lundi 7 février 2011

Gaz de schiste : désenfumage du discours de NKM et poursuite de la mobilisation !

Ainsi donc, NKM aurait annoncé un moratoire, et ouf, on pourrait souffler jusqu'à l'été ? Diable.

Sauf qu'on oublie de dire que le Code Minier nouvelle version remaniée par le gouvernement sera en vigueur dans deux mois, et qu'il devrait autoriser la commercialisation des gaz issus de l'exploration (et non de l'exploitation, qui est la phase suivante) pendant toute la durée des permis d'exploration, soit quinze ans (5 ans renouvelable deux fois). Donc quoi ? Plus besoin d'exploitation, finalement, puisque sous couvert d'exploration les industriels pourront vendre leur gaz pendant cinq ans...

Vous pouvez visionner la séance de question - réponse de NKM à l'Assemblée Nationale ici.Ou sa retranscription écrite sur le site de l'Assemblée que je remets en bas de billet.

Petit florilège et exercice de désenfumage des propos de NKM.

NKM a dit : Mon collègue Éric Besson et moi-même avons confié aux Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies et au Conseil général de l’environnement et du développement durable une mission pour évaluer les enjeux de ces questions, et d’abord les enjeux environnementaux.

Sauf qu'elle oublie de préciser que le CGIET, le Conseil Général de l’Industrie, de l’Énergie et des Technologies, qui est donc en charge de ce rapport, dépend directement du Ministère de l'Économie. On s'attend au meilleur... Voir également sur ce sujet le papier de F Nicolino.

NKM a affirmé : La position du Gouvernement est claire : s’il n’était pas possible de les exploiter autrement, si seules les technologies utilisées en Amérique du nord existaient, ces gisements ne seraient pas exploités.

Sauf que quand NKM déclare qu'ici en France, on ne fera pas comme aux États Unis, non messieurs dames, ici on fera "propre", elle oublie de préciser que seuls les américains maîtrisent la technologie mise au point par le marchand d'armes Halliburton, raison pour laquelle les industriels français, Total et GDF Suez ou Toreador, se voient systématiquement affublés d'un coach États-Unien. Et puis "propre" ça veut dire quoi, quand on parle d'exploitations à base de forages, de camions, de produits chimiques et de gaz à effet de serre - enfin, ce gaz de schiste, il est quand même bien destiné à être brûlé, non ?! On nous prendrait pas un peu pour des benêts, là ?

NKM déclare : Je redis aussi qu’une exploitation n’aurait d’intérêt que si cette production venait se substituer au gaz importé.

Sauf que, quand NKM déclare que les gaz de schiste devront se substituer aux importations, et non venir en plus, elle ne dit rien de la nécessaire sobriété énergétique à engager d'urgence si on veut inverser la tendance, ni que l'indépendance énergétique qu'apporteraient les gaz de schiste est une fable. Admettons qu'avec les gaz de schiste on passe des (officiels et très contestables, mais mettons que c'est une base de démonstration) 50% de taux d'indépendance énergétique actuel à 70% en 2050. Ce qui reste a prouver, mais quand bien même. Si on ne réduit pas la demande croissante d'énergie, il faudra toujours importer 30% x 400 Mtep = 120 Mtep. Avec le scénario Negawatt, et même avec un taux d'indépendance énergétique à 50%, on ne sera qu'à 50% x 130 Mtep = 65 Mtep. CQFD (merci Alexandre ;)

NKM toujours : Il existe par ailleurs trois autres permis d’exploration pour l’huile de schiste, qui constitue un sujet un peu différent.

Dites, elle passe pas un peu vite sur les huiles de schiste qui pose exactement les mêmes problèmes, même technique de fracturation, mêmes quantités d'eau et mêmes risques ?


Tout ça pour dire qu'il est urgent de renforcer la mobilisation, sur laquelle voici un petit point rapide, histoire de garder le moral.

Parce que la mobilisation gagne du terrain ! Et nos élus et militants du PG ne sont pas en reste, dans les collectifs unitaires ils se mobilisent un peu partout : dans l'Hérault, l'Aveyron, en Ardèche bien sûr, mais aussi en Seine et Marne où un collectif est en train de voir le jour (c'est dans le 77 que les premiers forages ont lieu). A la région Ile de France où nous avons proposé un voeu adopté par la majorité, au Sénat enfin où Marie Agnès Labarre, sénatrice PG, dépose une question écrite sur le sujet. Et une coordination nationale des collectifs s'organise sur Valence le 26 février.

Et pour le plaisir, voici une courte vidéo qui m'avait échappée, sur l'action gaz de schiste devant le Mariott avec le collectif "Sauvons les riches".

J'essaye de rendre compte de tout ça au fur et à mesure sur ce blog. Pour tout avoir sous l'œil en un clic, et que ça puisse servir à d'autres, vous aurez remarqué l'apparition de ce joli macaron de mon graphiste maison dans la colonne de droite ;)

Enfin, pour celles et ceux qui voudraient aller plus loin, un excellent article d'OWNI et un autre sur les gaz de schiste et le nucléaire au Conseil européen.

Et toujours la pétition "gaz de schiste, non merci !" à signer, on en est à 30.000 signatures, on doit pouvoir faire mieux !

Yasuni là bas, gaz de schiste ici, un seul et même combat ! Laissons le gaz sous terre !

Gaz de schistes : Transcription de la déclaration de Nathalie Kosciusko-Morizet à l'assemblée le 2 février 2011

Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement. Une grande inquiétude, et de légitimes interrogations, relayées par des élus de droite comme de gauche s’expriment, je l’avais dit, sur l’exploitation du gaz de schiste.

Cette inquiétude est largement fondée sur ce que nous savons des méthodes employées sur le continent nord-américain, où ces gisements sont exploités depuis quelque temps déjà. Les dommages à l’environnement, aux paysages – avec la multiplication des forages – et les risques pour les nappes phréatiques – à cause des produits chimiques utilisés – y sont avérés.

Il n’est pas question, je le redis solennellement, d’autoriser en France une telle exploitation.

Je redis aussi qu’une exploitation n’aurait d’intérêt que si cette production venait se substituer au gaz importé. Il ne s’agit absolument pas de remettre en cause nos engagements en matière d’énergies renouvelables.

En France, trois permis d’exploration ont été délivrés au mois de mars 2010 pour le gaz de schiste. Il existe par ailleurs trois autres permis d’exploration pour l’huile de schiste, qui constitue un sujet un peu différent.

J’insiste sur le fait qu’il s’agit bien d’exploration et non d’exploitation. Aujourd’hui, aucune autorisation de travaux n’a été délivrée dans le cadre des permis d’exploration pour le gaz de schiste.

Mon collègue Éric Besson et moi-même avons confié aux Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies et au Conseil général de l’environnement et du développement durable une mission pour évaluer les enjeux de ces questions, et d’abord les enjeux environnementaux.

Aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée, ni même instruite, avant les résultats de cette mission. L’enjeu est simple : est-il possible, en France, d’exploiter ces gisements proprement, afin que cette production se substitue à des importations ?

La position du Gouvernement est claire : s’il n’était pas possible de les exploiter autrement, si seules les technologies utilisées en Amérique du nord existaient, ces gisements ne seraient pas exploités.

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