jeudi 13 septembre 2012

Conférence environnementale: " Assez des déclarations la main sur le coeur " (L'Huma)

Voici l'entretien que j'ai donné il y a quelques temps pour L'Humanité sur la conférence environnementale et publiée aujourd'hui sur leur site. Bon, j'aurais bien réécrit quelques petites choses mais les messages principaux y sont je crois ;)

A lire sur le site de L'Huma ou ci dessous


Conférence environnementale: "Assez des déclarations la main sur le coeur"

Corinne Morel-Darleux, Secrétaire nationale à l’écologie du Parti de gauche

Environnement, le 13 Septembre 2012

Mots clés : développement durable, environnement, croissance, austérité, front de gauche, énergie, parti de gauche, gaz de schiste, gaz à effet de serre, ecologie, delphine batho, grenelle de l'environnement, conférence environnementale, Corinne Morel-Darleux,

Ce vendredi 14 septembre s'ouvrira un nouveau débat sur la question du développement durable avec l’organisation de la conférence environnementale. Une réunion qui permettra de fixer les objectifs du gouvernement après que l’écologie ait été la grande oubliée de la campagne. L’occasion aussi pour Corinne Morel-Darleux, Secrétaire nationale à l’écologie du Parti de gauche de rappeler les attentes du rassemblement Front de Gauche.

Qu’attendez vous de cette conférence et quelles sont les priorités pour le Front de Gauche ?

Corinne Morel-Darleux. Pour le moment le Front de Gauche est dans l’interpellation et dans la vigilance. Nous suivons particulièrement tout ce qui se déroule au niveau gouvernemental sur les questions écologiques depuis la mise en place de la nouvelle majorité. Or, cette conférence environnementale va justement se dérouler dans un contexte de cacophonie gouvernementale sur les questions écologiques avec une succession en cette rentrée de polémiques et de déclarations que ce soit de la part d’Arnaud Montebourg, de Delphine Batho ou encore des écologistes au sujet des gaz de schiste ou sur le dossier de Notre-Dame-des-Landes par exemple.

Notre première attente est qu’il y ait une cohérence de la part du gouvernement lors de cette conférence pour savoir ce vers quoi il se dirige vraiment. L’autre point très important, c’est la levée de l’ambigüité sur l’extraction du gaz de schiste que nous refusons catégoriquement au Front de Gauche. D’où le problème posé par toutes les déclarations de la ministre de l’Ecologie qui réaffirment effectivement le refus de la fracturation hydraulique mais ne garantissent pas que l’extraction des gaz de schiste, même avec une autre technique, continuerait à poser un problème notamment avec des émissions de gaz à effet de serre.

Au-delà, nous restons inquiets sur le fait qu’il n’y ait pas vraiment de lien entre le programme annoncé par cette conférence environnementale et différents sujets qui sont directement liés et auxquels le Front de Gauche est très attaché. D’une part, l’austérité annoncée par le futur traité européen est totalement incompatible avec des projets ambitieux pour l’écologie qui nécessitent des financements considérables par exemple sur la rénovation thermique. De même nous ne retrouvons pas de lien avec la réforme territoriale et la réforme fiscale qui constituent d’importants projets. Enfin, le programme de cette conférence ne fait pas apparaître de lien avec les questions sociales et d’emploi. C’est ce que nous appelons les « 3R », relocalisation, reconversion et réindustrialisation. Pour nous ce qui est fondamental c’est l’humain d’abord, il ne faut pas déconnecter les questions environnementales des questions démocratiques, économiques et sociales.

 

Craignez-vous une répétition des déboires du Grenelle de l’environnement ?

Corinne Morel-Darleux. C’est une crainte que l’on peut avoir.  Il y a en tout cas deux points positifs à souligner sur cette conférence. D’abord, la ministre Delphine Batho a annoncé que ces débats multipartites auraient lieu tous les ans. C’est la perspective d’un dialogue environnemental qui s’installe dans la durée. Ensuite, la ministre a récemment donné une interview au magazine Terra Eco dans laquelle elle parle de sobriété en matière d’énergie. C’est bien la première fois que l’on entend cela de la bouche d’une ministre de l’écologie.

En revanche, c’est vrai que l’on peut être inquiet en sachant que l’association Greenpeace n’est pas encore certaine de participer à cette conférence. Nous, nous craignons aussi que les moyens ne suivent pas après cette conférence comme dans le cas du Grenelle. On ne pas d’un côté faire campagne pour un nouveau traité européen qui annonce l’austérité et de l’autre, annoncer une révolution écologique. On attend d’un gouvernement de Gauche qu’il donne à l’Etat les moyens d’une politique publique forte surtout en matière d’écologie. Les déclarations la main sur le cœur on en a eu assez durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

En tout cas, la question de fond est, peut-on attendre grand-chose d’une majorité qui est toujours dans le triptyque relance de la croissance, consommation, répartition des richesses ? Je ne crois pas dès lors que c’est un schéma productiviste qui ne fonctionne pas. De toute façon il n’y a pas de surprises, tout cela va dans la droite lignée de ce qu’à fait Hollande dès la fin de la campagne en s’asseyant ouvertement sur l’accord avec les Verts. Ce qui est certain c’est que la croissance économique est destructrice de l’environnement et il faut trouver d’autres indicateurs de progrès humain. Comme le disait Einstein : « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ».

 

A la suite des dernières législatives, les écologistes ont pris une place importante sur les bancs de l'assemblée nationale. Comment le Front de gauche compte t-il imposer ses valeurs écologiques dans ces conditions ?

Corinne Morel-Darleux. Déjà ce qu’il faut dire c’est que les écologistes sont dans une position totalement schizophrénique. On a d’un côté la participation au gouvernement et le fait de se revendiquer d’une majorité parlementaire productiviste et d’un autre côté, le fait de sortir plusieurs fois par semaine des communiqués de presse qui critiquent les actions de cette même majorité. Cet écart ne pourra pas durer et c’est insupportable notamment pour les militants écologistes. Nous, nous continuons de lancer un appel à nos camarades de la Gauche d’Europe-Ecologie-Les-Verts (la motion « Envie ») pour travailler ensemble et sans muselière.

Pour le reste, le Front de Gauche ne se sent pas concurrencer par les écologistes. Nous continuerons à défendre les valeurs écologistes « dans les rues et dans les urnes ». Nous sommes présents au Parlement avec des groupes autonomes dans chaque chambre et puis il ne faut pas oublier tous les élus du Front de Gauche notamment dans institutions locales, les associations, les syndicats. Moi par exemple je suis conseillère régionale en Rhône-Alpes par exemple.

Nous continuons aussi à organiser la mobilisation avec un rassemblement nationale contre le gaz de schiste le 22 septembre en Seine-et-Marne où sera présente Martine Billard du Parti de Gauche (la Coprésidente du bureau national du Parti de Gauche) et dans le Gard où je serai moi-même présente. Il ne faut pas oublier aussi que dès le lendemain de la conférence environnementale, le dimanche 16 septembre lors de la fête de l'humanité nous aurons un grand débat avec les représentants des associations écologiques comme France Nature Environnement (FNE) ou Greenpeace. Le Front de Gauche reste actif. 

Bonnehorgne Xavier

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