mercredi 15 février 2012

Plan climat, PPP et marché carbone à la Région

Voici déjà la dernière lettre d'infos des élu-e-s du Front de gauche à la Région Rhône Alpes qui revient en grande partie sur notre session de la semaine dernière.

Lettre d'informations FDG Rhône Alpes février 2012

Et voici plus bas la retranscription de mon intervention sur le plan climat qui était en délibération. Il y avait en réalité trois points au vote. Le plan climat, que nous avons voté malgré quelques réserves, toujours les mêmes hélas, que vous retrouverez exposées ci dessous. La déclaration de Lyon contre laquelle nous avons voté, nos raisons de le faire étant également présentées ci dessous.

Et enfin la création d'un opérateur de services énergétiques régional sur lequel le débat a été plus âpre. Nous avions en effet proposé un amendement visant à préciser que le fonds d'investissement de cet opérateur serait "exclusivement au service d'acteurs publics". Notre amendement a été rejeté et une autre formulation proposée par le Vice Président à l’Énergie, nous nous sommes donc abstenus. D'autant que le recours à des partenariats publics privés (PPP) apparait dans le projet. Ce point est évidemment politiquement d'importance pour nous, opposés à la privatisation de l'énergie que dicte la Commission européenne.

A noter que le PRG s'est félicité de la dynamique du privé que ces fameux PPP impulsaient dans le public. Dans un autre registre, l'UDC (droite) a fustigé les "tenants de l'écologie punitive et les ayathollas de la décroissance" pendant que le Front National contestait le "dogme du réchauffement climatique", "l'idéologie carbone" et les contraintes que ceux ci imposent à la compétitivité. Il reste un gros effort à faire pour devenir un tantinet crédibles en contempteurs de la mondialisation du côté du FN...

Voici mon intervention sur ces sujets :

"Je ne reviendrais pas, de crainte de redites, sur le caractère d'urgence de la crise climatique. Ce qui n'a pas été dit, en revanche, c'est que cette crise implique non de teinter le capitalisme d'un léger vert, fût-il pomme ou prairie, mais bien de remettre en cause en profondeur nos modes de développement, de production et de consommation.

Le FDG vous le savez ne dissocie pas l'environnement et le social car les répercussions sociales sont aggravées aussi par la crise environnementale. Ce sont toujours les populations les plus fragilisées économiquement et socialement qui sont les premières touchées. Dans les pays du Sud bien sûr, mais aussi au Nord où la précarité énergétique touche 3.7 millions de foyers en France soit environ 10 millions de personnes. La réduction des inégalités doit donc elle aussi être au cœur de la politique écologique.

Une fois ce cadre (re)posé, on peut dire que les préoccupations climatiques sont devenues centrales et c'est une bonne chose. Notre assemblée régionale est ainsi régulièrement amenée à délibérer sur les politiques énergétiques. Il s'agit aujourd'hui d'une obligation de la Région de se doter d'un plan climat dans le cadre du Grenelle, même si cela n'enlève rien aux critiques du Grenelle qui introduit la promotion des mécanismes de marché dans l'environnement. La Région porte déjà une politique volontariste en la matière (conférence climat, gaz de schiste, énergies renouvelables et sobriété/efficacité énergétique...) qui ne saurait pour autant exonérer l’État de ses obligations... Il est profondément regrettable par exemple que les efforts de développement et de structuration de la filière photovoltaïque aient été sabrés par le gouvernement.

Concernant le plan climat, deux points tout de même. Le 1er, c'est de faire attention aux mécanismes financiers : on connaît la puissance des mécanismes du marché carbone à alimenter la bulle spéculative et leur impuissance à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ils alimentent une démarche palliative au détriment d'actions qui pourraient être vraiment volontaristes. Les arnaques et détournements dont ils ont fait l'objet par ailleurs, prouvent que leur usage est risqué et inefficace.

Ensuite, la question de l'échelle de temps : le principe de "neutralité géographique" est contestable puisque dans les faits, on ne raisonne pas à la même échelle temporelle et donc l'efficacité n'est pas à la hauteur de l'urgence des enjeux : un arbre mettra par exemple des dizaines d'années avant de devenir un puits à carbone naturel !

Pour autant, ce texte de plan climat nous semble aller dans le bon sens, avec plus de critérisation dans nos politiques régionales, ce que nous appelions de nos vœux dans le cadre de la charte écologique et sociale. Même si je rappelle, comme toujours, que nos politiques doivent encore devenir plus transversales et cohérentes, sur le foncier et le "rayonnement à l'international"notamment.

Deux autres points tout de même sur lesquels le groupe Front de Gauche souhaite revenir:

1) Sur une question centrale en Rhône-Alpes : l'industrie et l'emploi. L'écologie n'est pas l'ennemie de l'industrie, au contraire. Nous aurons toujours besoin de vélos et de fourchettes ! L'écologie implique la lutte contre la mondialisation libérale qui provoque dumping social, environnemental et pollution induite par le transport de marchandises.

Nous devons mettre en œuvre la relocalisation : produire localement ce que l'on va consommer localement, encourager une politique de réindustrialisation, avec bien sûr une nouvelle logique industrielle qui interroge l'utilité sociale de la production, l'impact environnemental et la démocratie sociale, c'est-à-dire la manière dont les décisions sont prises dans les entreprises.

2) En politique il faut faire preuve de cohérence et courage. Nous souhaitons souligner l'impact des directives européennes sur le climat. Par exemple la libéralisation du rail qui a condamné le fret ferroviaire avec l'abandon du wagon isolé, ou encore l'interdiction des clauses de relocalisation ou de protectionnisme social et écologique dans les appels d'offres des marchés publics.

Mais enfin nous voterons le point I de cette délibération relatif au plan climat.

Sur le point II de cette délibération, concernant l'opérateur OSER et singulièrement le fonds d'investissement, nous souhaitons souligner l'enjeu de la maîtrise publique des énergies renouvelables et réaffirmer notre conception du service public de l'énergie sur le plan régional comme sur le plan national : égalité républicaine et péréquation tarifaire pour lutter contre les situations inégales des différents territoires régionaux en matière énergétique. Je laisserais Gilles Ravache présenter notre amendement sur cette question.

Enfin sur le point III, la Déclaration de Lyon. Elle est déjà signée, nous en prenons acte. Mais pour nous ce sera non. Et ce malgré le fait que cette délibération reprenne le terme de « planification » urbaine et de « révolution » écologique... Mais l'ode au marché carbone, aux Partenariats Publics Privés et aux mécanismes financiers ressemble trop à l'illusion des vieilles recettes, celles là même qui nous ont conduits à l'impasse climatique : la croissance économique à tout prix, fut-elle qualifiée de durable, l'exploitation qui va avec. Des Hommes et des écosystèmes. Il est temps que ça change.

Cette déclaration se contente d'accompagner le système. Nous voulons le changer. Nous ne l'approuverons donc pas.

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