, ont eu droit au contenu des toilettes sèches. Interdit de sourire. C'est mal.

Un militant « AAA »

Franchement pas drôle, pour le coup, la camionnette d'Hervé, taguée d'un A-anar rageur. Et re-belote avec deux autres « A » quelques jours plus tard. Hervé, militant désormais confirmé AAA, faucheur volontaire émérite, grand désobéissant devant l'éternel, militant anti nucléaire, ami des brigades de clowns, condamné pour plagiat du « casse toi pov'con » de Sarkozy. Le tagueur a mal choisi sa cible.

Faites venir à nous les petits hélicos

Le purin déversé dans les locaux de Nantes Métropole et le braquage du Super U ont été pain bénit pour les quotidiens régionaux, mais ce n'était pas franchement le message qu'on était venu porter. Et faire passer l'intrusion de 40 cagoulés munis de bâtons dans un supermarché pour de la réquisition de richesse, c'est carrément malhonnête. La réquisition de richesse, on la fait à visage ouvert, en portant un message politique. Là le message c'est quoi ? A part décrédibiliser l'écologie radicale, comme ça a été repris dans les journaux ?

« et là, c'est bon enfant ? »

On s'est tapé les hélicos de gendarmes toute la semaine, et les barrages à l'entrée du site avec relevé d'identité. Mais au final la médiation a fonctionné et grâce à la bonne humeur des clowns activistes, même l'occupation de l'aéroport de Bouguenais à Nantes s'est bien passée. Sous le mot d'ordre « bon enfant », comme nous l'explique Ronan. Les clowns vérifiaient régulièrement auprès des flics : « et là, c'est bon enfant ? C'est bon, on continue alors »... « et là, bon enfant ? »...

La notion de camarade à l'épreuve du terrain

Les copains du PG m'ont épatée. Toutes écoutilles dehors, les yeux et les oreilles grand ouverts, à courir d'une AG collective à un débat, à aller discuter avec tout le monde, à tenir des discussions enflammées sur l'autogestion autour d'une bière, à prendre chacun sa part de tache. Des militants qui ne s'étaient jamais vus, qui viennent d'horizons, disons... parfois radicalement différents ;) Et pas une embrouille de la semaine. Le collectif tient, et bien.

Dimanche soir, briefing

Jean Charles est tout naturellement désigné responsable bouffe, il sera aussi chargé de nous trouver de la gnôle artisanale du coin pour les fins de soirée au camping. C'est également lui qui assure les photos souvenirs. Mathieu prend le relais de Jean Marc sur la logistique. On est presque tous venus sans voiture, il va falloir se débrouiller pour les déplacements entre le site et le camping. Hervé assure le stand, notre point de ralliement. Et chacun, le temps d'une journée, sera en charge d'un journal de bord militant : anecdotes, impressions, vie du site, compte-rendus d'ateliers...

Café au cul du camion

Une petite routine se met en place. Chaque matin, on part du camping avec les croissants et on retrouve Hervé qui dort sur place dans sa camionnette pour prendre le café avant d'aller installer le stand. Laurent arrive avec la presse du jour, on se jette sur les articles qui parlent de Notre Dame des Landes.



Du rhum, de la coinche et des idées !

De retour au camping le soir, on joue les prolongations sur la terrasse du mobil home et on se raconte les anecdotes glanées au cours de la journée. On se lache sur les blagues vaseuses, on regarde les photos du jour, on se lance dans des parties de belote coinchée à grand coup de rhum et on refait le monde jusqu'à 3 heures du mat '.



Au final, c'est une quarantaine de militants du PG, de 10 départements différents, qui seront venus à Notre Dame des Landes. Avec un noyau d'une douzaine de militants qui a assuré toute la semaine. Et qui à mon humble avis ne va pas s'arrêter là... Des mordus, je vous dis ;)

A suivre.

(photos jean charles girault)

Haut de page