Un grand merci à la Commission Europe du Parti de Gauche et singulièrement à Juliette Estivil, Bruno Fialho, Fanfan Bacqué et Céline Meneses pour ce suivi !
Vote au parlement, insurrection dans la rue…
Sur
les images retransmises en direct sur plusieurs canaux hier soir, on
pouvait voir deux images totalement opposées se juxtaposer : tandis que
le débat se déroulait au sein du parlement où la tension était palpable
mais l’ambiance « cosy », dehors, c’étaient des images de chaos et
d’insurrection: affrontements violents avec la police, des dizaines
d’incendies, gaz lacrymogène contre cocktails Molotov…
Le
gouvernement de coalition de Lucas Papademos détient une majorité
théorique assez confortable de 236 voix sur 300 au Parlement. Le texte
voté, le Premier ministre Lucas Papademos recevra mandat du parlement
pour réaliser les réformes d'austérité demandées par le Troïka en
échange d'un nouveau prêt d'au moins 130 milliards d'euros. C’est ce qui
s’est passé mais à une moins large majorité.
Résultat du vote :
199 députés ont voté pour et 74 contre le mémorandum. Tout le KKE,
SYRIZA et la Gauche Démocrate ont voté non, ainsi que 21 députés de la
Nouvelle Démocratie et 13 députés du PASOK. Les députés du Laos ont voté
Non (leader absent, les deux anciens ministres ont voté oui). Tous,
sauf un député, de l'Alliance démocrate ont voté Oui.
Quelques
minutes après Antonis Samaras le leader de Nouvelle Démocratie a annoncé
l’exclusion des 21 députés ce qui leur laisse donc 62 députés. George
Papandreou a exclu 23 députés du Pasok. Pour finir, Voridis Makis et
Georgiadis Adonis ont été exclus du LAOS pour avoir voté oui (les deux
ex-ministres qui avaient démissionné).
Un extrait du mémorandum voté : « Par
cette convention, la Grèce et la Banque de Grèce démissionnent de tout
recours, présent ou à venir, de tout droit ou immunité existants ou
potentiels qui les concernent, eux et leurs biens ( droits de propriétés
) ».
Déroulement du vote au Parlement
Les débats ont été houleux.
Des députés demandent pourquoi il faut précipiter le vote et
qu’il ait lieu avant minuit. Réponse du ministre des Finances, Evangelos
Venizelos : «parce que lundi matin, les marchés bancaires et financiers
doivent avoir reçu le message que la Grèce peut et va survivre ».
La député du KKE Aleka Papariga : «Nous ne voulons pas
d’une Grèce « sauvée » et d’un peuple en faillite. » Elle explique que
la crise est inévitable dans le système capitaliste, qui est basé sur le
profit et la cupidité et que seul le KKE a la solution.
Six députés du Pasok disent qu’ils ne voteront pas ce soir dont
l'ancien ministre Kastianidis Haris. Louka Katseli, ancien ministre du
PASOK, dit qu'il votera «non» parce que les mesures d'austérité ne
peuvent pas sortir le pays de cette récession.
Alexis Tsipras, chef de la Coalition Syriza, déclare qu’ «
un système politique qui s'effondre et un gouvernement sans mandat
populaire ne peut pas négocier au nom du pays. »
Le député du Pasok Spyros Kouvelis déclare qu'il « siégera comme un indépendant » et qu’il votera non.
Le chef de file du Laos, Yorgos Karatzaferis déclare que
son parti votera non, puis lui et ses députés quittent la salle. Les
deux députés du Laos (Voridis Makis et Georgiadis Adonis) ont voté oui
s’opposant à la position de leur parti qui a décidé de voté non (ce sont
les deux ministres du Laos qui avaient démissionné).
Papandréou prend la parole pendant près de 20 minutes
déclarant que le vote de ce mémorandum « c’est le seul espoir pour le
pays » et que « c’est l’heure des responsabilités »
Antonis Samaras (leader de ND) condamne « les émeutes » et appelle « à plus de patriotisme ».
Le Premier ministre Lucas Papademos dit que la Grèce doit continuer à
être « un membre du noyau dur de l'Europe ». Il ajoute : "J'ai entendu
toutes les critiques sur le nouveau programme, je n'ai pas entendu
d'alternatives". "Nous sommes en Etat de droit, nous n'autoriserons
aucun acte hors-la-loi" (source twitter)
00h20, heure française, le plan est voté.
Les deux leader du Pasok et de ND avaient déjà menacé d’exclusion samedi les députés qui voteraient non, c’est chose faite.
(Quelques heures auparavant Athens news prévoyait : « jusqu'à 20 députés
du PASOK pourraient voter non (…). L'une des théories qui circulent,
c'est que ce groupe pourrait former un nouveau parti, en cas
d’exclusion.(…) Pour la Nouvelle Démocratie, le nombre de votants « non »
potentiels est estimé à environ 13 ».)
Retour sur les manifestations : Insurrection dans la rue
Affluence
extrêmement rapide à la manifestation devant le parlement. Une demie
heure après le début du rassemblement, 3000 manifestants réunissant tous
les âges (familles, jeunes, personnes âgées…). Nombreux drapeaux grecs
et des pancartes contre la Troïka, le gouvernement, et la chancelière
allemande (cf ses derniers propos sur la Grèce). Une heure après déjà 25
000 personnes et cela continuait d’affluer.
Plus tard dans la
soirée pendant les débats, Alexis Tsipras de Syriza annonce le chiffre
de 500 000 tandis que tous les médias français font état de 100 000
manifestants en Grèce (80 000 à Athènes et 20 000 à Salonique). Des
camarades sur place donnent le chiffre de 600 000 sur une population
d’un peu plus de 11 millions d’habitants. Des milliers de personnes de
la Place Syntagma, la Place de Omonia et en différents points jusqu’à
bloquer tout le centre de la capitale.
Début des heurts : dès
17H45 juste après l’intervention de Mikis Theodorakis. Il explique,
juste après avoir reçu des gazs, à la chaîne de télévision Skaï, qu’il a
demandé à la police qu’on le laisse monter les marches du Parlement
pour s’adresser aux manifestants et c’est là que la police
anti-débordement a fait usage des lacrymos.
Intervention de Mikis
Theodorakis : "Les députés s'apprêtent à voter des mesures qui vont
conduire à la mort de la Grèce (...) mais le peuple ne va pas céder. »
Le compositeur, âgé de 87 ans et figure de la résistance à la dictature
des Colonels (1967-1974), était venu devant le Parlement avec Manolis
Glézos, héros de la résistance anti-nazie en Grèce.
Puis tout
s’est enchainé : gaz lacrymogène contre cocktails Molotov, lance flamme
et pierres (termes utilisés par les médias « jeunes encagoulés » «
émeutiers »). Suivent des incendies (banques, cinéma, cafétéria des
grandes chaînes comme starbucks…) quelques 12 bâtiments incendiés dans
les avenues Stadiu et Aeolu (source Athens News) tandis que les débats
se poursuivent. De nombreux de manifestants sont partis mais des
milliers sont encore sur place. Les pompiers ont tardé à intervenir
expliquant qu’il y avait trop de monde dans les rues.
Un jeune
manifestant « ce n’est pas une démocratie, ils nous interdisent de
protester, c’est une dictature ». Dans les médias on peut lire alors :
situation hors de contrôle.
Le nombre des blessés ne cesse
d’augmenter dans la soirée, passant de 6 à plus de 60 vers 22h30
(incendies et heurts violents aussi à Salonique) dont de nombreux
policiers (source Publico) quelques 22 arrestations vers 23h selon un
porte-parole de la police.
Au moment du vote vers minuit heure française, les heurts se poursuivaient.
Points de base de l’accord sur le nouveau prêt (Memorandum 2) pour la Grèce, concernant l’emploi et les pensions