vendredi 29 août 2014

Les uns et les autres... Organisons-nous.

APopdeDie.jpgEmbouteillage dans ma boite électronique ce matin, et comme un faisceau convergent de preuves comme quoi, une fois de plus, il n'y a pas lieu d'attendre une hypothétique et insoutenable relance du PIB pour distribuer les richesses : l'argent est là, seulement nous on ne le voit pas. Et pour cause, il va se nicher au fond des poches de quelques-uns, cette poignée d'actionnaires appelée oligarchie.

Au moment où le gouvernement, sous la houlette du droitier Macron, en remet une grosse couche libérale sur la nécessité de se serrer la ceinture - pour les uns - et d'aider les grands patrons - les autres – on découvre que les multinationales européennes battent des records de dividendes versés à leurs actionnaires : les plus hauts depuis 5 ans. Et dans le palmarès, la France figure en championne des dollars versés : le Crédit Agricole aurait donc un trop-plein de 1,2 milliard, et pour Axa c'est 2,7 milliards partis grossir les porte-monnaies des actionnaires. Pour le seul deuxième trimestre de l'année. Bref, pas la peine d'aller faire la danse du ventre devant le CAC40, Monsieur Valls : il se porte bien, merci. 

Mais alors... On nous aurait menti ? Diable, il y aurait de l'argent ? Les 50 milliards que le gouvernement de François Hollande nous serine qu'il faut aller chercher en sabrant les investissements publics, l'école, la santé : ils existent ? Mais alors, au lieu de ses politiques d'austérité, pourquoi l'Union européenne ne va-t-elle pas plutôt piocher dans les 153 milliards de dollars de dividendes versés au deuxième trimestre ? Et le premier qui me sort que "les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain" (selon l'ex-chancelier allemand Helmut Schmidt en 1974), comment dire... Si c'était le cas, on n'en serait pas à 5,34 millions de chômeurs. Il y a belle lurette que les profits dans ces entreprises ne sont plus réinvestis dans l'appareil de production, ni dans l'amélioration des conditions de travail, ni dans des filières industrielles ou la recherche allant dans le sens de l'intérêt collectif de la population. Non, ces profits vont dans des dépenses marketing pour nous convaincre d'acheter des choses dont on n'a pas besoin, dans des yachts et des villas dorées, dans des paradis fiscaux où ils peuvent prospérer.

Et pendant ce temps, sous pression de l'Union européenne pour "réduire les dettes publiques", on assiste à la vente à la découpe du patrimoine public – le nôtre : des Îles en Grèce, des forêts en Irlande et des montagnes dans le Tyrol… On marche sur la tête. Alors que les gains de compétitivité devraient nous faire gagner du temps, le nouveau Ministre de l'économie ne trouve rien de mieux à faire que de revenir sur les 35 heures, et on entend l'écho de plus en plus sérieux de la remise en scène du travail du dimanche et d'une retraite de plus en plus lointaine... Qu'Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, dise qu'"il faut travailler plus pour travailler tous", ça ne nous étonne plus. Mais qu'un gouvernement dit "socialiste" le fasse... Hélas en fait non, ça ne nous étonne plus non plus. On nage en pleine ambiance réactionnaire. La fin des 35h serait une faute politique historique, à contre-courant de toute la tradition progressiste.

Signe des temps ? L'éditorialiste de Sud-Ouest, Guillebaud, qui n'a pourtant rien d'un révolutionnaire, a la nausée et semble vouloir voir nos colères fleurir : "Pour que ladite colère puisse réellement éclore, il faudrait un objectif fédérateur, un projet inspirant confiance, des chefs à la hauteur". Lutte contre la démesure et revenu maximal autorisé, écart maximal des salaires au sein d'une même entreprise, fiscalité plus progressive et taxation du capital, retraite à 60 ans, réduction drastique du temps de travail et gratuité des premières tranches d'eau et d'énergie... Voilà qui pourraient être ces "objectifs fédérateurs", tous contenus dans l'écosocialisme, le "projet inspirant confiance". Quant aux "chefs à la hauteur"... Et si c'était tout simplement nous, citoyens ? Celles et ceux des cercles Podemos à Londres réunis en travail concret, sans "charabia intimidant", vers un cadre uni d'action ; celles et ceux de l'assemblée populaire de Die qui se battent contre la vidéo-surveillance et s'auto-organisent pour se réapproprier l'espace public, comme ceux de la nouvelle ZAD du Testet, ou encore ce gamin qui, du train vers Paris d'où défilent les champs s'exclame :"Oui je vivrai là ! Et je planterai tout ce que je veux ! Du fenouil ! Du basilic ! Du piiiment !"...

Comme me l'a écrit l'écosocialiste espagnol Pedro González de Molina : "Es el momento de pasar de la reacción a la ofensiva". Pour cela, nous avons le projet, nous avons les idées. Il nous manque un outil commun, au-delà des partis, pour fédérer celles et ceux qui ne s'y retrouvent pas, rassembler les alternatives écosocialistes qui s'inventent, aider les résistances locales et mettre en réseau toutes les bonnes volontés. On y réfléchit, on y travaille. Activement.

Et de la poésie. Mettons de la culture dans la Révolution, soyons tous des « Don Qui », alias Armand Gatti, près de ses arbres leur lisant Gramsci, écrivant les lettres d'amour des camarades dans le maquis... Amour, poésie et révolution. Une feuille de route qui dit son nom.

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