lundi 1 avril 2013

Blogchevikette

ven__31_.jpgJe n'étais pas d'humeur politique, envie de poésie et d'intime en ce dimanche doux et gris... Mes réponses s'en ressentent, désolée. Mais pour être femme politique, on n'en est pas moins femme... Retour sensible au questionnaire que Sydné m'a adressé via la chaine des Blogcheviks.

C’est quoi être de gauche?

Être de gauche, c'est refuser de se ranger à côté du roi. C'est voter non pour soi, mais pour ceux qui ne votent pas. C'est penser la loi pour protéger les plus faibles ; chercher la vérité et la dire comme l'a exprimé Jaurès. Refuser la notion de mérite et la remplacer par celle de solidarité, car il n'est pas vrai que nous soyons tous nés pareillement dotés. C'est combattre le pessimisme de la lucidité par l'engagement et l'action, pour redonner sa dignité au présent même quand demain semble loin. Se battre sans être sûr de gagner, pour la beauté.

Regrettes-tu d’avoir voté Hollande le 6 mai 2012?

J'ai voté Hollande en pensant que même s'il n'y avait rien à en attendre en matière économique, de fiscalité ou d'écologie, le parti socialiste au pouvoir ce serait tout de même un changement pour les plus attaqués, les sans-papiers, les précaires. Que l'égalité et la solidarité remplaceraient un peu l'ordre et le mérite, au moins sur les questions de société, même si ça devait ressembler à de la charité. Las, même ça ils y ont renoncé... Mais je ne regrette pas non. Je grandis, juste.

Si tu étais une bête de scène, tu serais laquelle?

Un sourire... Une bête de scène ? Diable, je n'en ai aucune idée.

La femme ou l’homme qui t’a marqué à jamais?

Emma Goldman, que j'ai connue à travers sa biographie amoureuse. Flamboyante anarchiste, féministe révoltée... et amante vulnérable. Qui n'a pas hésité à puiser dans son intimité de quoi alimenter sa réflexion politique et à cramer sa vie jusqu'au bout pour continuer à trembler et vibrer, jusqu'à s'y perdre. Loin de toute ataraxie, jamais tiède... A la fois égérie et contre-modèle.

C’est quand la dernière fois que tu as douté?

Putain c'est pas le moment de me poser cette question, je nage en plein doute là. Tout le temps. Sur la meilleure manière de concilier plaisir et utilité, surtout. De combiner responsabilité et liberté. De se mettre au service d'un ensemble plus vaste que soi sans s'y laisser diluer. Le paradoxe permanent de porter d'autres voix tout en restant soi.

La plus belle invention de l’homme, c’est laquelle?

Les voyages, la possibilité d'un ailleurs... Mon passeport, je le garde en permanence sur moi. Pour l'illusion de liberté qu'il me procure, ce sentiment de pouvoir disparaître n'importe quand, sur un coup de tête. C'est une liberté qui n'a pas besoin d'être exercée, juste de rester dans le domaine du possible, pour exister. Qui sauve de la médiocrité.

La plus belle invention de la femme, c’est laquelle?

La tendresse du quotidien... pardon je vais faire hurler les féministes. Mais le quotidien partagé, oui. Quand on fait de la politique c'est une chose qu'on accepte peu à peu d'abandonner. Nous sommes des gens sans quotidien. Et c'est en courant les chemins qu'on se rend compte du caractère apaisant de la régularité. De l'incomparable bonheur qu'il y a à se retrouver pour l'apéro au coin du feu à raconter sa journée.

On se voit quand?

Aïe, mon agenda en est à l'automne... Alors, la prochaine fois que je décide de faire l'école buissonnière, de sécher une réunion importante, d'exercer ma parcelle de liberté. Mais habituellement c'est un exercice solitaire, un espace de respiration exclusif et difficile à partager. Je protège ces espaces jalousement. Pour me convaincre... Il faudra aller se promener le long de la Seine. Ou m'emmener danser.

Écrire ou parler, que préfères-tu?

Oh écrire, mille fois. Je ne téléphone jamais. La voix est trop crue, bruyante, immédiate. Et les paroles trop vite oubliées. Moi j'aime choisir les mots, prendre le temps de les aligner, j'ai besoin de formuler et décrire les choses pour les comprendre. C'est un travail de réflexion, d'introspection souvent, essentiel. Oui, je rêve de silence... C'est un vrai luxe pour moi, rare et précieux.

21 avril?

Aucune originalité je le crains. 2002, en larmes face au visage de le pen devant ma télé. A écouter en boucle les commentaires creux des journalistes sans réussir à aller me coucher. Comme pour les tours jumelles, un sentiment d'urgence, un besoin de rester en prise avec la réalité. Même quand on n'y a strictement aucune utilité.

Et 2017?

Dans la baie d’Hanoï, à écrire et divaguer... Le sourire aux lèvres.

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