mardi 4 février 2014

Tempête de neige à Tokyo • 佗 • Ecosocialisme au Japon, épisode 1 #エコソシアリズム

photo_4.JPGUn clin d’œil dès mon arrivée à Tokyo, dans un froid mordant et après 24 heures pile de voyage de Paris via Moscou*. Il est 17h ici, en France ce n'est encore que le début de la matinée. Il m'a fallu un peu de tenacité pour trouver mon hôtel sur les plans en japonais, sous l'averse, m'arrêtant pour me réfugier sous chaque auvent, abordant les passants pour demander mon chemin. Las, j'ai déjà pu constater que les japonais sont d'une grande gentillesse mais parlent peu anglais. Jusqu'à ce qu'une femme me voyant désemparée et frigorifiée avec ma valise au milieu de la rue m'accompagne jusqu'à la ruelle où cet hôtel a eu la drôle d'idée d'aller se fourrer.

Je vous écris donc de ma chambre (très) exiguë, digne d'un capsule-hotel mais coquette et surtout à l'étage élevé que je souhaitais (photo 1, vue sur Tokyo). La petitesse de l'espace m'oblige à penser la place de chaque chose et à expérimenter une forme particulière de rigueur et de simplicité, à la limite du wabi-sabi, cette esthétique du dépouillement chère au bouddhisme zen.

photo_1.JPGMais avec la modernité d'une télé allumée pour entendre du japonais et me mettre dans l'ambiance, un thé vert à portée de main. L'immersion est totale, dès l'arrivée. Les caractères japonais, bien sûr, à base de kanji chinois et du syllabaire japonais, mais aussi l'esthétique de toute chose, jusqu'aux distributeurs de boissons sur les quais de gare, bien loin de nos machines à expresso. Et les masques sur les visages, omniprésents, pour éviter de refiler ses microbes à tout le monde. Je me surprends à penser que par ailleurs c'est aussi un vecteur de protection, une forme d'anonymat qui pourrait me plaire parfois. Mais bon, j'ai pris mon chapeau façon An 01 déjà... Pour un sacré pas de côté.

photo_2.JPGDans le métro, un détail amusant. Je me suis arrêtée une seconde sur le quai vers la sortie pour vérifier un truc. Au bout d'un instant les gens s'étaient arrêtés derrière moi, comme pour faire la queue. Il règne une discipline et une courtoisie déjà palpables en quelques pas dans ce pays. Je sens que je vais adorer séjourner ici. J'avais pris le volumineux Guide Bleu du Japon avec moi dans l'avion, et rien d'autre pour être sûre de me le coltiner. En fait ça m'a passionnée. J'en ai fluoté la moitié, que j'essaierai de vous distiller au fil de mes billets. Ce panorama politique, culturel, artistique, linguistique et sociétal m'ont donné du pays une impression que j'ai hâte de confronter à la réalité vécue, celle qui ne s'apprend pas dans les livres mais s'éprouve...

photo_3.JPGJ'écris pour lutter contre la fatigue et l'envie d'aller me rouler en boule sous la couette. Déterminée à encaisser le décalage horaire dès mon arrivée. Le temps de me poser un peu avant de retourner dehors affronter les flocons de neige balancés horizontaux par le vent. Dire qu'au départ je voulais voir les cerisiers en fleurs... A 3h du matin heure française, je survolais la mer du Japon sous un soleil radieux, avant un atterrissage mouvementé à l'aéroport de Narita et après une escale de nuit à Moscou stupéfiante de clichés (dont ce selfie de la photo 2, j'admets). Les cargos Aeroflot et le tarmac gelé... J'avoue que l'idée de cette escale à Moscou me plaisait. Comme un pied de nez romantique à l'axe nippo-américain.

Pris également des photos en vol du Nord de la Russie (photos 3 et 4), d'où j'ai enfin vu de mes yeux le pergélisol, ou permafrost, celui dont je parle dans mes interventions sur les climat depuis des années : en dégelant peu à peu sous l'effet du réchauffement des températures dans cette zone, il libère des gaz à fort effet de serre, accélérant le dérèglement... Vu d'avion en tout cas il est encore bien gelé.

Mais surtout, de ce trajet je retiens le plaisir indescriptible de répondre Moscou et Tokyo à chaque uniforme qui me demandait où j'allais.


* (au passage le patch est une invention merveilleuse, je n'ai même pas eu envie de fumer, je n'aurais jamais cru ça possible)

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