dimanche 16 octobre 2011

Coup de gueule sur le nucléaire. FdG, EELV, PS, NPA.

[voir mon edit du 19 octobre à ce billet ici]

Encore une semaine bien chargée... Mais c'est un tourbillon du style de ceux qui emmènent, et non de ceux qui clouent au sol. Oui il se passe bien des choses en ce moment, c'est épuisant, parfois rude, mais on avance et c'est aussi excitant de sentir ce frémissement se propager. Et d'autant plus rageant de le sentir freiné par des arguties politiciennes et autres tactiques médiatiques.


A la Région vendredi, nous avons failli réussir à voter un vœu commun Front de Gauche, PS et EELV sur le nucléaire. On avait même réussi à s'accorder sur cette phrase où la Région demandait à l’État de "s'engager sur le plan national dans une stratégie de transition énergétique permettant une sortie progressive du nucléaire, articulée à un plan volontariste d'économies d'énergie, la promotion de la sobriété et de l'efficacité dans tous les usages de l'énergie, un plan de développement des énergies renouvelables à la hauteur du potentiel prometteur de notre pays (filières solaire, éolienne, biomasse, micro-hydraulique, hydrolienne".

En réunion avec les référents de chaque groupe, on était aussi tombés d'accord sur une formulation commune demandant que suite aux conclusions de l'audit demandé lors de notre vœu d'avril, le gouvernement impose la fermeture des réacteurs les plus vieux et les plus risqués. Mais les élu-e-s du groupe EELV ont choisi de rejeter cet amendement commun et de maintenir leur demande de fermeture immédiate du Bugey. Bon sang, mais alors à quoi servait de demander un audit ? Pourquoi l'avoir voté en Avril ? Et pourquoi le Bugey, et pas Tricastin ? Ah oui, c'est vrai, on était à la veille du rassemblement interrégional du 15 octobre au Bugey... Mais la politique n'est pas une affaire d'affichage, ni de communication !

A la Région, on a le devoir politique de faire bouger les lignes, et là on tenait une belle occasion de le faire. Mais non. Résultat, les élu-e-s du PS, avec un grand courage et un sens profond des responsabilités, ont déserté l'assemblée et au retour de la pause déjeuner, le PRG a encore une fois dénoncé le quorum. Fin de l'histoire, et adieu les vœux. J'étais folle de rage, je le suis encore. Des heures de discussions pour nous permettre d'avancer réellement vers la sortie du nucléaire, au delà des postures. Pour rien. Au groupe Front de Gauche on était la moitié des élu-e-s prêts à voter la fermeture du Bugey si EELV maintenait son vœu en l'état. On aurait pu être dix sur dix à voter un scénario de transition énergétique permettant la sortie du nucléaire. Mais les manœuvres politiciennes ont dézingué tout ce boulot et la comm a pris le pas sur la politique.

Qu'on ne vienne plus me dire avec des trémolos dans la voix qu'EELV fait le boulot en essayant de tirer le PS sur cette question. J'ai testé la réceptivité des aparatchiks du PS sur cette question quand j'y défendais la motion Utopia pour le Congrès de Reims. J'ai à nouveau entendu les candidats aux primaires cet été au Pôle Ecolo du PS, consultant leurs fiches fébrilement pour ne pas dire d’âneries. J'ai lu les consignes de José Bové et de Pierre Radanne, d'EELV, pour inciter leurs militants à aller massivement voter Martine Aubry (au passage, ils ne négocient même pas avec Hollande, au risque de devoir reprendre à zéro avec celui ci, qui ne prône pas franchement la sortie du nucléaire). Mais franchement, que ce soit l'un ou l'autre ce soir, qu'est ce qui en sortira ? Au mieux, une fermeture symbolique : Fessenheim ? EPR ? Très bien, évidemment. Mais ce dont on a besoin d'urgence c'est d'une prise de conscience profonde et massive, et d'une opinion publique qui fait pression sur les élus. Et ça, c'est pas par des négociations d’appareils qu'on y arrivera. Nous au Parti de Gauche on fait le boulot sur le terrain, au delà des convaincus, on va se frotter au PCF, on débat avec les salariés d'EDF, avec le syndicat Sud et la CGT Mines Énergie. Parce qu'ils vont faire quoi, EELV, quand ils auront signé leur contrat de gouvernement avec le PS et qu'ils auront en face d'eux les salariés des centrales en grève ? Comment ils comptent fermer les réacteurs sans les travailleurs du nucléaire ? Ils vont réquisitionner ?

Quant au référendum que défend le Front de Gauche, précédé d'un grand débat public sur l'énergie, parlons en ! EELV et le NPA nous attaquent continuellement sur cette proposition. Et pourquoi ? De quoi a t on peur, là ? De demander son avis au peuple ? On ne peut pas crier à la démocratie réelle avec les Indignés, dénoncer l'opacité du nucléaire, clamer que la population n'a jamais été consultée, dire que le nucléaire est un choix de société qui nous engage toutes et tous, et refuser un tel référendum ! On nous oppose l'argument selon lequel la population a été biberonnée au nucléaire, qu'elle est conditionnée par les médias dominants, et que les gens pourraient faire le mauvais choix ? Décidément, certains ont la mémoire courte quand ça les arrange. Et en 2005, malgré le battage médiatique pour le Oui au référendum, les Français-e-s n'ont ils pas su s'emparer du débat et n'ont ils pas voté Non dans leur majorité ?

Un référendum, c'est le seul moyen d'inscrire la sortie du nucléaire dans la Constitution. Et ça tombe bien, le Front de Gauche propose aussi une Assemblée constituante. C'est ça, la Révolution citoyenne. Redonner la parole au peuple, mais pas juste quand ça nous arrange. En lui donnant les moyens de s'exprimer, en prenant le temps d'un débat argumenté où on met tous les scénarios sur la table, où on fait enfin la lumière sur les réalités du nucléaire et des alternatives possibles. Le mouvement de fond a commencé et s'est accéléré avec le drame de Fukushima et le combat contre les gaz et huiles de schiste. Il existe aujourd'hui, un peu partout en France, des collectifs sur la transition énergétique et des associations citoyennes qui sont à même d'animer ces débats. On a toutes les cartes en main pour en faire un beau moment d'éducation populaire, de débat argumenté et de démocratie directe. Nous c'est à ça qu'on travaille, à ça qu'on met notre énergie (sic). Toutes les semaines, en réunions publiques, dans les collectifs, dans les assemblées, les forums et sur les marchés.

... Et pourtant, malgré tout ce boulot de fond qu'on mène sans effets de manche sur le nucléaire, les médias snobent la présence de Martine Billard (PG) et de Christian Piquet (GU) avec de nombreux camarades à la manif de Rennes, alors que Cécile Duflot et Eva Joly, elles, s'éclipsent sitôt les prises de parole terminées sans rejoindre le cortège. Sortir du Nucléaire m'envoie une liste qui ne recense que les présences d'élu-e-s EELV, et ce malgré le communiqué sans ambiguïté du PG. Elisa Martin, Conseillère régionale Rhône Alpes, est privée de parole au Bugey alors que les représentants d'EELV et du NPA ont eux le droit de s'exprimer (voir ici le récit en photos de la manif par les camarades du PG de la Drôme). Et le "stress test" de Greenpeace juge les positions de Jean Luc Mélenchon "attentistes" quand celles de François Hollande seraient "engagées" sur la réduction de la part du nucléaire en France avec cette phrase : "La France doit faire le même effort que l'Allemagne en 15 ans, soit réduire de 75 à 50% notre dépendance au nucléaire d'ici à 2025." Et Martine Aubry ? "Engagée" elle aussi avec ça : "Je crois qu’il faut sortir du nucléaire. (…) Il faut être raisonnable : 75% de l’électricité aujourd’hui, c’est le nucléaire. Vous n’allez pas dire du jour au lendemain aux gens : « vous allez vivre avec la bougie ». Il faut aller vers une sortie, et cela peut prendre 20 ou 30 ans. Et pendant ce temps, il faut accroître la part des énergies renouvelables." Voilà qui est éclatant, en effet. Bravo et merci. (voir ici ma réponse à Greenpeace)

Franchement, ras le bol. A bas les monopoles auto-proclamés sur l'écologie, à bas les affichages de circonstance. Et un grand merci à tou-te-s les camarades, de tous bords, qui se sont mobilisé-e-s sur cette journée d'action d'hier, qui militent chaque jour pour que la sortie du nucléaire ne soit pas qu'un slogan électoral ou un moyen de négocier des postes. La transition énergétique ne se fera pas sans la mobilisation de tou-te-s, chacun ferait bien de s'en souvenir. Et nous, on y travaille. Sans anathèmes, sans tabous, sans invectives. Sérieusement.

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