dimanche 8 avril 2012

L'écologie « rouge et verte » de Jean-Luc Mélenchon (selon Novethic)


Ici le comparatif des candidats sur l'écologie selon Le Monde "Écologie : radicalisme de Mélenchon, paradoxes de Hollande et Sarkozy"... Réalisé à partir d'un questionnaire pour le moins curieux, puisqu'il s'agissait de répondre aux questions du Monde par "oui", "non", "ne se prononce pas"... Sur des sujets aussi complexes et cruciaux ! Bon, ils s'en sont sortis quand même grâce à nos commentaires ^^

Et voici un nouveau papier de fond, assez complet sur la planification écologique, suite à mon intervention au nom de Jean Luc Mélenchon et du Front de gauche au petit déjeuner presse des journalistes de l'environnement, par Novethic.


Photo : Patricia Tutoy, Bastille, 18 mars 2012

L'écologie "rouge et verte" de Jean Luc Mélenchon, Véronique Smée, Novethic.fr

Planification écologique, création d'un vaste pôle public de l'énergie et référendum sur la sortie du nucléaire font partie des propositions pour le « combat écologique » défendu par le candidat du Front de Gauche.

Invitée par l’association des journalistes de l’environnement à la mi-février, Corinne Morel Darleux, Secrétaire nationale du Parti de gauche en charge du combat écologique, est revenue sur plusieurs mesures emblématiques du programme environnemental défendu par Jean-Luc Mélenchon. Parmi elles, les deux grands piliers que sont la planification écologique et le rôle des services publics. Si le terme de « planification » est connoté politiquement, il a surtout été choisi pour incarner l’idée du long terme comme préalable à toute politique environnementale. « Nous avons voulu marquer la différence entre le temps de l’écologie et celui, très court, de l’économie capitaliste et de l’injonction à la rentabilité », explique Corinne Morel Darleux. Le parti de gauche défend également l’idée du « bien commun » et des services publics s’agissant de l’énergie, de l’eau, etc. Il propose notamment la création d’un « grand pôle public de l’énergie » qui rassemblerait Total, EDF, Areva, mais aussi les entreprises non historiques et issues de la libéralisation du marché de l’électricité comme Poweo. Et le modèle coopératif d’Enercoop, qui propose une offre 100% énergie renouvelable, est certes regardé positivement mais serait lui aussi nationalisé.

Participation citoyenne

L’idée d’associer les usagers à la gestion de ces « biens communs » est au cœur du programme du Parti de gauche, qui souhaite développer un service public de proximité, à l’image de l’organisation des « comités de bassin » qui existent localement pour réunir les différents usagers et parties prenantes de l’eau. La priorité de cette planification sera, sans surprise, la transition énergétique. Basé sur la sobriété et le développement des énergies renouvelables, le programme s’inspire largement du scénario Negawatt (voir article lié). Enfin le nucléaire, qui a fait l’objet de nombreux débats internes, ferait l’objet d’un référendum. « Le parti n’a pas encore décidé de la question qui serait posée ; le sujet n’est pas encore tranché », explique Corinne Morel Darleux. L’abandon de l'EPR, la sortie progressive du nucléaire, puis totale au plus tard en 2040 figurent quoi qu’il en soit dans le programme du Parti de gauche.

Comment financer ce vaste pôle public de l’énergie ? Par « un système d’imposition qui permettra de dégager de nouveaux financements, et qui inversera la situation actuelle consistant à faire des tarifs dégressifs pour les plus gros consommateurs », explique Corinne Morel Darleux. Le prix de l’énergie bénéficie en effet du principe d’économie d’échelle (plus on consomme, moins c’est cher) ; le parti de gauche propose donc de faire payer plus ceux qui consomment le plus…et rejoint en cela les propositions de Terra Nova, think thank du PS. Mais le Parti de gauche entend surtout « imposer les revenus du capital au même taux que ceux du travail, ce qui rapporterait 100 milliards d’euros. Nous voulons également créer une tranche d’impôt à 100% au dessus de 360 000 euros de revenus par an, ce qui permettrait de financer les services publics », assure la Secrétaire nationale du parti.

« Désobéissance face à Bruxelles »

Le Parti de gauche, qui lie politique écologique, dimension sociale et défense des services publics, annonce d’ores et déjà que sa vision des services publics est, à plusieurs égards, incompatible avec la politique européenne. « La logique que nous défendons est contraire à la politique libérale de Bruxelles, mais nous prônons la désobéissance concernant les directives qui mettent à mal les services publics et l’intérêt général, souligne Corinne Morel Darleux. Plusieurs pays l’ont déjà pratiqué, à l’image de la Grande-Bretagne concernant la législation européenne sur le temps de travail».

Concernant la réindustrialisation du pays, le parti pose le préalable de « l’utilité sociale » de la production. « L’écologie n’est pas l’ennemie de l’industrie, assure Corinne Morel Darleux. Mais il faut faire les choix de société sur ce que l’on veut produire et comment ». Le parti veut par ailleurs favoriser les circuits courts par l’instauration d’une fiscalité dégressive pour les entreprises en fonction des distances parcourues par leurs marchandises et du nombre d’intermédiaires, et instaurer des mesures de protectionnisme social et écologique par l'instauration de taxes aux frontières de l'Union Européenne et de protection des marchés, notamment agricoles, des pays du Sud. « Les aides publiques seront exclusivement destinées aux entreprises qui créent des emplois et dont les activités ne nuisent pas à l’environnement, tandis que les niches fiscales anti-écologiques seront abrogées », promet la Secrétaire nationale.

Interrogé par la Ligue Roc/Humanité et Biodiversité comme les autres candidats sur la problématique Biodiversité, le candidat a annoncé vouloir créer "des parlements de l’Environnement seront mis en oeuvre au niveau régional ou départemental. Ces parlements, qui regrouperont des citoyens, des élus et des représentants de l’Etat et du secteur privé seront à même d’élaborer des plans d’actions pour le développement de leurs territoires – sur le modèle des Agendas 21. Ces plans d’actions devront respecter des critères sur la protection de la biodiversité." De même, l’impact en terme de biodiversité des subventions et des politiques de l’Etat sera déterminé à travers un audit régulier pour "limiter les effets négatifs des financements publics sur la biodiversité".

Dans un meeting à Clermont le 14 mars, Jean-Luc Mélenchon a précisé qu'il voulait "introduire dans la constitution à la place de la règle d'or, celle qui propose d'éteindre la dette écologique, la règle verte », en reconnaissant par ailleurs qu'il est arrivé assez tard sur ces questions. Aujourd'hui, avec la déroute d'Eva Joly dans les sondages, la candidature de Jen-Luc Mélenchon pourrait attirer les écologistes déçus.

Parti et Front de gauche

Le Parti de gauche (PG) a été fondé en novembre 2008 par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez (parlementaires), après leur départ du Parti socialiste, suite au congrès de Reims. Le PG est coprésidé depuis le Congrès du Mans par Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard[5]. Le PG est allié au Parti communiste français et à Gauche unitaire dans le cadre du Front de gauche.

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