dimanche 11 mai 2014

Nous ne les laisserons pas tuer la diversité !

(édito à paraître dans Le Paysan d’Auvergne)

auvergne.jpgCe qui fait la force de l’agriculture paysanne et vivrière depuis des siècles, c’est la variété : des associations de fleurs aux potagers dans les « jardins de curé » à l’agroforesterie, la polyculture a toujours été garante d’un revenu plus sûr pour les paysans. La diversification est à la fois gage de sécurité pour faire face aux aléas climatiques et aux maladies, et de qualité pour nos papilles. Ces associations ont de tout temps permis de produire plus sainement, en remplaçant les intrants chimiques, engrais et pesticides par des insectes, pollinisateurs et associations de fleurs. En matière de productions également, les semences anciennes, issues de milliers de variétés paysannes, ont permis de voir fleurir des centaines de variétés de tomates, de pommes, de salades. Chacune ayant sa forme, son goût, sa couleur et ses atouts.

Aujourd’hui, cette diversité est sacrifiée sur l’autel de l’uniformisation et de la mondialisation. Elle est mise à mal par les politiques de commerce international qui ont peu à peu exigé des pays du Sud le passage à une monoculture intensive destinée à l’exportation. Par les grandes surfaces qui exigent des produits calibrés et rognent sur les prix pour augmenter leur marge. Par l’Union européenne qui, par la politique agricole commune, privilégie l’agrobusiness au détriment des paysans et met en péril nos AOC.

Nos combats communs contre les OGM, le boeuf aux hormones, le puçage électronique, nos luttes pour des normes sociales et environnementales exigeantes, sont aujourd’hui en danger. L’uniformisation et le nivellement par le bas frappent de nouveau à nos portes : aujourd’hui se négocie entre l’Europe et les Etats Unis un traité de libre échange, pour un grand marché Transatlantique. S’il est adopté toutes nos normes seraient alignées sur celles des Etats-Unis où on lave le poulet à l’eau de javel pour réduire les coûts de main d’oeuvre !

Je veux continuer à voir des vaches Ferrandaises en Auvergne. Je ne veux plus voir de terres vidées de leurs paysans, bétonnées et stérilisées. Je ne veux pas d’OGM dans les assiettes de nos enfants. Je veux qu’ils puissent continuer à mordre à pleines dents dans des buffets paysans. Élue députée européenne, je voterai donc sans aucune hésitation non à ce projet de traité au parlement européen, oui à une autre PAC qui aide l’agriculture paysanne, et défendrai en militante acharnée, comme depuis des années, les paysans et l’agriculture paysanne pour une alimentation de qualité, pour tous. Pas de pays sans paysans !

Par Corinne Morel Darleux
Tête de liste du Front de Gauche aux européennes Massif central – Centre
Secrétaire nationale à l’écosocialisme du Parti de Gauche

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