mercredi 28 octobre 2009

Un yacht pour milliardaires éco-responsables ?!!

Ah, décidément, oui, j'aime les yachts.

Je commence même à me demander si je ne vais pas me spécialiser là-dedans, tant le yacht est un beau symbole du mépris des plus riches pour tout ce qui les entoure, misère, injustices et pollutions... Je crois que ma passion a commencé à Cannes, avec l'ami Hervé, sur le yacht de Madoff. Puis le bateau de Virenque a coulé, et des camarades se sont amusés à me soupçonner ne pas y être pour rien ;)

Et j'ai encore eu le plaisir de voir inclure dans notre proposition de loi sur la fiscalité écologique le projet de suppression d'une jolie niche fiscale sur l'exonération des agences de location de yachts dans les îles...

Alors, voilà, c'est comme ça que nait un gimmick.

Et c'est ainsi que mon père m'envoie ce superbe article. Jubilatoire. Désespérant.

Hermès lance le yacht pour milliardaires éco-responsables. sic.

"Rêveurs et peu pressés". C'est sur, ils ont tout le temps, eux. Et rien d'autre à faire... Vitesse limitée à 14 nœuds, capacités de contemplation illimitée. Ah ! regarder l'océan, se laisser porter et doucement envelopper dans ses pensées, loin du monde et de ses ravages... Eloge de la lenteur. Sauf que c'est marrant, mais nous, c'était pas franchement aux milliardaires qu'on pensait quand on parlait de dépassement du salariat, de revenu universel, de réduction du temps de travail et de temps libéré...

On apprend dans cet article que l'opération de comm démarre par l'embarquement d'une nuée de journalistes dans un vol charter. Pas pour l'Afghanistan, celui-ci, mais pour aller voir un yacht de luxe et faire de jolis articles en rentrant. Suit la description de l'engin. 3400 m2 habitables, de quoi faire rêver... Surtout quand on pense aux cages à rat dans lesquelles sont obligés de s'entasser de nombreuses familles, à paris et ailleurs, grâce à la spéculation immobilière de notre beau système ;(

Et on arrive au plus beau. Tenez vous bien : le yacht est prévu pour 12 passagers et 20 hommes d'équipage ou de service. Il faut bien ça. Le petit personnel du 21e siècle pour ces messieurs dames, on se pince.

Et tout ça pour ? 150 millions d'euros. Rien de moins. Le "prix d'un ou deux Rafale" comme nous l'indique négligemment l'article. Jolie comparaison, c'est sur, ça fait hésiter. La guerre et le luxe, même combat ?

Mais ouf, tout ça n'est rien, je suis mauvaise... Car ce yacht possède la vertu suprême en ces temps d'écologisme béat, celle qui permet d'oublier tous les vices et remet à zéro les compteurs de l'outrance : 900 m2 de panneaux solaires thermovoltaïques, "assurant une consommation de fioul inférieure de moitié à celle d'un yacht similaire". Et il est prévu "la mise en place d'une voile de propulsion géante fonctionnant comme un cerf-volant (le Skysail mis au point par une firme allemande)". Alors, où est le problème, franchement ?

Enervée. Indignée. Vivante.

J'en profite au passage pour vous inviter à lire l'excellent article de Sophie Divry dans la decroissance N°61, s'il vous reste un peu de nerfs : Luxe, calme et écotartuferie.

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