TRIBUNE des élu-es du Rassemblement RCES en Auvergne Rhône Alpes

Voilà 1 an que Laurent Wauquiez est élu à la tête de la région Auvergne Rhône-Alpes. Les observateurs nationaux considèrent cette région comme un laboratoire, une terre d’expérimentation de la ligne majoritaire chez Les Républicains aujourd’hui. Cette ligne, incarnée par le candidat à la présidentielle François Fillon au niveau national, est déjà mise en oeuvre chez nous par Laurent Wauquiez. En vue de l’élection présidentielle de 2017, les 8 élu-e-s du groupe du Rassemblement (EELV / Parti de Gauche / Nouvelle Donne) veulent aujourd’hui témoigner et alerter sur ce qui se passe dans la région. Cette droite dure mène des politiques aux dégâts irréversibles. Il est de notre responsabilité d’y résister et de soutenir un autre projet de société.

La droite dure au pouvoir en 2017 ?

On a testé pour vous en Auvergne Rhône-Alpes

On ne vous recommande pas …

Voilà bientôt un an que nous sommes élu-e-s au conseil régional d’Auvergne Rhône Alpes. Nous sommes 8, dans notre groupe du « Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire » à prendre en pleine face la politique de Laurent Wauquiez. Notre région est considérée comme un des laboratoires de la droite dure. Quand on voit ce qui se profile pour la France en 2017 et que le plus réactionnaire des candidats a remporté la primaire de Les Républicains, on s’est dit qu’il fallait vous prévenir. La droite dure au pouvoir, ce n’est pas une sinécure. Ca laisse quand même pas mal de monde au bord de la route.

Alors voilà, pour tirer le signal d’alarme avant la présidentielle de 2017, 6 points tirés de notre expérience en première ligne pour montrer que ce ne serait franchement pas une bonne idée de laisser faire LR.

1 – Avec la droite dure, devenez une star des caméras (de vidéosurveillance)

La sécurité était le maître mot de la campagne de Laurent Wauquiez. Qui a oublié sa sortie sur le Guantanamo des fichés S au lendemain des attentats du 13 novembre ?

A la région, son obsession ne l’a pas quitté puisqu’il a décidé d’investir massivement (40 millions d’euros) dans la vidéosurveillance. Aucun lycée, ni gare n’échappe aux caméras. Il a même proposé un dispositif pour aider les communes à en installer de nouvelles dans les espaces publics. Tout cela, sans accorder aucune importance aux études prouvant l’inefficacité de la vidéosurveillance et tout en supprimant parallèlement un certain nombre de postes d’accompagnateurs humains, bien plus à même d’assurer notre sécurité que les caméras.

La dernière en date : les policiers pourront circuler gratuitement sur le réseau de TER, en dehors de leurs heures de service mais en possession de leur arme.

(Voir ici ma vidéo #DécodonsWauquiez à ce sujet)

2 – Avec la droite dure, c’est la manif pour tous à tous les étages

L’égalité des droits, l’émancipation, l’éducation sexuelle, la prévention … Ce n’est pas la tasse de thé de la majorité régionale en Auvergne Rhône Alpes. Preuve en est l’élection à la Région d’Anne Lorne, coordinatrice régionale de la Manif pour Tous et déléguée nationale de l’association « Sens commun ». Elle avait déclaré : « Si j’étais élue, les premiers à voir leurs subventions sauter seraient LGBT et SOS Racisme. »

Et on n’en est pas loin. Les associations telles que le Planning familial (-70 000 €), le Centre d’information sur le droit des femmes et des familles ( – 80 % de leur subvention), l’association de lutte contre le sida (- 7 000 €) y perdent grandement.

L’avenir du Pass’ Contraception, dispositif d’accompagnement des jeunes mis en place par l’ancienne majorité est aujourd’hui dans le flou le plus total…

3 – Avec la droite dure, l’environnement ça commence VRAIMENT à bien faire

Sarkozy avait prévenu… Laurent Wauquiez l’a fait.

La protection de l’environnement est vraiment le cadet de ses soucis. Pendant la campagne, il se targuait déjà de débarrasser la région des ayatollahs verts qui pullulaient. Il a réitéré au Sommet de l’élevage en octobre dernier en confiant aux journalistes : “J’avais dit qu’on allait dégager les bobo – écolos qui ne représentent qu’eux : c’est fait !”

Et de fait. Les associations de protection de la nature telles que la FRAPNA ou la LPO ont vu leur subvention fondre comme neige au soleil, tandis que la Fédération régionale des chasseurs a vu la sienne multipliée par 40 : 3 millions d’euros sont désormais entre leurs mains pour appliquer la politique environnementale de la région.

Côté agriculture ? C’est pareil ! Les réseaux et associations de terrain se sont vu confisquer leur fonds et leurs missions au profit des chambres d’agriculture, liées comme chacun sait au lobby industriel de la FNSEA.

Enfin, et alors que la Région ne finançait plus les routes depuis 10 ans, c’est 132 millions d’euros qui ont été fléchés sur le projet aussi inutile que dispendieux d’A45 (doublement d’autoroute entre Saint-Etienne et Lyon, déjà promise à Vinci).

4 –  Avec la droite dure, la tradition républicaine d’accueil de la France en prend un coup

Comment fermer les yeux sur la crise mondiale entraînant des déplacements de millions d’hommes et de femmes ?

En Auvergne Rhône Alpes, Laurent Wauquiez y arrive plutôt bien. Il est à l’origine de la pétition « Non à la création de « jungles » sur l’ensemble du territoire national ». Cette pétition, non sans rappeler celle du Front National lancée au même moment, visait à affirmer le refus de Laurent Wauquiez d’accueillir 1784 réfugiés sur le territoire régional – qui compte 8 millions d’habitants.

Laurent Wauquiez a donc choisi de bafouer l’article 13 de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen qui dit que «Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat » et piétine ainsi allègrement les valeurs républicaines et humanistes de la France.

5-  Avec la droite dure, le cancer de la société reste l’assistanat

C’était en 2011 que Laurent Wauquiez prononçait sa célèbre phrase : « L’assistanat est aujourd’hui l’un des vrais cancers de la société française ».

Il a souhaité concrétiser sa thèse dans son laboratoire Auvergnat-Rhônalpin en faisant signer des conventions aux bénéficiaires du RSA. Cette convention s’intitule « droits et devoirs », mais on a eu beau chercher, on n’y a trouvé que des sanctions en guise de nouveauté : le bénéficiaire du RSA doit choisir une formation pour un métier en tension (ils sont listés et ils ne sont pas très funky). Si le bénéficiaire arrête sa formation pour une raison x ou y (ce qui peut arriver), il se voit privé de réduction dans les transports en commun, de ses droits au RSA, et ne peut plus s’inscrire à aucune nouvelle formation pendant deux ans (ce qui avouons le, ne l’aide pas trop à sortir de sa situation). Voilà comment les bénéficiaires du RSA sont traités, et précipités dans l’extrême précarité. Bien joué. Plus largement, c’est la formation professionnelle qui déguste puisqu’en 2016, le nombre de formations qualifiantes et certifiantes est passé de 35 000 à 15 000.

6- Avec la droite dure, plus c’est gros plus ça passe

Un truc qui est très agaçant dans notre fameux laboratoire régional, c’est que tout est pensé en termes de communication. On en fait tous et c’est normal, mais il est tout de même assez ahurissant de voir le Président de Région annoncer ses futures mesures à la presse sans que quiconque n’ait eu vent de l’idée auparavant – et donc a fortiori avant même de l’avoir votée. C’est donc dans la presse que nous prenons connaissance des politiques menées par le Conseil régional où nous représentons les citoyens. Les assemblées régionales ne sont que des chambres d’enregistrement des annonces faites aux journalistes quelques jours ou semaines auparavant. Nous allons ainsi approuver demain, le 15 décembre, le plan thermal d’ores et déjà lancé en grande pompe le 7 novembre à ChâtelGuyon par Laurent Wauquiez et son exécutif.

Il est donc impossible d’imaginer un semblant de débat démocratique dans notre collectivité, et ce n’est pas notre nouvelle charte éthique (encore un effet de com’) aussi vide de sens que d’intention qui permettra un retour à la normale.

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On en a passé, sur le cumul des mandats, la culture, l’international, les canons à neige et autres joyeusetés, mais voici déjà un panorama qui permet de se faire une idée. Et là on ne parle pas de promesses électorales ou de politique-fiction, mais d’une réalité bien concrète. Qui fait de gros dégâts. Voilà. Il vous reste jusqu’à fin décembre pour vous inscrire sur les listes électorales. Puis quelques mois pour convaincre.

On espère vous avoir motivés.

Monique Cosson, Fabienne Grébert, Jean-Charles Kohlhaas, Andréa Kotarac, Myriam Laïdouni Denis, Emilie Marche, Corinne Morel Darleux, Fatima Parret