vendredi 9 septembre 2011

L'Union Européenne se positionne en leader mondial du droit à polluer

par Arnaud le Gall et Corinne Morel Darleux
pour les secteurs International et Écologie du PG


Depuis Canberra, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a annoncé le 5 septembre la mise en place d’un « système de consultations à haut niveau pour discuter des mesures » à prendre en vue de connecter les systèmes européen et australien d'échange d'émissions de carbone.

Il s’agit en fait d’élargir le marché européen des quotas d’émission de carbone (Système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE)). Celui, mis en place en 2006,  est  le plus important du monde en terme de volumes échangés. Le tout selon les méthodes éprouvées de la « gouvernance » européenne, où les discussions se font toujours dans l’opacité entre quelques oligarques.

Tel que défini actuellement, le système est pourtant inefficace sur le plan écologique, et sa mise en place n’a pas freiné la hausse des émissions de carbone au sein de l’Union européenne qui ont encore atteint des records. Dominé par la présence de banquiers et d'investisseurs appâtés par ce nouveau champ de spéculation, bien au delà des entreprises directement concernées, il témoigne également de la création de nouveaux marchés et de futures bulles spéculatives au nom de l’écologie, à un moment où l’enjeu est bien au contraire de sortir des logiques mercantiles les secteurs relevant du bien public. Enfin, il est socialement inique car les attributions gratuites de droits, effectuées hors du contrôle démocratique, offrent un avantage aux gros pollueurs déjà établis.

Au lieu de chercher à retarder la révolution énergétique nécessaire en Europe en s’associant au système australien naissant, la Commission européenne ferait mieux de s’atteler enfin  à la mise en oeuvre d'un développement à faible émission pour l'Europe, basé sur la sobriété et l'efficacité énergétiques, le développement à grande échelle d'énergies renouvelables et l'usage responsable de l'énergie. Au lieu de favoriser des solutions libérales visant à internationaliser la pollution pour noyer la responsabilité de ses entreprises, la Commission Européenne ferait mieux de favoriser une planification écologique inséparable d’une relocalisation de l'économie et d'un changement radical à la fois de nos modes de production et de nos habitudes de consommation.  

On ne trouve pas de solutions avec les vieilles recettes. La crise impose de nouvelles alternatives pour sortir du capitalisme. Le PG saura le rappeler aux banquiers et à leurs affidés de la Commission européenne..

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