mercredi 21 août 2013

Quand les oligarques se mettent au co-avionage (conte moderne grec)

dimitris-melissanidis.jpgVraiment c'est pénible, les gens ne sont jamais contents.

Voilà ce que je reçois hier après midi dans ma boite électronique : « Privatization Chief Quits After Another Misstep in Sales of Greek Assets », un article du NY Times. Où l'on apprend que les oligarques se mettent au co-avionage. Et vous croyez qu'au moins les écolos feraient un petit communiqué de félicitation ? Ben non, même pas.


Le principal protagoniste, le « chef démissionnaire » dont il est question dans le titre, s'appelle Stelios Stavridis.
C'est le fondateur des Piscines Ideales (sic), l'un des plus gros constructeurs de piscines d'Europe. Mais surtout M. Stavridis est le responsable de TAIPED, l'officine de la Troïka (commission européenne, banque centrale européenne et fonds monétaire international) chargée de vendre à la découpe les propriétés de l'Etat grec à qui veut bien.

La Grèce a déjà vendu comme ça six îles Ioniennes à l'Emir du Qatar pour 8,5 millions d'euros, par exemple. A vendre également, le port du Pirée - ou du moins les 74% restant, un terminal ayant déjà été acheté par le Chinois Cosco, de même que la compagnie nationale de gaz, les services de l'eau et à vrai dire la plupart des établissements et services publics.

Bref. Cette « agence gouvernementale » dont M. Stavridis est donc le dépeceur en chef, a notamment vendu le monopole des jeux, la loterie nationale grecque (OPAP) fin juillet.

Et voilà que quelques jours après la signature, le magnat du pétrole Dimitris Melissanidis (photo DR), l'un des actionnaires majeurs du consortium ayant acheté l'OPAP, propose gentiment à M. Stavidris, pour le dépanner, de le déposer : il prend son jet pour aller en France, la petite île de Cephalonie où M. Stavidris aime bien aller en vacances est sur son chemin, ça tombe bien, c'est sympa.

Et c'est là que vraiment c'est pas juste : alors qu'il faisait du co-avionage, ce qui est très courageux de la part de cet oligarque - sans doute venait-il de lire l'excellent « Comment les riches détruisent la planète » d'Hervé Kempf - patatras, tout le monde lui tombe dessus et il finit par être obligé de démissionner.

Tout ça parce que les jeunes qui décidément n'en rament pas une c'est bien connu, sont 65% à être au chômage en Grèce, que 15.000 fonctionnaires doivent encore être virés, et que des milliers de citoyens qui n'en rament pas une c'est bien connu, ne peuvent plus se soigner faute de médicaments et manifestent dans la rue.

Nan vraiment, c'est pas sérieux, les gens sont jamais contents.

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