dimanche 23 janvier 2011

Visite aux Jeudi Noir, vue sur Matignon...

La première fois, j'avais un train à prendre et j'avais du rester à la porte. Dégoutée. Cette fois, c'est armée de mon écharpe d'élue et de ma copine Ariane Calvo, élue PG dans le 20e, que j'y suis retournée. La matinée était libre, le lieu calme, sans journalistes, sans personnalité dite de premier rang, et nous avons pu causer tranquillement avec les occupants présents.

Ils sont une vingtaine de jeunes à résider sur place, la plupart étaient au boulot ce lundi matin. Pour franchir le seuil, il faut d'abord montrer patte blanche et écharpe d'élu aux flics qui organisent le blocus, sur ordre du Préfet... voire se murmure t il, au plus haut niveau du Ministère de l'Intérieur, la classe. Mais résultat, à l'intérieur, ça manque cruellement de sommiers, de radiateurs, de vaisselle. De temps en temps un élu arrive à faire passer un peu de matos, mais la plupart du temps c'est niet. En fait, les consignes ne sont pas claires.

Ainsi, avec Besancenot les journalistes ont le droit d'entrer, mais avec le pékin moyen, non. Certains élus sont fouillés, d'autres non. Mais les gardiens de la porte prennent soin de systématiquement prendre les noms des élus et d'attendre les ordres avant de vous laisser entrer.

On se demande bien ce qui justifie cette mobilisation des forces de l'ordre. Le propriétaire, Axa, n'a pas déposé plainte. L'occupation n'est pas illégale. Alors quoi ? La présence proche de l'Ambassade d'Israël, comme on le suggère officiellement ? Mais en quoi les jeunes seraient ils plus dangereux que les autres résidents de la rue ? L'équation jeunes militants = terroristes n'est pas loin... Et encore, ils n'ont pas vu le masque de Sarkozy qui trône dans l'entrée et qui me rappelle une chouette action anti LOPPSI ;)

Après une petite interview avec des étudiants en journalisme très correctement traités je tiens à le souligner :p Jonathan et un autre militant nous accompagnent dans la visite, 8 étages jusqu'au toit. Des pièces avec ici un matelas, là un bouquin qui traîne, des affiches militantes, deux plantes vertes. Les paroles d'une chanson revue sur l'air de Y a quelqu'un qui m'a dit... On en sourit encore dans les couloirs :)

Il reste encore plein de place et on rêve au nombre de mal logés et de sans domicile qu'on pourrait héberger ici. La liste que les occupants a transmise aux flics pour les allées et venues quotidiennes est passée de 30 à 50 résidents "permanents", il y a aussi quelques élus qui viennent passer une nuit ou deux sur place. L'ambiance est bonne, les escaliers encore pleins de confettis, la marque de fabrique de Jeudi Noir. A la Marquise, quand les CRS ont balancé les lacrymos, les militants répondaient avec des confettis. Il y a des images qui marquent, et des souvenirs qui restent.

En haut, c'est juste magnifique. Vue sur Matignon, l'Elysée à un jet de pierre (sic). La Tour Eiffel dans les nuages. Grand angle. On se fume une clope en savourant la liberté d'être là. Cette liberté prise de manière pacifiste mais déterminée. Cette liberté qu'on ne lâchera pas, celle du droit fondamental à disposer d'un toit, d'un logement décent, et à le réquisitionner s'il le faut. Et même pas de vertige :)


La lutte continue.

Pétition de soutien à signer ici

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