J’en parlais déjà dans cette Chronique du Diois en novembre dernier, et hélas je ne m’étais pas trompée, ça ne s’arrange pas.

Une note récente mise en ligne par l’Observatoire savoyard du Changement Climatique dans les Alpes du Nord indique que cet hiver a bien été le plus chaud depuis le début des mesures, supérieur de 2,7°C à la moyenne observée entre 1981 et 2010. La tendance à une ère de températures douces est confirmée. Côté enneigement, l’avant-saison a connu le plus bas depuis 1959 avec un Noël sec et doux. Il y a eu davantage de précipitations ensuite, mais les températures élevées n’ont pas permis que le manteaux neigeux se stabilise, et la limite pluie-neige est même remontée jusqu’à 2000 m d’altitude.

Un avant-goût du futur pour Daniel Goetz, ingénieur prévisionniste à Météo France Grenoble interrogé par le site PlaceGrenet : « Les hivers difficiles sont devenus un peu plus fréquents, et ils vont le devenir de plus en plus. Ce réchauffement de 3 à 5 °C, c’est ce que l’on prévoit à la fin du siècle. Cette saison illustre ce que sera un hiver normal sur deux ». Ce que confirme Christophe Chaix, géographe-climatologue à l’Observatoire du changement climatique, interrogé en septembre dernier : l’heure est bel et bien au tourisme des 4 saisons et à notre capacité d’adaptation.

Par ailleurs, la Loi Montagne est en cours de révision et va arriver devant le Parlement cette année, et il y a tant à faire : en plus d’anticiper la diversification des activités liée à cette baisse durable de l’enneigement, il est temps de s’attaquer aux « lits froids », ces logements qui restent vides 10 mois sur 12, de réfléchir sérieusement au fléchage des dispositifs fiscaux de type Censi-Bouvard, temps de se préoccuper des services publics de proximité, d’éducation et de santé, en montagne, des refuges qui ont besoin d’être entretenus, du parcours professionnel des saisonniers, du tourisme pour tous, de l’accessibilité en transports des derniers kilomètres dans des vallées souvent engorgées.

Du coup, pour toutes ces raisons, nous étions plutôt satisfaits de voir la volonté affichée de Laurent Wauquiez, également président de l’association des élus de montagne (Anem), de faire de la montagne une vraie priorité des politiques régionales. A tel point qu’il a souhaité en assurer la responsabilité directe : pas de vice-président en charge de la montagne dans l’exécutif, mais un président de commission, Gilles Chabert, directement rattaché au Président de Région. Las, en cent jours, le fameux plan Montagne a été rapetissé en plan Neige, pour 10 millions d’euros tout de même, mis au seul bénéfice de l’activité ski en stations. Absurde, quand on sait qu’il faut une température de -7°C pour produire une neige artificielle de bonne qualité. Inquiétant, quand on se souvient du fait que Monsieur Chabert est également le patron du syndicat national des moniteurs de ski, on se dit qu’il y a du conflit d’intérêt dans l’air… Et ce n’est hélas dans l’intérêt ni des stations, qui vont s’endetter avec un équipement qui ne sera jamais amorti, ni des habitants, qui eux vivent à la montagne toute l’année.

Nous avons donc déposé un amendement en ce sens (à lire ici en format pdf), et c’est en substance ce que j’ai tenté d’expliquer ce 14 avril à Messieurs Chabert et Wauquiez en assemblée régionale, à l’occasion du débat sur le budget : Lecteur vidéo intégré

(Vous pouvez aussi télécharger mon intervention en format pdf en cliquant ici)

Je vous laisse découvrir la réponse effarante de Monsieur Chabert, entre « libellules dépressives » et canons à neige pour lutter contre le réchauffement climatique en montagne (sic) :
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Amis, je crois qu’il est temps qu’on se réapproprie la montagne, du Vercors au Sancy.
On a deux-trois idées, je vous en reparle vite…