dimanche 23 mars 2014

Un vent d'espoir venu du Nord... Europe, écosocialisme et traité transatlantique à Copenhague (1/3)

photo_5.jpgJ'étais invitée le 15 mars dernier par nos amis de l'Alliance rouge-verte du Danemark à Copenhague pour parler d'écosocialisme dans une conférence internationale organisée par le réseau Transform.

Restée autonome d'un gouvernement social-démocrate, comptant 12 députés et créditée de 12% dans les intentions de vote, l'Alliance rouge-verte danoise est une des organisations membres du Parti de la Gauche européenne la plus porteuse d'espoir aujourd'hui. Et ils avaient été les premiers à co-signer avec nous la motion sur l'écosocialisme au dernier congrès du PGE à Madrid. Deux camarades danois, Bente et Martin, m'ayant entendue auparavant à Porto où j'étais allée présenter le Manifeste avec Jean Luc Mélenchon, ils s'y étaient promis de me faire venir à Copenhague. C'est chose faite et j'en suis ravie.

A cette conférence annuelle du réseau Transform ! Danmark j'ai eu le plaisir de retrouver mes camarades du tout nouveau comité PG de Copenhague, mais aussi Tom Kucharz, d'Ecologistas en Accion, que j'avais rencontré pour la première en fois en 2010 au Sommet des Peuples Enlazando Alternativas à Madrid. De faire la connaissance de Walden Bello, dont j'ai appris avec un grand sourire qu'il avait été prénommé ainsi en hommage à Henry David Thoreau. Une belle rencontre humaine et politique, et l'occasion de longs échanges sur la situation politique en France et au Japon. Surtout, à Copenhague, j'ai été frappée de la jeunesse des 200 participants et de la convergence des thèmes abordés avec les thèses que nous développons dans notre projet écosocialiste.

photo_6.jpgQuand Walden Bello, député des Philippines, fait son exposé sur la démondialisation, il y parle de critique de la croissance et du PIB, de qualité de vie, de protectionnisme solidaire et de relocalisation. Il dénonce dans un de ses transparents de présentation les faux amis du débat sur la démondialisation en France avec des déclarations d'Arnaud Montebourg et une photo de Marine le Pen. Walden parle également de souveraineté populaire face à l'impérialisme états-unien, de la répartition des revenus qu'impliquerait le fait de déplacer le centre de gravité des exportations vers l'économie domestique. Il fait le lien entre ces bifurcations et la nécessaire mise en place d'assemblées populaires avec la société civile, par le biais d'un processus d'institutionnalisation du contrôle citoyen sur les décisions de l’État et du secteur privé. Il parle avec dignité, calme et gravité de processus révolutionnaire.

Chacun de ses mots entre en résonance avec ce que nous écrivions dans notre proposition de loi sur la planification écologique et la thèse 18 de notre Manifeste en matière de révolution citoyenne. Les mots ne sont pas toujours les mêmes mais nous partageons les mêmes références, les mêmes soucis d'alternatives et de planification démocratique pour un développement social, endogène et écologiquement soutenable.

Lorsque Stella Semino d'Argentine porte la critique contre les multinationales du soja en Amérique du Sud, elle le fait via la lutte contre les transnationales, pour la protection des paysans tout autant que celle des écosystèmes. Tous leurs propos illustrent la rencontre entre le social et l'écologie dans une perspective internationaliste et démocratique. Et dans cette belle salle de la maison des syndicats de Copenhague, sont cités dans chacune des questions du public la question écologique, le WWF, les Amis de la Terre, ou encore la Via Campesina.

photo_2.JPGMême constat avec Tom Kucharz qui dénonce les enjeux du gaz en Ukraine, la précarité énergétique et les dangers du Grand Marché Transatlantique (ou TTIP). Face à ce projet d'accord de libre échange entre l'Union européenne et les États-Unis, qui met en péril nos normes sociales et environnementales et ouvre la voie à des tribunaux d'arbitrage privés pour résoudre les litiges entre États et transnationales, un mandat alternatif au TTIP – connu aussi sous le nom de TAFTA - a été rédigé par une cinquantaine d'organisations du mouvement social. Pour la France, on y retrouve Attac, Aitec, la Confédération paysanne, France Amérique Latine, ou encore les Amis de la Terre. Un outil précieux en 10 points clés : alimentation, droits du travail, droits humains, monnaie, banques et spéculation financière, matières premières et ressources naturelles, climat, services publics, marchés publics, propriété intellectuelle. Dix contre-propositions qui viennent outiller et renforcer notre combat unitaire contre le GMT et que je me suis engagée à porter avec force durant la campagne des élections européennes qui va démarrer.

L'après-midi, dans l'atelier consacré à la lutte internationale contre ce projet de traité transtlantique, les débats sont animés. La poursuite des mobilisations altermondialistes initiées à Seattle contre l'OMC en 1999 est évoquée avec le réseau « Seattle to Brussels ». Il est également question de convergence entre nos actions, à commencer par le soutien conjoint entre la marche du 22 mars à Madrid et celle du « ras le bol de gauche » qui aura lieu quelques jours plus tard à Paris le 12 avril. J'y évoque également les enseignements de mes rencontres politiques au Japon avec des parlementaires du PCJ (parti communiste japonais) opposés au Traité transpacifique. Il est également question d'actions « Name and Shame » comme celles que nous venons de décider d'entreprendre contre les lobbies de l'énergie avec le réseau européen écosocialiste réuni à Bruxelles.

VilleHorsGMT.jpgEnfin, Tom rappelle le rôle de la France dans le refus des accords de l'AGCS, l'accord général sur le commerce et les services, à l'occasion duquel plusieurs collectivités s'étaient déclarées hors zone AGCS en 2004 et je complète avec le Non au référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005. Toute fière d'annoncer que l'esprit de 2005 revit avec les récentes prises de position initiées par le Front de Gauche, avec le soutien d'EELV, dans les Régions Île de France et PACA de se déclarer hors zone GMT : ces deux régions à elles seules représentent 17 millions de français hors GMT.

C'est une idée que j'avais lancée en conclusion de mon intervention, en lien avec le combat contre les gaz de schiste, à la Convention municipales du Parti de Gauche à Clermont et que je suis heureuse de voir fleurir. Depuis les votes en IDF et PACA, les villes de Besançon et Niort ont enchaîné, de nombreuses motions sont en cours et les initiatives de ce type vont se multiplier.

Le caractère original de cette forme de résistance via les institutions où nous sommes élus a fortement piqué l'intérêt de deux jeunes étudiants de Paris Agrotech présents, et plus largement des nombreux participants Danois venus me voir après pour en savoir plus. Rappelons que le Danemark possède quelques têtes dures : le pays avait refusé d'entrer dans la zone euro en votant contre à 53% lors du référendum en 2000. A tous j'explique les implications, le caractère non législatif de ces motions mais leur mérite immense de provoquer le débat et d'obliger chacun, par son vote, à se positionner. Votes que nous saurons rappeler et qui pèsent d'ores et déjà dans le rapport de forces que nous sommes en train d'engager avec le gouvernement de François Hollande qui a donné le feu vert des négociations en vue de ce projet de traité.

A suivre...

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