jeudi 21 janvier 2010

En direct (ou presque) de l'Embarcadère

Samedi dernier, nous nous sommes rassemblés en « forum citoyen » à l'Embarcadère à Lyon pour gamberger sur les propositions de la liste "ENSEMBLE" Rhône-Alpes.

J'étais chargée de co-animer l'atelier sur « Écologie et développement équilibré des territoires ». Je dois avouer que j'ai été agréablement surprise à la fois de la richesse des échanges (un vrai atelier !) et de constater que finalement on était quand même vachement d'accord sur beaucoup de points... Si si ;)

En introduction de l'atelier, j'ai voulu rappeler deux trois bricoles sur le contexte politique et l'actualité, histoire de ne pas être complètement « hors sol » dans nos propositions.

Rappeler la vague d'écologie libérale et de capitalisme vert à laquelle nous devons faire face.

Que Copenhague a été un échec et une honte.

Rappeler aussi que le plan de relance sarkozy c'est de nouveaux aéroports, des kilomètres d'autoroutes et la promotion du nucléaire (oui, oui, je l'ai dit ;) ce qui souligne encore plus la vacuité du Grenelle de l'environnement.

Parler un peu de la loi de modernisation économique, avec l'ouverture des supermarchés en périphérie des villes, ou encore le travail du dimanche

Ou encore de la taxe carbone retoquée par le Conseil Constitutionnel, précisément sur les raisons qui nous l'ont fait rejeter, mais qui reviendra en pleine forme après les élections régionales(ça a déjà commencé)...

Rappeler, enfin, que pour nous, une écologie radicale et solidaire se doit d'aller au fond des causes et faire l'analyse des impasses du productivisme capitaliste.

J'ai lancé en amorce quelques pistes de discussion : redensification urbaine contre le mitage pavillonnaire (l'idéal petit bourgeois du « tous propriétaires » a fait sourire l'assemblée), réduction des temps de transport domicile – travail, le souci d'associer des services de proximité à chaque nouveau quartier créé, le soutien aux services publics, la prise en compte des critères sociaux et environnementaux sur les projets d'infrastructures - avec le Center Parcs à Roybon ou la gare TGV d'Allan dans la Drôme comme exemples de ce qu'il ne faut pas faire - , la relocalisation agricole et les circuits courts, la déclinaison régionale en plans climat territoriaux du scénario Negawatt pour préparer la sortie du nucléaire, l'impératif de sobriété énergétique et l'investissement dans les énergies renouvelables (locales, et pas industrielles)...

J'étais ensuite chargée de faire le rapport de l'atelier. Exercice difficile après trois heures de discussions tous azimuts... Donc tentative de rapport le plus fidèle possible, même s'il était impossible d'être exhaustive :

1/ Le contexte politique dans lequel va s'inscrire la campagne et les points d'actualité sur lesquels nous appuyer : écologie libérale et capitalisme vert, Copenhague, plan de relance Sarkozy et LME, taxe carbone...

A cela nous opposons une vision sociale et une approche « radicale » de l'écologie : au sens des « racines », c'est à dire aller à la racine des causes quand on analyse l'impasse écologique actuelle, ce qui conduit forcément à remettre en cause le capitalisme et la logique productiviste. C'est aussi ce qui nous distingue de l'approche d'Europe Ecologie, voir les déclarations de Daniel Cohn Bendit sur le capitalisme...

2/ On constate dans le débat qu'il est difficile de rester dans le seul cadre régional, on en vient rapidement à parler aussi d'échelon municipal, national et européen, donc du Traité de Lisbonne et des directives européennes auxquelles nos propositions viennent s'affronter, ce qui impliquera pour nos élu-e-s résistance à ces directives européennes au niveau de la région...

3/ les points à approfondir, notamment la question de la gratuité qui a été largement abordée, et qui porte plus largement un autre projet de société , ou encore le débat « taxer ou inciter » (mais les deux ne sont pas exclusifs l'un de l'autre !).

4/ les points forts de convergence, qui sont revenus régulièrement dans nos échanges :

  • Des transports à la fois écologiques et solidaires, avec le transfert de la route vers le rail et le fluvial (on a deux fleuves dans la région !), la tarification sociale et la prise en charge par les employeurs, la distinction en la matière entre l'urbain et le rural, qui ont des besoins différents, et sont tous les deux à prendre en compte.

  • La relocalisation de l'économie : favoriser les circuits courts, rapprocher les lieux de vie – travail – logement.

  • Les économies d'énergie et la déclinaison locale du scénario Negawatt en plan climat territorial, qui permet également de vivre mieux.

  • En matière d'aménagement du territoire : passer des pôles de compétitivité à des pôles de complémentarité, sortir de la dichotomie « très gros versus très petits », équilibrer sur l'ensemble du territoire...

  • Sur le logement : l'importance de la maitrise publique du foncier, faciliter la rénovation et l'isolation dans le logement social et pas uniquement dans les logements individuels comme c'est le cas actuellement...

  • Favoriser l'agriculture bio et en circuits courts

  • Réaffirmer que l'eau est un bien commun, en aidant les communes qui s'engagent dans des retours en régie publique.

Le cas de grands projets ont également été évoqués, par exemple le gel des projets autoroutiers (A45) ou l'absurde stade OL Land à Lyon...

Enfin, je n'ai pas pu m'empêcher de rappeler pour conclure qu'Europe Ecologie :

n'avait pas signé les appels de soutien des partis de gauche aux mobilisations intersyndicales de 2009,

qu'ils avaient reçu Balladur pour le féliciter de son projet de réforme territoriale en 2009 au siège des Verts,

et que Cécile Duflot venait de déclarer qu'ils n'iraient pas chercher le Modem, mais que si il venait...

Et qu'ils n'avaient pas franchement fait campagne contre le Traité de Lisbonne pendant les européennes, qui pourtant interdit nombre de leurs propositions...

De tout ça, nous devrons nous expliquer pendant la campagne. Pas en nous trompant d'adversaire, que les choses soient claires, mais tout simplement pour clarifier les choses. Devant les électeurs, qui ont le droit de choisir leur bulletin de vote en connaissance de cause. Et pour évaluer les possibilités d'alliances qui ne soient pas des compromis pourris...

Sans le Modem, pour être claire. A gauche !

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