mercredi 29 avril 2009

Meeting du Front de Gauche à Bourg en Bresse le 28 avril 2009

Mes cher-es camarades, chers ami-es,

Je suis très heureuse d'être là ce soir !

Je sais, ce n'est pas très original comme entrée en matière...
Mais franchement, quand je nous vois dans cette salle, riches de notre diversité, je me dis que l'espoir il est là. De notre côté. Dans cette volonté que nous partageons de nous battre, de résister, et de changer radicalement la société.

Comme vient de le dire Elsa, on a tous au moins trois raisons d'être là : la crise, Sarkozy et l'espoir que représente l'entrée en lutte et en résistance de plus en plus de citoyens.

Vous le savez, l’élection européenne du 7 juin va se dérouler dans un contexte de crise historique. Un contexte peu ordinaire d’effondrement du système.



Ce système capitaliste qui s’est construit sur la spéculation et la finance mondiale, à grands coups de marchandisation de toutes les activités humaines. Résultat, les fermetures d’entreprises et les plans de licenciement se multiplient. Le chômage explose. En France, c'est 2 chômeurs de plus toutes les minutes depuis le début de l'année!
Dans l'Ain, département le plus touché, le chômage a augmenté de 43% en un an ! Lamberet, Renault Trucks, ArcelorMittal, Rencast, Roset, Vernicolor, Polyone, Scapa… La liste des entreprises touchées s'allonge tous les jours.
Je ne vais pas vous assommer, vous ne connaissez que trop bien tout ça... Un chiffre seulement : en 2008, le chômage partiel avait concerné près de 3000 salariés dans l'Ain. Sur janvier et février, en 2009, il en touchait déjà plus de 11 000 !

Et face à cette situation dramatique, tout ce que trouve à faire Nicolas Sarkozy, c’est de s’obstiner dans les politiques libérales qui nous ont conduit au désastre ! La liquidation des 35 heures, la libéralisation des heures supplémentaires, les suppressions de postes dans les services publics, la réduction de la protection sociale... Il réussit le tour de force à la fois de réduire l’emploi et de pénaliser la population, tout en précarisant les plus faibles !

Et maintenant ils nous remettent ça avec le travail du dimanche !
C'est une véritable provocation !

Nicolas Sarkozy se paye de bons mots en parlant de moraliser le capitalisme. En 2008, grâce à son bouclier fiscal, les 756 contribuables les plus favorisés ont reçu chacun l’équivalent de trente années de SMIC ! Mais quand il s’agit de proposer une loi générale de plafonnement des rémunérations des dirigeants, là, il n’y a plus personne... 

Du monde, par contre, il y en a, et de plus en plus, dans les lieux de luttes, de la maternelle à l'université, en passant par l'hôpital, les entreprises, et dans les rues, bien sûr ! Citoyens, syndicalistes, employés du privé et fonctionnaires, tous  réunis.

Alors les libéraux peuvent bien essayer de nous refourguer leurs vieilles recettes : le dogme de la concurrence libre et non faussée, la libre circulation des capitaux, l’autorégulation des marchés... Cette fois-ci, ça ne prend plus ! Parce qu'on a tous vu ces mêmes libéraux appeller l’Etat à la rescousse pour sauver leur système financier ... Il serait donc désormais permis de parler de « nationalisation » ?
Eh bien, mes  amis, on ne va pas se gêner ! Les valeurs historiques de la gauche, la solidarité, l’intérêt général, reviennent au goût du jour. Alors oui, nous allons parler de plus en plus de socialisation de l'économie, de planification écologique, de service public, de protection sociale et de de solidarités collectives. 

Et pour prolonger l'expression de ces luttes dans les urnes, puisque le gouvernement refuse d'entendre le peuple, saisissons nous de nos bulletins de vote et de l'oppportunité de l’élection européenne.

Parce que ces européennes vont être les premières élections nationales depuis la présidentielle.  C’est une belle occasion de dire à Sarkozy ce qu'on pense de la politique libérale et liberticide de l’UMP. Car c'est le même dogme libéral qui conduit les choix des politiques nationales et européennes.
C’est l’occasion, aussi, de changer la donne à gauche, de renforcer la gauche de combat, celle qui ne se résigne pas, qui ne capitule pas. 
Bref, c’est l’occasion de dire haut et fort qu’une autre politique est possible et de proposer une autre Europe : écologique, sociale et solidaire. Et j'insiste sur ces trois mots !
Car nous ne cherchons pas à faire fructifier notre côté « écolo » en oubliant l’impératif social, ce serait évidemment irresponsable ! Mais d'un autre côté, négliger l'urgence écologique, face à la crise sociale, serait tout autant irresponsable, car c'est aujourd'hui que doivent se prendre les décisions politiques pour que demain les générations à venir puissent encore vivre bien, ensemble, sur cette planète.
Nous prenons le risque, si nous ne planifions pas d'urgence la transition écologique de manière volontariste, sur le temps long, que le changement soit brutal, subi, antidémocratique et que la violence du choc écologique donne lieu à des dérives totalitaires. C'est donc une responsabilité politique importante.

Je comprends que cela puisse surprendre, après tout ce que je viens de vous dire sur la catastrophe sociale, que je vous parle maintenant d'écologie.

Mais en tant que militante et secrétaire nationale du PG au combat écologique, c'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur, depuis des années, et je sais que le risque est grand, face à la crise sociale dramatique que nous vivons aujourd'hui, d'oublier l'urgence écologique. Pourtant, en  réalité, la question n'est pas de savoir si on commence par le social ou l'écologie, car les deux urgences ont les mêmes causes, et appellent les mêmes réponses !

Des mesures d'urgence,  bien sûr, comme celles des propositions de loi déposés par nos parlementaires communistes et du Parti de Gauche, avec l'interdiction des licenciements boursiers par exemple. Mais elles exigent aussi des solutions planifiées sur le long terme, dans le cadre d'un programme de transition vers la sortie du capitalisme. Parce que si on reste dans le court terme, on ne s'en sortira jamais !

On restera dans ce système productiviste, qui nous pousse à consommer toujours plus, dans ce système capitaliste, qui transforme tout en marchandise : les individus, leur force de travail, l'eau, l'alimentation, le savoir, l'éducation... Ce système qui évalue l'intérêt de chaque chose, de chaque activité humaine en termes de profit à court terme au mépris de l'intérêt général et de l'épanouissement individuel. L'utilité sociale ? L'impact écologique ? Il s'en moquent ! L'important, c'est combien ça peut rapporter...

Ce système vorace transforme le bien commun en marchandise privée, même les terres cultivables font désormais l'objet de spéculation. En effet, avec la débâcle financière, toutes sortes d'acteurs de la finance et de l'agroalimentaire - fonds de retraite, fonds spéculatifs, etc. - abandonnent les marchés dérivés, et considèrent les terres agricoles comme un nouvel actif stratégique. D'autres le font pour des raisons de sécurité alimentaire, menacée principalement par l'urbanisation galopante et la diminution des ressources en eau, au Proche-Orient, par exemple. Ces stratégies de "délocalisation agricole" on le voit sont dues à la fois à la folie spéculative, à la crise financière, et au dérèglement climatique. Mêmes causes, mêmes effets...

Imaginez ce que ça veut dire pour les populations locales, qui sont directement menacées par cet accaparement de la terre dont elles dépendent pour vivre ! Et à votre avis, qui va gagner entre les petits paysans et l'agrobusiness qui exploite pour exporter ?

On le voit bien, le capitalisme organise d'un même mouvement l'exploitation des individus et celle des eco-systèmes. C'est en quelque sorte la double peine du capitalisme.

Alors ma première raison pour vous parler d'écologie ce soir, c'est surtout que l'écologie est aussi et avant tout une belle raison de lutter contre le capitalisme et un combat pour une société plus juste et solidaire.

Mais c'est aussi parce que si nous ne menons pas ce combat, personne ne le fera à notre place !
Qui d'autre, aujourd'hui, peut porter une véritable politique écologique et solidaire ?

Chantal Jouano, l'actuelle secrétaire d'Etat à l'Ecologie ? On le sait, la droite est prête à tout pour sauver le système actuel, le capitalisme et ses intérêts de puissants. 

Alors qui ? Le PS ? Qui sitôt terminé le congrès de Reims a rangé aux oubliettes ses grandes déclarations vertes et son pôle écologique ?

Les Verts ? Qui s’allient aujourd’hui avec des libéraux prêts à ratifier le traité de Lisbonne, et qui veulent nous faire croire que l’écologie serait au-delà du clivage gauche-droite, compatible avec un capitalisme « réformé » et avec les traités actuels de l'UE ? Non, décidément, la position du rassemblement Europe Ecologie mené par Daniel Cohn Bendit est très contradictoire...

Car comment l'écologie pourrait-elle être compatible avec la privatisation de services publics tels que l'énergie ou le rail ?

Par quel tour de passe-passe deviendrait-elle compatible avec la libre circulation des marchandises selon la seule loi du marché ?

Ce n'est pas sérieux ! Pour nous, être écologiste, appeler au dépassement du capitalisme, et vouloir changer d'Europe, c’est simplement une question de cohérence politique.

Et, mes camarades, aujourd’hui c’est à nous, le Front de Gauche, de porter ce beau projet d'une Europe écologique, sociale et solidaire.

Une Europe qui réoriente la politique agricole commune en faveur d'une agriculture paysanne, vivrière, respectueuse de l'environnement, qui permette aux paysans de vivre dignement de leur travail tout en garantissant la souveraineté alimentaire, au Nord comme au Sud... et sans OGM ! Cette invention de l'agrobusiness qui rend les paysans dépendants des multinationales pour leur propre survie, et fait peser des risques inconsidérés sur l'environnement.

Bonne nouvelle d'ailleurs ! Il y a quelques jours, l'Allemagne a rejoint la Hongrie, l'Autriche, la Grèce, la France et le Luxembourg
en refusant le mais génétiquement modifié MON810, malgré la pression des lobbies et de la commission européenne.

Pour nous, une Europe sociale, écologique et solidaire, ç'est aussi l’arrêt immédiat de la privatisation des services publics. En fait, exactement l'inverse de ce qui s'est passé la semaine dernière, avec la nouvelle directive énergie, qui ouvre tout simplement une voie royale au privé !

L'accès à l'énergie est pourtant un droit fondamental qui ne doit pas être livré aux lois du marché !

Alors une politique énergétique qui prenne en compte à la fois la justice sociale et l'impératif écologique, cela implique pour nous la création d'un pôle public européen de l'énergie seul capable de réduire la fracture énergétique en garantissant l'accès de tous à l'énergie, tout en planifiant la transition vers d'autres modes de production et de consommation pour lutter contre le dérèglement climatique, réduire notre empreinte écologique et faire face à l'épuisement des ressources naturelles.

Une Europe écologique, sociale et solidaire, c'est enfin la mise en place d’un bouclier douanier  pour à la fois lutter contre le dumping social et prendre en compte l’impératif écologique, tout en menant une politique ouverte de partenariat avec les pays du Sud, en rupture totale avec la logique libérale de l’OMC et de l’Europe forteresse.

Pour construire cette Europe écologique, sociale et solidaire, nous disposons  déjà d'un outil : le Front de Gauche. 

Et d'un droit, celui de voter le 7 juin.

Parce que la planète n’est pas un terrain de jeu pour les plus riches,
Que la catastrophe écologique et la crise sociale sont les deux facettes d'un seul et même système, le capitalisme et ses politiques libérales, en vigueur en France comme en Europe,
Nous avons l'ardente obligation, avec le Front de Gauche,  de proposer enfin une véritable alternative politique,
Pour qu'en France comme en Europe on remette au premier plan l’intérêt général, l'émancipation individuelle et la notion de bien commun,
Pour une société écologique, sociale et solidaire !

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