Il y a 7 ans, le géant pétrolier Chevron, qui a racheté Texaco en 2001, avait été condamné à verser plus de 8 milliards de dollars, après 17 ans de litiges engagés par des communautés indigènes de l’amazonie équatorienne.

Depuis 1964, Texaco rejetait les eaux de formation à la surface, parsemant la forêt de centaines de mares toxiques, sans aucun filtre ni système d’imperméabilisation, polluant les rivières de plomb et autres métaux lourds.

Si ce montant n’était pas à la hauteur du préjudice estimé par certains experts, il constituait toutefois une victoire historique puisqu’il était largement supérieur à celui qu’avait dû payer Exxon Mobil en 1989 pour la marée noire en Alaska.

Nous avions appuyé la lutte déterminée de communautés indiennes de la région de Sucumbios face aux manoeuvres de la multinationale qui avait essayé de décrédibiliser la justice équatorienne et mobilisé toutes ses relations pour empêcher le jugement d’être appliqué : une décision de la Cour Permanente d’Arbitrage de La Haye avait interdit l’application de toute sentence émise par le tribunal équatorien contre Chevron. En même temps, aux États-Unis, un juge de New York avait aussi émis un ordre pour empêcher de faire payer des compensations à la compagnie.

Malgré tout, il y a 7 ans, justice avait été rendue, et on s’était réjoui du verdict

Las. Le pétrolier a finalement réussi son coup. L’amende historique de 8 milliards vient d’être annulée par un tribunal privé international (les fameux ISDS). Et ce, alors que la Cour de justice européenne a invalidé le principe de ces tribunaux privés en mars.

Voilà, concrètement, ce que veulent dire les Tafta, Ceta et autres traités de libre échange : justice environnementale et reconnaissance des écocides piétinés par les lobbies des fossiles. Et un monde qui continue à rétrécir.