vendredi 8 juillet 2011

Signe des temps, misère et dégout

Mis a pied pour avoir récupéré six melons et deux salades dans les poubelles du Monoprix où il bosse...

Dans un roman on trouverait que l'auteur en fait trop dans le pathos. Zola de retour pour faire sangloter dans les chaumières. Sauf qu'on est pas dans un roman et que ça donne pas envie de sangloter mais de hurler le poing levé. Un type qui travaille et n'arrive pas a nourrir ses mômes. Un "cadre" qui le dénonce.

Comment on en est arrivés là ? A cette société où un citoyen qui voit un de ses semblables fouiller une poubelle pour récupérer à manger, au lieu de lui tendre la main, l'emmène direct chez le patron ? Et où ce même patron menace de le licencier au lieu de l'aider ? Y a tout dans cette histoire. On fait pas les poubelles pour le plaisir quand on bosse en supermarché, qu'on a 59 ans et 6 gamins. Et qu'on vienne pas me dire que la lutte des classes est un combat d'arrière garde. Putain de misère.

Un employé de Monoprix à Marseille a été mis à pied lundi et entendu par sa direction lors d'un entretien préalable à licenciement mercredi pour avoir tenté de sortir six melons et deux salades récupérés dans le conteneur à poubelles, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

«Les faits constatés dans le magasin et reprochés à ce collaborateur sont contraires au règlement intérieur du magasin», a affirmé un porte-parole de l'enseigne.

Cet employé de 59 ans, père de six enfants et travaillant chez Monoprix depuis huit ans, «a été contrôlé à la sortie du magasin avec des melons et des salades», a-t-il ajouté, refusant de confirmer que ces fruits et légumes avaient été récupérés dans les poubelles du magasin.

Selon Avelino Carvalho, représentant CGT du Monoprix situé sur la Canebière, «il n'est pas sorti du magasin, il a récupéré dans le conteneur à poubelles des fruits et salades périmées». «Un cadre du magasin l'a vu faire et a demandé l'intervention des agents de sécurité», a-t-il ajouté.

«Que ce soit pris dans les poubelles ou dans le magasin, ce n'est pas autorisé sans avoir demandé au préalable une autorisation pour les prendre», a souligné le porte-parole de Monoprix.

«Quand il y a une infraction au règlement intérieur, il y a une mise à pied à titre conservatoire» qui «n'est pas une sanction» mais qui«vise à faire la lumière sur ce qui s'est passé», a-t-il ajouté, précisant que l'employé conservait son salaire, un élément mis en doute par le représentant CGT.

La décision sera signifiée à l'employé lundi matin après le respect du délai légal obligatoire.

«Une décision de sanction peut être prise mais elle n'est pas automatique et cette sanction est proportionnée à la gravité de l'agissement, ce qui veut dire que ce n'est pas parce que c'est un entretien préalable à licenciement que derrière il y a un licenciement», a-t-il précisé.

«Il y a tout une gamme de sanctions, ça peut être un avertissement, ça peut être une mise à pied disciplinaire [sans salaire, ndlr] de un à quatre jours», a-t-il détaillé.

«On est scandalisé par la disproportion totale entre le licenciement envisagé et ce qui s'est passé», a souligné M. Carvalho.

«Kader est vraiment abattu. Il est à deux ans de la retraite. Il a mis au courant sa femme et ses enfants au bout d'une semaine parce que c'est paru dans la presse», a-t-il ajouté.

(Source AFP)

édit : bonne nouvelle reçue de Marseille, "la direction a reculé (au vu de l'ampleur que ça a pris et de la pression syndicale bien sûr, pas par bonté d'âme). ses jours de mise à pied lui seront payés (sauf 1, sur les 10) et il est réintégré à son poste. la vigilance, la solidarité ne servent pas à rien ! on lâche rien."

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