jeudi 11 novembre 2010

Du point Godwin en politique

Le point Godwin, c'est celui qui est atteint sur le Net lorsqu'un des commentateurs finit par traiter l'autre de nazi. Ce qui ne manque jamais d'arriver, toujours, plus ou moins rapidement. C'est généralement le fait de ce qu'on nomme les "trolls", ces individus qui viennent dans les forums de discussion cracher leur haine et leur bêtise et provoquer tout le monde.

Le point Godwin est aujourd'hui décerné à Jean Paul Huchon et Daniel Cohn Bendit. Le premier est Président PS de la Région Ile de France. Le deuxième, leader d'Europe Ecologie et député européen. Leurs propos sont donc tout sauf anodins.

Voilà ce qu'ils ont déclaré à propos de Jean Luc Mélenchon et de son livre "Qu'ils s'en aillent tous, vite la Révolution citoyenne" :

JP Huchon (dans l'Express): « Son langage est proche de celui de l’extrême droite, mais c’est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d’extrême gauche. »

D Cohn Bendit (sur RTL) : "Quand on voit son livre, ce qu’il dit sur l’Allemagne, quand il parle de la "grande France", ce qu’il dit sur les boches, c’est insoutenable, intolérable »(...) JL Mélenchon selon lui tient un discours qui "va même labourer sur les terres du Front national".

C'est dommage, je voulais justement faire un billet de blog sur le nouveau job de commentateur de foot sur Canal + de Cohn Bendit, j'aurais préféré, ça aurait été plus léger.

C'est dommage, on aurait aussi pu débattre des propositions de désarmement nucléaire, de revenu maximum, de constituante ou encore de planification écologique avec relocalisation de la production pour lutter contre les émissions de gaz à effets de serre qui sont présentes dans le bouquin.

Mais non.

Nulle part évidemment, Jean-Luc Mélenchon n’utilise le terme de « boche » dans son livre. Au contraire, après avoir souligné le fait que l’Allemagne défend aujourd’hui ses intérêts nationaux davantage que dans l’après-guerre, ce que nul commentateur un peu sérieux ne peut contester, JL Mélenchon écrit même : "Les gargarismes sur le couple franco-allemand doivent céder la place aux réalisations concrètes. Construire des relations avec les allemands, c'est un devoir permanent de notre permanent de notre pays. Et chacun doit s'y atteler à la place qu’il occupe ». Ce qu’a fait le PG dès sa création en revendiquant le parrainage de Die linke dans une vision internationaliste de la coopération entre les peuples.

On n'est pas obligés d'être d'accord sur tout, on peut avoir de temps en temps un coup de gueule mal placé, on en sait quelque chose au PG, mais il existe encore des limites. Le Front National en est une, et elle doit le rester. Dire que Jean Luc Mélenchon c'est "plus grave" que le Pen ou assimiler son discours à celui du Front National est inacceptable.

Il faut bien mesurer la portée de ces déclarations, ce qu'elles révèlent de manœuvres politiciennes au moment où le PG et son Président commencent à inquiéter le pouvoir en place, l'insulte faite à tous les militants du PG, la banalisation du Front National qu'elles induisent, et encore et toujours le dégoût de la politique que ce genre de propos encourage auprès des citoyens.

On ne s'attendait pas à un parcours semé de roses (sic), quand on s'attaque aux riches et aux puissants il faut le faire en serrant les dents. Mais on ne s'attendait pas à ce que les coups les plus bas viennent de ce côté là de l'échiquier politique...

Voici donc la lettre que nous avons adressée à Martine Aubry, première secrétaire du Parti Socialiste.

Lettre du PG à Martine Aubry

Nous avons la même démarche auprès de Cécile Duflot, dont le parti les Verts doit acter sa fusion avec Europe Écologie lors des Assises à Lyon... ce week end.

Lettre du PG à Cécile Duflot

Je vous invite également à aller lire ce qu'en disent Eric Coquerel et Jean Luc Mélenchon sur leur blog.

Et à lire le livre pour vous faire votre propre opinion.

En ce qui me concerne, voilà qui confirme mon choix.

Dernière minute : lisez également le rebond de François Longérinas ici

...le communiqué du PG...

Et l'excellente note de blog de Martine Billard

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