vendredi 3 décembre 2010

Avec les Jeudi Noir au Palais de Justice

Après l'expulsion de la Marquise, cette fois c'est au Palais de Justice qu'on avait rendez-vous, pour soutenir à l'audience les 8 jeunes de la rue de Sèvres (voir sur le site de Jeudi Noir).

Un local réquisitionné en face du Bon Marché, dans les quartiers chics. Vide depuis dix ans, et toujours vide depuis. Propriété d'une oligarque multipropriétaire, domiciliée en Suisse, et qui ose attaquer en justice des précaires en leur demandant l'équivalent de loyers exorbitants, forcément au prix du marché, arguant d'un préjudice et de son droit à indemnités.460.000 euros tout de même.


On croit rêver. Quel préjudice ?

Ce local n'était même pas louable en l'état, vétuste et sans chauffage. Alors il est où le préjudice, à l'heure où d'un froid glacial, où la neige tombe partout en France, où 250 appels chaque soir au 115 restent sans solution à Lyon, où on apprend que les sans paps deviennent la variable d'ajustement des centres d'hébergement d'urgence parce qu'il n'y a pas assez de place pour tout le monde ?




Il est où le préjudice, quand des gens propriétaires de bâtiments vides osent réclamer du fric, et pas qu'un peu, à des jeunes précaires ?

Mais c'est quoi ce monde de dingues ? Où la dame en question, celle de la rue de Sèvres, a été jusqu'à saisir sur les comptes des jeunes le montant de leurs bourses et de leurs allocations, merde c'est juste d'une indécence absolue. Pendant ce temps là il y a des gens qui crèvent dehors. Elle ferait bien d'accepter la proposition de médiation faite par la 4e chambre du tribunal, la colère monte.


En parallèle, je reçois des appels de Valence où des gens dorment dehors par - 5°C. Et on est là, à se geler sur le trottoir en attendant de pouvoir rentrer par le sas ultra sécurisé du tribunal, c'est juste inimaginable de penser que par un froid pareil des êtres humains n'ont rien pour se réchauffer.

Aujourd'hui on peut avoir un boulot sans avoir de toit. Et on peut avoir un toit sans avoir de quoi se chauffer. Les restos du cœur ont distribué 830.000 repas l'année dernière. Mais on peut se revendiquer du droit de propriété sans aucune vergogne, faire de l'acharnement judiciaire, s'attaquer aux plus pauvres, et avoir la justice pour soi. Quelle sale époque.

...

Tant qu'on y sera, au moment de la constituante, on ferait bien de se repencher sur le Code civil et sur le droit de propriété.

... non ?

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