dimanche 11 mars 2012

Ma tribune politique à la chaine humaine

J'ai été invitée à représenter le Parti de Gauche (voir notre communiqué ici) à la tribune politique de la Chaine Humaine, en ce jour de commémoration du drame de Fukushima.

J'étais donc ce midi à Montélimar aux côtés d'Eva Joly (EELV), de Philippe Poutou (NPA), de Corinne Lepage (Cap 21), de JL Benhamias (Modem) et de JM Governatori (AEI). Le Parti Socialiste a décliné l'invitation, rappelant que François Hollande n'était pas pour la sortie du nucléaire. Ça ne les empêchait pas de s'exprimer sur le sujet, dommage.

Belle tribune politique pour la chaîne humaine. Idéalement placée entre Poutou et Joly, j'en ai profité pour dédicacer mon tout nouveau bouquin à Eva Joly ;) J'ai été la seule à parler privatisation, Union Européenne, loi NOME et sous traitance. Et bien sur référendum... Que j'ai porté dans mes interviews à BFM TV, Radio France Bleue, France 3, un journal japonais et un documentaire anglais !

... Et si le débat public avait enfin commencé ?


Voici mon intervention et le communiqué de Jean Luc Mélenchon à ce sujet.

Je voudrais tout d'abord faire part de notre profonde solidarité avec le peuple japonais comme nous l'avons fait avec vous tous dès le lendemain du drame de Fukushima.

Je suis la locale de l'étape, j'habite à quelques kilomètres de Cruas et de Tricastin. Ici nous avons également les gaz de schiste, en plus du nucléaire. Alors on est bien placés pour savoir l'ingéniosité des industriels de l'extractivisme quand il s'agit de trouver de nouvelles sources de profit.

Et nous n'oublions pas le climat, ni la nécessité de planifier la sortie des énergies fossiles.

La question de nos politiques énergétiques ne concerne pas que le nucléaire. Si on veut sérieusement parler de transition énergétique, il faut prendre la question de manière globale. Et d'abord se poser la question de savoir comment en est on arrivés là. On ne peut pas se contenter de réparer les dégats les plus visibles, sinon on risque fort de se retrouver les mêmes, dans la même salle, avec les mêmes revendications dans 5, 10, 15 ans !

L'urgence écologique est le résultat d'une politique délibérée d'exploitation. L'exploitation sans limites des individus et des écosystèmes au nom du profit.
N'ayons pas peur des mots, ce système c'est le capitalisme. Et il n'a que faire de l'intérêt général. On l'a vu à fukushima avec l'opérateur privé Tepco qui a dissimulé des dysfonctionnements pour ne pas faire chuter son cours en Bourse.

C'est pouquoi pour nous au FDG, on ne peut pas être écolo sans remettre en cause le système. Pour nous, l'humain doit rependre le pas sur l'économique.
On ne peut pas laisser le privé jouer au casino sur le nucléaire. C'est la première priorité. Car quoiqu'on dise sur la sortie du nucléaire, les centrales aujourd'hui elles existent ! Et selon l'ASN elles ne sont pas au normes de sécurité post Fukushima.

Vous savez, le programme du FDG s'appelle l'humain d'abord, ce n'est pas pour rien. Ces centrales, il y a des hommes et femmes qui vivent autour, c'est mon cas. Et il y a des hommes et des femmes qui y travaillent, des ouvriers de la sous traitance qui sont traités comme des ouvriers de seconde zone. Ils prennent 81% des doses et n'ont même pas accès au CHSCT ni au restaurant d'entreprise !

Ne laissons pas la recherche de profit faire baisser les durées de maintenance, faire baisser la formation et la qualité des processus de travail. Améliorer les conditions de travail, c'est améliorer la sûreté des centrales. Le FDG veut revenir à EDF 100% public et abroger la loi NOME. Et si ça ne plait pas à l'Union européenne, qui voudrait nous imposer la privatisation de tous nos services publics, eh bien nous désobéirons. Ca ne nous fait pas peur. Nous avons déjà dit non en 2005, nous redirons non en 2012 ! Sarkozy l'a fait pour sauver les banques, et nous ne pourrions pas le faire nous pour l'intérêt général ? Votez donc pour voir...

Nous créerons un grand pole public de l'énergie avec EDF mais aussi GDF TOTAL et Areva. Voilà qui nous donnera les moyens de combattre la précatité énergétique, en donnant accès à tous aux premières tranches gratuites d'énergie. Car l'énergie n'est pas une marchandise mais un bien fondamental. Et voilà qui nous donnera les moyens d'engager la transition énergétique, en nous appuyant sur la sobriété et l'efficacité énergétique. Qui peut sérieusement croire qu'on peut gentiment demander aux multinationales d'aller vers la réduction de la consommation ? Ce serait réduire leurs profits, ils ne le feront jamais !

Car oui, il s'agit d'abord de réduire nos consommations. On ne remplacera pas le nucléaire pas des éoliennes, ce n'est pas vrai. Il faut inverser notre logique, faire un pas de côté. La première des questions n'est pas comment produire de l'énergie, nous refusons d'avoir à choisir entre le moins pire des maux, nucléaire ou gaz de schiste.

La question aujourd'hui est comment moins en consommer, sans pour autant revenir à la bougie ni au char à boeufs. Le scénario Negawatt ouvre des pistes précieuses en la matière. Le programme du FDG propose la rénovation thermique, le ferroutage et le retour au wagon isolé. La relocalisation de la production, avec une  nouvelle politique industrielle qui interroge l'utilité sociale de la production et son impact environnemental. Et des visas sociaux et environnementaux aux frontières pour préserver à la fois l'environnement, les emplois ici, et le développement endogène des pays qu'on va aujourd'hui exploiter sans vergogne pour satisfaire le productivisme chez nous !

Mais aussi le développement d'une agriculture paysanne et la lutte contre la publicité et l'obsolescence programmée pour prévoir la sortie de l'ère pétrolière
et organiser la sortie du consumérisme.

Tout ceci nous fera faire d'importantes économies d'énergie tout en allant dans le sens du progrès humain. Et pour les besoins restants, nous devons faire appel aux énergies renouvelables. Ici en Rhone Alpes, le potentiel est énorme et doit nous permettre d'aboutir à une région à énergie positive en 2050, nous sommes en train d'y travailler.

Mais tout cela, on le sait, ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut le prévoir dans le temps long, le temps de l'écologie. C'est notre planification écologique au FDG. Vous le savez, le débat sur la sortie du nucléaire traverse les organisations de ce grand rassemblement qu'est le FDG, tout comme il traverse l'ensemble de la société.

Le Parti de Gauche, mon parti, s'est prononcé pour une sortie progressive du nucléaire, au fur et à mesure de l'arrivée en fin de vie des centrales avec l'arrêt des programmes EPR, avec l'accompagnement des travailleurs du nucléaire, le développement des qualifications pour une filière industrielle du démantèlement, et la réorientation de la recherche publique vers la cruciale gestion des déchets et le développement de nouvelles sources d'énergie renouvelable, comme la géothermie.

D'autres, comme le PCF, sont pour un mix énergétique maintenant une part de nucléaire public. Ce débat nous engage toutes et tous pour des générations. Il est trop sérieux pour être réglé sur un coin de table entre états majors de partis politiques. Nous refusons d'échanger des réacteurs contre des circonscriptions, et de voir les lobbies repasser par derrière pour en modifier les termes ! Nous savons héals qu'il y a des promesses qui ne durent que ce que durent les roses...

Voilà le communiqué qu'a fait Jean Luc Mélenchon hier soir à ce sujet :

Un an après avoir commencé, les effets de la catastrophe nucléaire de Fukushima durent toujours.
Cette situation montre l’urgence d’un débat en France sur l’énergie et plus globalement sur la transition énergétique. Et il doit être tranché par le peuple souverain, notamment sur le nucléaire, par référendum. Le Front de Gauche est le seul à le proposer.
Je déplore que l’UMP, le FN et le Parti socialiste le refusent.
Je regrette que l’accord de législature entre le PS et Jean-Pierre Chevènement n’en dise mot. Je note que cet accord est contradictoire aux engagements pris entre le PS et les Verts.
L’importance du sujet devrait interdire que des accords politiciens se substituent au débat public sur le fond et au vote démocratique.

Le débat doit être public. La population a été trop longtemps privée de parole. Il n'y a jamais eu de débat sur le nucléaire depuis le lancement du programme dans les années 70, ni au niveau des citoyens, ni même au niveau parlementaire. Il est grand temps que chacun puisse dire si il a envie de vivre à moins de 300 km d'une centrale ! C'est pourquoi le FDG propose un grand débat suivi d'un référendum sur ces questions.

Arrêtons de hurler à la démocratie, faisons la ! De manière sérieuse et argumentée. Un référendum, c'est aussi une manière de mettre en mouvement tout le monde pour cette grande révolution écologique. Car nous aurons besoin de la mobilisation de tous : citoyens, travailleurs, ingénieurs, chercheurs et scientifiques. Nous avons les compétences et les savoir faire, les richesses existent, ne manque que la volonté politique.

Faisons le pari de l'intelligence collective et de la mobilisation citoyenne. En 2005 on nous disait qu'il fallait être maitre de droit constitutionnel pour comprendre le TCE, aujourd'hui on nous refait le coup avec le nucléaire qui serait une affaire d'experts ? Eh bien en 2005 le peuple a très bien compris le traité constitutionnel ! Il l'a tellement bien compris qu'il a dit NON. Pour ma part je fais confiance au peuple. Donnons lui la parole.

Vive la révolution cityenne. Et vive la planification écologique !

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