lundi 4 juin 2012

Osons la bio ! (ma réponse à Agribiodrôme)

Die, le 1er juin 2012,

C’est avec grand plaisir que je réponds à votre interpellation pour les législatives.

Vous le savez, en tant que Secrétaire nationale du Parti de Gauche chargée de l’écologie, je suis au cœur du combat pour la transition écologique dont le soutien à une agriculture paysanne de qualité est un des piliers. Je suis favorable à une agriculture respectueuse de l’environnement et à une augmentation rapide de la part de bio relocalisée sur notre territoire national. Je porte également ces positions en tant qu’élue membre de la commission agriculture et du développement rural  à la région Rhône-Alpes et je les défendrai demain à l’Assemblée nationale si les Drômois-es me font confiance dans la 3ème circonscription de la Drôme.

Je salue le travail réalisé par les agriculteurs biologiques et par les collectifs et organisations qui ont commencé à défendre cette forme d’agriculture dans un environnement souvent hostile.

Nous avons de grandes convergences de point de vue et je soutiens l’essentiel des propositions de la campagne « Osons la bio » en vue des élections législatives de 2012. Ces propositions avaient d’ailleurs été abordées lors de notre tout premier événement de lancement de campagne du Front de Gauche dans cette 3e circonscription, à Luc en Diois le 7 janvier, en présence de paysans, d’élus, de citoyens et de représentants syndicaux.

C’est donc tout naturellement qu’en tant que candidate au mandat de députée de la 3ème circonscription de la Drôme, premier département bio de France, territoire rural et agricole, je m’engage, au nom de l’intérêt général, à soutenir les paysans et salariés de la filière agricole dans la défense de la qualité de l'alimentation, de leur droit à vivre de leur travail et de la souveraineté alimentaire, pour le bien de tou-te-s.

Bien amicalement,

Corinne Morel Darleux


Parmi les 20 mesures que vous préconisez, nous soutenons ainsi :
la mesure n°1 (objectif de souveraineté alimentaire) ;
la mesure n°2 (distribution plus juste des aides). Ceci représenterait une amélioration par rapport à la situation actuelle et doit donc être défendu. Cependant, le Front de gauche est favorable à une rémunération du travail basée d’abord sur les prix, avec des aides ciblées en fonction de trois critères : a) soutien aux actifs ; b) soutien aux régions de plus faible productivité du fait de causes naturelles ; c) soutien à la transition écologique de l’agriculture.
la mesure n°3 (soutien aux exploitations protégeant l’environnement), qui va dans le sens de l’observation ci-dessus.
la mesure n°4 (soutien aux conversions),
la mesure n°5 (renforcement de l’identité bio),
la mesure n°6 (semences paysannes),
la mesure n°7 (politique foncière). Sur ce point ,le Front de Gauche va plus loin qu’ « Osons la bio » en vue d’inverser le processus de concentration de la production et de soutenir les projets d’agriculture écologique (voir ci-dessous) 

la mesure n°8 (desserrement de la contrainte urbaine). Le Front de Gauche soutient cette proposition, mais pense qu’il faut aller plus loin grâce à l’instauration d’une mesure de protection généralisée des terres agricoles et naturelles et à une taxation à 90% des plus-values réalisées sur la vente de terrains devenus constructibles afin de casser les dynamiques de spéculation,
la mesure n°9 (présence du bio dans les zones les plus sensibles)
la mesure n°10 (relocalisations, voir ci-dessous)
la mesure n°11 (filières biologiques innovantes),
la mesure n°12 (formation agricole),
la mesure n°13 (recherche agronomique). Votre proposition nous semble cependant trop restrictive: c’est l’ensemble de la recherche agronomique française qui doit être réorientée en faveur des objectifs de transition écologique de l’agriculture, notamment en la libérant des lobbies privés,
la mesure n°14 (reconnaissance têtes de réseau bio),
la mesure n°15 (valorisation des savoirs paysans)
la mesure n°16 (nouveau modèle alimentaire),
la mesure n° 17 (restauration collective),
la mesure n°18 (information sur les garanties),
la mesure n° 19 (gouvernance),
la mesure n° 20 (fiscalité), en réservant notre position définitive sur la question de la TVA sur les pesticides (qui implique une réflexion plus globale sur la combinaison des outils -fiscalité, normes, subventions- pour organiser la transition écologique de l’agriculture).


Sur certains points, le Front de gauche souligne la nécessité d’aller plus loin que ne le propose « Osons la bio » pour promouvoir la transition écologique de l’agriculture :
d’une part, nous pensons qu'il faut organiser la transition écologique de l’ensemble des agriculteurs, et non pas seulement ceux qui se mettent au bio. L’exigence des normes relatives aux doses de pesticides et engrais devront progressivement diminuer dans le temps (avec une interdiction immédiate des pesticides neurotoxiques) et les agriculteurs devront être accompagnés vers cette transition ;
d’autre part, il convient de promouvoir la relocalisation des production au plus près des lieux de consommation, notamment au moyen d’une réforme du code des marchés publics permettant d’intégrer dans les critères des appels d’offre la localisation de la production et donc de planifier un accroissement progressif des taux d’approvisionnement, non seulement en produits bio, mais aussi en produits relocalisés. Une telle réforme est incompatible avec les règles européennes libérales de la « concurrence libre et non faussée » et une majorité du Front de Gauche n’appliquera pas ces règles dans ce domaine ;
enfin, l’agriculture écologique (ou agro-écologie) implique de repenser profondément les systèmes de production agricole avec une réintégration des activités de production végétale, de production fourragère et d’élevage, en y intégrant les arbres. La reconquête de l’indépendance protéique doit être planifiée grâce à des soutiens spécifiques aux cultures de protéagineux et aux autres légumineuses et à la protection du marché intérieur (ce qui implique la remise en cause du libre-échange). La politique foncière que prévoit le Front de Gauche permettra de redistribuer les terres libérées au delà d’une superficie maximale par actif en faveur des petites et moyennes exploitations engagées dans ce type de transition écologique.

Enfin, le Front de gauche considère que la transition écologique de l’agriculture n’est pas compatible avec le processus de libéralisation de l’agriculture, et notamment avec l’imposition par les règles de la concurrence libre et non faussée du Traité de Lisbonne. Nous dénonçons les illusions du capitalisme vert. Une agriculture écologique est une agriculture plus intensive en travail, surtout si l’on veut –et c’est le cas du Front de Gauche- que ce soit une agriculture paysanne contribuant à l’existence de campagnes vivantes. Il convient donc de stopper et d’inverser le processus de concentration de la production et de diminution des emplois agricoles. Une rémunération de l’agriculture fondée majoritairement sur les aides directes n’ayant à moyen et long terme pas d’avenir, c’est donc la question de la rémunération du travail paysan au moyen des prix agricoles qui est posée : les prix agricoles doivent correctement rémunérer le travail paysan dans des conditions moyennes de productivité d’une agriculture écologique. Ceci est incompatible avec le processus de libéralisation qui tire en permanence les prix vers le bas et accroit leur volatilité. La protection du marché européen est une nécessité, de même que des mécanismes de gestion et de régulation de la production et des marchés. De même, un encadrement des marges des intermédiaires et l’institution de prix minimums aux producteurs est nécessaire pour un certain nombre de produits. C’est précisément ce que propose le Front de Gauche et c’est ce qu’il défendra au Parlement. Les agriculteurs biologiques doivent être clairement conscients que s’ils ont pu, jusqu’à un certain point, être jusqu’à présent protégés des pressions à la baisse des prix du fait de la rapide croissance de la demande de produits biologiques, il n’en sera pas toujours ainsi dans un contexte de libéralisation des marchés.

La totalité du programme du Front de gauche pour l’agriculture est disponible sur le site www.placeaupeuple2012.fr/agriculture/ ainsi que différents documents relatifs à nos positions.

Voir aussi ma réponse à la Confédération Paysanne Drôme

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