mardi 24 novembre 2009

Retour sur Politeia... en mots cette fois ;)

Samedi dernier fut une belle virée Lilloise. Au menu, débat l'après-midi autour du thème « Urgence climatique, urgence sociale : quel projet politique ? » avec Jacques Généreux et Laurent Cordonnier, signataire de l'appel des économistes pour le Front de Gauche. Et le soir, meeting avec Alexis Corbière et Jean Luc Mélenchon. L'occasion de me rendre compte en arrivant dans cette belle salle aux couleurs du PG que l'ambiance des grands meetings me manquaient... Les camarades dans les coulisses qui finalisent les derniers réglages, la buvette qui met la dernière main à la pâte, et les crieurs du PG qui répètent leurs saynètes de théâtre militant, des dialogues absurdes et réjouissants sur la privatisation de la Poste et l'identité nationale. Belle ambiance, chaleureuse et militante, ça fait du bien.

Je reviens sur le débat plus loin, mais avant je ne résiste pas à partager avec vous un passage du discours de Jean Luc Mélenchon samedi soir qui m'a énormément plu :

- il y a trop de riches

- vous avez raison, monsieur Mélenchon

- il y a trop de pauvres

- vous avez raison, monsieur Mélenchon

- mais pour qu'il y ait moins de pauvres, il faut qu'il y ait moins de riches

- … communiste !!!

Merveille des mots. Cet ironique dialogue est tellement juste. Tout est dit. Bon, et bien sur il faut imaginer Jean Luc le faire vivre sur scène ;)

Je retiens aussi de son discours une proposition très concrète, déclarer dès que nous serons en situation de gouverner que plus un camion ne doit circuler de la frontière du Nord de la France au Sud. Tous sur les rails ! Aujourd'hui c'est 262 gares de frêt qui ont été fermées. On a interrogé des cheminots : combien de temps pour remettre tout ça en fonctionnement et balancer tous les camions sur le dos du train ? Ça dépend qui demande... Mais entre 3 et 5 ans (pour nous ce sera 3 ;)

De la riche intervention de Jacques Généreux, je retiens avec délice que « le bon salaire, c'est le salaire égal pour tout le monde ». On peut le tourner dans tous les sens, rien ne permet d'expliquer qu'une heure de la vie de quelqu'un vaille plus qu'une heure de la vie d'un autre individu. Même si on sait qu'il existe des inégalités culturelles qui peuvent être acceptables, sur l'expérience par exemple...

Lui, son premier acte de gouvernement, il le place sur la dénonciation du traité de Lisbonne : nous, on fait comme ça, on ne veut pas de cet espace de concurrence sauvage, mais d'un espace de coopération et on en discute avec tous ceux qui sont d'accord. Il rappelle enfin que le progrès dans les Pays du Sud, c'est avant tout de répondre aux besoins fondamentaux des populations sur place, pas d'inonder le marché mondial avec des gadgets en plastique. Et bien d'autres choses... Lisez le socialisme néo-moderne !

Quant à moi, je rappelle qu'en matière d'urgence, qu'elle soit climatique ou sociale, malheureusement les chiffres parlent d'eux-mêmes : 750.000 chômeurs supplémentaires en un an en France, des écarts de revenu qui augmentent - les 1% les mieux payés du privé percevaient 5,5% de la masse salariale en 1996, cette part est montée à 6,8% en 2007. Et pendant ce temps, 1.000.000.000 d’êtres humains souffrent de la faim, l'Office International des Migrations annonce 150 à 20.000.000 de réfugiés climatiques en 2050, et les émissions de CO2 continuent d'augmenter de plus de 3% chaque année depuis 2000 malgré toute les belles déclarations...

Quel rapport, me direz-vous ? D'abord, le mode de vie des plus riches, fondé sur une logique d'accumulation, qui est érigé en modèle par la pub et les médias à grands coups de bling bling et de yachts dorés. Aujourd'hui, les 20% les plus riches consomment plus de 80% des richesses de la planète, les 20% les plus pauvres doivent eux se contenter d'un minuscule 1,6% ! Ensuite, la croissance mondialisée, le libre échange, qui font qu'un pot de yahourt aux fraises parcourt plus de 9.000 km pour arriver dans notre frigo. Qu'un bête jean parcourt 30.000 km, soit à peu près le tour du monde avant d'arriver dans notre placard.

Conditions de travail infectes des sweatshops, exode rural, trajets polluants et émissions de gaz à effet de serre (GES), exploitation des ressources des Pays du Sud... On marche sur la tête. Ce sont les politiques sauvages libérales de l'OMC, du FMI, de la banque Mondiale qui poussent à ces mises en compétition déloyales, à ce dumping social et environnemental qui creuse les inégalités Nord-Sud, casse les mécanismes de solidarité et les services publics des pays du Sud, les poussent à passer d'une agriculture paysanne à des monocultures intensives destinées à l'exportation, et même, pour les agrocarburants, destinées non plus à l'alimentation humaine, mais à nourrir nos voitures !

Voilà la nouvelle répartition internationale du travail, savamment orchestrée pour baisser les couts de main d'œuvre, sans s'encombrer d'exigences environnementales, et engranger toujours plus de profits. C'est bien là l'objectif intrinsèque du capitalisme, soutenu par la logique productiviste : on crée des besoins artificiels pour écouler toujours plus de production pour soutenir la croissance pour répondre à la pression des actionnaires... Travailler plus pour s'endetter plus pour consommer plus ce qui pollue plus. C'est quand même évident que ce système est intenable!

Encore quelques chiffres marquants, plus efficace qu'une longue démonstration : en 1961, on avait besoin de la moitié des ressources de la Terre pour satisfaire à notre consommation. En 1981, on exploitait tout ce que la Terre pouvait fournir ; aujourd'hui nos « besoins » excédent de 30% les capacités de la planète à se régénérer. A ce rythme là, avec un PIB mondial en croissance de 2 à 3%, en 2050 c'est 2 planètes qu'il faudrait pour répondre à la demande de consommation.

Ressources finies, pollution engendrée par les transports, émissions de GES, dérèglement climatique... Exploitation des travailleurs, rapport capital-travail déplacé, inégalités sociales et Nord-Sud, et destruction des écosystèmes... Il est grand temps de remettre à l'endroit ce que le capitalisme fait tourner à l'envers. Et pour ça, de siffler la fin de la récré, changer les règles du jeu, redéfinir la notion de richesse et de progrès humain, enclencher la mutation écologique d'urgence !

Le gouvernement y répond par la capitalisme vert, la taxe carbone, la loi de modernisation économique qui facilite l'ouverture de supermarchés, le travail du dimanche, les heures supplémentaires, le bouclier fiscal et la privatisation du rail et de l'énergie.

Les écolos libéraux et les environnementalistes par l'écologie punitive qui fait ses gros yeux pour culpabiliser les méchants citoyen-nes qui polluent pour se chauffer et se déplacer... Sans remettre en cause le système.

Nous leur opposons un projet de rupture, empreint d'exigence écologique et de justice sociale.

Comme nous l'avons fait avec la proposition de loi sur le bouclier social, et celle sur la fiscalité écologique, qui instaure le RMA, levenu maximum autorisé. Parce que rien ne justifie qu'un individu pèse 400 quand d'autres pèsent 1.

Comme nous le faisons en soutenant les appels Urgence Climatique Justice Sociale et Don't Nuke the Climate en vue de Copenhague, avec l'organisation d'un Forum du PG sur la transition énergétique le 12 décembre prochain, pour avancer sur des propositions concrètes permettant à la fois de réduire les émissions de GES et de sortir du nucléaire, tout en anticipant le peak oil.

Comme nous le faisons en défendant la mise en place d'un pôle public de l'énergie – faut-il rappeler que les bénéfices de Total se sont élevés à 13,9 milliards d'euros en 2008 ?! L'argent existe... Mais aussi la défense des services publics, le développement des transports en commun, rail, ferroutage, vaste plan de rénovation thermique et de redensification urbaine... Bref, de l'intérêt général, de la solidarité, des alternatives : la planification écologique en action !

Voilà, et après tout ça, une bière bien venue, partagée entre camarades, et relecture dans le train avec Jean Luc de mon recueil de textes sur l'écologie, qui devrait sortir très rapidement. Je vous en reparlerai... A vrai dire, je risque même d'insister :)

Et là, bouclage de milliards de choses avant de m'envoler demain pour l'Amérique du Sud et y porter les couleurs rouge et verte de l'écologie radicale. Adalante ! :)

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