lundi 30 juin 2014

London calling : écosocialisme européen, luttes, COP21 Paris et Podemos

london-calling.jpgAprès Paris et Bruxelles, et avant Barcelone où se tiendront nos prochaines rencontres à l'automne, la troisième réunion de notre réseau écosocialiste européen s'est tenue ce week end à Londres.

Grâce au précieux travail de préparation et d'animation de Stephen Bouquin de Rood, de François Ralle du PG, Romayne Phoenix de Green Left, de nos camarades traducteurs Tatiana Jarzabek et Sylvain, du comité PG de Londres et tant d'autres, ces deux jours de travail ont été denses. Notre déclaration officielle de lancement y a notamment été adoptée, instituant un réseau européen tourné vers l'action, le partage d'informations et d'expériences, et le développement des thèses de l'écosocialisme.

Lancé au siège du PG en janvier 2014, le réseau réunit aujourd'hui 20 organisations membres et 6 observateurs de 13 pays. Et à chaque rencontre, de nouvelles formations politiques nous rejoignent. Ainsi à Londres nous avons eu le plaisir d'accueillir le mouvement espagnol Podemos représenté par Luis Alegre (photo, à gauche), ainsi que Syriza, venus en observateurs.

Nous nous sommes réunis au siège du syndicat Unite, pile une semaine après la marche contre l'austérité qui a réuni 50.000 personnes à Londres. Celle-ci était co-organisée par la People's Assembly avec aux manettes ma camarade Romayne Phoenix qui nous a accueillis en nous racontant que cette marche, partie juste sous les balcons de la BBC, n'avait bénéficié d'aucun relais médiatique. Même le nez dessus, la BBC a préféré couvrir l'actualité bouillante des premiers pas du bébé royal.

Faire converger les luttes, des gaz de schiste en Roumanie à la COP21 à Paris

Notre invitée Maria Olteanu, activiste de Roumanie, nous a fait le récit des combats anti extractivisme là bas, qui ressemblent étrangement aux nôtres : contre les gaz de schiste, qui ont fait l'objet de luttes locales depuis 2012 et se sont étendus l'année dernière à tout le pays. Mais aussi, comme en Grèce ou dans la Creuse... Encore une mine d'or. Celle-ci est la plus grande à ciel couvert d'Europe : il s'agit de Rosia Montana, où se tenait d'ailleurs le quatrième forum contre les grands projets inutiles et imposés (GPII) en mai dernier. Nous avons fait un tour d'horizon global du combat contre les gaz de schiste en Europe, avec des témoignages des rencontres EuroMaghreb à St Christol-lez-Alès  mais également d'Espagne ou encore de la campagne One million climate jobs en Angleterre.

Je suis intervenue pour rappeler la toute récente décision du Conseil des Droits de l'Homme à l'ONU qui pourrait bien signer la fin de l'impunité des multinationales et ouvrir la voie à un tribunal international permettant de les poursuivre à chaque fois que leur activité porte atteinte aux droits humains, incluant le droit à vivre dans un environnement sain. Hélas la France a voté contre, mais rien de bien surprenant quand le gouvernement français encourage de fait tout l'inverse entre gaz de schiste en Algérie, uranium au Niger et nucléaire au Japon.

Enfin j'ai introduit nos travaux l'après-midi en brossant le cadre politique et le contexte de préparation du sommet international sur le climat COP21 qui aura lieu à Paris en 2015. J'ai indiqué l'élan de convergence et de mobilisations qui est en cours autour d'Alternatiba et concerne aujourd'hui près d'une quarantaine de villes ou territoires engagés dans des répliques au forum qui avait eu lieu à Bayonne en octobre 2013.

GreenEnergyForAll.jpgRefuser le « Heat or Eat » : réduire et répartir

En lien avec notre refus commun du traité transatlantique (GMT), des lobbies et de la financiarisation de l'environnement, les échanges nous ont permis de confirmer la volonté du réseau de lancer sa première campagne "Green energy for all", qui couple l'urgence sociale de la précarité énergétique à l'urgence environnementale et climatique.

Dans le texte que nous avons adopté, sont déclinées nos propositions pour « réduire et répartir » : maîtrise publique de l'énergie, gratuité des premiers KWh nécessaires à une vie décente, transition énergétique basée sur les économies d'énergie et les renouvelables, et enfin parlements citoyens de l'énergie sur le modèle des conférences de participation populaire que nous proposions dans notre projet de loi sur la planification écologique.

Une tribune d'élus et de partis du réseau écosocialiste européen devrait bientôt être publiée dans nos différents pays à ce sujet. Je vous en reparlerai...

S'inspirer d'ailleurs : Podemos et l'indignation populaire

Outre les témoignages de luttes écosocialistes de Pologne, Belgique, Roumanie, Angleterre... Tout au long de ces deux jours, nous avons eu des échanges passionnants avec Luis Alegre sur le phénomène Podemos en Espagne.

Ce mouvement naissant ne dispose encore ni de compte bancaire, ni de structure, mais il a obtenu aux dernières élections 5 députés européens et rencontre aujourd'hui une audience populaire remarquable en Espagne. Luis explique ce succès, dont ils sont eux-mêmes surpris aussi de l'ampleur qu'il a pris, par le fait que Podemos s'est constitué en expression politique de l'indignation populaire.

Podemos s'est présenté aux élections en outsider du système, mettant en avant un mot d'ordre principal : le peuple contre la « casta », l'oligarchie politique corrompue. Ce terme a vite été repris dans tout le pays, évidemment aidé en cela par la nouvelle figure médiatique de Pablo Iglesias. Ainsi sans doute que par l'élan créé par la montée des mouvements sociaux espagnols, du « 15 mai », des marées citoyennes, des Indignados, de Democracia Real. Comme le souligne Luis Alegre, depuis trente ans c'est la même génération de politiques en Espagne et les gens en ont juste assez.

Et de tout ceci ressort comme un sentiment général d'espoir d'enfin voir émerger de nouvelles pratiques politiques en réponse à de saines et belles colères populaires.

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