samedi 6 décembre 2008

Intervention au Colloque MPEP sur l’environnement

D’abord je tiens à remercier Aurélien Bernier et le MPEP de nous avoir inivités à ce colloque. Et je suis fière de venir vous y parler écologie, au nom du tout nouveau Parti de Gauche.

Le Parti de Gauche se veut un parti de rassemblement, ouvert à toutes les composantes de la gauche, et notamment à l’écologie
Ce sera d’ailleurs le thème de son premier Forum

Notre approche de l’écologie est tout d’abord intimement liée à la critique du système actuel
Et le PG appelle clairement au dépassement du capitalisme

Car ce système, et son principal moteur, la recherche de la croissance pour toujours plus de profit, s’accompagnent partout de l’aggravation des inégalités et de la destruction des ressources naturelles

Et nous savons qu’il est illusoire d’attendre du capitalisme qu’il devienne vertueux : ce n’est pas dans son intérêt !

C’est un système qui ne connait qu’un objectif, la rentabilité maximale du profit à court terme,
Un système qui fait passer l’intérêt de quelques-uns devant l’intérêt général et le bien commun
Un système qui pense que toute croissance est bonne car source de profit

A partir de là, tout est permis !

Et je ne vais pas vous faire l’insulte de rappeler qu’une croissance infinie dans un monde fini est impossible à terme, et qu’elle passe trop souvent par l’exploitation des pays du sud...

alors, le « capitalisme vert », c’est encore relancer la croissance sous couvert d’écologie,
c’est ralentir la vitesse à laquelle on dégrade l’environnement, pour se donner bonne conscience
c’ est au mieux une illusion, au pire un mensonge
Si l’on s’en tient à la protection de l’environnement, bien sur, on peut imaginer apporter des réponses techniques
Mais regardons le marché du CO2, par exemple, c’est une fausse bonne solution, qui non seulement ne résoud pas les problèmes environnementaux, mais en plus reste dans une logique économique, de marchandisation,
et ne répond pas aux impacts sociaux du système
 
Nous, nous pensons qu’il faut apporter des réponses à la fois sociales et écologiques, parce qu’on ne peut pas dissocier les deux
Et que la crise environnementale met en évidence l’importance de l'intérêt général

C’est pourquoi le Parti de Gauche se place clairement sur le terrain de l’écologie politique
Une écologie sociale et solidaire, humaniste et altermondialiste !

Et l’écologie politique, elle, ne peut pas se contenter de réponses techniques
Elle appelle des réponses... eh bien, politiques !

Et seules les politiques qui oseront remettre en cause les dogmes néolibéraux permettront de répondre efficacement à la fois à l’urgence écologique et à l’urgence sociale

Un exemple, sur la crise alimentaire :
Aujourd’hui, 920 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde
Et cette situation est largement alimentée par les politiques néolibérales de l’OMC et de la Banque mondiale, et par les politiques agricoles de l’Union Européenne
Nous devons remettre en cause ces politiques et valoriser l’agriculture paysanne qui permet à la fois de créer des emplois localement, de permettre aux paysans de vivre dignement de leur travail, et de respecter l’environnement.

Un autre exemple : on assiste aujourd’hui à la privatisation d’entreprises qui jouent un rôle social et écologique essentiel. Aujourd’hui EDF, demain la SNCF …
Nous savons que le privé ne sera pas capable de gérer à long terme les investissements nécessaires, au contrôle de la production énergétique ou à l’entretien des voies ferrées sur l’ensemble du territoire.
On voit bien là encore que les enjeux écologiques rejoignent les préoccupations sociales sur les services publics

Donc pour répondre à la 1e question : pour le Parti de Gauche, l’écologie, telle que nous la concevons, est incompatible avec le système capitaliste, le libre échange, et donc avec les politiques actuelles de l’Union Euopéenne

C’est clair, et c’est un premier élément de différence avec d’autres formations politiques :
Pour nous, la dimension écologique n’est donc pas au-dessus du clivage gauche droite

Ensuite, sur la 2e question, comment faire émerger cette écologie « sociale et solidaire »

Nous pensons qu’il faut réfléchir à un autre modèle de développpement, l’alterdéveloppement
Qui remette l’intérêt général au premier plan

Pour cela, nous devons d’abord changer de boussoles politiques, et commencer par nous interroger sur la pertinence du PIB comme indicateur de richesse !

Nous devons aussi réfléchir à nos modes de production et de consommation : refuser le productivisme, relocaliser, favoriser les circuits courts, comme pour les AMAP

Mais aussi envisager la sobriété en matière de consommation,
C’est à dire accepter d’étudier nos besoins et remettre en cause l’injonction de consommation,
se poser la question de ce qui doit croitre et de ce qui doit décroitre,
pour aller vers une société du lien plus qu’une société du bien

Nous défendons également l’idée de planification écologique.
Pas une planification autoritaire de la production,
mais une planification pilotée démocratiquement, au nom de l’intérêt général et du bien commun
C’est une nécessité pour pouvoir gérer la phase de transition,
car on sait que les changements devront se faire dans la durée, avec constance et cohérence

Prenons l’exemple du scénario Negawatt, qui permet de répondre à la crise énergétique et à l’objectif du facteur 4 :
ce scénario s’inscrit sur une trentaine d’années, avec des actions qui doivent être coordonnées en terme d’efficacité énergétique, d’investissement dans les renouvelables et de sobriété. Les deux premiers objectifs nécessitent une planification. Mais sa portée ne pourra être efficace qui si elle intègre le troisième, la sobriété, dont la dimension politique nous ramène au dépassement du dogme de la croissance et de la consommation  !

On a aussi besoin de temps pour trouver des réponses aux paradoxes que la situation génère
On le voit aujourd’hui : d’un côté on a des plans de relance de l’industrie automobile, et de l’autre des objectifs européens de réduction des émissions de CO2
il faut pouvoir proposer des réponses à long terme pour à la fois défendre l’emploi et soutenir les salariés, et en même temps ne pas sacrifier l’environnement sur l’autel des conjonctures économiques.

Mais s’incrire dans la durée, cela ne nous fait pas oublier qu’il existe aussi des actions à entreprendre très vite,
des mesures concrètes et applicables immédiatement,
et nous en discuterons avec les adhérents du PG dans les semaines à venir.

Un exemple : rendre les 1e tranches d’eau et d’énergie gratuites, en les finançant par le « renchérissement du mésusage », cad la surfacturation des consommations abusives.  Voilà une mesure sociale, solidaire et écologique !

C’est dans cet esprit que nous voulons construire une alternative au système capitaliste, pour répondre à l’urgence écologique et sociale, et changer radicalement de modèle de société.
En conclusion (2’)

Pour le Parti de Gauche, la crise environnementale est la manifestation la plus flagrante de la nécessité de dépasser le capitalisme
et de faire prévaloir l’intérêt général face à la concurrence des intérêts privés

Nous nous plaçons donc résolument sur le terrain d’une écologie sociale, solidaire et altermondialiste

Une écologie fermement ancrée à gauche, qui refuse de mettre en concurrence impératifs écologique et sociaux

Parce que réduire les inégalités, ce n’est pas proposer à tous des écrans plats produits à moindre cout, au mépris des conditions de travail, à l’autre bout de la planète, et de la pollution que cela engendre

Non, répondre à la crise, c’est réaffirmer avec force
la nécessité de dépasser le capitalisme, le culte de la croissance et le productivisme,
la nécessité d’imaginer un autre modèle de développement,
et oser mener une réflexion en profondeur sur nos modes de consommation et de production

Vous le voyez, le positionnement du PG sur l’écologie se veut volontariste, lucide et radical

Et parce que c’est à la crise d’un système que nous assistons,
ce sont des réponses systémiques que nous voulons apporter,
je dirais même « altersystémiques »...

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