dimanche 2 janvier 2011

Objectifs du Millénaire pour le Développement : peut mieux faire !

J'avais commencé à faire un retour sur la dernière session à la Région juste avant mon départ en vacances, et puis, comment dire... j'ai été happée par mille et une autres manières agréables de passer le temps ;)

Voici donc la Lettre d'information du groupe Front de Gauche Rhône Alpes du mois de décembre.

Et la suite de mes aventures à la Région, concernant la participation de Rhône-Alpes aux objectifs du Millénaire pour le Développement, sur laquelle j'intervenais au nom des élu-e-s du Front de Gauche. L'occasion de rappeler que la main sur le cœur et les bonnes intentions ne remplaceront jamais la cohérence politique. Et qu'on ne peut pas se targuer d'aide au développement d'un côté, et applaudir le FMI et l'OMC de l'autre.

Bien... Nous reprenons donc là où l’intervention de Mme Grossetete nous a interrompus lors de la dernière session. Les OMD n’en sont plus à deux mois près, hélas. Notre région témoigne aujourd’hui à travers cette délibération de sa volonté de réaffirmer son engagement en faveur des OMD. C’est l’occasion de rappeler les engagements, non tenus, du gouvernement en la matière. C’est aussi l’occasion de nous pencher sur le bilan des Objectifs du millénaire et en la matière, force est de constater qu’on peut mieux faire.

En effet, à l’issue du sommet de New York sur les Objectifs du Millénaire s’achève, tous les observateurs, ONG ou institutions, ont dressé un bilan très mitigé. Entre promesses politiques non tenues, crise financière mondiale et manque de ressources, les objectifs fixés paraissent bien loin des préoccupations des États Riches, de la Banque Mondiale et consorts, et la perspective de les atteindre d’ici à 2015 n’est aujourd’hui clairement plus tenable.

Soyons honnêtes quelques progrès ont été atteints, notamment dans l’accès à l’éducation – particulièrement pour les filles -, dans la lutte contre la mortalité infantile et la pandémie de VIH, il n’y a pas de quoi se réjouir cependant. Le bilan global est sans appel : la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est remontée à 31%, près d’un tiers de la population ( !) dans les pays en développement en 2009 alors qu’elle avait diminué entre 1998 et 2008.

Il faut dire les choses clairement :

1- La France avait prévu (et ratifié dans le cadre des Objectifs du Millénaire) d'atteindre les 0,7% d’aides publiques au développement (APD) en 2012. Elle a repoussé cet engagement à 2015, c’est d’ailleurs ce délai qui est repris dans le projet de délibération à l’ARF qui nous est soumis aujourd’hui. Il devrait être de 0,42% en 2011. Il était de 0,47% en 2006, c’est donc un recul.

2- Par ailleurs, il est acquis que l’APD française est fortement surévaluée, par des allègements de dettes entre autres, même si les modalités de calcul évoluent favorablement.

3- Au-delà des chiffres, il faut poser les bonnes questions : comment répondre aux besoins fondamentaux des pays qui en ont le plus besoin alors que, en moyenne, les pays qui bénéficient de la majeure part de l’aide, sous l’impulsion du gouvernement en quête de débouchés à l’international, sont les pays à revenu intermédiaires ? Alors que le FMI, l’OMC et la Banque Mondiale organisent la « concurrence libre et non faussée » qui grève tous les efforts menés en détruisant les services publics : éducation, santé, etc… pourtant au cœur des Objectifs du Millénaire pour le Développement ?!

Nous voulons, face au dogme libéral, opposer une vision de l’aide au développement qui soit véritablement durable, solidaire, qui soit sociale et qui intègre pleinement les enjeux environnementaux, comme c'est le cas de l'initiative YASUNI sur laquelle nous avons déposé un voeu. J'y reviendrai.

Nous souhaitons souligner l’importance des citoyen-ne-s dans cet élan de solidarité mondial. Nous regrettons que l’apport des sociétés civiles soit peu, voire pas du tout mentionné, comme l’observe Oxfam, bien que leur rôle dans le secteur de l’éducation, la santé, la lutte contre la faim soit reconnu. Pour aller plus loin la coalition « Action Mondiale Contre la Pauvreté » rappelle que « les OMD ne seront pas atteints sans un contrôle citoyen permettant d’évaluer la réalité des efforts menés par les gouvernements tant du Sud que du Nord ».

En conclusion, nous voterons pour cette délibération et demandons au gouvernement, pour améliorer l’efficacité de l’aide :

-De respecter ses engagements internationaux en terme de montant d'aide ;

-D’allouer les aides en toute transparence ;

-De supprimer les conditionnalités macroéconomiques ;

-De mieux diriger ses flux : le clientélisme de la France va à l’encontre de l’idée même de l’APD qui vise à aider les pays qui en ont le plus besoin ; en particulier sur la base des huits objectifs du millénaire.

-D’octroyer plus de place aux parlements et aux organisations de la société civile dans le processus décisionnel.

Enfin, nous voulons dénoncer avec force le principe selon lequel les pays ayant conclu un accord de gestion concertée des flux migratoires pourront bénéficier d’un traitement préférentiel en matière d’Aide public au développement. C'est inacceptable.

Pour le groupe des élu-e-s Front de gauche,

Corinne Morel Darleux

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