jeudi 23 avril 2009

Givors, ou la double peine du capitalisme

18h45.

Arrivée à la salle de Givors, avec Daniel, Céline et Alain. On n'a pas arrêté, depuis la gare, de passer des coups de fil, fixer des dates, organiser les prochaines initiatives. Jusque dans la voiture, chaque minute est utilisée à caler toutes les actions prévues. La journée avec les candidats à la Croix Rousse samedi, le débat avec le NPA organisé par la Fédération le 30 avril, le Contre Grenelle du 2 mai...

Ce soir, nous sommes 5 intervenants. Je suis la seule femme en tribune. Pas très paritaire. Hors de question de me mettre au centre et de trôner comme un trophée, je m'installe à gauche toute de l'estrade. 70 à 80 personnes, une salle peu réactive, beaucoup de militants communistes. Un point notable, le public est varié : des jeunes, des vieux, des blancs, des maghrébins, des blacks. On parlera d'ailleurs beaucoup ce soir de diversité, de sans papiers, de Palestine et d'Europe forteresse. Un bon point pour Givors !

Sachant qu'on serait 5 à prendre la parole, a peu près sur les mêmes thèmes, j'ai pris le parti de décaler mon propos et de prendre la salle à contre-pied. Je lance un pavé dans la mare en déclarant tout de go que je vais leur parler d'écologie. Silence glacial. Je prends les devants : c'est vrai, après tout, vue l'urgence sociale, finalement, est-ce que c'est vraiment important de parler d'écologie ? On verra plus tard, non ?

Ben non. Et j'explique pourquoi. Je fais le lien entre la crise sociale et la catastrophe écologique, qui ont les mêmes causes et appellent les mêmes réponses. Je tente de démontrer que les inégalités sociales et la destruction des éco-systèmes, c'est en quelque sorte la double peine du capitalisme. La formule fonctionne, la salle se dégèle. Je vois quelques regards s'éclairer. Je parviens même à en faire sourire certains. Ouf.

21h30.

Fin du meeting. Un grand type sec, l'air grave et sérieux, sourcils froncés, s'avance direct sur moi. Il me tend la main, se présente comme un responsable des Verts dans le Rhône. Je rentre les épaules, et me prépare à m'en prendre plein la tête... Eh oui, j'ai en effet passé une bonne partie de mon intervention à expliquer que les Verts s'associaient à des libéraux, prêts à ratifier le Traité de Lisbonne, et partisans d'un capitalisme "réformé". Qu'on ne pouvait pas se dire écologiste sans dénoncer les traités actuels de l'Europe, qui empêche précisément toute politique véritablement écologique, sauf à considérer le capitalisme vert comme quelque chose de sérieux. Bon.

Erreur totale de jugement. Les sourcils toujours froncés, la mine toujours sérieuse, notre Vert me félicite, me dit qu'il est terriblement d'accord avec tout ce que j'ai dit et me remercie. Il me fait promettre de revenir. Je lui propose plutot de nous rejoindre... A suivre.

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