vendredi 25 mars 2011

de la colère, de la honte, une fin de règne et un appel au sursaut (coup de gueule pas drôle et pas correct)

Fin de règne, fin de système, fin de 5e république... Ils cassent tout, toutes nos valeurs de solidarité, ils font tomber un à un tous les piliers de ce qui nous permet de vivre ensemble, de se soigner, d'aller à l'école, de manger, de se balader à l'air libre, de respirer un air sain, de nager en rivière, d'avoir un toit, de quoi payer des vacances à ses mômes, le droit à vivre en sécurité, le devoir de s'exprimer, de résister, de se battre. Et tout s'effondre. Un vrai marasme. Une honte, de plus en plus. De la colère, beaucoup. Crise économique et sociale, désastre écologique, dénis répétés de démocratie, mépris du peuple, tout nous indique qu'on va droit dans le mur. Et les élections cantonales révèlent à quel point on marche sur la tête. Alors quoi ? On reconstruit sur des ruines ou on continue à regarder et à les laisser faire ?

Oui, je suis en colère. J'en ai assez de voir cette oligarchie mediatico-politique briser nos vies, nos rêves, nos espoirs, tous nos efforts. Eux, qui devraient être les représentants de nos colères et de nos espoirs, nous éclairer sur le monde tel qu'il va, eux qui devraient nous parler de choix, d'idées et d'avenir. Eux qui nous bâillonnent et nous désespèrent. Signe des temps, ces élections cantonales donnent du grand n'importe quoi et révèlent une fois de plus les mauvaises manières politiques, de tous bords hélas. Ad nauseam. Face à nous, des individus décomplexés, qui ne connaissent plus aucune vergogne, ont perdu toute dignité, en perte totale de repères et des valeurs les plus fondamentales. Le clou étant le refus de faire barrage au FN de la part d'un président de la république. On croit rêver, on se surprend à pleurer.

Ah misère.

Cette droite qui n'ose même plus se revendiquer de l'UMP sur ses affiches électorales, après avoir appliqué avec soin et application la politique des 3 "i" du Club de l'horloge : identité, insécurité, immigration. Et on devrait appeler les pyromanes pour jouer les pompiers ? Honte à cette droite. Et honte aussi, oui,  à la gauche qui ne sait plus où elle habite et oublie d'où elle vient. Au PS qui s'allie avec des "divers droite" et avec le Modem de la réforme des lois Falloux dès le premier tour, comme ici dans la Drôme. Au PS, encore, qui s'approprie le logo du Front de Gauche et vire celui du NPA sur ses affiches de second tour dans le 92 sans demander son avis à personne, pour le coller à côté de celui de formations de droite.

Sauf que nous, figurez-vous, ça nous dérange. Et pas qu'un peu. Oui, ça nous débecte de les voir contribuer à la confusion ambiante, alimenter le rejet des politiques avec ce genre d'alliances et ces comptes d'apothicaires qui additionnent mentalement les voix en se moquant des idées. On ne veut plus de cette politique là, qui oublie de se battre pour un projet et ne songe qu'à faire des scores, sans se rendre compte qu'en jouant ce jeu là ils ne font que détourner les français du vote et de leur politique, les poussant dans les bras des faux nez "antisystème" du FN.

Oui, ça nous pose un sérieux problème, ces "dirigeants" qui font comme si la gauche et la droite c'était pareil. Tentent de nous convaincre que le seul choix c'est l'UMP ou le PS... Et comme on comprend pas bien, qu'à cela ne tienne, manipule les découpages électoraux, change les règles de maintien au second tour et nous sort la réforme territoriale pour bien nous le faire rentrer dans le crâne, de gré ou de force. Et ainsi nourrissent l'abstention, ce refus froid et silencieux qui n'est pas que désintérêt mais aussi dégoût et rejet de ces pratiques, de ces amalgames, et désespoir de ne plus croire en la politique et en la capacité de la gauche à changer le monde.

Honte à un Ministre de l'intérieur qui, non content de tenir des propos xénophobes, magouille les chiffres en refusant de comptabiliser les voix du FdG mais n'a pas de souci pour additionner celles, éparpillées, de l'UMP, de la "majorité départementale" et des divers droite en tous genres. M*** aux coalitions de premier tour PS - EELV dans le seul but de virer les sortants du Front de Gauche en Essonne et dans le Val de Marne, alors que partout ailleurs ils se pouillent, comme chez moi a Die où le candidat EELV refuse d'appeler à voter pour un candidat communiste face à la droite. Et que dire de ces candidats de gauche qui d'un côté se maintiennent face aux candidats de gauche arrivés en tête du premier tour, et de l'autre appellent à une fausse unité de façade, paradant devant les objectifs pour une belle photo remake de la gauche plurielle ? Le tout sur fond de négociations pour 2012 et de décompte de postes de députés. Tout ce beau monde qui se précipite sur une péniche dès dimanche soir, les résultats même pas encore connus, pour préparer la sainte alliance de 2012. Sauf nous et j'en suis fière, oui.

A toutes celles et ceux qui nous répètent à longueur de chats et de forums qu'on finira à la soupe comme tout le monde, je leur demande de regarder la manière dont nous agissons. De la non participation aux exécutifs dans les Régions dominées par les socio-libéraux à nos votes, à nos déclarations, à nos alliances. A nos statuts, sur la parité et le non cumul des mandats. A notre programme. Tout est public. Emparez vous en ! Regardez qui nous sommes, ce que nous faisons. Dites nous quand on se plante, ça nous arrive. Mais dites nous aussi quand on tient le cap et qu'on redonne un peu confiance en la politique. Parce qu'on s'arrache pour ça. On se bat comme des chiens, on donne de notre énergie, de notre temps, toute notre force de conviction, et on s'en prend parfois plein la tête. La participation citoyenne et la réappropriation politique, c'est aussi ça. Alors venez. Chacun à sa manière, on est pas tous obligés d'être dans un parti, y a plein de manières de militer. Comme en art, tout est politique.

Manipulations, tractations, non prise en compte des bulletins blancs, cumul des mandats, alliances politiciennes et petits arrangements entre amis, confusion à tous les étages... Ça suffit ! Stooop. Non, on ne peut pas tout mélanger. Non, le FN n'est pas un parti comme les autres. Non, l'UMP n'est plus un parti républicain, pas avec ces attaques incessantes contre les libertés les plus fondamentales, pas avec cette politique contraire aux droits de l'homme et aux principes mêmes de la constitution. Pas quand on met des êtres humains dans des charters, menottés et entravés. Pas quand on chasse des gens de leur logements de fortune pour les jeter à la rue. Pas quand on prend les syndicalistes et les militants pour des terroristes. Pas quand on juge les enfants comme des majeurs et les malades comme des criminels. Pas quand on supprime des postes d'enseignants sous prétexte d'économie budgétaire. Pas quand on ferme des maternités et des centres d'IVG. Pas quand on en appelle aux racines chrétiennes de la France et qu'on exacerbe les tensions entre citoyens. Pas quand on oublie l'universalité du genre humain. Pas quand on prend la France pour une PME et ses concitoyens pour des marchandises, et la planète pour un terrain de jeu pour milliardaires.

Et face à ça, on nous propose quoi ? Une pauvre alternance en 2012 avec au choix DSK, patron du FMI qui vante à l'étranger les politiques de rigueur et se fait chantre du patronat social en France ? Hulot qui ne sait plus s'il est écolo ou libéral et n'en finit plus de se faire financer par les multinationales qui sont à l'origine de ce qu'il dénonce ? La politique est devenue complètement schizophrène et le pire, elle s'en moque. Elle continue comme avant, sans voir que le peuple n'en peut plus.

Car les vrais chiffres de ces élections, ceux dont les medias se gardent bien de parler, c'est l'abstention et les valeurs absolues. Plus d'un français sur deux n'a pas voté dimanche. 55,63%, un record. Une campagne, ça devrait être un moment de débat citoyen, de démocratie, ce moment où la voix d'un chômeur vaut celle d'un patron, où celle d'un gamin des cités vaut celle du retraité en zone rurale, un moment d'égalité et de débat d'idées. C'est devenu une mascarade, alimentée par l'inanité des medias dominants. Aucun débat entre les formations politiques, pas de soirée électorale sur les grandes chaines...

Les medias se sont fait bien silencieux, une fois de plus, sur ces élections. Préférant pérorer sur l'hypothèse du retour en France de DSK et la vague "marine"... la pen... Honte à eux, qui savent l'impact de leurs campagnes de propagande et ont fait le lit du FN en la mettant à toutes les sauces, en faisant sa campagne marketing sans jamais se faire l'écho du véritable programme du Front National. Le visage de la pen n'est pas un programme, mais un mensonge dangereux, abject. Envie de hurler quand les mêmes éditocrates feignent de s'étonner du manque d'intérêt des français pour le scrutin. Les a t on entendu dire que le Front National avait reculé de 165.000 voix par rapport aux cantonales de 2004 ? Les a t on entendu dire que le Front de Gauche avait gagné 500.000 voix entre les régionales et ces cantonales ? Qui a t on entendu dire que le FN ne représentait que 6,7 % des inscrits ?

Hélas, mille fois hélas, oui. Le pourcentage du FN augmente. Et ça compte. Car au final c'est bien ça qui est pris en compte pour les placer à des postes où ces élus réactionnaires vont prendre des décisions qui engage nos vies. Des postes qu'on va ainsi donner à des candidats porteurs d'un programme de haine et de régression sociale, de démantèlement des services publics, d'infiltration des syndicats, des individus qui veulent rejeter à la mer les réfugiés politiques...

Alors, non, on ne changera pas d'un coup d'un seul les medias et leur prophéties auto réalisatrices. On ne redonnera pas d'un coup d'un seul espoir en d'autres manières de faire de la politique. On ne bâtira pas d'un coup d'un seul une alternative à gauche. Mais on s'y emploie. Et on ne lâche rien. A coup d'arguments, de débats, de conviction, de démonstrations, de luttes et de propositions crédibles. La 6e république, la convocation d'une assemblée constituante, la refondation des institutions républicaines. Et une autre manière de faire de la politique. Vous avez le droit de vous moquer. Mais moi j'y crois. Sinon quoi ? On les regarde faire en se lamentant dans son coin ?

Il y a au moins un truc qu'on peut tous faire, pour commencer. Un bulletin qu'on a tous à portée de main. Un droit pour lequel d'autres se sont battus et se battent encore. Contre l'abstention, cette abstention qui sert le FN, qui fait que même sans convaincre plus de monde, ils pourraient gagner des postes de décision, cette extrême droite on peut la chasser. Par notre vote dimanche. Pas une voix pour le FN. On dégage l'UMP et ses faux nez. On se retrousse les manches et on tient bon.

On tient le cap. Mais on y arrivera pas seuls. Alors ce week end, promenez vous en forêt, grimpez aux sommets, profitez du soleil ou de l'océan... Mais votez. Et lundi, on recommence, sur le terrain, dans les luttes, dans les institutions, les entreprises, les syndicats et les associations. Faut que ça vienne de partout, que ça monte et que ça déborde. La vague ne peut pas être bleu marine, c'est juste pas possible.

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