dimanche 3 juillet 2011

Fail safe ou feel safe ?

[edit du 6 juillet : de plus en plus fort, on fait le tour du monde... je ne résiste pas, rien que pour la beauté des signes : Miestna členka ľavicovej ekologickej strany Parti de Gauche Corinne Morel-Darleux uviedla: „Nešlo o nukleárnu nehodu, ale k incidentu došlo a vyvoláva to otázky o bezpečnosti tejto elektrárne.“ ]


[edit du 4 juillet : bon, y a au moins un journal qui suit... lire ici l'article de Metro qui m'a interviewée hier suite au communiqué de presse]

[re-edit : wow, et même dans le Guardian, if you please :) ]


Hier soir, j'ai regardé le film "Fail Safe" de Sidney Lumet, de 1964. Le "fail safe", c'est le nom de ce point de non retour au delà duquel la catastrophe devient inévitable.

En pleine guerre froide, suite à une erreur technique, les avions américains reçoivent l'ordre de foncer sur Moscou, chargés de têtes nucléaires. Obéissant aveuglément à la procédure, en bons soldats, les pilotes n'entendent plus aucun ordre de retour. Le magnifique Henry Fonda, d'une classe magistrale, incarne ce président américain dans son bunker, en ligne directe avec son homologue russe. Deux chefs d'États confrontés à leur propre folie et qui tiennent entre leurs mains le devenir de l'humanité. Franchement, regardez le.

Hier après midi, j'ai reçu un coup de fil d'un camarade de la Drôme qui venait d'entendre à la radio qu'un incendie avait éclaté à la centrale de Tricastin. Mais "feel safe", dormez tranquille, tout va bien.

L'alerte a été donnée, de l'autoroute toute proche, par un chauffeur inquiet de voir de gros panaches de fumée noire s'élever dans le ciel. Tricastin est à 80 km de chez moi, à vol d'oiseau. Ça fait bizarre comme nouvelle. Vérification faite, c'est un transfo à l'arrêt pour maintenance qui a pris feu. Un transfo qui prend feu, c'est malheureusement quelque chose qui arrive. A côté d'une centrale, en pleine opération de maintenance, ça pose des questions. Est ce l'arrêt qui a causé un défaut de système de sécurité ? Si le transfo avait été en marche, l'incendie aurait il eu des conséquences différentes ? Et quelles conséquences ? Les medias hier reprenaient en boucle le rassurant communiqué d'EDF indiquant que le feu avait été maitrisé en 20 minutes, sans blessés et sans dégâts sur l'environnement. Ah ? A défaut d'autre source d'information, on est bien obligés de les croire... Mais tout de même, peut être auraient ils pu, ces outils d'information des citoyen-n-es, rappeler que le Tricastin vient d'être prolongé de 10 ans, malgré de nombreux dysfonctionnements, et que c'est juste après l'avis favorable de l'Autorité de Sûreté Nucléaire qu'on s'est inopinément rendu compte que certaines pièces étaient hors d'usage.... des pièces qui auraient du être vérifiées avant de rendre cet avis.

Mais non. Rien de tout ça dans les commentaires des radios et de la presse. Et pourtant, ça prenait quoi ? Une minute de temps d'audience, un paragraphe à écrire. Alors ce paragraphe on l'a écrit, nous. Et diffusé à la presse. C'est le monde à l'envers.


Communiqué du Parti de Gauche

D'incidents en incendie au Tricastin


Cet après-midi vers 15 h.30 une explosion s’est produite à la centrale du Tricastin. Des rares informations rendues publiques, en provenance surtout des milliers de vacanciers dans les bouchons de l’autoroute A7 et de la N 7 toutes proches et sur la ligne TGV méditerranée qui traverse le site, une « épaisse fumée noire » s’est dégagée. L’incendie aurait été circonscrit en environ 20 mn. Il s’agirait d’un transformateur de la tranche 1, à l’arrêt. Nous n’avons pour l’instant aucune information précise.

En décembre 2010, dès l’annonce de l’avis de l’Autorité de Sureté Nucléaire de la prolongation de l’exploitation de cette centrale au delà du délai initial de 30 ans, le Parti de Gauche de la Drôme s’était élevé contre cet « avis ». Nous avions mis en cause le vieillissement de l’ensemble des installations de cette centrale, la 2è plus ancienne encore en service en France après Fessenheim. En janvier, donc après cette décision de prolongation, un contrôle dans une autre centrale, répercuté en Tricastin, a constaté que les générateurs de secours (les mêmes qui ont failli à Fukushima) y étaient hors d’usage ; les pièces hors d’usage par vieillissement ont été remplacées en urgence. Il y a quelques mois, les crues du Rhône ont mis hors service pendant plusieurs heures l’alimentation en eau de refroidissement de secours de la centrale de Cruas, à 40 km.

La liste des « incidents » qui frappent cette centrale s’allonge de jour en jour, sans pour autant entamer l’aveuglement des décideurs. Combien en faudra t il ?!

Le Parti de Gauche renouvelle sa demande de transparence des informations, d’arrêt des centrales arrivées en fin de vie et le lancement d'un grand débat démocratique suivi d'un référendum sur le nucléaire.

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