mercredi 6 avril 2011

Tout se tient. Des précaires à l'écologie en passant par la mondialisation libérale. Réflexions en vrac.

Au PG, dans le cadre du travail sur le programme partagé du Front de Gauche, et plus globalement de nos réflexions sur les docs, tracts et affiches du PG, on discute, on débat, et on réfléchit à comment s'adresser au plus grand nombre, avec des mots justes et précis. Ce qui donne lieu à des échanges parfois fort intéressants, comme ce matin autour de la prochaine campagne d'affiches du réseau jeunes du PG qui cible les ultra riches. Parce qu'à un moment ce serait quand même pas mal de désenfumer un peu le discours dominant du "plus il y a de riches, mieux c'est pour le pays" et d'expliquer que c'est bien la richesse des uns qui fait la pauvreté des autres, et détruit la planète. Cette chère double exploitation des individus et des écosystèmes...

Ça rejoint évidemment tout ce qu'on a dit sur le RMA au moment du débat avec Hervé Kempf notamment, et sur le lien entre le mode de vie des plus riches et l'exploitation des travailleurs et de la planète. Ce sont les mêmes mécanismes, et nous devons sans relâche expliquer ce lien indissociable. Les arguments existent... quand on explique que les courses de yachts sont socialement injustes et écologiquement nuisibles, en général pas besoin de longs discours.

Après, faut il parler de « pauvres » ou de « précaires » ? Je pense moi que la notion de précaires parle à plus de monde, ne serait ce que parce que l'étiquette de "pauvre" est vécue comme infamante et que la plupart des pauvres ne se définissent pas comme ça. Et puis, il est plus facile d'imaginer la reconstitution d'une classe de précaires, permettant aux caissières, sans papiers, jeunes, smicards et chômeurs de se retrouver dans une lutte commune, que l'émergence d'une classe de "pauvres"... Ce débat n'est pas que sémantique. Ou plutôt si, il l'est, mais les mots sont importants. Et ce débat est crucial, si notre objectif est de participer à l'émergence d'une conscience de classe nouvelle et unificatrice des luttes populaires. Pour moi, il l'est.

Idem sur la question du revenu maximum : est ce qu'on parle de « salaire » ou de « revenu » maximum ? Et puis d'abord, est ce que ça parle au delà des cercles militants ? Il paraît que non. Que la plupart des gens s'en fichent qu'on limite les plus hauts revenus, et que c'est leur salaire à eux qui les intéresse. D'accord. Alors on couple revenu maximum et hausse du SMIC à 1600 euros. Mais je continue à penser qu'il faut bien parler de « revenu » maximum, ne serait ce que parce que ce terme concerne au delà des travailleurs (salaire), les rentiers (revenu), pour faire court. On me dit que « salaire » ça parle plus. Peut être. J'entends les arguments sur le manque d'audibilité, mais n'était ce pas le cas avec la planification écologique ? la république sociale ? … Je pense quant à moi que nous devons garder la rigueur des termes que nous utilisons, c'est essentiel, les diffuser et faire confiance à l'intelligence des citoyens pour les entendre.

La répartition des richesses, c'est un des piliers de notre programme, au même titre que la planification écologique. Les deux sont liés, tout comme la refondation républicaine des institutions, avec la 6e république et l'assemblée constituante, ou encore la sortie de l'OMC et la désobéissance européenne. Car tout ça se tient. C'est ce que je disais hier soir dans la région Lyonnaise face à des agriculteurs, après la projection du docu de Coline Serreau, « Solutions locales pour désordre global » : les politiques de l'UE de subvention à l'export coïncident avec les politiques de l'OMC, du FMI et de la Banque Mondiale pour casser les polycultures paysannes et vivrières des pays du Sud. Les faire passer aux OGM et aux monocultures intensives qui s'exportent et rapportent, comme l'huile de palme ou le soja. Les paysans qui ne maitrisent plus leur propre agriculture sont atteints par la spéculation internationale et la fluctuation des cours, rendus malades par les produits chimiques et ruinés par les achats de semences et d'intrants. Et pendant ce temps, on inonde leurs marchés de poulets subventionnés et on refoule les migrants aux portes de l'Europe. CQFD.

Tout se tient. On s'attaque à tout. Et on propose une alternative globale. Yalla.

Illustration de Titommise à dispo sous licence creative commons

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