dimanche 7 novembre 2010

Du frêt, des services publics, du mariton et des retraites

L'actualité Drômoise a été dense cette semaine pour moi. Elle a commencé par une réunion sur le frêt organisée à Portes les Valence par la CGT, accueillie par le maire Pierre Trapier. J'y ai également retrouvé Antoina Fatiga, cheminot élu Conseiller régional Front de Gauche avec nous. On y a entendu qu'il y a entre Vienne et Orange 18.000 camions par jour, et que la part des marchandises transportées par rail a été divisée par deux en 8 ans. Quelle absurdité ! Je suis intervenue quant à moi sur la question du service public, en soutien aux propos de Didier le Reste sur la responsabilité de l'Union Européenne, en réaction à la proposition d' "opérateurs de proximité" suggérée par un élu d'Europe Écologie, et aux réponses mi-piteuses mi-creuses du représentant de la SNCF.

J'ai donc proposé de commencer par faire un petit détour par l'autoroute, où les investissements publics ont vite été rentabilisés par des groupes privés depuis la privatisation de 2006. D'ici 2032, durée de la concession, c'est 25 milliards d'euros de profits qui auront été accaparés par le privé. On comprend mieux dès lors l'engouement pour le tout routier d'un gouvernement à la botte des intérêts économiques du privé. La SNCF nous fait pleurer sur le déficit du frêt ? On connait la musique, le saucissonnage en tranches des grandes entreprises publiques n'est pas nouvelle. Ce qui se fait pour la branche Frêt s'est également fait pour la Poste et pour EDF-GDF, ou encore pour la santé avec la mise en place de la tarification à l'acte. C'est ce qui permet de montrer du doigt les activités dites déficitaires et d'allécher le privé avec les activités les plus rentables, une fois que le gros du boulot a été fait sur deniers publics. Ne reste plus qu'à les vendre au plus offrant, et le tour est joué. Faut-il rappeler que ces déficits sont avant tout un problème de répartition des richesses ? On l'a dit et redit à propos des retraites, mais pas de souci, on le redira. On n'est pas fatigué.

A propos de retraites, justement, vendredi soir c'était au tour de la réunion publique de mariton. Le député maire de Crest était en "dialogue républicain" à Die. Alors on y est allé, avec une vingtaine de Diois, des camarades et des citoyens. Les copains de Crest s'était déjà manifesté là bas, on a repris le flambeau ici. Pour lui dire ce qu'on pense de sa réforme des retraites et de la politique du gouvernement. J'ai lu un texte, rédigé collectivement, au nom des citoyens qui s'étaient réunis en AG après la manif retraites de la semaine dernière. Ce qui nous a valu un bel exemple de la malignité dont savent faire preuve certains hommes politiques. Alors que je lui faisais part de l'absurdité qu'il y a à demander aux gens de travailler plus longtemps quand les vieux sont au chômage et que les jeunes aussi, mariton nous a joué l'entourloupe en renversant le propos et en le déformant, allant jusqu'à nous mettre en garde sur le fait que s'il fallait sortir les vieux du marché de l'emploi pour y faire rentrer les jeunes, avec des raisonnements comme ça la prochaine fois ce serait les immigrés ou les binoclards. Quel .... Inacceptable de se faire taxer de xénophobe par un membre de cette majorité là qui a trouvé judicieux de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale ! C'est le monde à l'envers, mais ces gens là n'ont décidément pas peur de tordre la réalité. Et d'oser affirmer comme il l'a fait ce soir que si on est en Afghanistan, c'est en fait pour "avoir un œil et une présence maitrisée près du Pakistan", ce qui serait "la mission principale, même si on l'entend peu". Les Afghans apprécieront.

Pour en revenir aux retraites, mariton a exprimé le fond de sa pensée : "que la santé soit financée par les impôts, oui. Mais la retraite ce n'est pas une aide sociale, c'est le reflet de carrière." En d'autres termes : si tu as palpé toute ta vie, tu continues à le faire à la retraite, et sinon ben tu restes pauvre, mais rien de personnel, hein, c'est juste le "reflet" de ta "carrière"... En même temps ça a le mérite de la cohérence quand on l'entend répéter à l'envi les mots de mérite et de sacrifice toute la soirée (ah non, c'est vrai, il a dit : "je ne demande pas des sacrifices, je demande des efforts" à une jeune précaire qui criait sa colère et son désespoir sous les ricanements du premier rang, disgusting). Bref, il y avait une petite centaine de personnes, on n'a pas entendu un seul propos élogieux pour le député maire de Crest, il s'est retrouvé bien mal au moment de sa conclusion quand on l'a interrogé sur la publicité faite à son bouquin sur papier à en tête de l'Assemblée Nationale et où allaient les droits d'auteur... Il a vu je crois qu'on ne lâcherait pas et m'est avis qu'on en réentendra parler. Tant mieux, on l'attend.

J'en reviens aux "opérateurs de proximité" puisque justement mariton avait l'air de trouver que c'était une bonne idée. Ah oui ? Et il se dit républicain ? Le service public doit être l'objet d'un opérateur national, c'est précisément ce qui garantit l'égalité républicaine, c'est à dire le fait que tous aient accès au même service, dans les mêmes conditions, partout sur le territoire. Et ça c'est rendu possible parce qu'il y a une péréquation tarifaire, que ce soit pour l'acheminement du courrier, des marchandises ou des voyageurs. Un opérateur local ou régional, ça veut dire qu'on aurait tout intérêt à vivre en PACA plutôt que dans le Nord, en zone urbaine plutôt qu'en territoire rural. Et ça on n'en veut pas, parce qu'on a tous les mêmes droits (il parait). Article Premier de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits." Eh oui. Faudrait s'en souvenir. C'est un peu facile de laisser les collectivités et le privé prendre en charge les missions de l'Etat que ce gouvernement détruit méthodiquement, avec l'appui de l'Union européenne et de ses directives de libéralisation et d'ouverture à la sacro-sainte concurrence. On va pas en plus anticiper le mouvement !

Heureusement, samedi c'était manif à Valence, on a pu se réchauffer un peu tous ensemble, sous un soleil radieux.

On était un peu moins nombreux, c'est clair. Pas moins motivés.

Et cette fois on avait des balais ;)

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