lundi 31 octobre 2011

De retour de Palestine - Chronique 2/4

(deuxième billet pour le PG sur mon voyage en Palestine, ici le premier)

De Jérusalem à Ramallah, en quête d'un Etat palestinien

Délégation du PG en Israël/Palestine, jour 3

Aujourd'hui, notre délégation s'est rendue de Jérusalem à Ramallah, franchissant pour la première fois le mur qui sépare israéliens et palestiniens, via le check-point de Qalandia. Voir le mur pour la première fois est une expérience qu'on n'oublie pas, tant il représente l'arbitraire de l'occupation et de l'oppression subie par le peuple palestinien.

La journée a été consacrée à un ensemble de rencontres officielles avec des responsables de l'autorité palestienne. C'est Corinne Morel Darleux qui a mené ces discussions au nom de la délégation, avec le souci à chaque fois de présenter le PG, ses principes, son histoire, et son rôle dans le Front de Gauche. Elle a également rappelé l'engagement du PG dans le combat pour une paix juste et durable entre Israël et la Palestine, et les positions qui sont les nôtres concernant les voies de résolution du conflit. Nous avons tout d'abord rencontré Salem Al Za'noon, président du Conseil national palestinien, qui est l'organe décisionnel de l'OLP. Cette première rencontre nous a permis de mesurer les espoirs placés dans la demande officielle de reconnaissance d'un Etat palestinien, déposée en septembre par Mahmoud Abbas à l'ONU. Salem Al Za'noon nous a fait part de sa confiance dans la capacité à créer une force d'entraînement autour des pays qui soutiennent cette démarche, malgré le probable véto des Etats-Unis.

Cette rencontre a été suivie d'un moment émouvant pour les militants que nous sommes car nous avons été reçus à la Muqata, le palais présidentiel où Yasser Arafat a été bloqué pendant de longs mois. Nous y avons été accueillis par Nemer Ahmad, le conseiller aux affaires politiques du président Abbas. Ses analyses ont été éclairantes pour comprendre l'historique des négociations et l'état de la situation actuelle. Le principe à partir duquel l'Autorité palestinienne négocie est celui du compromis historique d'un Etat dans les frontières de 1967, c'est à dire sur 22% de la Palestine mandataire (là où le plan de partage de 1947 leur attribuait 48% du territoire). Cet accord était celui acté par l'ancien gouvernement israélien d'Ehud Olmert autant que par l'administration Bush. Il est aujourd'hui remis en cause par le gouvernement de Netanyahou qui entretient le flou sur la notion de territoires. La démarche à l'ONU a ainsi pour but de faire cesser l'ambiguité autour du statut de la Cisjordanie, incluant Jerusalem Est, et de Gaza. Ces territoires sont-ils occupés ou « disputés » comme le prétend Netanyahou ? Pour le conseiller de Mahmoud Abbas, être reconnus comme un Etat à part entière à l'ONU, ce serait aussi permettre de considérer le territoire palestinien comme celui d'un Etat occupé par un autre Etat, tous deux reconnus par les Nations Unies. Notre hôte a souligné que l'échec de ces négociations pourrait conduire vers un état bi-national de fait auquel Israël n'a pas forcément intérêt sur le long terme. L'entretien s'est achevé par une visite hautement symbolique au mausolée de Yasser Arafat qui jouxte la Muqata.

Ces rencontres officielles se sont conclues par l'entrevue que nous a accordée Salam Fayyad, le Premier ministre de l'Autorité Palestinienne. alt

A cette occasion, nous lui avons remis une lettre de Jean-Luc Mélenchon, exprimant son salut fraternel et son regret de ne pas avoir pu être présent avec la délégation. Salam Fayyad nous a ensuite expliqué comment l'Autorité palestinienne progresse par la construction économique et institutionnelle d'un appareil d'Etat crédible vis à vis de la communauté internationale. Il a réaffirmé que le combat pour la Palestine était un combat pour la liberté à portée universelle, relevant des mêmes valeurs que celles de la République Française. C'est un combat que l'Autorité palestinienne veut mener en misant sur la construction positive et non sur la violence.

Enfin, nous avons eu le plaisir de rencontrer Mustapha Barghouthi, Secrétaire général du parti de l'Initiative Nationale Palestinienne. Rencontre infiniment frustrante, car bien trop courte pour faire le tour de tout ce dont nous aurions aimé discuter avec lui. En effet sur bien des points son analyse recoupe la nôtre, et ses objectifs sont les nôtres. Il s'agit pour lui de lutter pour la liberté et donc la fin de l'occupation, mais aussi de transformer la Palestine en une véritable démocratie, sociale autant que politique, et de viser la justice sociale. Nous nous sommes retrouvés dans sa volonté de ne pas passer d'une économie sous domination israélienne à une économie de consommation libérale, de taxer davantage les hauts revenus et de promouvoir les droits sociaux de toutes et tous. Pour cela, les Palestiniens ont besoin d'être soutenus par des voix « fortes et claires » qui font pression sur le gouvernement d'Israël. Nous les avons assurés de notre soutien.

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