jeudi 9 mai 2013

L'homme qui savait la langue des serpents (Conte fantastique estonien)

attila.jpgLes jours ralentissent un peu, l'air est plus doux, et après des mois à ne pouvoir lire que des polars, avec le repos revient enfin le plaisir des mots qui emmènent loin... Ailleurs.

Là où le lait de louve abreuve les humains qui vivent dans la forêt et savent encore la langue des serpents. Où les ours sont de grands bruns libidineux d'une gentillesse confondante, qui se ceignent le front de couronnes de fleurs et s'avancent les pattes pleines de miel sauvage tout près des habitations pour lorgner les femmes. Ces tendres sauvages qui se flagellent nues en haut des arbres au clair de Lune, et « la suite est claire comme de l'eau de roche. Bien peu de femmes leur résistent, ils sont si grands, si tendres, si gauches, si velus. Et puis ce sont des séducteurs nés, les femmes les attirent à ce point qu'ils ne perdent jamais une occasion de s'approcher de l'une d'entre elles pour leur grogner quelque chose à l'oreille »... Un univers troublant où les terriers abritent vipères royales et corps humains emmêlés le temps d'un hiver, où l'arrivée de la faucille, de la moisson et du pain vient concurrencer le goût fort et âcre des rôtis d'élan, où l'on se baigne dans les rivières. Un monde de nature et de culture, entre Soleil et Chair.

Ruez-vous... C'est doux et sanglant, chaud et troublant. Follement magique, dérangeant. Totalement délirant. Ça se passe en Estonie, en des temps lointains. Que l'on se prend à regretter soudain, le temps d'un grand et inoubliable bouquin.

"L'homme qui savait la langue des serpents", Andrus KIVIRÄHK, Attila

Haut de page