vendredi 5 octobre 2012

Ah mais non, pas « juste pas le choix » ! (Carfree, CM Vadrot... Effet rebond)

cristal-arturbain123318032152_art.jpgLe site Carfree, dont j'ai utilisé avec un plaisir à peine dissimulé l'épinglage de l'écologiste CM Vadrot à l'occasion de ma réplique à celui-ci, rebondit sur la « polémique ». Chic ! Un débat ! Je remets une pièce dans le jukebox ;)

Carfree reprend donc les propos de CM Vadrot et ceux de ma réponse, et analyse :

« Alors qui a raison au bout du compte? A vrai dire, si on analyse les déclarations de Jean-Luc Mélenchon au Mondial de l’automobile, il semblerait bien que ce soit Corinne Morel Darleux qui vise juste. Selon Le Point, Mélenchon aurait déclaré: « dans l’automobile le défi est particulièrement important: nous savons que nous devons sortir de l’énergie carbonée et du pétrole et nous ne pourrons le faire sans inventivité. Ce sont les travailleurs qui ont ce savoir-faire" . Cela colle plutôt bien avec l’idée de planification écologique et de reconversion de la filière. Donc, il apparaît bien une fois de plus que Claude-Marie Vadrot raconte vraiment n’importe quoi. »

Bien. Mais Carfree pointe aussi des contradictions dans ma réponse, et ce n'est pas faux. Car la question est complexe, et bourrée de contradictions. Je les assume. En revanche, je ne suis pas d'accord avec la mise en exergue de mon « juste pas le choix » :

« D’un certain point de vue, selon le Parti de Gauche, il faut arrêter de construire des voitures mais… les gens ont toujours besoin des voitures: « Car on ne peut par ailleurs aujourd’hui nier l’utilité sociale et le besoin fonctionnel de la voiture ! Eh oui, hélas, dans nombre de nos zones rurales, on n’a juste pas le choix pour se déplacer, aller au boulot, faire les courses ou emmener les gamins à l’école. » Sur ce coup, le Parti de Gauche semble atteindre la limite de son raisonnement. La voiture, c’est fini, il faut reconvertir l’industrie automobile, mais les gens ont encore besoin de la voiture… Ce « juste pas le choix », on le connaît bien sur Carfree France, c’est la réponse la plus fréquemment employée par les partisans inconditionnels de la voiture. »

Constat ne vaut pas mandat ! Je me borne à constater qu'en effet aujourd'hui il n'y a « juste pas le choix » dans certaines zones rurales que d'avoir une voiture pour se déplacer. En aucun cas je ne dis que c'est une fatalité. Encore moins une raison de se résigner. Sinon franchement, j'irais cultiver mon jardin ;) Il y a au contraire de grosses marges pour réduire la part du véhicule individuel dans les déplacements. Je les évoque, rapidement il est vrai, dans mon billet : « réduction des temps de trajets domicile -travail et donc lutte contre l'étalement urbain, réduction et partage du temps de travail, aménagement du territoire... ». C'est tout ce qu'on développe au sein du Parti de Gauche depuis 4 ans. C'est le sens de notre critique de la loi dite de modernisation financière qui a assoupli les règles d'installation des grandes surfaces en périphérie des villes, de notre défense farouche du frêt ferroviaire et donc contre la libéralisation du rail, de défense du transport multimodal et de la relocalisation de la production (je me cite : « (...) taxe kilométrique sur les transports de marchandises et des visas sociaux et environnementaux » ).

Car avant de pointer du doigt les gens qui prennent leur bagnole pour aller bosser, dans des coins où il n'y a ni train, ni car, ni vélo possible (et je vous assure que vu du Vercors, je ne leur jette pas la pierre), on pourrait peut-être aussi s'interroger sur les dits-écolos qui votent la libéralisation du rail à l'union européenne ou sur les méga-camions qui ont été mis sur les routes, au plus grand profit des Vinci et autres concessionnaires privés d'autoroutes...

Bref, quand Carfree écrit « Nous pensons au contraire que nous avons encore le choix, du moins pour l’instant, d’envisager une autre société que la société actuelle de l’automobile. C’est seulement si nous ne faisons pas les bons choix maintenant, que nous risquons de ne plus avoir le choix dans le futur », j'applaudis des deux mains.

Chez nous on appelle ça « planification écologique ». Mais on est pas sectaires, et on peut aussi appeler ça « rupture historique du contrat moral fordiste », ça me va :)

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