samedi 6 octobre 2012

Je ne suis pas anti-éolienne (scoop)

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"Le Front de gauche « n’est pas anti éolien, mais pas à n’importe quelle condition (privatisation du marché, fin de l’égalité républicaine, et parcs industriels avec THT destinées à l’export…) », explique Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du parti de gauche." Article de Mediapart

Eh bien, si on m'avait dit ça... Voilà que je me retrouve, de sites en twitts, tenue responsable des positions défendues par les députés du Front de Gauche sur la tarification progressive et surtout sur l'éolien. Quel honneur ^^

Que s'est il passé ? Au terme d'une séance houleuse, les députés FDG ont quitté l'hémicycle au moment du vote d'un amendement sur l'éolien déposé par Europe Écologie dans le cadre du débat sur la loi de tarification progressive de l'énergie. Et ils ont eu le malheur de le faire avec la droite. De là à ironiser sur la planification écologique du FDG, il n'y a qu'un pas que certains élus EELV se sont fait un plaisir de franchir, François de Rugy en tête. C'est de bonne guerre. Mais c'est aller un peu vite en besogne, et pour un parti qui a majoritairement choisi de gouverner avec des pro-nucléaires qui n'ont que le PIB en tête, convenez que c'est d'une ironie assez savoureuse :)

Bref, je me suis retrouvée à devoir commenter au pied levé un événement survenu dans la nuit, sur une décision que je ne maîtrise pas. Via deux petits textos en réponse à une question de Jade Lindgard, de Mediapart, rapidement rédigés car j'étais alors en pleine session régionale... Et ce alors que je rappelle que grâce au PS et à ses brillants arrangements de couloirs, le PG n'a plus qu'un député à l'Assemblée Nationale, Marc Dolez. Mais passons.

Car tout de même. Il est un peu facile de nous faire passer pour des anti-éoliens sans s'attarder un peu. L'amendement finalement adopté introduit en effet, sous couvert d'essor de l'éolien, une dérèglementation qui risque surtout de bénéficier en premier lieu aux spéculateurs qui ont bien compris quel juteux marché cela représentait, et peuvent désormais s'installer à peu près partout sans passer par la validation de la préfecture. Ensuite, plusieurs articles du projet de loi sur la tarification progressive, 8 sur 22, se mettent en conformité avec la loi NOME de libéralisation de l'électricité, et globalement, même si il faut veiller à ne pas pénaliser ceux qui habitent dans les zones froides voire très froides par rapport aux habitants du sud, les critères retenus pour la progressivité (notamment géographiques) présentent le risque d'introduire une atteinte à l'égalité républicaine (tarif différencié selon le lieu de vie). En revanche, le fait que le bâtiment soit correctement isolé ou non n'est pas pris en compte...

On le voit, la question est bien plus complexe qu'un bête combat "pro" versus "anti" éoliens. Comme souvent en politique concrète... Je fais court, et pour être tout à fait honnête je ne sais pas quel aurait été mon vote, mais je reste convaincue que l'éolien, qui a été mis à mal ces dernières années, mérite mieux que le sort qui lui est fait aujourd'hui. Le mode actuel d'investissement dans l'éolien doit être révolutionné d'urgence pour l'arracher aux mains du privé et du capitalisme vert, certes. Mais ce qui est certain c'est qu'on en a besoin pour la transition énergétique, comme le démontre d'ailleurs le scénario Negawatt sur lequel s'est appuyé le Parti de Gauche dans nombre de ses réflexions.

Je rappelle et réaffirme donc que le PG est favorable à la gratuité des premières tranches d'eau et d'énergie, à une progressivité des tarifs liée à l'usage... Et à l'éolien ! Et je vous invite vivement à lire ce billet bien plus complet que vient de rédiger mon camarade Mathieu Agostini qui a suivi de près les épisodes de la semaine et les débats concernant cette fameuse loi de tarification progressive.

Enfin, puisque je vois que tout et n'importe quoi circule à cette occasion, et au point où j'en suis, je rappelle la position officielle du PCF contre l'extraction des huiles et gaz de schiste dénuée de toute ambiguité. Soyons clairs, je ne défends pas toujours les orientations en la matière de mes camarades communistes, mais là pour le coup, que justice leur soit rendue !

Ah, et pour les camarades d'Europe Écologie qui souhaiteraient continuer à me citer sur le sujet, après une recherche rapide dans les archives de ce blog, voici de quoi vous mettre sous la dent un peu plus qu'un texto ;)


http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2012/07/12/energie-capitalisme-vert

"C'est la raison pour laquelle je suis intervenue en commission énergie - climat par exemple la semaine dernière sur l'appel à projet éolien qui prévoit que la Région aide à "permettre une acceptation et une intégration des projets au territoire". Bon, la concertation on est pour, certes. Mais pas pour que la Région aide à augmenter le niveau "d'acceptabilité sociale" de certains grands projets industriels. Ces échanges en commission sont aussi l'occasion de faire vivre le débat politique entre nous. On n'est pas que des gestionnaires... Or, le terme "renouvelable" n'est pas un sésame qui permettrait de justifier tout et n'importe quoi. On a toutes et tous des exemples locaux de capitalisme vert en tête. Voilà, concrètement on y est. Certains élus pensent qu'"il faut savoir ce qu'on veut, si on veut des renouvelables, il faut bien les mettre quelque part". D'autres pensent que dans un scénario de transition énergétique digne de ce nom, la première des priorités c'est la réduction de nos consommations, et qu'on ne s'en sortira pas, sauf à remplacer un problème par un autre, avec des projets industriels qui prennent sur des terres agricoles, comme en Aveyron, nécessitent un transfo et des lignes THT pour ensuite redistribuer l'électricité, avec tout ce que cela génère en matière d'environnement et de santé publique...Soyons clairs, perso je trouve ça beau une éolienne, et je suis pour. Mais pas n'importe comment, par n'importe qui et à n'importe quel prix."


http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2011/11/12/ou-il-est-question-d-energie-mais-aussi-de-reappropriation-citoyenne-de-transition-et-de-planification-ecologique

"Il y a bien sûr le développement des énergies renouvelables. Mais pas n’importe comment. Contrairement à ce que pensent certains partis qui se réclament de l’écologie, les mesures environnementales doivent s’accompagner de préoccupations sociales et démocratiques. Quand on voit comment s’engouffrent dans les énergies renouvelables tous les grands groupes capitalistiques de type VEOLIA et SUEZ, en faisant de l’éolien de manière purement industrielle, avec un aménagement du territoire totalement aberrant avec des surfaces entières utilisées uniquement pour la production pour aller vers des zones uniquement de consommation, cela est problématique.

De la même manière si l’on fait des énergies renouvelables sans changer les conditions de travail, la manière dont les décisions sont prises au sein de ces entreprises et la logique « actionnariale » qui prévaut sur les salaires, cela est aberrant. Nous ne sommes pas pour faire n’importe quoi au nom des énergies vertes. C’est ce qu’on appelle le capitalisme vert et c’est à rebours de ce que nous envisageons.

Si l’on reste dans la même logique de production et de consommation, on pourra avoir toutes les actions de résistance sur le terrain, tant qu’il y aura un système capitaliste et de la demande croissante d’énergie, il y aura en face des intérêts privés et des multinationales qui seront prêtes à prendre des risques à la fois pour les populations et pour l’environnement, pour fournir de l’électricité en augmentant son prix et les inégalités d’accès à l’énergie."

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