lundi 10 février 2014

Petit coup de gueule féministe de Tokyo • Ecosocialisme au Japon, épisode 5 #エコソシアリズム

femmes1.jpg[Edit : deux lectrices vivant ou ayant vécu au Japon me signalent tout de même la réalité incessante et très pénible des mains baladeuses dans le métro de Tokyo aux heures de pointe, surtout sur les jeunes filles. Dont acte, mon propos n'était évidemment pas de sous-estimer ce que cela peut avoir d'insupportable. Merci à elles de l'avoir signalé.]

Aujourd'hui j'ai découvert ce message pimpant de rose sur le quai du métro de Tokyo. Bon, en réalité il y avait un homme dans le wagon. Et en fait, tant mieux. Ce genre de trucs me semble toujours bizarre, surtout que le Japon n'est pas franchement un repaire de criminalité, et je ne suis pas sûre que séparer les femmes des hommes soit vraiment ce qu'il y a de mieux à faire ni la priorité au Japon.

A vrai dire, ce dont j'ai entendu parler, c'est surtout des cas de viols perpétrés par l'armée Japonaise, lors du Massacre de Nankin en 1937 notamment. Selon l'historien Jonathan Spence, 20 000 femmes y ont été violées.

Faits niés par le maire de Nagoya en février 2012. En mai 2013, c'est le maire d'Osaka qui déclarait que les "femmes de réconfort" asiatiques avaient été une "nécessité". Puis le mois dernier le PDG de la toute puissante chaine de télévision NHK, M. Momii, un proche du Premier Ministre Shinzo Abe, affirmait que la prostitution forcée de femmes par l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale était une pratique "fréquente dans tous les pays en guerre". Suivi par un autre dirigeant de la chaine qui nie que le massacre de Nankin ait eu lieu. Silence radio du côté du gouvernement et de M. Abe. Le même qui est allé se recueillir au temple de Yasukuni où sont enterrés 14 criminels de guerre.

Ce dont j'ai entendu parler, ce sont des viols commis par des militaires de la base américaine d'Okinawa, qui provoque une mobilisation de rejet de la population, opposée à cette base et à son projet de relocalisation sur la côté d'Okinawa, près d'une ville qui vient de réélire son maire opposant au projet. Des années que ça dure, des années que la population résiste.

femmes3.jpgAlors des affiches comme celle-ci, victimaire et glorifiant le mâle sauveur, hum. Avant de crier au pervers, encore faudrait-il condamner ceux qui ont violé et violent encore.

- 痴漢です!! = "Un pervers !!"
- 置換ですって? = "Un pervers ??"
- 犯罪だ! : "Au criminel !"
- どうしました!! : "Que se passe t-il ?!"

Je ne m'aventurerai pas ici à une analyse de la place des femmes dans la société japonaise, je n'en ai pas la compétence et d'autres l'ont sans doute fait avant, et mieux que je ne saurai le faire. Mais il est clair que très peu de femmes travaillent ici, qu'un salaire suffit à peine pour vivre à deux, et que la natalité est en chute libre dans un pays vieillissant.


Peut-être qu'un peu de politique féministe et d'émancipation ferait du bien. Sans doute plus en tout cas que le révisionnisme et le déni.

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