mercredi 18 décembre 2013

En direct de la Région... Accroc de schiste au FN et Ode à la citoyenneté mondiale

tambien-de-este-lado-hay-suenos.jpgAvant de nous lancer demain dans la bataille budgétaire, nous avions aujourd'hui plusieurs rapports et délibérations à étudier en session plénière.

L'occasion de mettre un direct gauche au président du groupe Front National, M. Gollnisch, qui s'est aventuré à intervenir sur le Code Minier et à appeler à l'extraction expérimentale sur les gaz de schiste sans visiblement bien maitriser le dossier... Il a fallu lui rappeler en séance qu'en France, contrairement aux États-Unis, le sous-sol appartient à l’État ce qui permet d'éviter les visites à domicile des représentants des pétroliers qui viennent acheter votre jardin pour y coller un puits. L'occasion aussi de noter publiquement que le Front National sur ce sujet aussi se situe du côté du patronat et des lobbies en relayant tel quel le discours bien rodé de l'Amicale des Foreurs. Et puis allez, un dernier truc amusant pour vous faire sourire : M. Gollnisch m'attaque en réponse en disant que quand les communistes défendent le nucléaire il ne les accuse pas d'être vendus au lobby électrique. Too bad, raté. Franchement, faut suivre... Éclats de rire dans les rangs écolos.

Bon, et sinon j'en ai surtout profité pour reprendre mes plus purs accents Utopiens pour appuyer la perspective de citoyenneté mondiale, à l'occasion du renouvellement de deux coopérations au Mali et au Sénégal, ci-après. Belle lecture !

ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE RHÔNE ALPES du 18/19/20 décembre 2013

Renouvellement de conventions de coopération bilatérale avec la Région de Tombouctou au Mali et la Région de Saint Louis au Sénégal

Intervention de Corinne Morel Darleux

Groupe Front de Gauche : Communistes, Parti de Gauche, Gauche Unitaire & Partenaires

La guerre au Mali, et plus particulièrement dans le Nord, a déjà provoqué depuis mai 2012 plus de 20 000 déplacés à Tombouctou et 3,5 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire dans le pays. Tous nous rappellent que repli sur soi et haine de l’autre peuvent toujours arriver, pour de multiples raisons. Dans de telles situations le rôle du politique n’est pas d’attiser les tensions mais au contraire de proposer une sortie par le haut, dans l’intérêt du bien commun.

En mettant en veille nos projets de développement pour répondre à l’urgence, c'est-à-dire maintenir les institutions régionales, soutenir les actions d’urgence des ONG et l’aide aux réfugiés, nous avons fait ce qu’il fallait. Mais plus globalement, à l’heure de réitérer notre fraternité avec le peuple Malien, ces événements appellent plus que jamais à expliquer la perspective dans laquelle nous nous inscrivons ici pour faire face à toute les formes d’obscurantisme, entre autres initiatives : celle de la promotion de la citoyenneté mondiale.

La création d’un nouvel espace politique mondial qui rassemble des pays issus de différents continents sur la base de droits universels, non pas fondé sur une continuité géographique ou même une histoire mais sur le partage de valeurs, de droits, d’ambitions et d’une volonté commune. Cette citoyenneté mondiale auquel nous aspirons et qu’il nous faut mettre en œuvre, notamment à travers nos actions de coopération, doit s’appuyer sur cinq piliers : la liberté de circulation et d’installation des citoyens tout en préservant chaque identité culturelle; l’accès universel aux biens fondamentaux et aux droits ; la préservation et la valorisation du patrimoine écologique mondial ; la souveraineté alimentaire et de nouvelles formes de démocratie.

Dans cette perspective, le redéploiement des objectifs en faveur du renforcement institutionnel, du retour à la paix, au bien être social et à la convivialité, pour l’accès aux services de base va dans le bon sens, mais il ne doit pas compromettre à plus long terme des années de travail sur les questions de souveraineté alimentaire ou d’action pour la santé pour lesquelles nous nous étions engagés et dont les besoins restent malheureusement prégnants.

Pour assurer la bonne conduite de nos engagements avec le Conseil Régional de Tombouctou nous avons besoin d’assurer dès que possible le maintien des moyens humains sur place et souhaitons qu’un poste de coordinateur soit assuré, le contrat du précédent coordinateur ayant pris fin en janvier 2013. Même si nous savons bien que pour le moment le Ministère des Affaires Etrangères déconseille les déplacements dans tout le Nord du pays, ces personnes sont les chevilles ouvrières de nos politiques de coopération et leur présence est selon nous indispensable.

Enfin, nous estimons que notre collectivité aurait besoin de plus de convergence avec les autres opérateurs institutionnels sur place à Tombouctou. Nous pensons à la Région Auvergne, qui exprime ce souhait également, au Conseil Général de l’Allier, à la ville de St-Michel sur Orge.

Pour ce qui est de la nouvelle convention de coopération avec la région de Saint-Louis au Sénégal, qui est là aussi une coopération ancienne de la Région, je voudrais exprimer ce même regret que l’appui de la Région Rhône-Alpes ne soit pas, comme c’était le cas dans la précédente convention, mis en œuvre dans un esprit de complémentarité et de synergie avec les actions de coopération dont bénéficie la Région de Saint-Louis : coopération régionale avec les Régions Nord Pas de Calais et Midi-Pyrénées, et présence forte des coopérations espagnoles et luxembourgeoises.

Concernant les engagements inscrits en 2010 relatifs aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, nous notons avec satisfaction des résultats positifs au Sénégal, mais si le taux de pauvreté est passé depuis 2000 de 60 à 46.7%, les efforts doivent néanmoins être maintenus pour atteindre l’objectif de 30%. Le resserrement des thématiques autour du système alimentaire et de la coopération universitaire ne doit bien entendu pas se faire au détriment de cet objectif.

Pour autant, notre groupe ne peut évidemment que soutenir les démarches entreprises dans le cadre de cette coopération. A tel point d’ailleurs que nous serions même tenter de dire «  et si nous commencions par nous appliquer à nous même ce que l’on promeut pour d’autres » ! En effet n’est-il pas paradoxal d’appuyer – à juste titre – le développement de l’agriculture familiale et locale, la consommation de produit locaux et de saison, l’accès à l’alimentation des plus pauvres, l’appui aux institutions pour permettre l’implantation d’un système alimentaire territorial quand dans le même temps on réduit ici le budget agriculture tout en continuant de soutenir au niveau européen un productivisme exacerbé. Nous aurons l’occasion dès demain lors du débat budgétaire d’entrer dans le vif du sujet.

Pour conclure je voudrais citer un extrait du discours d'investiture du président équatorien, car il résume très bien le message que nous voulons adresser par le biais de telles coopérations à nos partenaires dans ces moments parfois difficiles : « Nous décidons de construire une nouvelle forme de convivialité citoyenne dans la diversité, l’harmonie avec la nature pour atteindre le bien vivre, une société qui respecte dans toutes ses dimensions la dignité des personnes et des collectivités, bref un pays démocratique engagé pour la paix et la solidarité avec tous les peuples du monde. »

Parce que derrière les modalités concrètes de ces conventions, il y a des valeurs fortes auxquelles nous sommes attachés et parce que ces coopérations sont en parfaite cohérence avec nos convictions, nous voterons pour ce rapport. Merci.

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