vendredi 15 juin 2012

De la lecture, des contemplations et des épines des roses

L'avantage de tout ça, c'est de retrouver le temps de lire. Je suis donc plongée dans un de ces bouquins qui attendaient sagement sur une étagère que je revienne. Limonov, d'Emmanuel Carrère. Qui n'est pas forcément ce qu'il y a de plus léger à lire dans la période, mais remet à juste place les pseudos dissidents, les errements de révolutionnaires aveuglés par la gloire, et ce que politique punk veut dire. Bien.

Et voilà que je reçois également trois bouquins au courrier. Le premier s'intitule "Le sel de la vie", de Françoise Héritier. Il est arrivé hier. Je découvre en le feuilletant qu'une phrase y est soulignée délicatement, au crayon papier : "Il s'agit tout simplement de la manière de faire de chaque épisode de sa vie un trésor de beauté et de grâce qui s'accroit sans cesse, tout seul, et où l'on peut se ressourcer chaque jour".

Dans le dernier et court chapitre, "Tournons la page", je lis en silence : "Qui suis- "je" au delà des définitions extérieures que l'on peut donner de moi, de l'apparence physique, du caractère donné dans les grandes lignes, des rapports entretenus avec autrui, des occupations professionnelles et personnelles, des liens familiaux et amicaux, de la réputation, des engagements, des réseaux d'appartenance, au delà de ces définitions sans doute justes mais aussi construites et trompeuses ? (...)  "Je" n'est pas seulement celui qui pense et qui fait mais celui qui ressent et éprouve selon les lois d'une énergie souterraine sans cesse renouvelée." Touché juste par ce geste si discret et si proche, élégant. Douloureusement beau.



Je voudrais également parler ici de "Maire en milieu rural", de Josette Fournié, qui est élue dans une petite commune du Sud de la Drôme, Eygalayes, et y témoigne de son engagement à redonner un sens au "politique", à le ré-enchanter quand il a été dévoyé. Le chemin qu'elle a choisi : Maire et paysanne... De quoi alimenter réflexion là aussi. Et matière à cultiver son jardin, sans doute.

Enfin, "Comment la mondialisation a tué l'écologie", d'Aurélien Bernier. De l'imposture en matière d'écologie, un dossier à charge argumenté, sourcé, appuyé sur une analyse sérieuse de l'histoire politique. Il était attendu, on avait eu l'occasion d'en parler depuis longtemps avec Aurélien. Il devrait être de salubrité publique. Voici un extrait de la quatrième de couverture, lisez le.

"Depuis quarante ans, un pacte tacite s’est instauré : au sein des gouvernements, des institutions internationales, lors des grands sommets, seules des mesures cosmétiques, ne portant pas atteinte au libre échange et à la mondialisation, sont tolérées. Il est grand temps de faire tomber les masques et raconter en détail l’histoire politique, totalement méconnue, qui révèle la supercherie d’une prétendue conversion à l’écologie des grands de ce monde."

Quant à moi je vais voir si les framboises du jardin ont rougi et si les roses ont retrouvé leurs épines. Après six mois - trois ans - d'action, d'écoute et de paroles, j'aspire au silence et au retour du contemplatif. Pour un temps. Celui de reprendre souffle, de sortir d'une saine perplexité. Et de trouver la forme la plus utile sous laquelle faire refleurir l'engagement. Une chose est certaine, ce ne sera pas le renoncement.

« Si un contemplatif se jette à l’eau, il n’essaiera pas de nager, il essaiera d’abord de comprendre l’eau. Et il se noiera. » Henri Michaux.

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